• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Premier pas au-delà des murs

Premier pas au-delà des murs

 Lorsque j’ai mis le premier orteil dans une prison, je ne me doutais pas qu’il y avait autant de monde. Détenu, personnel de surveillance, et intervenant intérieur et extérieur. C’est une véritable ruche.

 Il y a plein de détenus qui vont dans tous les sens, comme mus pas des puces électroniques, plus ou moins ordonnés par le personnel.

 Avant de faire ce métier, j’avais une vision simpliste de ce monde. Une prison c’était un bâtiment fermé, où des gardiens aimables comme des portes de prisons ouvraient les portes des cellules (d’où l’expression « les surveillants sont des portes clefs ») juste pour donner à manger. Je savais qu’ils avaient droit à une promenade dans une cour, comme nous enfant avec la cour de récréation.

 Se retrouver plongé dans ce monde et surtout aux Baumettes, c’est franchir l’enfer du décor. Nous rentrons dans une troisième dimension.

 Les coursives, car oui cela s’appelle des coursives comme dans un bateau ivre, sont envahies toute la journée de monde. Les détenus qui rentrent et sortent pour aller à différentes activités, d’autres qui distribuent les cantines (épicerie intérieur) ou les draps. Au milieu de tout cela un pauvre type en bleu. Il regrette déjà, il se demande s’il ne va pas démissionner se soir. Ce pauvre gars essaye de fermer ou d’ouvrir les portes sur 300 mètres, aller et retour, de son demi-étage, cela rythmé par un débit de noms égrené, par un micro grésillant, digne de camps de la mort.

 J’ai vécu cela aux Baumettes, plus que dans un autre établissement le choc est horrible. C’est un choc moral, on se pince pour savoir si on ne dort pas. Déjà pour renter dans ce blockhaus, il faut passez des tonnes de grilles. Tu passes la première tu souris, tu passes la dernière tu pleures sans même que le surveillant te dise un mot. C’est comme cela que je l’ai ressenti.

 Nous sommes beaucoup de personnel à faire ce que nous pouvons, c'est-à-dire quasiment rien en dépensant une énorme énergie. Aux Baumettes un étage c’est 300 mètres, donc 600 aller-retour. Le demi-étage la moitié moins. Cela va de 150 à 300 détenus. Ils sont à deux surveillants par étage, si un part une heure et cela arrive souvent, croyez moi que le pauvre gars ne pourra jamais arriver à faire toutes les tâches imparties de son palier. Entre les promenades, les parloirs familles et avocats, j’en passe des bonne et des meilleurs, l’agent n’a pas une seconde à lui. Alors c’est vrai que le détenu peu se sentir, ignoré. Mais de là à penser que nous ne faisons pas grand-chose, c’est bien mal nous connaître. Alors, c’est vrai nous HOUSPILLONS !!!

 Cent cinquante détenus qui remontent de promenade et qui courent dans tous les sens pour avoir ce qui leur manque en cellule, tabac, café, bouquins etc, et qui ne sont jamais devant la porte que nous avons ouverte pour faire rentrer le mouvement de promenade, alors oui nous HOUSPILLONS… Mais cela est normal, au lieu de mettre 5 minutes on met dix à quinze minutes et cela retarde le travail que nous avons à faire.

 

  « Le jour où nous sortons, eux restent »

  Combien de fois, j’ai entendu cette phrase. Regardez « les temps moderne » de Charlie Chaplin, vous verrez qui c’est le plus en prison l’ouvrier ou le fonctionnaire.

 Le travail n’est-il pas la prison de l’homme ? Qui lui permet de s’offrir honnêtement de la liberté avec l’argent qu’il a gagné

 Une vie entière en prison. Tu parles !!!!!! vingt cinq ans de service pour trente ans compté pour la retraite et plus de mille cinq cent balles de retraite…..

 Prends un ouvrier actuellement, il fera quarante deux ans de cotisation et il n’est même pas sûr de toucher le SMIG, après avoir trimé jusqu'à soixante cinq ans et plus.

 Prends le voyou, lui il a de grande malchance de ne pas avoir de retraite. A moins que ce soit un hors la loi intelligent, qui aura mis son magot à l’abri pour ses vieux jours. A ce niveau là, il aurait mieux valu qu’il soit honnête.

 Pour terminer on ne dit pas que les travailleurs sociaux, les intervenants intérieur ou extérieur passent leur vie en prison !!!! Pourtant ils passent autant de temps que nous.

 Je pense que pour le détenu, c’est l’effet de miroir pour eux que de se dire les gardiens restent toute leur vie en prison, nous on sort. D’accord…….le mois dernier, il y en un qui a pensé cela mais il a été abattu en face de la porte de la prison.

 A méditer 

 


Moyenne des avis sur cet article :  2.71/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 3 septembre 2013 18:07

    "

     Une vie entière en prison. Tu parles !!!!!! vingt cinq ans de service pour trente ans compté pour la retraite et plus de mille cinq cent balles de retraite….."

    ça a l’air de bien payé comme boulot. moins trash, dommage


    • Radix Radix 3 septembre 2013 21:54

      Bonjour Foufouille et Dupont

      Je reconnais avoir moinsser vos commentaires car il est facile de dénigrer un métier que vous avez refuser de faire mais que vous considérez comme nécessaire (n’est-ce-pas Dupont ?).

      Certes ce métier ne peut-être une vocation, quel est le gamin à l’école qui dit à son maître : «  Je veux être gardien de prison ! », le maître appelle immédiatement psychologue et les parents !

      Mais les hasards de la vie et le chômage (tu connais Foufouille ?) peuvent te conduire sur des chemins que tu n’aurais pas souhaiter emprunter.

      Radix


      • Radix Radix 3 septembre 2013 22:28

        Bonsoir

        Il est parfois contre-productif de supprimer un commentaire stupide comme celui de Dupont.

        Il est parfois bon d’en lire pour pouvoir les reconnaître et dans la foulée vous avez supprimé celui de Démosthène qui, s’il était concis, n’était pas injurieux... Juste une constatation !

        Radix


      • Agafia Agafia 3 septembre 2013 23:43

        « rythmé par un débit de noms égrené, par un micro grésillant, digne de camps de la mort. »

        Et ça y est : Rebelote ! smiley
        L’auteur nous refait un amalgame vraiment limite...
        Désolé, mais vos comparaisons entre prison de droit commun et camp de déportation et d’extermination, ça me reste vraiment en travers.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès