Présidentielles : la quatrième révolution industrielle exclue de l’imaginaire politique des candidats pour le pire à venir ?...
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Plutôt que de discourir sur l’essentiel, ils ne s’attardent que sur « l’écume des choses »
Alors que nous sommes en train de nous extraire de la 3ème révolution industrielle et que nous entrons à marche forcée dans la quatrième, pour laquelle on ne peut faire l’impasse sur certains effets qui à terme se révéleront catastrophiques, faute d’avoir su anticiper par une réflexion, des propositions et pris des mesures adaptées par nos responsables politiques. Bien que la très controversée loi travail intègre « la transformation numérique de notre économie » selon la terminologie du Premier Ministre VALLS ( http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/09/15/travail-vers-un-droit-a-la-deconnexion_4757836_823448.html ), aucun(e) candidat(e) actuellement déclaré(e) à l’élection Présidentielle ne semble prendre conscience de l’impact économique, social, culturel, environnemental, énergétique, sanitaire de la 4ème révolution industrielle sur nos sociétés, au premier rang desquelles les sociétés occidentales et celles des pays dits « émergeants ». Il est vrai que ceux qui concourent aux primaires à Droite sont plus occupés par des exercices littéraires programmatiques, toujours plus denses les uns des autres, bien que sans grand intérêt pour le devenir de la société. En attendant la même chose à Gauche… La majorité des candidat(e)s ne semblent pas affecté(e)s le moins du monde par les enjeux de la quatrième révolution industrielle et continuent à ne discourir que sur l'écume des choses...Même si cela peut avoir un intérêt, toutefois, mineur pour la vie quotidienne des citoyens.
Avec la quatrième révolution industrielle on se retrouve au coeur d'un système global interconnecté qui remplace totalement l’homme, mais qui a besoin de beaucoup plus d’énergie, notamment d’électricité.
Dans un précédent article, je rappelais qu’avec le développement de l’intelligence artificielle, « le Big Data », dont l’explosion quantitative des données numériques oblige les chercheurs à trouver de nouvelles manières de voir et d’analyser le monde pour lequel il s’agit de découvrir de nouveaux ordres de grandeur concernant la capture, la recherche, le partage, le stockage, l’analyse et la présentation des données. Mais aussi l’impression 3D, les biotechnologies, la robotique ou encore l’Internet des Objets, devraient transformer en profondeur l’économie d’ici une quinzaine années dans les plus importants pays développés et ceux dit « émergents ». Avec la 4ème révolution industrielle, c’est la mise en place des usines « intelligentes », où tout doit être réalisé en interaction entre les produits, les machines et les machines entre elles, liés dans un réseau lui-même relié à l'extérieur par communication instantanée et en continu. On se retrouve au coeur d'un système global interconnecté où toutes les entreprises sont aujourd'hui concernées, en particulier celles ayant fait l’objet de robotisation avancée au cours de la troisième révolution industrielle, dont les chaines de montage avaient remplacé par la robotique ce qui se faisait avant par une myriade d’ouvriers. (Constructeurs automobiles, fabricants de pneus, appareils ménagers divers, électronique, informatique, etc.) En Globalisant et coordonnant l’ensemble des tâches pour remplacer totalement l’intervention de l’homme dans les processus de la plupart des activités, sans intervention politique pour tenter d’anticiper par des mesures adaptées, dans le sens d’un nouveau rapport au travail, cela va entraîner la suppression de plusieurs millions d’emplois.
La 4ème révolution industrielle induit donc une nouvelle organisation et de nouveaux rapports au travail, qui faute d’avoir été anticipée par des mesures adaptées vont amplifier le chômage de masse, auquel, si on y ajoute les problèmes de surpopulation, les effets du dérèglement climatique et certains impacts cultuels, nous avons là un vrai cocktail explosif. Sachant que nous sommes entrés désormais dans l’ère POST-CROISSANCE, il faut imaginer quelles sont les mesures qui contribuent à redéfinir la notion de salariat, pour laquelle nous ne pourrons éviter un accroissement de la diversification de l’activité professionnelle indépendante et de l’activité individuelle multiple.
Quels sont les changements que l'on peut imaginer de cette quatrième révolution industrielle et pour lesquels devraient disserter les postulants à la Présidentielle de 2017 ?
Actuellement, grâce à Internet, le développement de l’économie dite « collaborative » qui repose sur le partage ou l’échange entre particuliers de biens (voiture, logement, parking, outils divers, etc.), de services (covoiturage, bricolage, etc.), ou de connaissances (cours d’informatique, aide au devoirs, etc.), avec ou sans échange monétaire (vente, location, prestation de service, troc, etc.), par l’intermédiaire d’une plateforme numérique de mise en relation, vient ainsi bousculer les modèles existants tant pour les consommateurs que pour les entreprises qui en sont directement affectées par des baisses d’activités avec des risques de suppressions d’emploi à clé.
En 2014, 70% des internautes français ont acheté ou vendu sur des sites de mise en relation entre particuliers. Le plus souvent, les particuliers qui proposent des biens ou des services recherchent un complément de revenu mais certains en font une véritable activité. Il n’est d’ailleurs pas exclu d’articuler l’économie collaborative avec des monnaies alternatives.
