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PS cherche nouvelle base électorale désespérément

En 2011, Terra Nova, la boîte à idées proche du PS avait jeté un pavé dans la marre en publiant un rapport proposant à la rue de Solferino de s'appuyer sur une base électorale remodelée pour remporter la présidentielle de 2012.

La note intitulée "Gauche, quelle majorité électorale pour 2012" dressait dans sa 1ère partie une analyse sociologique de l'évolution du vote ouvrier. A commencer par le fait que la victoire de F. Mitterrand en 1981 correspondait à l'apogée démographique d'une classe ouvrière (37% de la population active) largement acquise à la gauche (72%).

Las, aujourd'hui, désindustrialisation aidant, la classe ouvrière ne représente plus que 23% des actifs soit pour la gauche une perte de 40% de son socle électoral. Moins d'ouvriers donc mais aussi moins d'ouvriers qui votent à gauche : plus que 50% en 2007.

Cet éloignement du monde ouvrier de la gauche pour se rapprocher de la droite puis de l'extrême droite n'est pas une spécificité française relevait Terra Nova qui affirmait que le phénomène était commun à toute l'Europe.

Cette désaffection, ce désamour peut s'expliquer par diverses raisons. A commencer par une déception forte à l'égard de responsables politiques impuissant à enrayer le déclin de la classe ouvrière (chômage, précarité, difficultés de vie dans certains quartiers). S'y ajoute le sentiment de trahison d'une gauche de gouvernement convertie à la mondialisation et à une Union Européenne libérale qui fait sauter le bouclier protecteur de l'Etat. La société française est ainsi par une ligne de fracture entre les gagnants et les perdants de la mondialisation, entre l'ouverture et le repli. Ruraux et ouvriers se retrouvent dans la seconde catégorie. Si la politique est une affaire de symboles, que dire de cette photo de militants du FN posant devant le buste de Jaurès à Carmaux ?

Faute de grives Terra Nova invitait à se rabattre sur les merles. Plutôt que de reconquérir les cœurs perdus, les auteurs de la note invitaient le PS à se constituer un nouveau socle électoral autour de catégories qui ont besoin de l'appui de l'Etat pour briser le plafond de verre qui les touche : les diplômés, les jeunes, les minorités, les quartiers populaires et les femmes.

Cette stratégie présente un inconvénient majeur. Alors que le cœur de l'électorat de droite repose sur les seniors, catégorie en expansion démographique, clientèle fidèle des bureaux de vote, le PS s'appuierait lui sur un agrégat hétéroclite, numériquement en baisse, et qui vote par intermittence.

On mesure pleinement aujourd'hui les ravages d'une telle construction intellectuelle qui a laissé un boulevard à un FN devenu pour un temps, comme le définit le sociologue Sylvain Crepon, « le parti du prolétariat du secteur privé, du sous-prolétariat des petits Blancs qui travaille, qui a du mal à s’en sortir ».  

L'effondrement de la gauche dans son ensemble est particulièrement problématique. L'affaiblissement du PS ne s'est pas traduit par un transfert de voix au de formations plus à gauche sur l'échiquier politique. La présence d'un candidat de gauche au second tour des présidentielles de 2017 est ainsi loin d'être acquise.

Dès lors, la question qui se pose désormais avec acuité c'est quelle base électorale pour le PS en 2015 et les années à venir pour ne pas s'effacer progressivement du champ politique dans un nouveau tripartisme mortifère pour le larron arrivé en troisième position ?

La question ne vaut pas d'ailleurs que pour la principale force de gauche. La mue savamment calculée du FN menace désormais directement l'UMP. En tuant symboliquement le père dans une fausse tragédie Grecque, le FN vient d'ouvrir une nouvelle phase stratégique qui le place sur une rampe de lancement dans la perspective de 2017 avec pour objectif de lever les derniers tabous qui pourraient empêcher de voter pour son candidat au second tour des présidentielles.

L'ultime phase de normalisation engagée par le FN vise à élargir sa base électorale au-delà du cercle des mécontents, des laissés pour compte sur le bord de la route de la mondialisation, des victimes de l'insécurité culturelle chère à Laurent Bouvet. Après avoir siphonné l'électorat populaire et des classes moyennes à la gauche, la formation frontiste entend faire de même à l'UMP en captant à son avantage les séniors peu enclins à une évolution de la société dans laquelle ils ne se retrouvent pas et inquiets des menaces qui pèsent sur les régimes sociaux et le système de santé.


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15 réactions à cet article    


  • bernard29 bernard29 13 avril 2015 16:52

    La question qui se pose désormais avec acuité pour le PS, n’est pas « quelle base électorale pour les années à venir ? », mais plutôt « comment retenir les militants ? », parce qu’en plus, bien évidemment, il ne sait plus à quoi il sert, sinon il ne se poserait pas la question de la base électorale.


    • Donbar 14 avril 2015 08:07

      @bernard29
      Très juste. Un parti qui en est à voir les choses ainsi mérite-t-il de continuer d’exister ? Ce n’est plus qu’un fantôme, un simple rouage bilderberguien.


