« Première Dame » et c’est tout !
Le mardi 12 juin 2012 résonnait dans le ciel politique franco-socialiste un coup de tonnerre imprévu. Vite repéré par les médias, il a pu prendre différents noms : boulet de canon, psychodrame, bombe à fragmentation, pavé dans la mare, désordre, couac, déflagration, coup de théâtre. Le dictionnaire des synonymes n'y suffirait pas : le fameux tweet de Valérie Trierweiler n'est visiblement pas passé inaperçu.
Beaucoup d'encre a pu couler, beaucoup de papier a été vendu depuis, mais j'ai voulu apporter un peu de mon eau à ce passionnant moulin de la polémique politique, et par le même geste proposer quelques observations.
En effet, si réactions politiques il y a eu, suite au tweet (qu'il est inutile de rappeler ici), elles se sont produites un certain temps après celles de la presse dès 12h30. Ce sont donc les réactions du PAF qui ont donné le ton. D'une certaine façon, le scandale est arrivé parce que les médias l'ont voulu ainsi. Plusieurs dirigeants socialistes ont d'ailleurs conseillé de ne pas rebondir sur cette affaire, qui pourrait trop facilement étouffer les alliances UMP-FN. Mais, tenaces, les médias (encore eux !) n'ont pas voulu démordre de ce scoop.
Nous sommes aujourd'hui confrontés au retour de flamme : chacun des hauts personnages politique lance son idée sur la question de la place de la Première Dame de France. On en arrive à des propositions de débats pour savoir s'il faut débattre sur son statut. C'est affligeant de lourdeur et d'immaturité, pour changer de nos petites habitudes politiques !
Premièrement, Mme Trierweiler, pour autant qu'on sache, et j'espère pour elle, a le droit d'exprimer une opinion dans la mesure où celle-ci n'est pas traitée de manière professionnelle. Twitter est une plateforme certes sociale, qui sert certes à des promotions artistiques ou commerciales, mais chacun de ses utilisateurs est abonné à titre uniquement personnel : je n'ai jamais vu Christophe Barbier, pourtant journaliste, se faire poursuivre pour non-respect de la neutralité inhérente à son métier de journaliste, pour avoir donné un avis personnel pour tel ou tel sujet. Et pourtant, son avis, il le donne bien souvent. Sur Twitter, j'entends. De la même façon, Mme Trierweiler n'a, à mon sens, commis aucun impair en tant que Première Dame en donnant un point de vue ou en l'occurrence un soutien. Eut-il été un soutient pour une personnalité qui n'est pas de gauche, et je comprendrais que ça puisse soulever des questions, mais Monsieur Falorni est ce qu'on appelle un dissident socialiste. Alors bon, que ça manque de classe, de tact ou de finesse, je veux bien, mais ce n'est pas non plus un drame national, Mme Trierweiler a le droit d'apprécier qui elle veut. On pourrait se hasarder à un jeu de mot aussi flagrants que ceux vus dans les médias, et dire que tweeter n'est pas jouer.
En ce qui me concerne, son soutien est nullement choquant, comparé aux déclarations purement ahurissantes de Nadine Morano, qui appelle les électeurs du Front National vers son giron, déclarant avec ardeur partager leurs valeurs. Bizarrement, très peu a été dit à ce sujet.
Deuxièmement, quand j'entends dire qu'il faut proposer un débat sur le statut "Première Dame", qu'il faut recadrer son rôle, la sirène du machisme résonne dans mon esprit. J'avais cru, avec Carla Bruni, dont le charisme me rappelle pourtant celui d'une moule défraîchie, que le statut de la femme du Président avait gagné quelques libertés. Je me souviens encore de Bernadette Chirac, dont le joli rôle était de râler en douce quand elle était témoin des débordements de son mari, et de faire la collecte de Pièces Jaunes pour les bonnes œuvres, accrochée aux bras d'un sportif dont le QI ne dépassait pas celui de la moule défraîchie citée plus haut. Pas franchement glamour, ni vraiment femme libre du vingt-et-unième siècle. J'ai pourtant le sentiment que, si débat il y a, ce serait surtout pour proposer un retour à ce rôle potache, propret, qui colle très bien au titre un peu pompeux de Première Dame, un peu comme figure de proue de la classe à la française : soit belle et tais-toi, qu'on retrouve malheureusement un peu partout sur le globe. Je savoure d'avance les effets que cela produirait si François Hollande devait museler ainsi sa compagne par trop de pression, lui qui s'est si élégamment battu pour une parité totale et irréprochable dans son premier gouvernement.
Et, pendant ce temps-là, la campagne continue...
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