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Présidentielles, écologie, Facebook, Google et vote blanc

2012, année de l'élection présidentielle : il convient de s'y préparer et pour ce faire établir une certaine forme de bilan.

Des années qu'on l'annonce et aujourd'hui on le constate : le permafrost fond, la toundra brûle, des quantités énormes de méthane, puissant gaz à effet de serre, seront libérées dans l'atmosphère d'une Terre qui voit fondre ses glace bien plus vite et plus intensément qu'on avait pu le supposer, cela dans un contexte où la ressource en pétrole est, et sera de plus en plus, l'objet de tensions extrêmement fortes.

Certains analyste du marché pétrolier envisagent qu'à relativement court terme l'Arabie Saoudite réduise très fortement ses exportations, afin de satisfaire son énorme consommation intérieure tandis que ses réserves s'amenuisent.

Cela ne laisse rien présager de bon quand à la conduite de ces grands travaux que nos sociétés auraient dû mettre en œuvre face aux menaces des évolutions climatiques, de l'augmentation du coût des énergies (qui donnera la recette pour éviter cela ?) que l'on voit déjà en marche, de l'acidification des océans et mille autres problèmes cruciaux.

Rien de bon car très bientôt nous serons, en vertu des entraves que poseront les sujets évoqués ci-dessus, plus « pauvres » qu'hier pour effectuer de gigantesques adaptations : nous ne nous mettrons probablement jamais à niveau à temps, vue la faible portion de route parcourue jusqu'à maintenant...

Pourquoi si peu d'un nécessaire chemin ?

Aurions-nous négligé de mettre en œuvre les mécanismes qui nous auraient vraiment orientés dans des voies plus salutaires ?

Mais quels mécanismes, basés sur quels ressorts, quelles analyses ?

Peut-être pouvons imaginer les choses sous d'autres angles ?

Se poser toutes les questions, les formuler différemment, sonder chaque réponse...

Essayons.

Nous voterons donc en 2012, un moment important car à ce qu'il paraît nos dirigeants nous orientent dans des directions favorables à notre avenir commun...

Je voterai « écologie » bien sûr, car tout le monde a toujours voté « écologie » si l'on y regarde bien... Car « le terme "écologie" désigne la science qui se donne pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes, etc. ) avec leur habitat et l’environnement, ainsi qu'avec les autres êtres vivants ».

Droit au point Godwin : Hitler faisait donc de l'écologie, Staline et d'autres aussi, chacun à sa façon, chacun ayant profondément modifié sa société, son territoire et même au delà de ses frontières...

Mais bien entendu ce que l'on entend le plus généralement sous ce terme n'a rien à voir avec ces sinistres personnes ou avec nos politiques les plus communs : être « écolo » a pris un sens particulier : « L'écologie politique est un ensemble de courants, largement diffusés depuis les années 1970, qui insistent sur la prise en compte des enjeux écologiques dans l'action politique et dans l'organisation sociale. »

Cette « écologie politique » préconise que nous vivions sans porter d'irrémédiables dommages au vaisseau dont nous sommes habitants et prisonniers, la Terre (pour donner une brève définition).

Vivre, c'est à dire ensemble, aussi bien que possible en prenant donc en compte toutes les dimensions de nos vies, matérielles, intellectuelles...

Vivre tous « libres », en démocraties aussi éclairées que possible et donc vigilantes envers tout ce qui serait susceptible de les assombrir.

En 2012 nous confierons une fois de plus nos destins à des personnes qui seront capables de nous tracer des chemins salutaires et de veiller à tous les grains qui nous en détourneraient : il faut donc que nous soyons dès maintenant certains, la date fatidique arrivant vite, que ces personnes auront les capacités et la vigilances requises.

Est-ce bien toujours le cas ?

J'en doute fort et je doute tout aussi fort que nos diverses tendances politiques aient procédé à un examen suffisamment attentif d'un certain nombre de points, du militant de base à la figure de proue, puis aient agi en fonction de cet examen.

Il se produit aujourd'hui un phénomène qui pourrait avoir un impact majeur sur nos libertés, nos démocraties, nos cultures et le développement de ces trois domaines essentiels, au travers du développement des réseaux sociaux, de l'emprise qu'ils établissent sur notre monde et des modalités selon lesquelles cette emprise s'exerce.

