Premier bilan d’une rentrée scolaire sans grandes surprises
Déjà un mois. Le temps passe vite finalement, et pourtant je n'ai pas chômé. Après un été mal engagé suite à une énième infection covid-19 en famille et un accrochage d'usage avec la direction de l'établissement que je quittais, quelques semaines à retaper la baraque de mes grands-parents en Bretagne m'ont fait le plus grand bien. Un temps frais, un cadre agréable, des petites communes rurales tranquilles, pas étonnant si l'académie de Rennes est très demandée et peu obtenue par les profs.
Remarquez, je ne me plains pas finalement. Le lycée professionnel où je suis nommé depuis la rentrée est très bien. Des élèves gérables et motivés, des collègues courtois, sympas et non-syndiqués à la FSU et autres sectes d'ultra-gauche, une direction d'établissement bienveillante, compétente et ouverte au dialogue (ce qui est de moins en moins fréquent), un niveau d'équipement correct. Nous avons même eu droit à des ventilateurs (d'entrée de gamme) pour supporter les chaleurs de la première quinzaine. Je ne me plains pas, dans mon bahut de l'an passé des collègues ont eu des malaises dans les préfabriqués qui servent de salles de cours, dans l'indifférence de leur charmante principale : telle que je l'ai connu, elle a tout fait pour étouffer ces accidents du travail.
Donc je revis dans mon lycée pro situé dans un quartier populaire, qui accueille un peu tous les publics. Des campagnards, des "jeunes de cité", même quelques enfants de bobos ; car les temps ont changé, et désormais on trouve aussi de bons éléments dans ces structures. Les métiers de la vente, de l'accueil et des services aux personnes âgées, ça offre des débouchés pour qui veut travailler.
Pas de problème d'abayas chez nous. Quand je sors à 17h15 pour récupérer ma Dacia, je croise des nanas qui remettent le voile retiré le matin. Peu de frictions, la police nationale est souvent dans les parages car il y a eu des rixes par le passé, mais dans l'ensemble c'est calme. Une tenue convenable est exigée dans l'établissement, pas de jeans troués, de bermudas ni de mini-jupes. Pas d'insultes ni de bagarres dans les couloirs, ce qui est une révolution. Il y a quarante ans, j'ai le souvenir des lycées pros du 10ème arrondissement de Paris où on relevait des blessés tous les jours ou presque. Contrairement aux âneries vehiculées de nos jours, la violence est moindre dans les écoles. Ce qui donne l'impression inverse, c'est l'abondance de l'information, des réseaux sociaux, qui montrent le pays tel qu'il est. On est loin du temps où l'info se limitait au journal de quelques chaines de télévision.
Cependant, quelques conseils de discipline ont déjà eu lieu. Dans la confidentialité, je ne connais ni les élèves concernés, ni les motifs et je ne siège pas au conseil d'administration. La loi du silence est toujours de mise. Mais dans l'ensemble, je ne me plains pas. Je participe au plan contre le harcèlement, une autre révolution du XXIème siècle, malgré les tristes faits divers en la matière avec le cas de Nicolas dans l'académie de Versailles, qui a montré l'humanisme très particulier de l'organigramme d'un rectorat. Un harcèlement qui concerne tout le monde, y compris les profs entre eux d'après les assurances professionnelles. Mais là-encore, tout dépend des équipes et des directions.
Peu d'échos des réformes ministérielles. Personne n'a signé le pacte, il y a plusieurs contractuels parmi nous ; plusieurs postes vacants (chef des travaux, adjoint d'intendance...). Point positif, nos traitements ont été revus à la hausse (120 euros nets d'augmentation ce mois-ci), c'est l'effet des accords de Grenelle. Après des années de disette, on nous augmente enfin, pour mieux avaler la réforme des retraites et limiter les démissions.
Ici, pas de tracts à distribuer aux familles comme en primaire, où notre nouveau ministre annonce aux familles une innovation majeure : on va apprendre à lire, écrire et compter à l'école primaire. Etrange. Je l'ai fait il y a vingt ans en banlieue : il faut croire qu'ailleurs on fabriquait des cocottes en papier.
Ne blâmons pas notre jeune ministre qui pense bien faire. Face à la sottise des arguments des oppositions, il est même plutôt convenable. Uniforme à l'école pour les uns, gratuité des fournitures pour les autres, personne ne propose le moindre projet sur le long terme : autorité de pacotille pour les uns contre assistanat infantilisant pour les autres. Les élèves du lycée sont d'ailleurs habillés correctement et ils ont leurs affaires.
C'est plutôt l'environnement du quartier qui laisse perplexe. Les gens qui se ravitaillent aux restos du coeur situés près du stade, le centre commercial aux boutiques vides, les chauffards qui roulent sans permis, les migrants qui trainent alcoolisés dans le centre-ville. On est plus peinard à 20 kms de là, en campagne, avec autant de services finalement que dans les villes en crise. S'il n'y avait pas le prix du carburant...
Bref une rentrée sans relief avec une surprise de dernière minute, le retour du covid sans obligation d'isolement des cas positifs. On verra la suite. Déjà il fait moins chaud et les élèves sont attentifs, c'est l'essentiel. Pour la politique, les augmentations Macron ne sont pas une véritable surprise ; depuis les années 2000 les profs vivent moins mal sous la "droite" que sous la "gauche". Les uns baissent leurs impôts et augmentent leurs salaires par palier (Sarkozy, Macron), les autres bloquent leur point d'indice et augmentent leur temps de présence (les rythmes scolaires sous Hollande). On peut se féliciter de la crise des syndicats dont les mandarins et autres planqués sont désormais ignorés par les profs. Vous allez me trouver parano, mais je pense que mon engagement au SNALC (autonomes) l'an passé, avec militantisme à l'appui dans une salle des profs où les gens du SNES ne me parlaient plus n'a pas arrangé mon cas ni mes rapports avec la hiérarchie. Mais il en va ainsi dans le petit monde de l'éducation nationale...
Puisque j'ai enfin retrouvé mes identifiants d'Agoravox, je vous donnerai des nouvelles de temps à autre de notre engagement au service des élèves. A bientôt...
Ps : La photo d'illustration vient du compte Twitter "prof de droite"... Je lui ai proposé une formation individuelle à Agoravox. A suivre...
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