Présidentielle US : la lutte s’intensifie
Les joutes verbales de la bataille électorale aux États-Unis sont en train d’atteindre des sommets d’une violence inédite. Les candidats utilisent une rhétorique offensante, haineuse, raciste et dégradante, une semaine avant l’élection du nouveau président US du 5 novembre.
L’actuel chef de l'État, le démocrate Joe Biden, a - par inadvertance - qualifié les partisans américains du candidat républicain Donald Trump d’« ordures », tandis que la démocrate Hillary Clinton, qui a perdu les élections de 2016, a comparé les rassemblements électoraux de Trump « avec les réunions nazies en 1939 ». Il est évident que de telles déclarations désobligeantes ne font que polariser davantage la société américaine déjà profondément politiquement divisée, contribuant, ainsi, à la croissance de l’intolérance, mais aussi de la haine intrasociale et raciale entre les supporters des deux partis, aux conséquences imprévisibles.
S’adressant la veille aux électeurs latinos à la télévision et critiquant le candidat républicain, Joe Biden a littéralement déclaré : « Les seules ordures que je vois flotter autour d'ici sont celles de ses partisans » (de Trump). « Joe Biden a, ainsi, déclenché la fureur des républicains », souligne Le Point. Le président des États-Unis est sous le feu des critiques depuis qu'il a réagi aux propos racistes de l'humoriste Tony Hinchcliffe en insultant les partisans de Trump.
L’hebdomadaire français rappelle : « Dimanche, le comédien est monté sur la scène du meeting du républicain au Madison Square Garden de New York où il a déclenché une polémique après ses propos proférés à l'encontre des Portoricains » devant les partisans de Donald Trump : « Il y a littéralement une île d'ordures flottante au milieu de l'océan ».
Le comédien Tony Hinchcliffe s’est attaqué à Porto Rico lors de ce meeting du candidat républicain, s’attirant les foudres sur les réseaux sociaux, et attisant les tensions dangereuses qui existent actuellement dans la société US. Les propos ont été rapidement condamnés par les démocrates dont Joe Biden, mais celui-ci s’est emmêlé les pinceaux, rajoutant à son tour de l’essence sur le brasier d’une guerre civile annoncée par les observateurs dont les services secrets et l’armée US.
Observateur Continental a averti sur la situation dangereuse actuelle aux États-Unis : « Les Américains ont peur d'une guerre civile après la présidentielle ».
Ainsi, l'actuel président américain a nommé les 48% des électeurs américains, selon les derniers sondages d'opinion de Rasmussen Reports, qui voteront pour Donald Trump, d’« ordures ».
Consciente de l'ampleur et des conséquences potentielles d'une autre erreur désastreuse du « vieux Joe », la Maison Blanche a immédiatement tenté de se justifier via les réseaux sociaux se limitant à faire savoir que Joe Biden faisait simplement référence à la déclaration controversée faite lors du récent rassemblement électoral de Trump à New York par Tony Hinchcliffe à l’encontre de la communauté portoricaine. Les démocrates ont pleinement exploité ce passage le qualifiant d’empester le racisme pour lancer des attaques informationnelles à grande échelle contre le républicain et tenter de le discréditer aux yeux de l'électorat « non blanc ». En outre, le site de la Maison Blanche n’a pas modifié l’intervention retranscrite de Joe Biden pour réduire les tensions ce qui est, aussi, une source de mécontentement parmi l’électorat de Trump.
Selon les commentateurs américains, l'erreur de l'actuel président américain a déjà causé un énorme préjudice à la campagne électorale de la démocrate Kamala Harris, dont la note nationale, selon Rasmussen Reports, se situe à environ 46%. Il ne fait aucun doute que dénigrer la base pro-Trump ne fera qu’encourager les électeurs conservateurs à voter contre la candidate démocrate.
« Biden s'est souvent mal exprimé, ce qui rend parfois très difficile la compréhension de ce qu'il dit ou veut dire. La vérité est que différentes personnes peuvent entendre ses commentaires différemment », note à ce sujet The Hill.
Les médias anglophones rappellent que la tradition de diabolisation vulgaire des partisans de Donald Trump a été lancée par l’ancienne secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, qui a perdu les élections face à lui en 2016. C’est à cette époque qu’elle a commencé à qualifier les Américains soutenant Trump de « groupe déplorable » et aussi d’« homophobes, sexistes et islamophobes ».
Hillary Clinton n’a pas non plus pu s’empêcher d’insulter le républicain cette fois-ci, comparant le grand rassemblement électoral de Donald Trump au Madison Square Garden de New York le 27 octobre aux « réunions nazies de 1939 ». D’ailleurs, les médias proches du Parti démocrate ont qualifié Trump de « nazi », de « fasciste » et de « dictateur » au cours des deux dernières semaines, introduisant ainsi le stéréotype correspondant dans l’esprit des électeurs.
La campagne républicaine a déjà répondu aux insultes sans précédent de Biden, affirmant que le président divise le pays en qualifiant des dizaines de millions de citoyens de « d’ordures ». Les stratèges de Trump ont déjà commencé à tirer le maximum de points électoraux de l’erreur commise par le vieux président US. De tels messages, comme celui du combattant de UFC, Michael Chandler, sont actuellement publiés sur le Net par les pro-Trump : « Joe t’a traité d’ordure. Kamala t’a traité de nazi. Walz t’a traité de bizarre. Hillary t’a traité de déplorable. Ils se demandent pourquoi tant de gens votent pour un « criminel » américain ». Ou, « Hillary nous a qualifiés de déplorables, Kamala nous a qualifiés de fascistes et Biden nous a qualifiés d'ordures. Autant pour nous unir ». De tels messages appelant à élire Donald Trump sont actuellement envoyés à des millions d'Américains.
« S’il vous plaît, pardonnez-lui. Il ne comprend pas ce qu’il dit », a lancé Donald Trump lui-même de manière conciliante à propos des propos scandaleux de Biden lors d’une réunion avec son électorat en Pennsylvanie mardi dernier. Sans oublier que les insultes actuelles du président américain sont pires que la rhétorique haineuse de Clinton en 2016. Le candidat républicain à la vice-présidence américaine, J.D. Vance, a également visé les démocrates. « C'est dégoûtant. Kamala Harris et son patron Joe Biden attaquent la moitié du pays.
Il n'y a aucune excuse à cela. J'espère que les Américains rejetteront cette idée », a-t-il publié sur X tout en dénonçant le rôle des médias qui tentent de cacher les déclarations de Joe Biden. Le fait que ces « journalistes » couvrent une erreur catastrophique de la campagne de Kamala est un scandale, a-t-il aussi fait remarquer.
À noter que les Républicains adressent également des messages non moins vulgaires et choquants à leurs opposants politiques. Ainsi, lors du rassemblement pro-Trump susmentionné au Madison Square Garden, les orateurs ont attribué au Parti démocrate américain le titre de « bande de dégénérés » et ils ont qualifié Kamala Harris de « diable » et d’« antichrist ».
Peu importe qui deviendra bientôt le nouveau président US, il est évident qu’après un tel échange de paroles haineuses, il sera extrêmement difficile de consolider la société américaine actuelle divisée, politiquement polarisée et en colère.
« Près de la moitié des électeurs américains s'inquiètent des tentatives violentes visant à annuler les résultats des élections de novembre », titre Fortune, précisant : « Les électeurs américains abordent l'élection présidentielle avec une profonde inquiétude quant à ce qui pourrait suivre, notamment le risque de violence politique, les tentatives de renverser les résultats des élections et ses implications plus larges pour la démocratie, selon un nouveau sondage ».
Philippe Rosenthal
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