Un point particulier de ces modalités apparaît comme essentiel pour l'avenir du Net, si l'on envisage que le phénomène « réseau social » est amené à perdurer encore quelques jours.

Pour l'avenir du Net : par conséquent pour l'avenir du monde et des relations que nous, chacun de nous, pourrons avoir dans ce monde.

Une question majeure tient dans l'obligation que veulent nous faire les grandes sociétés Facebook et Google de nous inscrire sur les réseaux sociaux sous notre identité d'état civil au prétexte que le fait de se présenter ainsi garantirait des rapports « sains », éviterait les « trolls », autrement dit les trublions et garantirait d'une certaine façon la sécurité de chacun.

Si effectivement certains « trolls » seraient empêchés de sévir (et l'on sait qu'ils peuvent être coriaces, déplacés, néfastes...) dans le même mouvement un très grand nombre de personnes seraient privées de l'usage de ces réseaux dont le qualificatif « social » nous laisse supposer qu'ils pourraient nous aider tous, sans exception, à « faire société ».

A bien y regarder cette politique du « nom véritable » n'éliminerait pas les trolls de ces réseaux : ils y seraient acceptés et pourraient s'y manifester sous leur identité dument vérifiée en des propos considérés comme « acceptables » : le « troll » n'est en fait pas nécessairement une personne mais une facette d'une personne.

Mais qui finalement jugerait que des propos seraient ou non acceptables, et en fin de compte classerait telle personne comme « troll », l'éliminerait probablement du réseau, et pour combien de temps ?

Ne sommes-nous pas tous potentiellement le « troll » de quelqu'un ?

Quelle fiabilité ?

Quelle fiabilité aussi dans cette certification d'identité, en vérité, puisqu'il peut aujourd'hui suffire d'envoyer une photocopie de pièce « officielle », véritable ou non, pour faire admettre à Google que le nom sous lequel on a tenté de s'affilier est bien le nom réel d'état civil (Facebook se montrant éventuellement moins pointilleux) ?

On sait qu'il existe des artistes des logiciels de retouche : la politique des « noms véritables » risque fort de ne rien garantir pour un temps, peut-être le temps que nous soyons obligés de disposer d'une carte d'identité biométrique d'un très haut niveau de sécurité et que nous allions faire patte blanche à quelque bureau local du réseau pour une « certification » réputée rigoureuse ?

A l'occasion on nous tatouerait le sigle de ce réseau social sur le front, et nous n'adresserions plus la parole qu'à des personnes « certifiées »...

Ils ne sont pas certifiés Fb et G+

Le marquage des personnes, quelle qu'en soit la forme, a de mauvais relents...

En fin de compte il sera extrêmement difficile de mettre au point une politique de « noms véritables » offrant vraiment la garantie que les noms seront véritables : l'affaire se présente donc sous un jour où les garanties escomptées ne seront pas au rendez-vous.

Faut-il vraiment mettre en œuvre un principe à ce point bancal ?

Mais cette politique ne présente pas ce seul inconvénient.

Qui sait si dans ma vie très privée je ne suis pas l'auteur d'écrits théologiques sur telle ou telle religion, ou si je n'appartiens pas à un club de personnes fascinées par les cafards, ces insectes si largement adulés, et si je ne tiens pas absolument, pour des raisons qui m'appartiendraient, à ce que cette activité demeure inconnue des miens, de mes voisins, de mon employeur... ?

Qui sait si cette activité culturelle ne s'enrichirait pas énormément d'une présence sous pseudonyme sur quelque réseau social, afin de partager des connaissances de façon aisée avec des partenaires du monde entier ?

Avoir une véritable vie sociale au sein de ma passion secrète en somme.

Il y a de par le monde un très grand nombre de personnes qui, pour mille raisons, ont un besoin parfois vital (jusqu'à protéger leur intégrité physique) de pouvoir se présenter ici ou là sous pseudonyme : ces personnes ont autant de droit que quiconque à exercer pleinement toutes les activités que l'on exercerait en déclarant son nom d'état civil, à avoir une vie complète, sociale, politique, affective...

Il est d'ailleurs fort surprenant que Google et Facebook, entreprises US, puissent annoncer de telles politiques de "noms véritables" dans un pays où l'on peut exercer toute activité, à ma connaissance sans aucune restriction, en utilisant le pseudonyme sous lequel on s'est fait connaître et qui n'a bien souvent aucun rapport avec son état civil "d'origine".

