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Priorités de la visite de Biden au Moyen-Orient

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Dans les prochains jours, toute l’attention médiatique sera focalisée sur le prochain voyage du président Joe Biden au Moyen-Orient, au cours duquel il se rendra en Arabie saoudite, en Israël et en Cisjordanie.

La visite du Président dans la région est importante en soi, d’autant plus que c’est la première visite de Biden au Moyen-Orient depuis sa prise de fonction, mais les circonstances et le contexte politiques rendent cette visite d’autant plus digne d’intérêt.

Au premier rang des faits entourant cette visite figure l’opération militaire russe en Ukraine et toutes les questions connexes, plus particulièrement la question énergétique.

Il y a également des questions sur les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis et la mesure dans laquelle la visite reflétera un changement dans l’approche de la Maison Blanche vis-à-vis du royaume, l’un des alliés stratégiques les plus importants des États-Unis dans la région. Il y a aussi les négociations nucléaires avec l’Iran, qui sont bloquées et dans l’impasse, et les relations régionales dans tout leur arriéré de détails.

Bien entendu, la visite de Biden au Moyen-Orient diffère des visites précédentes des présidents américains dans la région. Elle se déroule à l’ombre de circonstances politiques exceptionnelles en Israël.

La Knesset a récemment voté sa dissolution, suite à l’effondrement de la coalition au pouvoir de Naftali Bennett, et se prépare à de nouvelles élections le 1er novembre, pour la cinquième fois en moins de quatre ans. Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid est Premier ministre par intérim et dirige le gouvernement dans ces circonstances intérieures et extérieures difficiles.

La visite s’inscrit également dans un contexte de tensions prononcées entre Riyad et Washington, dont les causes sont bien connues. Elles découlent entièrement de l’attitude et de la politique du président Biden à l’égard du Royaume.

Cette visite est un test sérieux pour voir s’il y a un changement à la hauteur de l’importance du partenaire stratégique saoudien dans les stratégies globales américaines. Biden semble être dans une situation difficile avant cette visite, d’autant plus qu’il a été très lent à s’attaquer aux causes des tensions avec l’Arabie saoudite.

Il doit réaliser une percée diplomatique dans son administration avant les élections législatives de novembre. Et il doit faire preuve de flexibilité politique et de pragmatisme diplomatique pour changer son approche et réussir sa mission. Un chroniqueur a intitulé la visite «  Joe Biden s’aventure à nouveau dans les sables mouvants du Moyen-Orient ».

Mais il ne s’agit pas vraiment de faire un retour dans la région, mais surtout de corriger les erreurs de la politique américaine, qui a en fait commencé avec la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran en 2015. Ces dernières années, les États-Unis n’ont pas été sérieux dans le respect de leurs engagements en matière de sécurité envers leurs partenaires et alliés stratégiques au Moyen-Orient.

La visite de Biden a pour but de souligner la priorité et le rôle central du Moyen-Orient dans la stratégie américaine. Mais cette mission n’est plus ce qu’elle était.

Par-dessus le marché, le président est confronté à un environnement politique différent de celui qu’il connaît personnellement grâce à son expérience en tant qu’ancien vice-président d’Obama pendant huit ans et de celui qu’il lit dans les rapports périodiques à la Maison Blanche. Il est vrai que les pays de la région continuent d’avoir une relation stratégique forte avec les États-Unis.

Mais l’incertitude qui s’est insinuée dans cette relation ces dernières années nécessite un effort de fond pour mettre les points sur les i et les barres sur les t des relations avec les pays de la région, individuellement et collectivement. Dans un contexte complexe, Biden a un agenda précis dont il veut discuter avec les dirigeants régionaux.

Au premier plan, la question énergétique occidentale et les appels à une augmentation de la production de pétrole pour atténuer la crise énergétique mondiale et amortir la hausse des prix de l’énergie avec les conséquences économiques associées aux États-Unis et en Europe. Cette question sera prioritaire dans les entretiens de M. Biden, notamment avec les dirigeants de l’Arabie saoudite.

