• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Présidence Hollande, une mandature appelée à trancher sur les valeurs (...)

Présidence Hollande, une mandature appelée à trancher sur les valeurs actuelles

Tout début de mandat Présidentiel garde une grande force symbolique, tant au regard de l’Histoire, que dans l’imprégnation psychologique citoyenne à plus court terme. Chacun aura noté une scénarisation parfaite du soir de la victoire du candidat Hollande, victoire conçue pour prendre à contre-pied l’inauguration « bling bling » du mandat précédent. N’y insistons pas. L’heure était à la France des bals populaires. Le cloché participant de l’affiche de François Mitterrand en 1981 vînt ainsi s’incarner dans les propos du nouveau président Hollande au travers de la rénovation d’une Cathédrale. La jonction temporelle trouvait là son point culminant après une campagne ancrée dans un étonnant mimétisme de l’ancien Président Mitterrand. Toute cette théâtralisation du soir des résultats s’inscrivait dans une volonté humaine dûment conceptualisée. Les « forces de l’esprit » Mitterrandien pouvaient à nouveau être tranquilles. L’ex candidat Hollande abandonnait enfin son « rôle » de campagne, sa pleine identité ne tarderait pas à être réaffirmée en tant que telle.

Bien sûr, comme tous les comédiens en attestent quitter un rôle autant habité demande parfois un peu de temps. Finalement, beaucoup de français ne connaissent pas encore « le vrai » François Hollande, outre quelques propos peu favorables tenus par certains de ses proches. Chacun garde notamment en mémoire le peu de conviction que mettait le nouveau Ministre des Affaires étrangères s’agissant de l’hypothétique stature présidentielle du désormais Président. Les "amis de 30 ans" en ont vu d'autres par le passé, sur tous les bords politiques. Comme disait Madame Aubry "quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup".

Le soir de cette victoire ne semble finalement pas avoir autant marqué les consciences que le jour de l’investiture. Ce dernier prît en effet une dimension particulière, laquelle ne relevait alors plus seulement de la volonté humaine. La passation de pouvoir se déroula dans le respect le plus conservateur des traditions, même si un supplément de sobriété n’échappa à personne. Le concept du Président « normal » accédait au statut d’élément de langage incontournable. Mais l’essentiel de cette séquence devait bientôt provenir de facteurs totalement imprévisibles, du ciel.

Alors que l’on s’attendait à voir la « religion laïque » prendre plus encore possession des institutions et des esprits, un oracle ne tarda pas à s’abattre sur cette présidentielle. Les nuages fournirent en effet les plus fermes cordes pour se pendre, alors que la remontée rituelle de la plus belle avenue du monde commençait à peine. L’image d’un homme seul face aux cieux déchaînés sur un trône ambulant ne fut pas sans évoquer quelques épreuves d’un authentique chemin de croix. Plus tard dans la journée la foudre compromettait l’élévation de l’avion présidentiel. Dans cette année supposée mener à la fin du monde selon un calendrier Maya étrangement interprété, tout cela ne saurait passer inaperçu. Pour le moins, les cieux auront infligé sa première douche froide au Président. Ceux qui veulent absolument croire au hasard insignifiant auront malgré tout eu quelques efforts à faire. La campagne placée sous le haut patronage de certaines « forces de l’esprit » trouvait là un prolongement non souhaité ni conceptualisé.

Probablement pour confirmer les propos d’André Malraux à qui l’on attribue l’annonce d’un siècle se devant d’être Spirituel pour perdurer ici bas, le Gouvernement devait en outre se réunir le Jeudi de l’Ascension. Même si les mauvaises langues souvent bien informées attribuent cette date de crémaillère à l’anticipation de remise en cause de tous les jours fériés traduisant le noble héritage Judéo Chrétien tant décrié par l’essentiel de la nouvelle équipe gouvernementale, gardons que cette date vient corroborer toute une symbolique assurément tournée vers le ciel. Bien sûr, chacun voit le Ciel à sa porte comme il le souhaite, ou pas. Certains élus de premier plan passant pour être des familiers de voyants ou mages, voire de maîtres en occultisme et ésotérisme, il ne serait pas exclu que de sombres rituels soient à l’origine de cette colère insistante des cieux, ou seulement des nuages tristes de toutes les oppositions réunies enfin. Tout cela concernerait une frange du PS. Les forces de l’esprit Mitterrandien ne seraient-elle pas les plus belles pour aller danser ou défiler ?

Quoi qu’il en soit, les conseillers en communication ou metteurs en scène de victoire électorale en sont pour leur frais. Manifestement, cela aura jeté un froid. A trop se prétendre « normal » il arrive que l’on encoure le risque d’un sacré retour de bâton, ou de pétard mouillé.

Outre l’humour auquel tout cela peut prêter, le contraste demeure entre cette succession d’imprévus et la volonté du gouvernement et de certains médias d’assurer un déroulement le plus « normal » possible. Non, cette campagne présidentielle n’aura pas été sans être tout à fait exceptionnelle à bien des égards, notamment sur la fin.

