Procès Colonna : les motivations du verdict
Marché de pas dupes
La Cour s'était engagée à fournir les motivations de son verdict, elle n'a débité que des prétextes à son a priori. Un leurre qui se prétend le gage de sa bonne foi, la marque de son objectivité, le reflet de sa conscience. Personne n'est dupe.
- motivation : Yvan Colonna faisait partie de ce groupe, en effet il connaissait de très longue date P.Alessandri et A.Ferrandi. La dénonciation anonyme, même infondée, dont ils ont fait l'objet en 1994 à l'occasion de la tentative d'assassinat de P.Poggioli illustre leur proximité dans le combat politique.
= Péremptoire ! S'il suffisait de connaître deux représentants de quelque fratrie que ce soit pour en faire partie, nous serions tous à la fois "RG" et voyous, PS et UMP, francs maçons...etc. De plus si P.Alessandri était en effet un ami d'Yvan, A.Ferrandi ne l'a jamais été.
Lamentable ! Confirmer leur complicité au moyen d'une dénonciation anonyme, infondée qui plus est, relève d'un commérage de comptoir mais certainement pas d'une Cour de Justice qui se respecte.
Incohérent ! Au cours des années 80 et 90, plus d'une centaine d'attentats sont commis en Corse. Yvan n'est inquiété pour aucun d'eux. Il serait bien le seul militant actif dans ce cas. surtout en ayant été surveillé par Broussard lui même ; écouté, filé par le RAID 24 h/24...sans résultat.
- motivation : Yvan admet avoir été approché pour s'intégrer aux "Anonymes" mais ne fournit pas d'explications plausibles quant à son refus.
= Le retrait du militantisme actif par désaveu des actions violentes justifie à lui seul ce refus. De plus, l'ami le plus proche d'Yvan était J.Caviglioli, militant FLNC, mouvement opposé aux Anonymes auquel Yvan n'a cependant jamais adhéré.
- motivation : le voyage effectué à Paris en septembre 98 est une preuve supplémentaire de leur lutte commune. En outre il coïncide avec l'envoi d'une lettre postée à Aleria annonçant de nouvelles actions.
= Le seul point commun était P.Alessandri, proche d'Yvan Colonna et d'A.Ferrandi sans qu'il y ait pour autant de liens entre ces derniers. Par ailleurs, dépeints tous trois comme des militants augerris en "mission" clandestine, ils voyagent sous leur identité réelle...incohérent ! Et quel rapport avec une lettre postée à Aleria ? Pourquoi pas avec un communiqué de l'ETA annonçant une trêve ce même jour du mois, tant qu'on y est ?
- motivation : le courrier adressé au Ribombu en décembre 2000 exprime son adhésion totale aux actions violentes.
= Il les qualifie d'actes de résistance mais nie toute participation à l'assassinat du préfet. Accusé à tort, condamné d'office, recherché mort ou vif. Mort ou vif ! elle est làla première violence dont on ne peut s'étonner qu'elle en suscite une autre chez un homme traqué, coupé de toute vie familiale et sociale depuis 18 mois.
- motivation : Des mises en cause formelles, il ressort qu'il a assuré le guet à Pietrosella.
= Les dépositions et témoignages relatifs à Pietrosella sont à ce point confus et peu probants qu'en 2009, le Ministère Public concluait ainsi son réquisitoire : " Pour Pietrosella, je n'ai que ça..." En d'autres termes : du vide mais je vous demande de faire avec.
- motivation : les membres du commando ont livré un récit précis, cohérent et conforme à la réalité qui ne peut résulter ni de pressions policières ou de manipulations ni d'un désir de vengeance à son égard.