Que ce soit l’économie classique ou « collaborative », si les déplacements et la manutention pour la réception des marchandises, le stockage et leur acheminement nécessite de nombreux emplois peu qualifiés, Demain ces emplois auront disparu. Aujourd’hui il est d’ailleurs possible de se passer totalement de nombreux personnels, en particulier des caissières dans les enseignes de la grande distribution, mais imaginons la réaction si cela était mis en application… Les véhicules sans chauffeur ou les drones pour les livraisons, ainsi que des robots pour toutes les opérations de manutention qui sont en cours d’expérimentation ne sont qu’un début annonciateur des profonds changements sociétaux que cela va entrainer avec des conséquences qu’il nous ait encore difficile d’apprécier …Comme il nous est aujourd’hui impossible de prévoir la nature et le type de nouvelles activités que générera forcément la 4ème Révolution industrielle d’ici les 25 prochaines années. Il était impossible à la fin des années 80 d’imaginer le bond du virtuel et du numérique qui contribue aujourd’hui à l’émergence de nouvelles formes d’emploi. Des formes hybrides d’emploi, à la frontière du salariat. En France, le statut d’auto entrepreneur largement utilisé illustre parfaitement ce type de forme hybride d’emploi. Pour les entreprises, ce système a l’avantage de faire diminuer ses coûts. De leur côté, les travailleurs bénéficient d’un contact direct avec leurs clients, sont libres de décider de leurs horaires et peuvent combiner plusieurs activités. Bien que juridiquement indépendants, ils échappent à un lien de subordination tel que le définit un contrat de travail, mais ils sont dépendants économiquement de la plateforme numérique.
Toutefois, comme le souligne un rapport de 2008, « ces travailleurs sont privés deux fois de protection : n’étant pas salariés, ils ne peuvent prétendre à la protection juridique qu’offre le code du travail et n’étant pas réellement indépendants, ils ne bénéficient pas de la protection économique que donne la multiplicité des plateformes numériques donneurs d’ordre ».
Les travailleurs, utilisateurs de plateformes numériques de l’économie collaborative, peuvent ainsi subir des modifications des conditions générales de fonctionnement de la plateforme ou des changements de tarification par décision unilatérale de celle-ci. Par exemple, les chauffeurs de VTC sont des travailleurs indépendants, en octobre 20015, UBER a annoncé une baisse de 20% de ses tarifs à Paris sans consulter préalablement ses chauffeurs. Ces plateformes ne sont en effet pas soumises aux obligations liées au statut d’employeur.
Des gros besoins énergétiques
Sachant que la 4ème révolution industrielle va avoir de très gros besoins énergétiques, en particulier électriques, les moyens et capacité de production vont à terme être confrontés à d’importantes difficultés. Pour rappel : Bien qu’il existe de grandes disparités dans l’accès à l’électricité selon les régions du monde. Si certains pays souffrent encore de pénurie électrique, la consommation électrique globale connaît pourtant une croissance constante depuis 1971 qui a été multipliée par 3,2, alors que la population mondiale a été multipliée par un peu moins de 2, ce qui est considérable et ne semble pas prête de s’arrêter. Pas un pays n’a connu une stagnation de la consommation entre 1971 et 2013. Tous, sans exception, ont eu une consommation annuelle en progression constante par habitants, qui va s’amplifier à cause des besoins légitimes des populations du tiers monde, de la croissance démographique et les exigences des nouvelles applications de l’intelligence artificielle inhérent à la quatrième révolution industrielle. La consommation d’électricité par habitant n’a cessé d’augmenter dans le monde depuis 1971, passant ainsi de 1201 kwh à 3104 kwh en 2013 avec, par exemple, une importante progression entre 2009 et 2013, (4 ans) passant de 2798 kwh à 3104 kwh. Le développement de nouveaux usages, notamment informatiques, explique également cette croissance.
Il faut toutefois distinguer de très gros écarts entre certains pays. Comme je le rappelais dans un précédent article, la Norvège, 5 084 000 habitants, dont la consommation est passée de 14 084 kwh en 1971 à 23 326 kwh par habitant en 2013 et le Costa Rica, 4 872 000 habitants, dont la consommation est passée de 605 kwh par habitant à 1955 kwh pendant la même période. Il est vrai que les conditions climatiques sont différentes. On pourrait faire la même comparaison pour la France, 65 631 000 habitants, dont la consommation par habitant est passée de 2746 kwh en 1971 à 7374 kwh en 2013, ou la Thaïlande, 67 091 000 habitants, passe dans la même période de 120 kwh par habitant à 2471 kwh. Et que dire de la république démocratique du Congo, 67 510 000 habitants, avec 56 kwh par habitants en 1971 et 234 kwh en 2013. Les exemples de ce type sont légion à voir : http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EG.USE.ELEC.KH.PC
Il faut également rappeler qu’entre 2001 et 2010, la consommation de certains pays en développement a considérablement augmenté : elle a été multipliée par 2,8 pour la Chine, par 1,8 pour l’Inde et par 1.5 pour le Brésil.
