Présidentielles 2017 : hauts risques
Bernard Larguèze
La violence des réactions et des déclarations des deux
Gladiateurs, l’ambiance mensongère préfigurent-elles ce que
sera le futur quinquennat ?
On assiste, en effet, à un spectacle digne du « Grand Guignol » où les protagonistes éructent et, perdant toute dignité dans leurs propos, mettent un bémol sur leurs capacités à gouverner. Les attaques directes et récurrentes des deux finalistes ne sont pas à la hauteur des enjeux considérables à régler. Cette façon de développer leurs arguments alimentera l’abstention.
Quant aux discussions de fond, il faut bien reconnaître qu’ils passent allègrement, en grande partie, à côté.
On peut citer un exemple majeur concernant les problèmes liés à la gestion quotidienne de la vie des Français, celui de la protection sociale, dont ils parlent trop peu. C’est une chasse gardée, où aucun gouvernement n’ose s’aventurer.
Le risque est que le fameux « trou », dont on ne parle plus mais qui ne se résorbe pas, emporte tout avec lui.
Or, les gouvernements qui se succèdent refusent systématiquement d’appliquer la loi européenne (sur la fin du monopole) qui, selon les textes, prime sur la loi nationale. Pourquoi ?
Parce que les syndicats ouvriers et patronaux ont obtenu le privilège de gérer ce secteur dont le budget est équivalent à celui de la France. Cela a été possible grâce à un accord de gestion confiée aux syndicats portant le nom de « paritarisme » qui est devenu un secteur auquel aucun gouvernement n’a accès. C’est également ce paritarisme qui permet de détacher des fonctionnaires qui sont mis à la disposition des syndicats. Ce sont autant d’emplois fictifs...
Cette élection présidentielle 2017 permet aussi de relever un autre fait majeur qui est celui de la montée du Front National.
Dans « Libération » du 2 mai, son directeur M. Joffrin s’interroge ingénument sur le pourquoi du succès croissant de ce mouvement depuis trente ans, sans apporter de réponse satisfaisante.
Rafraîchissons donc sa mémoire défaillante.
En 1986, M. François Mitterrand, avec sa rouerie habituelle, avait jugé que, pour maintenir les socialistes longtemps au pouvoir, il fallait affaiblir la droite modérée. Pour cela il introduisit une dose de proportionnelle lors des législatives de 1987, pour cela il prit la décision de sortir le Front National de son ghetto. Et le miracle s’est accompli, le Front National eut des députés au Palais-Bourbon ! En même temps, François Mitterrand demanda à la presse écrite et parlée d’inviter, de temps en temps, le leader de ce parti M. Jean-Marie Le Pen. Le tour était joué. Le Front National devenait majeur.
Cette action d’éclat n’avait pas échappé à Pierre Bérégovoy, alors Premier ministre, qui déclarait : « on a tout intérêt à pousser le Front National. Il rend la droite inéligible. Plus il sera fort plus on sera imbattable. C’est la chance historique du Parti Socialiste ».
Mais à malin, malin et demi : le Front National a su depuis profiter des échecs politiques et économiques de la droite et de la gauche classiques, le voilà aux portes du Pouvoir... Avec plus de chances (ou de risques) qu’en 2002.
Encore une fois, comme en 2002 et 2012, on ne vote pas pour une vision de l’avenir de la France mais contre un candidat. Quel dévoiement !!!
3 mai 2017
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