= Les seules dépositions cohérentes sont celles orientées, "sous la dictée" et constituées de copiés-collés...les autres : Yvan était en même temps à Ajaccio et à Cargèse le 7 février...ou peut-être le 8 ou le 9...Quant aux pressions, elles n'ont évidemment pas existé : les policiers l'ont dit. Pas de chantage à la DDASS, pas de pistolet sur la tempe d'un enfant de quatre ans, pas de menace d'incarcération des épouses des gardés à vue,encore moins d'actes de violence sur M.Istria...fantasmes que tout cela. Des manipulations ?...tout au plus des erreurs inévitables dans un dossier de 200 volumes, dira Me Chabert : une liste de noms qui "traine" sur un bureau, P.Alessandri et son épouse que l'on met en présence l'un de l'autre afin qu'ils fassent des dépositions concordantes, un PV antidaté dû à l'étourderie d'un policier ( "Tout le monde peut se tromper." dixit le Procueur A.Grenier ), des explosifs "trouvés" sur la propriété des Colonna, les détournements de Lebbos, les écoutes et autres éléments à décharge écartés du dossier, une vrai fausse lettre d'Yvan à P.Alesandri à ce point outrageusement invraisemblable que la Cour n'osera même pas en faire état...Autant d'errements dénoncés par un rapport parlementaire. Pas plus de désir de vengeance malgré les propos pleins de rancoeur d'Alessandri et de Ferrandi : "Je t'en ai voulu de ne pas t'être joint à nous...d'autres ont été envoyés au charbon à ta place, d'où les fuites qui nous ont perdus...le bruit a couru que tu nous avais balancés..." Qui souhaiterait se venger de celui dont il pense qu'il l'envoie finir ses jours en prison ?
- motivation : Yvan Colonna, porteur d'une perruque blonde et de gants en tissu a tiré sur le préfet.
= " Il n'y a qu'à ce pauvre Ottaviani que vous avez fait dire qu'il y avait des perruques." dira Me Simeoni dans sa plaidoirie. Marie Ange Contart qui a dévisagé le tireur a notamment déclaré : " J'ai imaginé M.Colonna en brun, en blond, avec une perruque, avec ou sans barbe,de toutes les façons ; ce n'est pas lui que j'ai vu ce soir-là. L'individu avait des lèvres minces, des petits yeux rapprochés, une barbe naissante de la même teinte que ses cheveux blonds." Description corroborée à l'audience du 10.05.2011 par M.Leprévost, musicien présent au concert.
- motivation : les rétractations ont été tardives et laconiques.
= 17 mois plus tard pour les premières. Faut-il par ailleurs s'étonner que l'on ne disculpe que du bout des lèvres celui auquel on croit devoir sa condamnation ? Enfin, elles ont été réitérées solennellement à maintes reprises.
- motivation : les mises en cause sont corroborées par l'étude de la téléphonie.
= Yvan n'avait pas de téléphone à cette époque. Quant aux conclusions de l'étude de la téléphonie des membres du commando, elles sont sérieusement remise en cause par un spécialiste ayant à son actif 550 missions et bénéficiant de la confiance des brigades spécialisées dans les affaires de grand banditisme.
- motivation : les appels de S.Colonna à P.Alessandri et A.Ferrandi le 07.02798 prouvent qu'il se rapprochait des auteurs pour avoir des nouvelles de son frère.
= Aucune écoute de ces appels. Ils peuvent donc en toute vraisemblance émaner des épouses des uns et des autres comme l'a déclaré S.Colonna qui ne reconnait pas ces communications.
- motivation : les déclarations des témoins oculaires doivent être appréciées avec les plus grandes réserves au regard du grimage des auteurs, de la rapidité du déroulement des faits, de leur ancienneté, de la position de ces témoins et de la qualité de l'éclairage.
= Ancienneté ? Les témoignages de J.Colombani et de M.A.Contart sont recueillis immédiatement après les faits et n'ont pas varié depuis. Le grimage ? une allégation. La qualité de l'éclairage ? La scène du crime contrastait avec le reste de la rue. En effet, elle était éclairée par les fenêtres et l'enseigne du restaurant. La rapidité des faits ? M.A.Contart a eu le temps de dévisager le tireur, leurs regards se sont attardés l'un sur l'autre. " Si je le rencontrais dans dix ans, je le reconnaitrais. " a-t-elle déclaré. Le portrait robot qu'ele a établi est étonnamment trait pour trait celui d'un dénommé Rollin, loin du portrait d'Yvan.Confronté à une photo de Rollin, elle dira cependant : "Ce n'est pas lui : le tireur m'a semblé plus âgé et plus petit."
