Poutine et la horde lyncheuse (Plaidoyer pour la Russie)
Comment ne pas trouver choquante l’unanimité paresseuse, abrutie et servile, in fine suicidaire, de nos « gouvernants » et de leurs perroquets, grosses caisses de résonance médiatique ?
POUTINE ET LA HORDE LYNCHEUSE (Plaidoyer pour la Russie).
La media-sphère politique trouve souvent rentable d’idolâtrer et d’amplifier Sainte Colère dite « populaire ». Depuis longtemps le mot « colère » est donc le plus fréquent dans le discours public ; en France et ailleurs. A tort ou à raison.
MAIS la colère étant mauvaise conseillère je me suis promis de ne plus retomber dedans.
Pourtant, comment faire pour échapper au malaise que l’affaire russo-ukrainienne m’inspire ?
Comment ne pas trouver choquante l’unanimité paresseuse, abrutie et servile, in fine suicidaire, de nos « gouvernants » et de leurs perroquets, grosses caisses de résonance médiatique ?
Car, qu’en savons-nous, finalement ?
Certainement pas tout. Puisque une Walkyrie prénommée Ursula (Von der Leyen, what else) nous bloque l’accès aux infos qui ne l’arrangent pas. Elle vient de décréter qu’écouter Sputnik et RT (Russia Today) est malsain pour nos chastes oreilles. Les deux sont donc désormais interdits d’antenne sous prétexte de « propagande russe », dit Ursula, applaudie par nos « gouvernants ».
Mais, quand bien même propagande russe ils seraient ; so what ? Quelle loi interdit de faire de la propagande ou de l’écouter ? AUCUNE ; mais Ursula s’en fout vu que la loi est court-circuitée ; l’interdiction n’est pas passé devant un tribunal… Quid de l’Etat de droit ?
Propagande ? Peut-être. MAIS au nom du même prétexte ne devrait-on pas interdire (par exemple) « Le Figaro » pour cause de propagande ? Interdire « Le Monde » ? L’ensemble des discours électoraux des candidats vu qu’ils sont, par définition, propagandistes ?
Adieu donc, liberté d’expression…. Adieu, presse ; certes biaisée, impertinente, approximative, parfois scandaleusement russe ; mais presse.
Alors que les réseaux dits « sociaux » continuent à charrier tout et n’importe quoi … Mais Ursula l’ignore ; elle n’y va jamais…
L’idée d’interdire, par exemple, Facebook (pardon…Meta-machin) et le reste de l’immense empire médiatique de Marc Zuckerberg, infiniment plus puissant et aussi idéologiquement biaisé que les petits amateurs russes désormais bannis, ne viendra jamais à l’esprit de l’aristocrate allemande qui s’octroie le pouvoir de nous dire le bien et le mal.
Zuckerberg ? Entre autres… Car, profitant de l’absence de Sputnik et de RT on nous gave la cervelle des méfaits des « oligarques » russes. Mais quid des vrais GROS oligarques ? Google, Apple, Amazon, Microsoft, Elon Musk et leurs semblables ? Pourquoi ne les affuble-t-on jamais du sobriquet infamant « oligarques » alors que chacun de ces mastodontes dépasse tous les oligarques russes réunis ? Alors qu’aucun n’en bénéficie d’une quelconque légitimité démocratique ou politique malgré leur pouvoir incommensurable à tirer nos ficelles ?
Pendant que nous y sommes, comment oublier Twitter…Le réseau privé planétaire de débat et messagerie dont le patron, Jack Dorsey, s’est permit d’interdire d’antenne Donald Trump, alors Président des Etats-Unis et gros utilisateur de Twitter. On pensera de Trump ce qu’on voudra ; mais quelle est la légitimité de Dorsey et quelle fut celle de Trump ?
Pourtant c’est les petits Russes négligeables que l’on interdit…
Un curieux malaise annexe : Hunter Biden, fils du Président des USA et ses curieux liens avec l’Ukraine, surtout avec Burisma, grosse société gazière ukrainienne ; moyennant une rémunération conséquente.
Sachant que le même Hunter était longtemps lobbyiste à Washington, non sans lien avec les hautes positions occupées par son père pendant des décennies : savons-nous TOUT des motivations du soutien actuel des USA à l’Ukraine ?
Sachant, enfin, que l’on attribue obstinément à Trump, le rival principal de Biden, des liens inavouables avec la Russie de Poutine.
Pourrait-on échapper à la question si la tragédie russo-ukrainienne actuelle n’est pas une guéguerre Trump-Biden par Europe interposée ? Guerre politicienne US exportée, sur notre dos et à nos frais, en Europe ?
Autre petit malaise, franco-français : Bruno Le Maire, ministre des finances et de l’économie, qui passe pour un homme pondéré, compétent et instruit. Il se permet de déblatérer des invraisemblables âneries genre « guerre économique totale » visant à faire « effondrer » l’économie russe.
Il a beau s’excuser ; il l’avait bien dit quand même. Reste à savoir pourquoi.
Perroquet, lui aussi ? A-t-il imprudemment imité des éléments de langage entendus « mezzo voce » en haut lieu ? Est-ce la terminologie usitée, en comité restreint, hors micros et caméras par Macron (Castex, Le Drian…) ?
Si tel est le cas, c’est d’une navrante stupidité. Le faire est une chose (et pas forcément la meilleure…). Le dire publiquement, une autre.
Sans oublier un malaise plus personnel. Puisque à 75 ans mes origines ethniques et culturelles me permettent de connaitre la généalogie et comprendre l’historique de ce conflit.
La complexité de ces données ridiculise le western simpliste et primitif qu’on nous rabâche à ce sujet, avec les gentils à admirer et les méchants à condamner conformément à ce qui arrange les Ursula de Paris, Berlin, Londres et Washington.
Pourtant je devrais être proaméricain par hérédité… Je parlais Anglais correctement bien avant de parler Français… Je savais chanter tout Elvis et Sinatra à 16 ans… Je rêvais de Cadillac et admirais John Wayne…
Surtout lorsque sa virilité sérénissime nous sauve de la bête immonde en débarquant en Normandie. J’ai mis des décennies à comprendre que c’était de la propagande US à la sauce hollywoodienne ; et que le sort de la guerre n’a pas basculé en juin 1944 mais en janvier 1943, à Stalingrad, au prix du sang russe que l’on sait. Pardon, Sardou… T’es un grand baryton mais piètre historien.
Car le temps passe et les informations s’accumulent ; et il n’y a que les imbéciles qui n’apprennent rien et qui ne changent pas d’avis.
PERSONNE donc n’a jamais trainé les USA devant un tribunal pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité vus leurs agissements (aux motivations inavouables) au Vietnam. Il y avait pourtant largement de quoi.
Ni pour les mensonges avérés ayant servi de prétexte à la guerre d’Irak en 2003 (toujours des motivations inavouables) et ses catastrophiques conséquences encore aujourd’hui.
J’en passe. Je vous ferais grâce de la « doctrine Monroe » et de ses effets, depuis deux siècles, en Amérique latine et ailleurs.
Faut-il en tirer confiance à l’égard des USA ? Faut-il suivre l’Amérique, en particulier sur le problème russo-ukrainien ? N’aurions-nous donc rien appris, rien compris ?
L’Otan n’est-il pas une organisation militaire dont l’Amérique est la clé de voûte et le cerveau ? Sachant que les USA combattraient la Russie (de Poutine ou d’un autre) jusqu’au dernier européen, dixit Kissinger, dixit Brzeziński, dixit la doctrine Monroe élargie au reste du monde : la Russie a-t-elle tort de se méfier des forces de l’Otan collées-serrées à sa frontière ouest ?
SURTOUT en Ukraine. (Ce qui signifierait, ultérieurement, en Belarus…).
La faiblesse de la Russie due à l’effondrement de l’Union Soviétique avait incité au moins dix pays de l’Europe orientale à quitter le pacte de Varsovie, feu l’équivalent de l’Otan sous commandement russe, pour rejoindre la partie adverse.
La Russie, avec ou sans Poutine, ne peut qu’en constater l’érosion de la profondeur stratégique de ses frontières ; à tort ou à raison, cela la rend nerveuse. TRES.
Il vaut mieux être intelligent que d’avoir raison ; d’autant que l’affaire n’est pas judiciaire ; et qu’il ne nous appartient pas de juger le bienfondé de la nervosité russe.
Cela fait au moins depuis 2014 que la Russie, incarnée par Poutine, plaide sa cause devant qui veut l’entendre. Elle demande le respect des accords de Minsk et la garantie que l’Ukraine ne soit jamais membre de l’Otan. En vain.