Le premier amendement de la constitution US garantit la liberté de parole mais ne spécifie nullement qu'elle doit se prendre en prouvant son état civil.

Par ailleurs dans des pays où la liberté d'expression est fortement contrôlée il pourra être vital de ne pas tenir certains propos sous son nom d'état civil mais tout aussi vital de pouvoir s'exprimer d'une façon qui serait jugée trop subversive sous pseudonyme avec un plus grand niveau de sécurité.

Venons en à la question clef de cette politique : celle de l'impact extrêmement fort qu'ont ces deux réseaux aujourd'hui sur le monde.

600 millions d'affiliés à Facebook probablement au minimum, 20 millions à Google+ en moins de temps qu'il n'en faut pour penser à éternuer...

Combien de divisions sur ces deux réseaux, ou sur celui qui survivra à la féroce bataille qu'ils se livrent, dans 2 ans, dans 4 ans ?

Un quart de la population mondiale « connectée » ?

Il y aurait entre 1,5 et 2 milliards de personnes connectées à Internet : le quart est atteint ou dépassé par Fb.

La moitié de la population mondiale sera présente sur ces réseaux ?

Plus ?

Il suffit déjà de la puissance de ces sociétés et de leurs grand nombre d'affiliés pour que leurs préconisations, leurs règles internes en fait, puissent être reconnues comme des normes.

Est-il acceptable que chacun dans le monde demain soit contraint, pour pouvoir bénéficier des principaux services disponibles sur la planète, de s'y inscrire sous son nom véritable alors que l'on sait que cette obligation serait une clause très nette d'exclusion, un motif à ne pas pouvoir publier des œuvres de l'esprit qui participeraient de notre culture en mouvement, un frein à l'évolution de l'ensemble de nos libertés et de nos démocraties ?

Eliminer du Net tout ce qui se ferait sous couvert de pseudonyme serait un véritable autodafé, un massacre des idées, détruirait des sommes de productions de l'esprit (ou bloquerait leur diffusion) et finalement d'une certaine façon leurs auteurs.

Fb et G+ ont tué leurs pseudonymes

Mais qui de nos politiques, qui de nos écologistes aurait élevé la voix sur cette question ?

Certes, le commerce...

On sait que les motivations fondamentales de ces deux compagnies sont de favoriser leur commerce, en disposant de très riches bases de données sur le moindre de nos faits et gestes d'individus uniques, bien désignés par un véritable nom et géolocalisés, afin de mieux cibler la publicité qu'ils nous retourneront de façon directe ou par la commercialisation des données que nous avons fournies.

On sait depuis le début que les courriers électroniques de la plateforme Gmail sont analysés afin de pouvoir mieux nous « cibler ».

Objectif : publicité, vente, encore plus de vente au travers d'une publicité encore mieux conçue en fonction des « goûts » de chacun et tout cela pour quoi ?

Pour enrichir encore plus ce colosse, bien sûr, avec l'effet collatéral que, si le système fonctionne vraiment et donne grande satisfaction à ses initiateurs, nous « épuiserons » encore plus vite cette planète que nos fameux « écologistes » voudront préserver.

En conséquence livrer de nos données, éventuellement beaucoup de nos données, et même parfois toutes nos données à ces entreprises lorsque l'on se prétend « écolo » c'est leur permettre de faire avec plus d'efficacité ce contre quoi l'on souhaiterait, paraît-il, lutter.

Comme s'il n'existait aucune solution de courrier électronique que Gmail...

J'avoue certes, j'ai un compte Fb, mais auquel je ne livre que très peu de considérations personnelles pouvant être liées à mes « habitudes de consommation » : il a pour vocation essentielle de partager des lectures et je n'y ajoute maintenant presque exclusivement que des lectures concernant les réseaux sociaux, le reste étant sur ma page de cet autre réseau social (sur lequel j'invite chacun à se documenter : « Diaspora* : Le guide du parfait débutant »).

Pour conclure je pense qu'il existe une menace réelle due à ces deux grands opérateurs qui, d'une certaine façon, voudraient « purifier le monde ».

Retour dans les parages du point Godwin : souvenez vous du nombre de dictateurs qui ont voulu « purifier » le monde...