Pour les nouvelles intelligences artificielles de la productique et de la robotisation des productions de type industriel, faute d’avoir anticipé par des mesures draconiennes pour économiser l’énergie, au premier rang de laquelle l’électricité, face aux risques de pénurie cela peut conduire à des violences sociétales. Il convient de les prévenir, en visant notamment l’obsolescence programmée, à laquelle il faut mettre fin, les productions « gadgets » non indispensables, mais aussi privilégier toutes les formes de réparations et recyclage possible des objets du quotidien (ménagers, loisirs ertc.) et prendre des mesures incitatives en faveur de la réduction des mobilités qui sont de grosses consommatrices d’électricité et des énergies fossiles où la régulation démographique par des politiques anti- natalistes équitables.
La 4ème révolution industrielle risque, face à la raréfaction des énergies fossiles indispensables pour la production d’électricité, court inévitablement le risque de sombrer dans la violence. Si on y ajoute les terres rares qui font désormais partie des métaux stratégiques, (voir la liste : https://fr.wikipedia.org/wiki/Terre_rare), dont les pays qui détiennent à eux seuls les réserves mondiales de quelques un de ces métaux souhaiteront les protéger, quand d’autres voudront se les accaparer, on imagine la suite…
Plutôt que d’aborder les problématiques de la quatrième révolution industrielle, le débat électoral Présidentiel a pris le voile !
Pendant ce temps, excepté quelques petits candidats, les deux ou trois en concurrence pour l’acte final Présidentiel, plutôt que de disserter sur les changements que l'on peut attendre de cette quatrième révolution industrielle et de ses conséquences sociétales en tenant compte des enseignements des révolutions précédentes, ils s’enferment dans des imaginaires parfois totalement surréalistes … Il est vrai que pour l'avenir de notre société, face aux dérèglements climatiques, la raréfaction des énergies fossiles, les risques de pénurie de terres rares et la masse de chômeurs qui se profile à l'horizon, le "Burkini" est une affaire d'Etat autrement plus importante, qui, par ailleurs illustre bien la "salafisation des esprits" qui contamine une partie de la population de confession musulmane et ne se résoudra pas à coup de lois liberticides, après l'avoir instrumentalisé. De même que le crédo des replis identitaires et sécuritaires avec en corollaire " l'économie patriote " chère à un ancien Ministre Socialite du "développement productif" du quinquennat HOLLANDE... Bref " à vomir de rire " !...
Digitalisation, robotisation, Big Data, drones, impression 3D ne sont que la surface visible des bouleversements qui transforment progressivement nos moyens de production, de distribution et d'accès aux biens et services. Le travail fait par les robots, libérera-t-il réellement l'homme de l'esclavage des temps modernes, tel que l’a illustré Chaplin ? Tout le monde en bénéficiera-t-il, ou seulement les quelques déjà multimilliardaires qui seront les investisseurs propriétaires de ces nouveaux travailleurs dociles et pourquoi nous feraient-ils bénéficier de leur travail ? A l’évidence, on peut imaginer de nombreux et violents conflits sociaux en perspectives…Il est vrai que les puissantes multinationales, banquiers et marchés financiers qui détiennent le pouvoir comptent bien que dirigeants politiques, à leur solde, prennent des mesures pour stopper l'effet FLYNN (augmentation du QI moyen dans le temps). Ainsi, grâce à des systèmes éducatifs conçus pour fabriquer des « braves petits soldats et ouvriers et chômeurs dociles » ou encore par l'abrutissement médiatique des combinaisons TV via des émissions toxiques de plus en plus débiles, Hai phone, jeux télévisés stupides ou overdose de sports business, nos responsables politiques vont s’efforcer d’exceller à qui sera le plus imaginatif dans ce domaine, afin d’espérer une juteuse récompense, par exemple de GOLDMAN-SACHS…
A moins que nos politiques comprennent enfin qu'un futur durable doit passer aussi par la distribution équitable des bénéfices que procurent les robots travailleurs dociles « du Big Data » (Revenu universel planétaire, par exemple), ce qui aurait pour avantage de rompre avec la notion du « tout quantifiable » et faire de la Culture la priorité des priorités, sous toutes ses formes de création. Mais pour cela il faut également qu’ils comprennent que pour être un tant soit plus heureux, il faut être surtout moins nombreux… Mais là c’est autre chose !...
Pour conclure
Certains économistes peuvent se réjouir que la 4ème révolution industrielle sera un plus pour l’entreprise, induira de nouveaux marchés et que des nouvelles perspectives se dessinent… Non seulement la croissance, fut-elle « verte » est désormais impossible, mais il ne faut pas se »voiler « la face par rapport aux risques, notamment, en termes d’approvisionnement énergétique, d'emploi et de protection de la sphère privée. La 4ème révolution est digitale, c'est même probablement une nouvelle ère dans l'histoire économique et sociétale de l'humanité… Tout est possible, on espère le meilleur, mais face à la négligence intellectuelle actuelle des prétendants à la fonction présidentielle sur le sujet, en France on peut s’attendre au pire…
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