Protection des rassemblements, deux poids & deux mesures selon que vous êtes simple citoyen ou homme politique !
Les mesures et dispositifs de sûreté-sécurité mis en place lors des sommets pour protéger les hommes politiques trahissent immédiatement l'indigence des moyens alloués en période d'état d'urgence lors du 14 juillet tragique à Nice, cinquième ville de France, alors que des attentats sur les plages étaient redoutés, voire prophétisés et Nissa la Bella déclarée la ville la plus sûre...

Quelques exemples, le 28 mai 2010 en fin d'après midi, le centre ville de Nice connait un concert de klaxons inhabituels. Les policiers ont bloqué les grands axes routiers par lesquels transiteront les délégations officielles venues assister au 25° sommet France-Afrique. Il s'agit d'une répétition générale exigée à la dernière minute par le SPHP chargé de superviser la sécurité des 39 chefs d'États accompagnés de leurs Ministres ainsi que des 52 délégations et 200 chefs d'entreprises. Les autorités ont réquisitionné 400 limousines pour simuler grandeur nature le stationnement sur l'esplanade de Lattre de Tassigny ! La simulation s'est prolongée jusqu'à 3 heures au grand dam des riverains. Le SPHP-VO avait demandé également le déplacement des véhicules stationnés dans les zones où il ne serait plus possible d'y accéder à partir du dimanche soir.
La ville fut divisée en secteurs sécurisés comme cela se fait habituellement (protection rapprochée, proche, éloignée et très éloignée).
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La zone rouge : seuls les riverains et les personnes badgées étaient autorisés à y accéder sur présentation d'une pièce d'identité et d'un justificatif de domicile. Toute circulation et stationnement y étaient interdits.
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La zone jaune : la déambulation des piétons y était permise mais le stationnement des véhicules interdit.
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La zone du cordon littoral : les activités autres que la baignade (plongée, navigation, engins de plage non immatriculés) y furent interdites entre la Baie des Anges et le cap d'Eze.
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L'espace aérien fut placé sous haute surveillance et l'armée de l'air assurait le contrôle dans un rayon de 150 km. Tous les vols commerciaux au départ ou à destination de l'aéroport devaient attendre l'autorisation des militaires.
Au début du mois de novembre 2011 s'était tenu à Cannes le sommet du G20 qui regroupait les pays les plus riches. Les habitués de la Croisette n'avaient jamais vu ça. La « bulle » aéro-terrestre mobilisait 12 000 policiers et militaires, 1 500 pompiers et secouristes, une chaîne hospitalière. Il s'agissait d'éviter tout risque d'attentat mais aussi de prévenir toutes actions susceptibles de perturber le bon déroulement du sommet (dégradations, occupation de locaux, prise d'otage, blocage d'axes, etc.). Les contrôles à la frontière franco-italienne furent rétablis et la circulation des poids lourds empruntant l'autoroute A8 suspendue à certains moments. Les véhicules autorisés faisaient l'objet d'une recherche d'explosifs de la part du service du déminage, étaient inspectés, répertoriés et comparé avec une liste de véhicules autorisés. Il ne manquait que des véhicules blindés de la gendarmerie mobile pour bloquer les rues adjacentes afin de prévenir toute intrusion sur le parcours ou immixtion dans le cortège. Je passe sous silence d'autres mesures comme : tireurs d'élite sur des points hauts, l'exploration des égouts, points de soudure sur les plaques des égouts, vérification des armoires techniques, correspondants dans la salle des écrans de télésurveillance, policiers en jet-sky, etc.
La première bulle de protection aéro-terrestre est apparue lors des JO d'hiver d'Albertville en 1992 et repose sur la division de l'espace aérien. Le personnel participant à la bulle aérienne surveille le trafic afin de prévenir toute intrusion aérienne : avion, hélicoptère, drone, ULM, modèle réduit, parachute, parapente, parafan, delta plane, etc. La menace englobe aussi bien : le tir d'un missile air-sol, prise de vue aérienne de la zone interdite, le largage de tracts, de bombes, de troupes aéroportées, une pénétration accidentelle. Selon le relief environnant, l'identification électronique et visuelle des aéronefs peut être rendue difficile voire inopérante. Il faut engager des radars mobiles (Aladin) ou un appareil AWACS. La préparation d'un tel dossier requiert un délai de huit semaines, délai pouvant être ramené en cas d'urgence à sept jours.
Du 6 au 7 juin 2007, la paisible station balnéaire Heiligendamn située sur les rives allemandes de la mer Baltique n'était pas sans rappeler le mur de Berlin. Une barrière de sécurité métallique d'une longueur de 12 km et haute de 2,5 mètres équipée de détecteurs de mouvements isolait la zone où se déroulait le sommet du G8. Toute démonstration à moins de 2 km de cette dernière restait interdite. Les 16 000 fonctionnaires, soit 5 % des effectifs, et les équipes cynophiles appelées à assurer la sécurité avaient à leur disposition l'accès à une base de données contenant des échantillons olfactifs d'individus considérés comme potentiellement dangereux !