- motivation : le 21.05.99, Yvan Colonna a communiqué cinq fois avec M.Ottaviani.
= la consigne évidente entre les membres du commando était de ne surtout pas donner des signes de connivence en se téléphonant. Si Ottaviani appelle Yvan, c"est précisément parce que celui-ci ne fait pas partie du commando. S'il en avait fait partie, au premier appel alarmant, il aurait pris la fuite plutôt que de vaquer tranquillement à ses occupations habituelles.
- motivation : Il a simulé une activité normale et a retiré 30 000 f sous prétexte d'aider P.Serreri.
= Il aurait paniqué, on y aurait vu la preuve de sa culpabilité. Il a une activité normale, on prétend qu'il simule. Une preuve de plus que tous les faits et gestes d'Yvan sont déformés pour entrer dans le moule d'une culpabilité préétablie.
P.Serreri a confirmé qu'Yvan lui donnait d'importantes sommes d'argent à chaque ouverture de la saison pour faire face aux dépenses de remise en activité de son restaurant. Par la suite, en l'absence d'Yvan, c'est le père de celui-ci qui a pris le relais, avançant des sommes allant jusqu'à 9000 euros. Enfin, sur les 30 000 retirés, 6 000 ont été retrouvés chez J.Colonna, la tante d'Yvan. Se munit on de 6 000 F pour subvenir aux besoins d'une cavale ?...et qui plus est, oublie-t-on de les emporter ?
- motivation : Au soir du 22.05.99, il a donné une conférence de presse avec son frère Stéphane et son beau-frère, J.Caviglioli. Les journalistes ont souligné à la barre qu'il était celui qui s'était le plus vivement justifié. Aussitôt après, il a pris la fuite.
= La dite conférence a duré plus de trente minutes. J.Caviglioli est celui qui s'est exprimé le plus longuement. Seules ont été diffusées de très courtes séquences où Yvan prend la parole. Celles-ci ont de surcroît été tendancieusement montées différemment au fur et à mesures que les accusations contre lui se faisaient plus précises.
- motivation : Ses emplois du temps reposent sur des horaires de travail aléatoires et sur les déclarations des membres de sa famille nécessairement incertaines.
= Nécessairement !...Les membres du commando, capables de tuer un homme sont des témoins dignes de foi. La famille Colonna, respectable en tous points, est "nécessairement" suspecte. De tels propos sont non seulement insultants mais qui plus est dénués de sens : les déclarations spontanées des membres de la famille laissent malencontreusement la place à un timing que l'on peut retourner contre Yvan moyennant quelques acrobaties de mauvaise foi. Il leur aurait suffi de rajouter une quinzaine de minutes ici, une dizaine là pour lui fournir un alibi en béton.
Un mot enfin sur les dernières déclarations de madame Erignac : "Mes enfants et moi avons ce que nous voulions." Je ne me suis jamais permis quelque commentaire sur la sincérité de sa douleur legitime devant ce crime que tout le monde réprouve. En revanche, je ne peux croire à sa conviction forcenée quant à la culpabilité d'Yvan. De toute évidence, cette femme cultivée ne peut être dénuée de facultés de réflexion qui, en l'occurence, ne peuvent engendrer qu'un doute, si infime soit-il, si aveuglé que l'on puisse être par la douleur. Je ne peux que ressentir un malaise devant le contraste flagrant entre l'attitude souriante parfois enjouée qui a été la sienne les matins où, saluant se amies, elle leur prodiguait des compliments sur leur coiffure ou des conseils sur le dernier spectacle à ne pas manquer et celle, accablée, réservée aux déclarations publiques. Déconcertant. Je ne peux croire qu'elle se satisfasse d'un coupable de substitution, d'une absence de vérité qui fait offense à la mémoire de son époux.
Nous, nous ne nous satisferons jamais de cette parodie de justice. Nous ne dormirons jamais tranquilles sachant qu'un innocent est condamné à une mort civile longue et douloureuse et n'aurons de cesse que de le voir libre.
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