Programme judiciaire de déradicalisation à Mulhouse
Le programme judiciaire de déradicalisation de Mulhouse n'aurait "pas d'équivalent dans le monde à ce jour", selon Jean-François Thony, procureur général de Colmar. En fait, ce ne sera rien d'autre qu'une expérimentation ou le sujet traité est gentiment désigné comme "stagiaire". Le tribunal de grande instance de Mulhouse va donc dès ce mois de septembre, se muer en laboratoire. Faut-il d'avance prévoir un échec ou une réussite très limité. Le procureur de Colmar l'avoue honnêtement, "nous ne savons pas à quoi nous attendre".
Le juge antiterroriste Marc Trévidic qui sait de quoi il parle, disait récemment : -
"Ceux qui partent faire le djihad agissent ainsi à 90 % pour des motifs personnels : pour en découdre, pour l'aventure, pour se venger, parce qu'ils ne trouvent pas leur place dans la société... Et à 10 % seulement pour des convictions religieuses"
Une opinion partagée qui explique l'absence d'imam dans ce programme expérimental d'une durée de deux à trois mois. L'équipe qui s'occupera du "stagiaire" sera pluridiciplinaire et composée de psychologues, d'éducateurs spécialisés et de travailleurs sociaux. Mais attention, "les actes terroristes n'entrent pas dans le champs du dispositif" car traités par le parquet de Paris.
En fait il s'agira plutôt de comprendre le basculement de ces paumés dans la radicalisation et les inciter à renoncer à un projet fou. Essayer de les réinsérer dans la société avant qu'il ne soit définitivement trop tard et qu'ils ne passent à l'acte. Autant dire que la mission s'avère délicate. Toutefois, si l'expérience était positive, le programme pourrait s'appliquer dans d'autres tribunaux de la région.
Mais pourquoi l'Alsace ?
Selon Le Parisien
Elle est l'une des cinq régions de France qui compte le plus d'appels au numéro dédié aux signalements mis en place par le ministère de l'Intérieur... Le rapport parlementaire sur la surveillance des filières jihadistes remis par le député Eric Ciotti en juin dernier relevait ainsi 157 signalements dans le Haut et le Bas-Rhin pour la seule période comprise en avril et mai 2015.
Selon le rapport du député qui donne des chiffres probablement encore sous-évalués. "Nous comptons 1818 Français ou résidents étrangers en France impliqués dans les filières djihadistes en Syrie et en Irak. L'évolution est de + 107% sur un an et 227% depuis le début de l'année 2014. La part de convertis est d'environ 20%, 25% pour les femmes, 89 départements sont concernés par le phénomène".
Autant dire qu'il y a du pain sur la planche et que l'initiative d'organiser des programmes judiciaires de déradicalisation, qui va sans doute dans le bon sens pour récupérer ceux qui sont encore récupérables, est quand même loin du compte devant l'étendue du mal qui gangrène le pays. D'ailleurs y a-t-il vraiment une solution radicale pour endiguer ce fléau. Et combien de temps va durer cette guerre contre Daech... 5 , ou 10 ans ?
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