L'histoire nous apprend que ce genre d'initiative n'a jamais conduit à des situations heureuses et maintenant si l'arme utilisée n'est pas le canon mais le commerce, le commerce effréné, implacable, envisagé dans une sorte de démesure, exacerbé, vorace... je ne pense pas que le résultat global de cette mécanique pourra nous être véritablement bénéfique : il nous sera donc nuisible.

La philosophie également peut nous inciter à penser que ce qui se trame n'a rien de bénéfique.

Que font donc des personnes démocrates, attachées à nos libertés fondamentales, à notre développement culturel, des politiques chargés de défendre de telles « valeurs », en utilisant assidument ces services de Google aux nombreux substituts (courrier électronique) ou aux quelques substituts (réseaux sociaux) inoffensifs ?

Ils renforcent Google, ses appétits, accroissent la possibilité qu'une norme néfaste, la politique des « noms véritables », soit appliquée au monde : n'y aurait-il pas comme un paradoxe ?

Je ferais même le pari qu'on y trouve de « véritables écolos » ou des « décroissants »...

Alors en 2012 il faudra voter.

Et je commence à penser que je n'aurai pas grand plaisir à voter pour un candidat qui n'aurait pas montré un certain activisme sur cette question, qui aurait un compte Gmail et serait présent sur Google+ : cohérence entre la parole et les actes, entre autres nombreux critères....

Voter, peut-être blanc, malheureusement, surtout s'il règne un tel silence, dans les médias et dans l'arène politique, sur la question abordée ci-dessus, parce-que j'ai besoin de logique et de cohérence.

Pas vous ?

Pourquoi mettre particulièrement Google sur la sellette alors que Facebook prône cette même politique des « noms véritables » ?

Trois faits m'y incitent : le premier est que Facebook ne présente pas une offre de services couvrant autant de domaines que ceux que Google traite, ce qui revient à dire que « l'utilité globale » des deux compagnies ne se compare pas.

L'offre de Google est vaste et de haute qualité : comme à l'étal du marché il ne faut y prendre que les meilleurs fruits, ceux qui nous apporteront les vitamines et non les mycotoxines.

Second fait : quelques sondages semblent indiquer qu'un grand nombre d'affiliés à Facebook pourraient migrer vers ce Google+ qui apparaît aujourd'hui comme la grande superstar du Web, qui offre de si grandes facilités, qui affiche un taux de croissance ahurissant, qui semble si largement plébiscité qu'on peut imaginer qu'il mettra un jour, ou bientôt, son concurrent au tapis.

Troisième fait : la conséquence de la très vaste offre de service de Google est que chacun peut être amené à utiliser un grand nombre de ces services et cette convergence donne à cette société des moyens techniques supplémentaires pour nous traquer, pour surveiller notre activité et convertir les résultats de cette collecte en données commercialisables.

La « puissance » technique de Google semble donc largement supérieure à celle de Facebook : l'acteur le plus dangereux dans la tentative de « purifier le Net » par une politique des « noms véritables » est donc probablement Google.

A moins d'une réaction mondiale des instances politiques contre cette « purification », mais je ne la vois pas venir, seuls les internautes peuvent contraindre Google à l'abandon de sa mauvaise idée.

Auront-ils la clairvoyance de le faire ?

Sauront-ils nous éviter à tous des mesures capables de brider de façon sévère d'indispensables actions politiques et sociales dans un monde devenu peut-être beaucoup plus conflictuel, pour les raisons évoquées au début de cet article ?

Qui, sur ce Net « purifié », pourra lancer d'indispensables alertes dans ce monde plus trouble, car les lanceurs d'alertes sont des sortes de « trolls » aux yeux de certains, nous le savons bien...

Y a-t-il quelque part une trace « d'intelligence collective » ?


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5 réactions à cet article    


  • cevennevive cevennevive 4 août 2011 11:50

    Bonjour jcm,

    Votre article part un peu de tous côtés. J’y vois mes billes éparpillées, je cherche à les rassembler et je n’y arrive pas. Mais peut-être est-ce le manque de « modernisme » de ma part qui m’aveugle...

    Qui peut m’obliger à m’inscrire sur un réseau social ? Je suis déjà bien assez excédée par Google qui reproduit tout ce que j’écris sur AGORAVOX (et va reproduire aussi ce petit commentaire)...

    Oui, nos recherches sont ciblées. Raison de plus pour ne pas donner nos idées, nos impressions et nos pensées profondes à un réseau mondial qui en fera son miel (ce miel étant bien entendu du fric). Que nous le faisions par un peudo ou par notre nom véritable, croyez-vous que ce « big brother » n’est pas capable de nous repérer ?

    Les seuls échanges VRAIMENT confidentiels et sans aucune fuite, se font encore par courrier de la poste.

    On peut vous pister par votre téléphone, par votre ordinateur et décripter tout ce que vous pensez. Une lettre personnelle n’est adressée qu’à vous. de plus la justice la protège de la confidentialité car le détournement de courrier est puni en France (et dans d’autres pays).

    Il y a quelques années, j’ai écrit à un couple d’Anglais vivant au Tibet (devenu Chinois, où l’information était verrouillée et passait difficilement). Et bien mes lettres, mes petits colis arrivaient sans problème, sans être ouverts, et j’y pouvais écrire tout le mal que je pensais des chinois colonisant ce pauvre pays. Et l’on me répondait de même. Pensez-vous pouvoir agir ainsi sur internet aujourd’hui ?

    J’ai bien peur JPM que la confidentialité soit inversement proportionnelle à la qualité et à la quantité de l’information, et que nous n’y puissions rien...

    Cordialement.


    • FolkenNox 5 août 2011 10:18

      Cet article part effectivement dans beaucoup de directions à la fois, j’aimerais revenir sur quelques points.

      "Il est d’ailleurs fort surprenant que Google et Facebook, entreprises US, puissent annoncer de telles politiques de « noms véritables » dans un pays où l’on peut exercer toute activité, à ma connaissance sans aucune restriction, en utilisant le pseudonyme sous lequel on s’est fait connaître et qui n’a bien souvent aucun rapport avec son état civil « d’origine ».« 
      C’est loin d’être le cas en France, et je doute que les Etats-Unis soient en reste sur ces questions : en France, outre les professions réglementées (tout le médical, le juridique...), la plupart des métiers vous demandent de vous identifier par votre vrai nom : le salarié pour recevoir son bulletin de salaire ou attester de ses diplômes, le chef d’entreprise pour son immatriculation au RCS... Dans la vraie vie tout autant que sur Internet, vous êtes fiché. Il n’y a guère que dans le milieu artistique que l’on puisse s’émanciper (un peu) de ce carcan. Et encore, je ne parle pas de tous les documents administratifs, ou dès que vous voulez obtenir un logement (en propriété ou location).

      D’autre part, je trouve que votre stigmatisation de Google est disproportionnée à l’heure actuelle. Je ne dis pas qu’il faille leur confier aveuglément toutes nos données (il serait absurde d’accorder une confiance aveugle à un service, quelqu’il soit, propriétaire comme libre). Mais Google est bien moins »venimeux« que Facebook. Zuckerberg revend la moindre info à des régies publicitaires qui gravent notre nom dans leur registre. Google se »contente« d’appliquer des algorithmes à nos recherches et mails pour afficher une publicité plus ou moins en corrélation, mais un changement dans nos habitudes, et très rapidement les publicités changent avec, car le processus est automatisé (sans l’intervention d’un seul être humain) et anonyme, uniquement basé sur l’IP. De plus, il existe des fonctions pour protéger sa vie privée chez Google qui sont totalement absentes de Facebook.

      Exemple typique, les photos. Sur Facebook, si quelqu’un prend une photo de vous, il peut vous »tagger" à loisir. Si ça ne vous plait pas, il faut vous détagger, mais cela ne peut se faire qu’a posteriori. Sur Google, vous pouvez choisir qui a le droit de vous tagger... et vous pouvez tout à fait dire que PERSONNE n’a ce droit sans votre accord.
      Vous pouvez également exporter toutes vos données, activer un plugin qui empêche de vous suivre, etc.

      Il y a fort à parier qu’à mesure que ces pratiques vont se développer, des lois vont venir encadrer ce suivi fort désagréable (il y a déjà un projet du côté d’Obama).

      Je n’ai malheureusement plus ce document sous le coude, mais un analyse financier démontrait avec brio à quel point Google se désintéresse de l’économie et des investisseurs (exemple : faire de lourds investissements juste avant un conseil d’administration, quitte à présenter un bilan déficitaire, simplement parce qu’ils avaient besoin de faire des investissements pour réaliser leur nouveau projet trop bien pour lequel ils n’ont aucun projet de rentabilisation). Google, à l’heure actuelle, est composé de geeks, et se dressent contre des sociétés bien plus classiques. Mais il ne faut pas s’y tromper : si Google commence à partir en vrille, les geeks qui l’utilisent s’en rendront vite compte, et comme ils représentent le socle, le fond de commerce, le noyau dur de Google, le retour de bâton ne se fera pas attendre.