Hélas, l’écho susceptible d’être accordé au dernier discours de l’ex président et candidat, monsieur Nicolas Sarkozy, n’a pas vraiment été de mise. Ceux qui ont écouté cette intervention ultime des Sables d’Olonne, discours prononcé en grande partie sans fiches, n’auront pu que constater une connotation Chrétienne du message jamais assumée jusqu'alors par aucun président de la 5ème République, même si chacun sait que le Général De Gaulle fût toujours entouré de nombreux Chrétiens. Ainsi, Monsieur Sarkozy n’hésita pas à citer le Pape Jean Paul 2 affirmant sans fioriture que chacun était invité à faire son choix aussi dans cette clause plus intime de conscience et de cœur. L’ancien Président pourrait bien avoir vu juste pour peu que l’on élargisse le débat. Le calendrier nous y invite, une fois encore.

La première réunion du nouveau Gouvernement se sera donc déroulée un jour de lutte internationale contre l’Homophobie. Par ailleurs, chacun aura bien noté que la nouvelle porte parole du Gouvernement est aussi en charge de la condition féminine. Enfin, la toute première mesure annoncée portait sur une « Charte de déontologie » (en parallèle de la baisse de 30 % des salaires de toute l’équipe gouvernementale). Autant de questions de mœurs, voire, de Morale. Les valeurs actuelles sont pleines d’avenir, autant que les sujets de société.

Chacun s’accorde plus ou moins sur la nécessité de rigueur budgétaire (passée l’autorisation provisoire de quelques dépenses tendant à récompenser un partie de l’électorat) autant que sur la complexité du rapport de force en Europe (au début du Gouvernement Jospin on ajouta aussi la notion de croissance à un pacte préalablement signé) et plus largement de l’extension prévisible de ce que l’on nomme « la crise » laquelle en renferme pourtant plusieurs. Tout cela étant entendu, la différence entre majorité et opposition pourrait donc désormais se faire essentiellement sur une thématique plus ou moins morale.

La dimension possiblement spirituelle ou ésotérique des premières heures pluvieuses et foudroyantes de l’investiture serait-elle au niveau des valeurs essentielles pour le moins signifiante ? L’humour aide parfois à une meilleure compréhension, et certains religieux affirment que les cieux n’en manqueraient pas.

Chacun sait les débats qui traversent la société française s’agissant de la question de l’euthanasie ou du mariage des couples homosexuels avec autorisation de l’adoption. Si au niveau économique la marge de décision autant que la différence avec l’opposition est étroite, la Gauche entendrait-elle se maintenir durablement au pouvoir en orientant le débat vers des sujets dits « de société » qu’elle pense lui être favorables dans le retour sur investissement électoral ? Elle se présenterait par la même comme plus progressiste infligeant la ringardise ou un sectarisme supposés à la Droite. Certes, pour tout ce qui touche à la Vie autant qu’à l’intime des êtres, les choses seraient infiniment plus complexes et nuancées. Les législatives pourraient ainsi se perdre ou se gagner d’abord au niveau des valeurs ? La « crise » n’est assurément pas qu’économique et sociale.

Plus largement, et face à l’emprise de l’économique et du « matérialisme boursier », le retour de l’autorité du Politique semble fonder un enjeu plus primordial que jamais. Apporter une réponse uniquement économique et budgétaire à la crise à rallonge actuelle ne semble plus être à la hauteur de la dégradation civilisationnelle résultant du triomphe arrogant et sans limite de l’Argent roi. Les démocraties paraissent se heurter à une sorte de pouvoir monarchique reconstitué en coulisse, au seul service de la fameuse Finance internationale dénoncée par le candidat Hollande, en France. Dans ce contexte de crise des valeurs autres que boursières, le retour du Politique peut-il se faire sur un autre niveau global que celui de la Morale publique ? Pourra t’on contrer l’autorité des pouvoirs et marchés financiers empiriques sans en appeler au peuple dans sa conscience collective la plus profonde ? La multi-crise pourrait remettre le Politique au pouvoir.

Aucun doute à avoir, la thématique des valeurs actuelles pourrait être au cœur même du débat politique prochain. Le religieux et le sacré portent une dimension indispensable au Vivre-Ensemble, tout Républicain et Laïque qu’il soit, pareillement pour l’indispensable recours à des rituels politiques (le 14 Juillet, etc) seuls à même d’incarner la nation. Dans notre pays diversement nourri de l’Héritage Chrétien, il n’est pas certain que les débats évoqués favorisent électoralement ceux qui pensent l'être, à Gauche.

Les valeurs sont inscrites autant dans un corpus national public que dans un inconscient collectif plus subtile. Avec ces "sujets de société", la Gauche croit détenir l’équivalent « historique » de l’interdiction de la peine de mort ou la libération des ondes durant les années Mitterrand. Le retour en force et quasi obligatoire du drapeau national durant la campagne électorale atteste de la permanence d’une France « profonde » au sens le plus noble. Le Président Hollande gagnerait-il à repenser souvent à la Cathédrale évoquée le soir de sa victoire ? 

 

Guillaume Boucard 


Moyenne des avis sur cet article :  3.4/5   (5 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 18 mai 2012 11:15

    hollande a declaré en parlant de la finance qu’il est temps de mettre carte sur table :
     http://2ccr.unblog.fr/2012/05/15/finance-hollande-va-mettre-carte-sur-table/


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès