Vu l'incompréhension de certain sur mes propos dans mon précédent article voici quelques précisions sur ma réflexion.
Je suis par principe, quasi ontologique, pour la vie et il me semble que tout le monde devrait l'être. Dès lors comment peut-on être pour l'avortement acte, par nature, contraire à la vie ? En toute logique personne ne peut être pour (sans nuance) l'avortement. Ce qui ne veut pas dire que l'on ne puisse pas y recourir.
L'avortement a toujours des conséquences psychologique chez la femme et son entourage (le nier est une escarmouche qui tient à la fuite et aggrave toujours, à terme, les conséquences psychologiques).
Oui, un avortement est toujours une blessure (tout psychologue le confirmera).
Mais je ne m'oppose pas à ce que d'aucuns, en toute liberté, c'est à dire en toute connaissance et responsabilité y aient recours après avoir muri, par une réflexion approfondie -autant que cela ce puisse dans des délais, de fait, trop brefs- et en tenant compte de l'avis des autres impliqués dont le père, de faire le choix d'y recourir.
Il faut être misanthrope pour ne pas reconnaitre que le père a une place dans la décision de garder l'enfant.
Il n'est en rien misogyne de dire que la femme n'est pas seule à devoir participer au choix.
Cela n'a rien à voir avec le viol. Qu'un violeur n'ait pas à participer au débat c'est un fait, mais que diriez-vous lorsque une femme fait un enfant dans le dos de son partenaire sans que celui ne soit d'accord (c'est très courant et on en parle jamais), la loi décréterait que seul le partenaire qui ne voulait pas d'enfant peut décider de garder le bébé ou non ? Il me semble bien pourtant que c'est là un principe de réciprocité légitime.
D'autre part, en démocratie, dès lors que le législateur décide de prendre un dossier en étude, de facto, il devient un problème public ouvert au débat public mis aux mains de tous les citoyens quels que soient leur origine, leurs convictions, leur genre, leur couleur de peau, leurs idéologie, leurs idées, leur religion... Les hommes ont donc pleinement le droit de participer au débat et ce au même titre que n'importe qui d'autre. Il n'y a en démocratie aucun débat qui appartienne plus à l'un qu'à l'autre. La seule légitimité pour débattre c'est d'être un citoyen.
Dans le choix, d'avoir ou pas un enfant, d'avorter ou pas les partenaires ont la même légitimité démocratique pour participer à la décision.
Le législateur n'a pas à banaliser l'acte d'avortement, il a à l'encadrer pour que l'intérêt (dont la santé) de tous soit assuré, de la mère mais aussi du père et de l'embryon. Pour ce faire, la puissance publique doit aussi garantir et mettre en place les moyens de l'information la plus large possible mais aussi que le débat entre père et mère puisse avoir lieu dans le respect de l'un et l'autre.
La misogynie c'est le mépris pour les femmes, dès lors La misogynie est aussi :
- de croire que les femmes sont incapables de prendre une décision éclairée et raisonnée et ne peuvent débattre d'un choix impliquant des tiers ;
- dire aux femmes, vous n'avez pas de choix à faire, faites ce que vous voulez comme vous l'entendez, car ce serait les déresponsabiliser, les infantiliser :
- faire croire aux femmes que les hommes ne comptent pour rien ou qu'ils ne sont que des misogynes qui abusent systématiquement de leur machisme. Car c'est faire d'elles ce qu'elles reprochent aux hommes, des être qui abusent d'un pouvoir sur l'autre ;
- faire croire que le machisme est un problème uniquement masculin et non pas un problème culturel et social dans lequel les femmes sont tout autant impliquées. Car c'est les victimiser et les rendre ainsi irresponsables, leur ôter toute aptitude à prendre leur destin en main ;
- de déresponsabiliser les hommes et ainsi les dispenser de réfléchir aux conséquences de leurs actes sexuels ;
- de faire croire que ne pas prendre de précaution quand on a un rapport sexuel et qu'on (ou le partenaire) ne veut pas d'enfant est un acte irresponsable de non respect de soi-même, du partenaire et de l'embryon qui pourrait en advenir ;
- de tout réduire à un rapport de domination entre hommes et femmes. De n'avoir pour clés de lecture des faits sociaux qu'une analyse genrée où tous les phénomènes sont d'office conséquences de la domination masculine. Et cela d'autant plus quand les hommes sont présentés comme des dominants ne cherchant qu'à s'imposer aux faibles femmes incapables pour pouvoir s'y opposer.
Non l'avortement n'est pas un acte inconséquent et banal, dont le choix n'est inhérent qu'à la mère. Il est urgent de le rappeler. Cela même si la santé et la sécurité de la femme doivent être préservées aussi.
Moi je crois que le débat est toujours la meilleure solution, je crois aussi que tous nous sommes capables d'assumer nos responsabilités si on nous laisse la possibilité de le faire et les moyens de le faire notamment en nous donnant accès à l’information la plus large possible.
Je ne crois pas que c'est le rôle de la loi de décider pour les citoyens car c'est les infantiliser et ne pas leur faire confiance, bref, leur ôter leur état de citoyen. Le législateur doit, uniquement, rendre possible le débat et s'assurer qu'il reste toujours équilibré. La puissance publique n'a pas de morale à promouvoir et donc ne doit pas définir le bon du mauvais. Hors banaliser des actes c'est dire que tout est bon en la matière.
Je ne crois pas que la liberté c'est faire égoïstement tout ce qui me plait (ça c'est le libéralisme). La liberté c'est faire des choix responsables dans les limites du possible et le respect d'autrui.
Moi je fais confiance aux citoyens quelles qu'elles soient, quels qu'ils soient et ce indifféremment entre eux. Et ça c'est profondément respectueux de toutes les femmes et de tous les hommes.