La palme en matière de dispositif de sécurité revient probablement à la Chine pour les JO de 2008 avec la mise en place de mesures actives et passives d'une ampleur inégalée : lance-missiles Hongqi 7 ( portée 12 km) situé à 1 km au sud du stade - 100 000 hommes dont le commando Snow Wolf (groupe d'intervention équivalent du GIGN ou du RAID) - 290 000 bénévoles - 150 000 agents de sécurité - 300 000 caméras de surveillance - une équipe spécialisée en cas d'attaque NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique, chimique) - des machines à rayons X installées aux stations de métro - des inspecteurs dans les usines d'alimentation pour prévenir l'empoisonnement de la nourriture destinée aux athlètes - une récompense de 50 000 euros à quiconque informera la police d'une tentative de perturbation des Jeux - et des avions espions lors des épreuves de voile !
Le plan « Defense Line » intégrait la sécurité des gares et des aéroports renforcée, les accès menant à la capitale faisaient l'objet de 100 points de contrôle, l'Organisation Internationale de Police Criminelle (Interpol) avait autorisé l'accès à sa base de données des documents perdus ou volés, les voyageurs devaient présenter leur billet de retour ainsi que leur réservation d'hôtel avant d'obtenir leur visa, sans oublier leurs billets sécurisés pour assister aux jeux. La puce des 6,8 millions de billets d'admission aux JO contenait des informations personnelles, à savoir : photographie, nom et prénom, et reprenait des données figurant sur le passeport, l'adresse postale, même l'e-mail. Le Comité d'organisation des Jeux olympiques de Pékin ayant autorisé l'implantation d'une puce RFID (0,3 mm2 de surface et 50 microns d'épaisseur, portée plusieurs mètres), ces données étaient transmises en permanence pour être comparées aux informations stockées sur une banque de données. Il était possible de suivre le porteur du billet grâce aux bornes de réception et d'avoir confirmation de sa présence par les caméras de surveillance et de savoir qui, il avait rencontré... Une inquiétude subsiste, ces données n'ont-elles pas été réutilisées à d'autres fins ; une banque de données rêvée par tous les services de renseignement pour établir des usurpations d'identités ? Les personnes tenues informées avaient pris la précaution d'emporter des plaquettes de chewing-gum afin d'en utiliser l'aluminium pour enrober leur billet dans cette « cage de Faraday » improvisée !
Il faut être réaliste, assurer la sûreté d'une foule réunissant plusieurs dizaines de milliers de personnes à cent-pour-cent n'est guère réaliste. Quand bien même les rues adjacentes seraient bloquées avec des véhicules ou autres moyens utilisé lors de maintien de l'ordre, une moto pourrait avec un équipage de deux personnes (un pilote et un grenadier-voltigeur) se glisser par l'intérieur des immeubles bénéficiant de plusieurs issues, bâtiments qui sont légion sur la « Prom ». Poser des réseaux de ronces artificielles aux entrées des immeubles reviendrait à transformer la ville à celle de Belfast des années soixante-dix. Alors des chicanes, des réducteurs de vitesse, augmenter les points de contrôle ? Difficile d'empêcher des individus mal intentionnés à occuper un appartement dans les jours précédents ou de piéger du mobilier urbain. S'il est impossible d'accéder à la zone, une arme à tir courbe improvisée ou non (mortier de commando) permet le tir d'une neuvaine de projectiles en une minute !
La réaction a toujours un temps de retard sur l'action et l'étude des conflits asymétriques permet d'évaluer la « créativité » meurtrière qui varie selon les ethnies, les chïtes le sont bien plus que les sunnites qui restent souvent des suiveurs. Heureusement que le possible n'est pas toujours le probable, cela arrange bien les hommes politiques qui se succèdent depuis des décennies en faisant d'eux les complices involontaires des assassins. Le plus cruel n'est pas le manque de moyens, mais le manque de résultats de leurs politiques nationale et étrangère toujours à vouloir ménager la chèvre et le choux n'osant pas appeler un chat un chat. « Je pense que nous gagnerons contre le terrorisme. Je suis en revanche beaucoup plus inquiet de la radicalisation de la société et du mouvement de fond qui l'entraîne. (...) Vous aurez une confrontation entre l'ultra-droite et le monde musulman, pas les islamistes mais bien le monde musulman. » Le 10 mai dernier, Patrick Calvar avait devant la commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale déjà évoqué : « un risque de guerre civile en France. (...) Encore un ou deux attentats et elle adviendra. » Les différents rapports rédigés ces derniers temps devraient se terminer par l'acronyme PTF qui signifie « priez très fort » pour leur indigence opérationnelle et tactique. La France, une horde de lions dirigée par des zèbres...
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