      Tant que Google reste éthique (et ils font vraiment beaucoup dans le domaine, surtout par rapport à Apple ou Microsoft), ils tourneront. Le jour où ils dérapent, ils le sentiront passer.

      Encore une fois, je ne dis pas qu’il faille leur faire confiance aveuglément. Et un changement dans la direction peut survenir à tout moment. Mais, à l’heure actuelle, vos prédictions sont alarmistes au-delà du raisonnable.


      • jcm jcm 5 août 2011 20:39

        Désolé, pas possible de vous répondre plus tôt, je n’ai pu afficher aucune page d’Avox aujourd’hui, pourquoi... ?

        Toutes les directions : j’ai tenté de faire ressentir que nous étions face à un « tout » aux multiples facettes, multiples interprétations, multiples conséquences, ce « tout » étant à la fois notre monde, la compréhension que nous en avons (quel sens pour quels mots parfois ?), les options que nous en déduisons afin de décider et la puissance / impuissance de nos décisions...

        Je n’ai donc pas cherché à écrire un texte linéaire ne prenant en compte qu’un aspect très circonscrit de certains faits et je pense cette démarche logique puisque j’aborde un sujet qui est vaste à tous points de vue, très présent car il concerne l’irruption d’un nouvel outil, G+, très intemporel aussi car il repose (cet outil) sur des ressorts très intemporels qui concernent le contrôle de l’homme par l’homme, de la société par elle même.

        Depuis bien avant l’Inquisition nous connaissons de nombreux exemples de contrôles (ou de tentatives) qui ont donné des résultats désastreux à divers points de vue et l’histoire récente nous en a donné d’abominables, et ce terme sera toujours trop faible.

        C’est la faiblesse de ce terme face aux désastres commis qui me conduit à penser que TOUT ce qui pourra agir comme un outil de division entre les humains sera par définition néfaste.

        D’autant plus néfaste que nous sommes, tout autour de la Terre, encore plus voisins aujourd’hui qu’hier : il n’y a plus de barrières de distance, de zones inhabitées agissant en tampon, plus de barrières de langues presque...

        Par contre il existe une multitude de défis vitaux que nous ne pourrons résoudre que si nous savons collaborer comme jamais encore nous ne l’avons fait.

        Plus nous serons nombreux dans cette collaboration plus nous pourrons espérer qu’elle portera des fruits.

        Or que nous proposent Facebook et Google ?

        Des outils d’envergure mondiale qui ne seraient accessibles qu’à des personnes pouvant montrer patte blanche, d’une façon ou d’une autre, sans artifice ou via l’artifice d’un habile maquillage de son identité, toujours envisageable car je pense démontrer que parvenir à une certitude parfaite de l’identité de quelqu’un sera très problématique.

        Néanmoins ne nous illusionnons pas : les moyens extrêmement développés de croiser diverses informations que permettent l’informatique permettraient à une société qui le voudrait vraiment de débusquer petit à petit les contrevenants au principe du « nom véritable » : ce qui passe entre les mailles aujourd’hui ne passera peut-être pas demain, et ces sociétés pourront même mettre à profit des outils d’analyse sémantique pour caractériser vos écrits... même si vous les publiez sans laisser aucun nom !

        Ces outils sont des outils de division du monde entre personnes « certifiées » et personnes non « certifiables » : le principe est par lui-même néfaste.

        Or les volontés d’appliquer cette politique du « nom véritable » ont été affirmées par les deux opérateurs, et confirmées par diverses répétitions puis par le fait de la clôture d’un certain nombre de comptes (G+).

        On peut donc, on doit donc, en déduire que cette machine là est en marche et que ces sociétés, qui ont les moyens de leurs lubies, feront tout leur possible pour que le Net soit nominatif et vérifié sur pièces.

        Ma « stigmatisation » n’est, dans cette configuration, nullement disproportionnée.

