Premier bilan positif de l’interdiction de fumer dans les lieux publics
Le 1er février dernier, il y a un peu plus d’un mois, il est devenu interdit de fumer dans les lieux publics à part dans les cafés et restaurants qui ont un délai supplémentaire de onze mois. Certains disaient que l’interdiction ne serait pas respectée, d’autres qu’elle le serait mais entraînerait une mésentente entre fumeurs et non-fumeurs alors que la majorité pensait qu’elle était une bonne chose. D’après un premier bilan, c’est la majorité qui avait raison.
L’interdiction n’est pas partie en fumée.
Il est temps de faire sur AgoraVox un premier bilan de l’interdiction de fumer dans les lieux publics (cf. décret du 15 novembre 2006 qui l’a définie). Un premier bilan parce que l’interdiction a été mise en oeuvre le 1er février dernier, il n’y a guère plus d’un mois. Pourtant il donne déjà des indications pour savoir ce qui va se passer quand l’interdiction s’étendra aux cafés et restaurants qui ont eu droit à un délai supplémentaire jusqu’à la fin de l’année afin de leur permettre, pour ceux qui le souhaitent, de mettre en place des espaces fumeurs respectant des normes très précises. Il faudra faire un bilan plus complet et officiel dans quelques mois pour mesurer l’ensemble des effets positifs et négatifs obtenus et en tirer les conséquences.
Certains disaient que l’interdiction ne serait pas respectée, d’autres qu’elle le serait mais entraînerait une mésentente entre fumeurs et non-fumeurs alors que la majorité pensait qu’elle était une bonne chose. Evidemment sur AgoraVox les opinions étaient partagées.
D’après une petite enquête personnelle, c’est la majorité qui avait raison.
Je travaille dans un lieu qui est devenu non fumeur totalement depuis le 1er février. Pour fumer, désormais il faut aller dehors. Parmi les salariés il y a environ 20% de fumeurs. Que s’est-il passé depuis le 1er février ? Rien. Ou plutôt rien côté lutte entre fumeurs et non fumeurs. Les changements se sont fait dans une ambiance paisible. Les salles fumeurs ont été transformées en salles non-fumeurs de détente avec distributeur ou fontaine. Les gens n’y fument plus et ne fument plus dans leur bureau. Ils vont fumer dehors. Il n’y a déjà plus la moindre odeur de fumée dans les bureaux.
A l’extérieur des locaux, il y a des fumeurs qui vont, seuls ou par deux, tirer une cigarette. Ici, la plupart des fumeurs disent que l’interdiction est normale et ne les gêne pas. Elle leur fait prendre l’air et ils fument toujours autant. Il existe deux autres types de fumeurs plus rares, d’après mon expérience. Quelques-uns se plaignent de l’interdiction et la vivent mal même s’ils la respectent. Ils la considèrent comme une atteinte à leur liberté. Quelques autres en ont profité pour fumer moins ou arrêter de fumer. Je n’ai rencontré personne qui se soit mis à fumer par réprobation de l’interdiction.
Du côté des non-fumeurs, c’est une grande satisfaction, surtout parmi ceux qui partageaient un bureau avec un fumeur. Avant ils n’osaient pas dire qu’ils étaient gênés par la fumée.
Depuis le 1er février dans les transports en commun, je ne vois pratiquement plus de fumeurs même en gare ou station. Des cafés et restaurants de gare sont même passés non fumeurs. J’ai interrogé les employés de deux cafés de gare qui étaient déjà non fumeurs depuis quelques années : jusqu’au 31 janvier, il y avait encore des gens qui fumaient dans le café malgré l’interdiction ; depuis le 1er février il n’y en a plus du tout, en partie parce que les agents de sécurité de la gare veillent.
Je suis allé deux fois au restaurant depuis le 1er février : j’ai trouvé bizarre qu’il y ait des gens qui fument alors qu’avant le 1er février je trouvais cela normal ! Comme quoi, l’interdiction a très rapidement changé ma façon de voir les choses.
Mon enquête est validée par les sondages. Il y a une écrasante majorité en faveur de l’interdiction : mieux que le score de J. Chirac au deuxième tour de la présidentielle de 2002. Le 15 février dernier, soit quinze jours après la mise en oeuvre de l’interdiction, 86% des Français étaient favorables à l’interdiction le 15 février et 74% parmi les fumeurs (d’après BVA pour le ministère de la santé). C’est encore plus qu’au mois de novembre 2006 au moment de la parution du décret (78%).
Du côté des instances officielles, il n’y a pas encore beaucoup d’éléments de bilan. Pourtant il serait intéressant de savoir rapidement ce que deviennent le chiffre d’affaires des buralistes et le climat social dans les entreprises. Et de savoir dans quelques mois l’effet sur les chiffres d’affaires et le climat dans les cafés et restaurants ainsi que sur les dépenses de santé. Afin de comprendre les effets de l’interdictions et d’en tirer les conséquences en aménageant l’interdiction ou au contraire en allant plus loin.
Cf. la synthèse des bilans effectués à l’étranger par le site francophone québécois Toxiquebec ; Par exemple, elle signale qu’en Italie le bilan est plutôt positif sur le climat et le chiffre d’affaires des cafés et restaurants mais négatif sur le chiffre d’affaires des buralistes.
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON