Propositions pour l’emploi de François Hollande : un chèque en bois !
Le sujet du chômage, de la création d’emploi, devrait être le thème essentiel de la campagne. Malheureusement, les sujets de diversion fleurissent et l'emploi est insuffisamment traité par la presse et par les médias. Que proposent les candidats et sont-ils crédibles ? Après avoir analysé les propositions pour l'emploi de Nicolas Sarkozy, passons à celles de François Hollande.
Rappel de quelques chiffres clés
Selon les chiffres du Trésor, entre 1980 et 2007 :
- la part de l'industrie dans le PIB a chuté de 24% à 14%. La part de l'emploi industriel dans l'emploi total est passée de 32% en 1978 à 20% en 2008.
- la France a perdu près de 2 millions d'emplois industriels soit 36% des emplois depuis 1980 (-70 000 par an) dont plus d’un million depuis 2007. Le nombre d'emplois industriels est passé de 5,3 à 3,4 millions. La baisse s'est accélérée avec la crise : 200 000 emplois industriels ont été détruits pour la seule année 2009.
François Hollande ne livre pas vraiment de diagnostic, ne s’exprime pas particulièrement sur les causes du chômage (mondialisation/crise/causes structurelles…), ni sur les secteurs touchés par les pertes d'emplois. Il entend « lutter contre le chômage et la précarité ». Il le fait plus par des mesures défensives, des emplois subventionnés grevant les finances publiques, que par une politique de création d’emplois productifs générant de la valeur ajoutée pour l’économie. Néanmoins son « patriotisme industriel » rejoint des propositions que l’on retrouve également chez François Bayrou.
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150.000 emplois d'avenir : François Hollande a promis la création de 150.000 emplois d'avenir réservés aux jeunes, en particulier ceux issus des quartiers difficiles (sur le modèle des emplois jeunes du gouvernement Jospin). Il s'agit d'emplois à temps plein d'une durée maximale de 5 ans, financés par l'Etat à hauteur de 75% et exonérés de charges. Le coût de la mesure est estimé par le candidat à 2 milliards d’euros d’ici à 2017 ;
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Le contrat de génération. Objectif : faire baisser à la fois le chômage des jeunes et des seniors, favoriser la solidarité entre les générations. Le principe : le jeune de moins de 30 ans embauché en contrat à durée indéterminée devra être accompagné par un salarié de plus de 55 ans, ainsi maintenu dans l'emploi jusqu'à son départ en retraite. L’entreprise bénéficiera de son côté d’une exonération de charges sociales sur les deux emplois (aide d'un montant estimé à 2.000 euros par mois). François Hollande se fixe comme objectif la signature de 500.000 contrats de génération d’ici à 2017, pour un coût de 2,3 milliards d’euros. Parallèlement, le candidat promet d'augmenter les cotisations chômage pour les entreprises qui abusent des emplois précaires.
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Création de 60 000 postes dans l’Education Nationale sur 5 ans (12 000/an) : ces postes ne seront pas seulement des postes d'enseignants mais également des postes d'accompagnement : surveillants, infirmières scolaires, psychologues, assistantes sociales,... mesure évaluée à 1,7 milliards par an (5,5 milliards sur le quinquennat)
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Suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires, excepté dans les TPE. Une décision qui devrait rapporter près de 3 milliards d’euros en cinq ans et inciter les entreprises à recruter plutôt qu’avoir recours aux heures supplémentaires.
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Pour lutter contre la précarité, augmentation des cotisations chômage sur les entreprises qui « abusent » des emplois précaires comme les CDD ou l’intérim.
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Pour dissuader les entreprises d’abuser des licenciements boursiers, augmentation du coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions.
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Sécurisation des parcours professionnels par un renforcement de la formation. L’objectif est que chaque salarié puisse se maintenir dans l’entreprise ou l’emploi et accéder à la formation professionnelle. Le financement de la formation sera concentré sur les publics les plus fragiles, les moins formés et les chômeurs. Les moyens de Pôle emploi seront de leur côté renforcés.
- Le patriotisme industriel :
- Banque publique d’investissement : à travers ses fonds régionaux, favoriser le développement des PME, le soutien aux filières d’avenir et la conversion écologique et énergétique de l’industrie. Permettre aux régions, pivots de l’animation économique, de prendre des participations dans les entreprises stratégiques pour le développement local et la compétitivité dela France. Une partie des financements sera orientée vers l’économie sociale et solidaire.
- Soutien des PME et entreprises innovantes : faire des PME une priorité. mobiliser l’épargne des Français, en créant un livret d’épargne industrie dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes. Doubler le plafond du livret développement durable, en le portant de 6 000 à 12 000 euros. Les PME, les TPE, les artisans et les commerçants auront, dans chaque région, un interlocuteur unique. Rendre le crédit d’impôt recherche plus simple et plus accessible aux PME. Leur ouvrir la commande publique.
- Fiscalité des entreprises : priorité à la relocalisation et à l’investissement. Favoriser la production et l’emploi en France en orientant les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation. Moduler la fiscalité locale des entreprises en fonction des investissements réalisés. Engager la relocalisation d’usines dans le cadre d’un contrat spécifique. Pour les entreprises qui se délocalisent, exiger le remboursement des aides publiques reçues. Une distinction sera faite entre les bénéfices réinvestis et ceux distribués aux actionnaires : trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 35% pour les grandes, 30% pour les petites et moyennes, 15% pour les très petites.
- Compétition mondiale – réciprocité : faire obstacle à toute forme de concurrence déloyale et pour fixer des règles strictes de réciprocité en matière sociale et environnementale. Une contribution climat- énergie aux frontières de l’Europe.
Le problème de tous ces emplois subventionnés et très coûteux, c'est surtout leur financement ! Nos finances publiques sont exsangues, toute subvention creusant le déficit est financée par un chèque en bois ! Ou alors au prix d'une forte augmentation des impôts et des dépenses publiques. Pour rappel la part des dépenses publiques dans le PIB est de 56% en France contre 43% en moyennes dans l’UE (47% en Allemagne).
Certaines propositions sont des effets d'annonce, comme je l'avais signalé dans un article précédent : les 60 000 postes dans l'éducation nationale ne peuvent pas être des postes d'enseignants, alors que déjà aujourd'hui, même avec le non remplacement d'un enseignant sur deux, 1000 postes par an au CAPES ne sont pas pourvus faute de candidat ) niveau !
Le véritable enjeu de l'emploi, c'est de créer de nouvelles activités, de nouvelles richesses, exporter plus et importer moins pour réduire fortement notre balance commerciale, sans creuser la tombe de la dette déjà abyssale.
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