Elle essuie constamment des refus en langage pas très diplomatique ; récemment de la part de Biden ou de ceux qu’elle considère comme ses émissaires : Macron, Johnson, Scholz…
Comprenons-le bien : aux yeux de Poutine le refus obstiné de garantir la non-participation de l’Ukraine à l’Otan signifie la certitude inverse : qu’en l’état l’Ukraine deviendrait, sans doute aucun, membre de l’Otan et qu’il n’obtiendrait RIEN par la voie diplomatique.
Par ailleurs on le menace de sanctions mais on lui garantit l’absence d’opposition militaire autre qu’ukrainienne.
Autrement dit : on lui signifie que la voie militaire lui est ouverte… Et AUCUNE autre… On espérait donc qu’il fasse quoi ?
Qui a pris la responsabilité d’envoyer balader la première puissance nucléaire de la planète qui ne cherche depuis des années qu’à faire entendre ses arguments, tout sauf aberrants ? Qui donc a condamné l’Ukraine à la guerre russe ?
Qui sera responsable des conséquences, sachant que les sanctions économiques sur la Russie sont à double tranchant et difficilement tenables à la longue ? Qui se frotte les mains à Washington et à Beijing ? Et qui sera le dindon de la farce ?
Un autre malaise concerne l’histoire-géo ukrainienne.
Pour comprendre ce pays focalisons-nous sur un cas classique : celui de la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, non loin de la frontière polonaise.
Comme toute chose en Ukraine cette ville a aussi un nom russe ; qui se prononce Lvov.
Mais curieusement elle a aussi un nom polonais : Lwów (prononcé « Lvouv) ». Vu qu’elle était gouverné pendant quatre siècles par les rois de Pologne et ne fut arrachée à la Pologne que lors du dépeçage de cette dernière (par les « trois empires ») à la fin du 18eme siècle. Autrement dit : cette ville fut polonaise longtemps et ne l’est plus par une agression caractérisée.
Encore plus curieux, les germanophones l’appellent Lemberg. Vu que le dépeçage de la Pologne l’avait incorporé dans l’empire Austro-Hongrois, en tant que chef-lieu de la Galicie orientale, simple région de l’empire (contiguë à la Galicie occidentale, jadis aussi austro-hongroise, aujourd’hui polonaise, dont le chef-lieu est Cracovie).
Une ville, quatre noms, quatre langues, quatre identités.
Compliqué ? Pas plus que tout en Ukraine. Le premier Tsar de Russie, il y a douze siècles, siégeait à Kiev, la capitale actuelle de l’Ukraine. Il y a un siècle ses habitants ne se savaient pas forcément ukrainiens. Il y a quarante ans ils se disaient encore soviétiques, citoyens de la RSS (république socialiste soviétique) Ukraine, membre de l’URSS, union des République Socialistes Soviétiques ayant Moscou pour capitale….
Au nom de quoi imposerions-nous une identité plus qu’une autre alors que l’affirmation de l’identité ukrainienne indépendante et le divorce d’avec la Russie ne datent véritablement que de 2014 ?
Au nom de quoi refuserions-nous la demande de la Russie que le divorce se traduise par le partage des biens de ce couple, millénaire et consanguin ?
Mon dernier malaise est mémoriel ; il concerne hélas la « gentille et valeureuse » Ukraine que subitement nous adorons adorer.
Poutine, ancien agent du KGB, fait certes dans la propagande (même s’il n’arrive pas aux chevilles de ses homologues à Langley, Virginie, siège de la CIA). Mais il ne ment pas toujours.
Deux forces tiraillent l’Ukraine depuis au moins un siècle : la prorusse et l’antirusse, la seconde ayant souvent coïncidé, et coïncide encore, avec des penchants d’extrême droite voire fascisants.
Pour s’en convaincre il suffirait d’étudier, Wikipedia ferait l’affaire en première approche, les notions suivantes :
- Stepan Bandera.
- Bataillon AZOV.
- Prendre peut-être aussi quelques infos sur le comportement des ukrainiens pendant la guerre 39-45, surtout à l’égard des Juifs.
Poutine exagère certes ; mais il n’invente rien. J’abrège.
K.Schnur, mars 2022.
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