Ici, il n’est plus question de pressions et de s’y plier ou non. Mais plutôt de savoir dans quelle mesure les États-Unis accueillent les changements de stratégie de leurs alliés du Golfe et reconsidèrent l’alliance dans l’intérêt des deux parties. Il y a aussi la question de la renégociation de l’accord sur le nucléaire iranien.

L’administration Biden n’a pas réussi à tendre la main à ses alliés du Golfe pour se coordonner sur cette question vitale pour la sécurité du Golfe. Les consultations et la coordination exclusives avec Israël n’ont pas eu d’impact clair sur la stratégie de la Maison Blanche pour faire face à la menace nucléaire iranienne.

Cette coordination a souvent ressemblé à une sorte de réassurance pour éviter la pression du lobby pro-israélien dans le pays, indépendamment de l’impact réel qu’elle a eu sur la stratégie de la Maison Blanche.

Je pense que le succès de la visite de Biden au Moyen-Orient dépend de sa volonté de tourner la page sur l’année et demie qui s’est écoulée depuis son entrée en fonction et de faire preuve de souplesse pragmatique à l’égard des réalités géopolitiques actuelles dans notre région. Le Golfe n’est plus seulement une affaire de pétrole. L’équation n’est plus le pétrole pour la sécurité.

Des accords de paix lient Israël et ses voisins arabes. Les États-Unis ne sont plus un médiateur actif capable d’apaiser les tensions ou de servir d’intermédiaire entre les parties en conflit, et ils n’ont plus la capacité d’agir et d’influencer les crises régionales.

Si les États-Unis ne constituent pas un spectre politique unique, il existe en leur sein des éléments qui s’adaptent avec souplesse aux variables changeantes. Mais le problème reste les stéréotypes irréductibles dans l’esprit de l’ancienne génération de dirigeants.


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3 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 13 juillet 2022 10:28
    Priorités de la visite de Biden au Moyen-Orient

    Il avait envie de pisser donc il s’arrête la ....


    • Jonas 13 juillet 2022 18:25

      Il faut que les américains et tous les pays occidentaux , cessent de s’immiscer dans les affaires internent des pays du Proche et Moyen-Orient, et surtout qu’ils comprennent a la suite de la tragédie de l’Ukraine d’arrêter leurs leçons de morale.

      On ne peut pas d’un côté admonester ses allés et de l’autre solliciter leurs faveurs , il faut choisir. La visite que va effectuer Joé Biden en Arabie saoudite a sa demande , relève de ce jeu . Joé Biden veut que l’Arabie saoudite augmente sa production de pétrole afin de provoquer la baisse des cours du baril, mais la critique . 

      Les Américains comme les pays occidentaux , ne doivent pas s’étonner des avancées de la Chine et de la Russie dans certains pays. Ces deux pays font leurs business et ne s’occupent pas de la manière dont les pays sont dirigés.

      Les pays qui rejoignent , la Chine et la Russie , ont ras-le-bol des leçons des droits de l’homme, de la démocratie ,etc , ils veulent diriger leur pays comme ils l’entendent. 

       


      • yakafokon 18 août 2022 16:09

        Franchement, sortir l’Alzheimer Joe Biden de son EPHAD de la Maison-Blanche, pour l’amener en plein été à Riyadh, où il fait 45 ° à l’ombre ( sauf qu’il n’y a pas d’ombre ) et un taux d’humidité de 95 %, vous croyez que c’est bien prudent ?

        Par cette chaleur, les vieillards doivent être protégés, et rester chez-eux !

        Imaginez un instant qu’il lui arrive quelque chose : immédiatement l’Arabie Saoudite sera envahie « à l’irakienne », histoire de lui piquer son pétrole, puisque Ben Salman, qui doit honorer les contrats signés ne peut pas le vendre aux Etats-Unis, car ses capacités d’extraction sont limitées.

        En cherchant bien, on doit bien pouvoir trouver un autre Colin Powell, pour brandir une petite fiole « d’arme de destruction massive » devant l’O.N.U. pour légitimer l’invasion.

        Après ? Tapis de bombes ( comme d’habitude ) !

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