Première analyse des résultats des élections municipales turques
* La scène politique turque change après la défaite d'Erdogan – La voie est-elle ouverte pour la candidature présidentielle d'Imamoglu ?
Le principal parti d'opposition turc, le CHP (kémaliste), a remporté une série de victoires éclatantes aux élections municipales turques. L’actuel maire d’Istanbul, Erkem Imamoglu, étant celui qui a remporté la plus grande victoire - une victoire symbolique également - dans la plus grande municipalité de Turquie.
Cette évolution constitue une défaite aux proportions colossales pour Recep Tayyip Erdogan, qui s'était fixé pour objectif de reprendre le contrôle des grandes villes du pays. Elle semble constituer également un changement majeur sur la scène politique du pays.
En effet, ce vote était un baromètre de la popularité du président Erdogan, qui cherchait à reprendre le contrôle des municipalités clés qu'il avait perdues au profit de l'opposition lors des élections d'il y a cinq ans. La victoire du CHP à Ankara et à Istanbul en 2019 avait déjà brisé l'aura d'invincibilité du président turc.
Le principal objectif pour le président turc lors de ces élections était Istanbul, une ville de 16 millions d'habitants où il est né et a grandi et où il a commencé sa carrière politique en tant que maire en 1994.
Pour l'opposition, divisée et démoralisée après la défaite aux élections présidentielles et législatives de l'année dernière, le fait de conserver Istanbul et Ankara constitue un atout majeur et contribue à redynamiser ses partisans.
Quelque 61 millions de personnes, dont plus d'un million qui votaient pour la première fois, étaient habilitées à voter pour toutes les municipalités métropolitaines, les maires des villes et des districts, et les administrations de quartier. Le taux de participation a été d'environ 76 %, selon l'agence publique officielle Anadolu.
L'un des principaux enseignements de ces élections est que l'AKP (islamo-conservateur) est désormais le deuxième parti au niveau territorial et que le CHP kémaliste est désormais le premier. Lors des élections législatives du 14 mai de l'année dernière, la situation était inversée, l'AKP arrivant en tête avec 36,30 % et le CHP en deuxième position avec 25,80 %.
L’autre leçon de ces élections est la montée en puissance du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu qui apparait comme le candidat « naturel » de l’opposition pour les présidentielles de 2028.
Parallèlement, un nouveau parti religieux-conservateur, le Nouveau Parti de la Prospérité (YRP), semble récupérer les voix des déçus de l'AKP.
Dans le sud-est de la Turquie, principalement peuplé de Kurdes, le parti DEM (pro-kurde) était en passe de remporter de nombreuses municipalités, mais il n'est pas certain qu'il soit autorisé à les conserver. Au cours des années précédentes, le gouvernement d'Erdogan avait démis de leurs fonctions des maires pro-kurdes élus pour leurs liens présumés avec des militants kurdes et les avait remplacés par des administrateurs nommés par l'État.
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