        Pour ce qui concerne l’utilisation de pseudonymes aux USA :
        "Additionally, under United States common law (not sure about other countries), once a person begins using a particular name "consistently, openly and non-fraudulently, without interfering with other people’s rights", it becomes a legal name. Further, pseudonym use is also permitted for legal and business activities, activities that include (but are not limited to) filing taxes, filing a lawsuit — or even appearing in court using their pseudonym.« 
         »Google’s gormless ’no pseudonym’ policy« 

         »Protections for anonymous speech are vital to democratic discourse. Allowing dissenters to shield their identities frees them to express critical, minority views . . . Anonymity is a shield from the tyranny of the majority. . . . It thus exemplifies the purpose behind the Bill of Rights, and of the First Amendment in particular : to protect unpopular individuals from retaliation . . . at the hand of an intolerant society.
        ———— 1995 Supreme Court ruling in McIntyre v. Ohio Elections Commission« 

        En tête de cette intéressante page.

        Je n’ai donc rien inventé.

        Enfin Google vend bel et bien les données collectées, analysée, classées, caractérisées... :
        Drive conversions with performance-based advertising

         »Google Affiliate Network helps advertisers increase online conversions on a performance basis and enables publishers to monetize traffic with affiliate ads.« 

        Alors je pense mon »alarmisme" assez raisonnable, en fin de compte...



      • FolkenNox 8 août 2011 10:34

        Bonjour,

        Il est intéressant de relier des éléments entre eux plutôt que de faire une analyse morcelée ; toutefois, cette fragmentation peut rendre le propos plus difficile à suivre et à commenter.

        En préambule, je tiens à dire que je suis parfaitement d’accord pour préserver l’anonymat au maximum. Cet anonymat est un droit, mais comme tout droit, il ne doit pas dégénérer en abus.

        Les comptes certifiés que vous évoquez sont réservés aux « stars » et « people » de tous horizons. La raison est simple : de nombreuses personnes créent des comptes au nom de personnalités, pour se faire passer pour eux, les ridiculiser, etc. C’est ainsi qu’on se retrouve avec 5 Mark Zuckerberg inscrits sur un même réseau social. Outre les problèmes de visibilité, il s’agit d’une pure et simple usurpation d’identité. Et les personnes dont l’identité est usurpée ont parfois la plainte facile... Afin d’éviter de se retrouver en procès, Google et Facebook prennent les devants, et n’autorisent ce genre de comptes qu’après une vérification en bonne et due forme. Il ne s’agit là que d’éviter de se faire taper sur les doigts pour cybersquatting.

        Quand ces ténors du net parlent de virer les trolls, il est question d’éviter les hackers et les spammeurs, pas les personnes ayant des opinions « qui dérangent ».
        Internet n’est pas un lieu de non-droit : l’incitation à la haine raciale, l’assistance au suicide, les menaces de mort ou la diffamation sont des crimes, et ce n’est pas parce qu’ils sont commis sur le réseau que leurs auteurs doivent échapper à des condamnations. Il est normal qu’une identification judiciaire soit possible. (Et pourtant, avec un minimum de méthode et de connaissance des réseaux, il est très facile de falsifier son identité)

        Quel serait l’intérêt de Google de lever l’anonymat de ses utilisateurs ?
        Offrir des publicités encore plus ciblées ? Quel besoin de votre nom pour cela, alors que vos données de connexion sont très faciles à recueillir et bien plus efficaces ? D’autre part, il est possible de désactiver le traçage dans les options de confidentialité.
        J’ai dû rater un élément dans votre lien, mais je ne vois nul par que Google vende des données nominatives sur ses utilisateurs à des régies publicitaires : une telle pratique serait contraire au droit français, et la CNIL veille au grain. Google est déjà dans le colimateur de nombreux organismes, et au coeur d’un nombre incroyable de procès pour ses différents services (et en tant que juriste, je ne peux que déplorer les fondements souvent totalement hors de propos et des décisions extravagantes des juridictions inférieures, trop contentes « de se payer Google » alors que le droit leur donne tort... Heureusement que la cour de cassation et la CJUE montrent plus de rigueur).

        Je ne perçois pas dans quel dessin Google nous fliquerait (alors qu’un tel flicage est en revanche opéré par les FAI). Sommes-nous donc si importants ? Nos recherches sont-elles les piliers qui permettront à Google de prendre le contrôle du monde ? Je ne vois pas. Les Etats auraient bien plus intérêt à le faire, et ne s’en privent d’ailleurs pas. Et ils n’ont pas attendu l’avènement du net pour le faire.

