Président à la ville, Candidat en campagne… Pour une Présidence de la République par Intérim !
Le feu de l’émotion à présent retombé, comme toujours, mais de plus en plus vite dans une société de consommation boulimique se nourrissant des péripéties dramatiques de son propre destin, vient le temps des questions, des doutes, des suspicions. C’est là un temps empoisonné où la démocratie chancelle, où la fracture s’instaure, plus vive que jamais, entre le clan de la peur qui justifie tout, qui veut amalgamer faciès et religions “d’apparence”, islam et intégrisme pour mieux emmurer les frontières, et le camp de la raison qui, la dignité du recueillement passée, s’efforce de réfléchir, de comprendre et d’analyser, fort de sa confiance en l’humain, en sa capacité à gérer les conflits, et de sa conscience du monde d’aujourd’hui, dangereux et de fait en danger.
Le temps des questions, des doutes, des suspicions
Ainsi, le meurtrier ayant trouvé la mort dans des circonstances hautement prévisibles, savamment programmées, médiatisées, par un Ministre de l’Intérieur en congé technique de campagne, devenu speaker permanent et correspondant de guerre pour toutes les chaînes de France – encore mieux que son « Patron » sur seulement 6 chaînes à la fois ! –, nul ne saura jamais pourquoi le citoyen français et algérien Mohamed Merah, jeune branleur désoeuvré de nos banlieues ghettoïsées, sacrifiées, stigmatisées par les gouvernements qui, dans leur incurie, les ont abandonnées depuis longtemps à tous leurs trafics “surveillés”, pourquoi ni comment ce jeune homme acculturé et fragile mentalement a basculé un jour brutalement dans l’horreur.
Monsieur Guéant et le clan UMP dirigé par le Président en fonction, candidat en difficulté, ont tort de s’indigner de nos suspicions, de nos doutes et de nos questions légitimes dans un État de droit. Tous ces Poutine à la française et leurs clowns berlusconiens du tweet nous ont habitués tant et plus à tant de mensonges énormes, aujourd’hui avérés (affaire Woertz-Bettencourt-Sarkozy-De Maistre, etc.), à tant de montages scabreux aux mallettes baladeuses (affaire Karachi, etc.) pour servir les intérêts de cette oligarchie malade et asseoir ses prérogatives, à tant de collusions avec les dictateurs du monde et la criminalité de haut vol – Djouri et Takieddine en tête, les amis du « Patron », les amis de Jean-François Copé (Ah, la fameuse photo relax sans Rolex dans la piscine de Ziad T., le truand aux Secrets d’État !), mais aussi, évidemment, les amis de Bernard Squarcini, le directeur de la DCRI placé par Sarkozy et resté curieusement en fonction malgré sa mise en examen le 17 octobre 2011 dans l’affaire dite des “fadettes” –, ils nous ont habitués à tant de manipulations médiatiques hallucinantes depuis la prise en main de l’Intérieur par leurs sombres réseaux, habitués à tant d’infamies pour sauver leurs amis, leurs banques, leurs postes et tous les obscurs prédateurs du capitalisme mondial, ils nous ont habitués à tant de laideur d’âme qu’il nous est possible aujourd’hui de tout imaginer, même l’inacceptable, puisque l’inacceptable fut par le passé accepté.
Manipulation ou incompétence ?
Nous sommes nombreux à nous demander à présent si Mohamed Merah n’a pas été manipulé, téléguidé, “réveillé” au moment propice, un mois avant les élections, pour assouvir sa folie meurtrière bien “tracée” par la DCRI de Bernard Squarcini, le pion damné de Sarkozy.
Il y a tant de maladresses et de contradictions entre les témoignages des uns et des autres – Guéant, Squarcini, Hautecloque, Mollins, Prouteau, etc. –, entre le parcours “touristique” et psycho-idéologique entrepris par le jeune meurtrier sous influence et cette soi-disant absence de suivi par la DCRI qui, dans le même temps, affirme l’avoir « tracé » depuis… 2007 !
Sans parler du bon sens commun qui estime que, lorsque l’on veut réellement capturer vivant un monstre pour qu’il parle, on ne monte pas une pareille mise en scène à grand spectacle, à gros budget, un pareil psychodrame grand public relayé en direct live par tous les médias ! Dans ce cas-là, si telle avait été l’intention de départ de Squarcini et autres traders sur le marché de la Sécurité, on fait preuve pour le moins d’un minimum d’inventivité en déployant seulement quelques hommes en civil pour neutraliser l’individu facilement pendant qu’il accomplit une tâche de la vie courante… Cela tombe sous le sens ! Au lieu de ça, le Président encore en exercice et son “Squale” choisissent de s’engager dans un laborieux et pénible épisode de télé-réalité, un super killer-game grandeur nature commenté et mimé avec force suspense par le ministre de l’Intérieur himself…
À 30 jours du premier tour ! On croit rêver !
Manipulation politique ou incompétence policière ? Dans les deux cas, l’UMP aurait tort de se réjouir, car ils témoignent l’un comme l’autre d’une faillite : celle de la morale d’un côté – mais ça, on le sait depuis longtemps –, ou celle des discours protecteurs et sécuritaires qui se révèlent être du vent quand on doit en arriver à cette extrémité tapageuse avec un individu dangereux et « suivi » par le SRPJ de Toulouse et la DCRI… À chacun de choisir !
Les Français d’ailleurs ne s’y trompent pas, puisque le candidat Sarkozy, en rupture de campagne pour imposer le silence aux autres tout en donnant la parole exclusive au Président Sarkozy, stagne encore et toujours dans les derniers sondages, quasiment à hauteur avec son copycat de la Gauche libérale… Seul Mélenchon progresse, porté par cet inaltérable espoir d’en finir enfin avec tous les mensonges de la classe politique et toutes les turpitudes de cette Ve République affairiste, exsangue et corrompue.
Pour une Présidence de la République par Intérim !
Afin d’éviter à l’avenir toute tentative de manipulation, toute récupération sordide de faits divers d’apparence plus ou moins télécommandés, il me semblerait sain que tout président sortant désireux de postuler à un nouveau mandat démissionne aussitôt, comme tout ministre rejoignant l’équipe de campagne – NKM l’a fait –, de toutes ses fonctions électives dès l’instant où il fait acte de candidature.
Comme en cas de décès du Président ou d’empêchement majeur de celui-ci pour raison de santé ou autres, et pour éviter la vacance du Pouvoir, le Président du Sénat (ou de l’Assemblée Nationale, si Jean-Luc Mélenchon venait à le dissoudre) exercerait, par intérim, constitutionnellement, la fonction présidentielle, comme Alain Poher en son temps le fit à deux reprises.
Ainsi, nous n’assisterions plus à ce spectacle pitoyable d’un candidat en campagne qui, malmené dans les sondages qui plus est, en complicité potentielle avec ses services de police, redevient brusquement président par un tour de passe-passe bien calibré, impose une unité nationale factice, envahit les médias et prend les écrans en otage avec un temps de parole laissé à sa seule volonté, reléguant ses rivaux au rang de simples potiches médusées, raidies, bâillonnées, comme flashées et assourdies par un tir de grenade…
Ainsi, tous les candidats seraient à égalité devant le suffrage universel, sans occulter dès lors, au profit d’une actualité effroyable propice à l’émotion, les priorités réelles et légitimes des Français : la hausse constante du chômage, la hausse de la précarité, la progression spectaculaire du nombre d’insolvables, la baisse du pouvoir d’achat, la perte de notre souveraineté, l’endettement de l’État, la multiplication des taxes au détriment de tous (sauf des riches), le cynisme des banques, l’injustice chronique, l’Éducation, la Santé, la Culture en danger, l’anéantissement des Services Publics, la vie privée menacée et la liberté surveillée sur le Net, etc. La Sécurité est une priorité parmi d’autres – et l’on voit combien elle a failli sous cette présidence Sarkozy ! –, elle ne doit pas polluer, étriquer, étouffer et avilir le débat démocratique.
Une Présidence par Intérim nous aurait sans doute évité cette fin de règne pathétique et nauséabonde…
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