Présidentielles 2017 : face à l’illusion de choix, faut-il encore se laisser faire ?
Quand tous les choix mènent seulement plus ou moins vite au même endroit, « vote utile » ne rime-t-il pas avec « vote futile » ?
I – Le « clivage droite gauche » : une belle coquille vide.
Le « clivage droite gauche » qui jadis décrivait bien le paysage politique de la France n’existe plus vraiment. Si l’expression revient à la mode, c’est parce qu’elle reste quand même une belle phrase toute faite, très utile pour vendre du Macron. Elle permet, en effet, de masquer le creux de son propos tout en ayant l’air intelligent. Mais au fait, que veulent dire droite et gauche ?
Passons sur l’histoire des amis du roi placés à droite de la tribune et ses opposants à gauche : la droite et la gauche se définissent avant tout par des valeurs. Un électeur de droite apprécie des valeurs comme la sécurité (autorité, ordre), les traditions (nation, famille, religion), la réussite individuelle par le travail… mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il rejette des valeurs comme la justice (justice sociale, égalité des chances), laïcité (séparation de l’église et de l’état, séparation de l’état et du MEDEF), l’humanisme (progrès social, respect de l’individu) ou la solidarité…valeurs pourtant réputées de gauche. L’inverse est aussi vrai et finalement ce qui différencie la droite de la gauche c’est simplement l’ordre de priorité que l’on donne à ces valeurs.
Qui peut porter ces valeurs ?
La droite d’aujourd’hui nous propose un Macron en connivence avec les puissants du CAC 40 et les propriétaires de grands groupes de médias ainsi qu’un Fillon et une Le Pen bien en place et qui comptent continuer de défendre leurs intérêts personnels et leurs intérêts catégoriels.
La gauche d’aujourd’hui, affaiblie par cette machine à museler l’énergie populaire que l’on nomme « les primaires » se résume à un Mélenchon (dont le programme est régulièrement comparé à celui d’une Marine Le Pen moins diabolisée et verbalement plus habile) et à un Benoit Hamon carriériste dont les actes (et même certaines déclarations) ne laissent pas beaucoup de doute sur la nature « Hollandienne » de ses beaux discours.
Si la vraie droite est dans le coma et la vraie gauche en convalescence, alors dans quelle direction nous propose-t-on d’aller ?
II - Différents candidats mais une seule direction présentée comme crédible par les médias
Que l’on entende Macron évoquer vaguement la suppression de fonctionnaires et s’exprimer évasivement sur la délégation au privé de certaines missions de service public ou bien que l’on écoute les propos plus directs de François Fillon, les médias ne nous présentent jamais comme crédible le choix qui consisterait à éviter la destruction du modèle social français (sans lequel nous ne sommes pourtant plus grand-chose).
Que l’on parle de flexi-sécurité ou de baisse des charges, on se garde de nous parler de la condition des travailleurs et notamment des travailleurs pauvres du soi-disant plein emploi allemand.
Les gouvernements se sont laissé déposséder de leurs pouvoirs et de leurs responsabilités, les décisions importantes sont prises au niveau de la sphère économique et les politiques se satisfont du cadre qu’il leur reste. Dans ce cadre, il n’y a pas d’autre voie que l’Europe austère du traité de Lisbonne ; pas d’autre alternative que la baisse des coûts du travail, le recul des normes sociales et environnementales et l’augmentation des coûts du capital. Il suffit de voir à quel point le « Président issu du parti ennemi de la finance » s’est plié servilement aux exigences de l’argent Roi en alourdissant la dette publique de 40 milliards reversés directement dans les poches d’actionnaires privés.
Au final, entre les ripou-blicains qui assument clairement des propos ultralibéraux et les socialistes ploutocrates qui en imitent mollement la politique, il n’y a qu’une différence de degré (ils ne sont pas tous aussi durs, ils ne vont pas tous aussi loin) mais il n’y a pas de différence de nature (ils vont tous dans la même direction).
III – Une autre voie possible que celle présentée par les médias ?
“If you're not careful, the newspapers will have you hating the people who are being oppressed, and loving the people who are doing the oppressing.” Malcolm X
« Si vous n’êtes pas vigilants, les journaux arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment. »
On parle beaucoup de la dette causée par le coût de la classe ouvrière mais très peu de relance économique ou de la fraude fiscale (qui, soit dit en passant, représente une manne financière sans commune mesure avec ce que nous coûtent nos chômeurs, RSAistes et migrants légaux ou illégaux).
On parle beaucoup des petites dizaines de milliers de migrants qui se réfugient actuellement chez nous mais très peu des centaines de millions de réfugiés climatiques de demain qui seront bien plus problématiques si nous laissons les choses se faire.
Les gens réfléchissent encore : beaucoup de Français sont indécis sur le choix de leur candidat, beaucoup sont indécis sur la question même de savoir s’ils iront voter. Quand l’électorat a le sentiment qu’aucune alternative ne lui est offerte par les partis qui se disputent le pouvoir, il est clair que cet électorat ne pourra que se désintéresser des urnes comme les PRAFistes (PlusRienAFoutistes) qui ne souhaitent plus participer à cette mascarade et dont le discours pourrait se résumer en cette phrase de Pierre Emmanuel Barré : « Quand je mourrai, enterrez-moi soixante mètres sous terre avec une peau de bête. Je refuse que les archéologues du futur croient que je traînais avec vous. »
A ceux-là, je voudrais répondre par une citation d’Einstein : « le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Et j’ajouterais que dimanche 23 avril il sera très simple de ne pas laisser faire : il existe une autre voie si on veut bien changer le cadre européen et les règles du jeu (à commencer par la règle verte de la France insoumise qui nous permettra enfin de nous attaquer au réchauffement climatique et, comme le suggère la présidente du FMI, de relancer l’économie du pays par des investissements massifs dans les secteurs porteurs des énergies renouvelables et du développement durable). On a toujours le choix, on peut toujours changer, la France a encore de grands moyens et notamment ceux de redevenir un modèle pour le monde comme elle a su le faire après 1789 et le siècle des Lumières.
L’écologie, l’avenir de notre planète, c’est cela qui « dépasse les clivages droite gauche » : tout le monde devrait être –et tout le monde est au sein de la communauté scientifique- d’accord avec ça. Et vous ?
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