        Il me semble que vous évoquiez dans un de vos articles des chefs d’entreprise qui avaient interdit à leurs employés d’utiliser Google pour les communications sensibles. S’il est raisonnable de vouloir limiter les risques, Google n’en présente pas plus que n’importe quel service de messagerie, gratuit ou payant. Et il y a bien plus à craindre des hackers (qui l’ont prouvé ces derniers mois, sont capables de s’en prendre à la CIA ou au Pentagône) que des employés de Google. J’ai travaillé quelques temps dans une administration publique chargée d’aider des entreprises : même dans ce contexte, j’ai vu des patrons refuser de communiquer avec nous des données pourtant totalement inoffensives, à cause d’une réelle paranoïa totalement injustifiée. Je ne suis pas loin de penser que ces mêmes chefs d’entreprises pourraient interdire à leurs employés l’utilisation de Gmail, parce qu’ils n’ont pas confiance, sans se baser sur la moindre raison rationnelle.

        Si la prudence est de mise, demander d’utiliser des noms « réels » (ou qui le semblent) pour faciliter la communication ne me semble pas alarmant. D’une part, parce qu’une crédibilité de façade suffit amplement aux Facebook et Google pour remplir leurs missions et leurs caisses. D’autre part, parce que ces mêmes services ont au contraire plutôt intérêt à multiplier les profils et les inscrits pour se vendre : est-ce bien grave que deux profils appartiennent à une même personne, quand en contrepartie on peut revendiquer 25 millions ou 700 millions d’utilisateurs ? La course au chiffre ne serait que freinée par une politique restrictive d’identité réelle systématique. Et enfin, la preuve d’une identité est totalement impossible : une carte d’identité ? Qui garantit que je suis bien le titulaire et que je n’ai pas scanné la carte de quelqu’un d’autre, ou modifié sous Photoshop ? L’analyse sémantique ? Il suffit d’introduire des fautes volontaires correspondant à une identité et de la systématiser (je l’ai déjà fait, c’est très simple, ne serait-ce qu’en faisant des fautes de syntaxe), et de modifier son style (je sais que j’utilise beaucoup d’adverbes en temps normal, il me suffit d’en enlever si je veux altérer mon identité). Le cerveau humain parviendra toujours à trouver des parades à des systèmes automatiques, et une analyse manuelle serait un véritable gouffre financier et temporel.

        Je vous rejoins sur le thème de la prudence. Mais comme je l’avais écrit en réponse à un de vos autres articles, il ne faut pas céder à la paranoïa. Si vous ne voulez pas que quelque chose se sache, il faut faire comme dans la vraie vie, et ne pas le mettre sur Internet. Si on veut malgré tout mettre une information, il suffit de dissocier ses profils et de créer des identités crédibles qui répondent à des facettes particulières. Votre analyse, quoique intéressante, semble omettre un aspect essentiel : l’intérêt financier de Facebook et Google va à l’encontre d’une vérification systématique, au demeurant impossible (les profils vérifiés sont des exceptions, qui leur permettent d’éviter des procès, mais cela n’est rentable qu’à la marge et non en pratique généralisée). Et si l’intérêt financier ne suit pas, pourquoi une entreprise privée se donnerait-elle la peine de prendre une telle mesure, au demeurant impopulaire ?


      • FolkenNox 8 août 2011 10:41

        Je vous prie de m’excuser, j’ai oublié de répondre sur l’utilisation des pseudonymes. De tels textes existent également en France : pourtant, dans les faits, il est pratiquement impossible d’utiliser un autre nom dans la vie courante, et pour les professions soumises à un titre, il est impossible d’agir sous pseudonyme.

        En droit, il existe souvent une règle et un nombre incroyables d’exceptions (renforcées par la pratique, cf le bulletin de salaire, ou les nombreux documents à fournir pour louer un appartement : même si la loi autorise à utiliser un autre nom, comment concilier ça si vous avez des documents à plusieurs noms différents ? Déjà que ça relève du casse-tête, pratique et non juridique, dans le cas d’une femme mariée qui vient de prendre le nom de son mari, je n’ose imaginer dans la pratique la coexistence de documents obtenus sous pseudonymes et d’un livret de famille ou extrait d’Etat civil). C’est le cas pour le nom en France, et je pense qu’il en est de même aux Etats-Unis, bien que je n’ai jamais eu l’occasion d’y exercer.

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