Primaires : la candidature Peillon impose des désistements à gauche
Vincent Peillon vient de confier à France Info qu’il a l’intention de déclarer sa candidature en fin de semaine à la primaire de gauche. Cette annonce n’est pas sans conséquence sur la physionomie que peut prendre cette primaire et sur les chances d’un candidat réellement ancré à gauche de l’emporter.
Marie-Noëlle Lienemann avait demandé la semaine dernière à Hamon et Montebourg de se concerter avec elle pour qu’il n’y ait qu’un candidat représentant un « projet alternatif commun » à se présenter à la primaire. Lundi, Benoit Hamon lui a répondu dans Libération : « le peuple de gauche a le droit d’exiger d’être convaincu par un projet plutôt qu’enjoint à voter pour tel ou tel d’entre nous ». ... « Le premier tour sera donc celui du choix. Le second sera celui du rassemblement vers celui ou celle d’entre nous qui sera le mieux placé pour tirer un trait sur cinq ans de dérives libérales et autoritaires de la part d'un gouvernement élu par le peuple de gauche ». D’ici là pas question donc, pour lui, de se rassembler.
On comprend tout à fait les arguments de Hamon. Même s’il apparaissait préférable de créer dès avant le premier tour une dynamique de gauche autour d’un seul candidat porteur d’un « projet alternatif », on pouvait aussi juger que des désistements mutuellement décidés n’étaient pas indispensables. En effet il paraissait invraisemblable que Montebourg ou Hamon ne soient pas au moins dans les deux premiers, les sondages mettant tous Montebourg dans cette position derrière Valls.
Mais avec l’arrivée de Peillon les choses changent. En se plaçant dans la mouvance hollandiste et en se posant dès l’abord comme arbitre entre Valls et Montebourg, Vincent Peillon prend une option sérieuse pour la deuxième place de la primaire si le camp de la gauche véritable persiste à rester émietté. Alors le choix au second tour ne serait plus qu’entre le social-libéralisme autoritaire de Valls et la molle et confuse sociale démocratie à la sauce hollandaise que les Français semblent déjà avoir dès longtemps rejetée. Que ce soit Valls ou Peillon qui l’emporte -et dans l’état actuel des choses ce serait bien plus sûrement Valls- aucune dynamique de gauche n’apparaît plus possible. Quant aux chances pour la gauche de parvenir au second tour de la présidentielle, mieux vaut ne même pas en parler !
Montebourg, Hamon, Lienemann et aussi Filoche qui envisage toujours sa candidature sont donc condamnés à s’entendre et à choisir dès aujourd’hui, parmi eux, celui qui représentera la vraie alternative à gauche, celui susceptible de n’être pas rejeté a priori par les sympathisants de Jean-Luc Mélenchon et qui pourrait enfin le plus largement possible représenter l’espoir pour ce qu’il est convenu d’appeler le « peuple de gauche ». Cette entente qui suppose certes abnégation et courage serait l’amorce d’une dynamique gagnante et la vraie bonne nouvelle de ce début de campagne plutôt préoccupant pour les coeurs de gauche.
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