    • Txotxock Txotxock 13 avril 2015 17:12

      La principale force de gauche c’est quoi ? Le PS ? Ce n’est vraiment pas l’idée que je me fais de la gauche.

      Entendu d’une candidate du PS : Notre base électorale ce n’est pas la classe ouvrière mais la classe moyenne.

      Donc la disparition de la classe ouvrière ne devrait pas les désoler. Mais je pense que cette dernière survivra au PS. Bon débarras.


      • lsga lsga 13 avril 2015 17:51

        mélange de mots et de concepts, nov’langue à tous les étages...

         
        Classe Ouvrière : l’ensemble des personnes vendant leur force de travail. Ça comprend l’ingénieur et le manager, qui sont licenciés tout comme le manouvrier quand une usine délocalise.
         
        Soit dit au passage : les métiers de manoeuvres vont totalement disparaître dans les 20 ans, remplacés par les robots. Même la Chine est en train de s’y mettre.

        • Aldous Aldous 13 avril 2015 19:34

          @rocla+
          Classe ouvrière : n. f. synonymes : cocus, chômeur, RMIste.


        • Rincevent Rincevent 13 avril 2015 21:40

          @lsga

          Votre définition de la classe ouvrière est techniquement exacte, encore faudrait-il que l’ingénieur ou le manager se sentent appartenir à cette classe. Or, chez eux, tout s’y oppose et ce depuis l’enfance : leur cursus scolaire basé sur une sélection induisant un individualisme forcené, leur parcours professionnel (les « autres » sont tous des concurrents donc des dangers), leur « culture d’entreprise » et leur place dans la hiérarchie. Tout ça n’en fait pas spontanément de bons camarades…

          Pour les robots, quand ça sera fait, se reposera inévitablement la notion d’un revenu de substitution. Il vaudrait mieux l’étudier avant mais aujourd’hui c’est considérée soit comme utopique soit comme indésirable.


        • Norbert 14 avril 2015 15:22

          @Rincevent

          Votre remarque est très juste. Sans compter ceux des managers qui, parce qu’ils ont des salaires conséquents, ont aussi placé leur argent et ont du même coup des revenus locatifs et en actions, dans ce dernier cas ils ne sont objectivement plus de la classe ouvrière.


        • lsga lsga 13 avril 2015 17:57

          Le FN fait des scores misérables au 2ème tour, et n’a absolument aucune chance d’emporter la présidentielle ou de faire un gros score aux législatives.

           
          La question qui se posera au « peuple de gauche » est : voulez-vous vous retaper 5 ans de Sarkozy ? 
           
          Sarkozy était complètement absent médiatiquement lors des départementales. À partir des primaires de l’UMP, on va le voir partout. Il aura un discours beaucoup plus à droite que le FN pour séduire les militants. Il va donc faire fuir les centristes qui ont fait le succès de la droite aux départementales, et il va considérablement remotiver l’électorat de gauche. Or, l’électorat de gauche n’est visiblement pas motivé par Mélenchon le fervent poutiniste qui fait l’éloge du grand intellectuel néo-nazi Patrick Buisson, il y a donc très fort à parier qu’il se recentrera sur le PS. 
           
          La nouvelle base électorale du PS, comme en 2012 : c’est l’anti-sarkozysme primaire. 
           
          Merci qui ? Merci Sarkozy !

          • Aldous Aldous 13 avril 2015 19:31

            Les zoophiles ? Les urophiles ? les scatophages ?


            • gaijin gaijin 13 avril 2015 19:39

              @Aldous
              les sarkophages
               smiley



            • Rincevent Rincevent 13 avril 2015 20:17

              Cette « analyse » de Terra Nova est typique de la façon de concevoir la politique aujourd’hui. On évalue, on compte, on spécule, bref on gère ! (qu’il était beau mon gestionnaire…) Mais des idées, non ce serait trop dangereux…


              • fg 13 avril 2015 20:27

                Ils ont trouvé la solution aux fessées électorales, avec la complicité d’Aubry ils vont prolonger à leur tête un vrai spécialiste de la fessée : monsieur ’qu’en bas du slip’ secrétaire général du PS, l’homme qui a eu des diplômes sans avoir validé les années précédentes.


                • Baasiste 2 13 avril 2015 21:10

                  terra nova et le ps racolent les immigrés et les gays, ça remplace les ouvriers. aussi le ps avec terra nova visent les bobos de la classe moyenne.


                  • Attilax Attilax 14 avril 2015 13:09

                    La gauche, en accédant au pouvoir et en renonçant à ses idéaux de base, a elle-même creusé sa tombe. PS, PC, EELV, ils nous ont montré clairement qu’ils ne feraient rien pour changer les choses, et qu’ils étaient autant les larbins des oligarques que tous les autres. Quand à ce pauvre Mélenchon, il suffit de compter les balles qu’il s’est tiré dans le pied à chaque fois qu’une opportunité se dessinait pour comprendre qu’il n’est qu’un tocard de plus.
                    La gauche et la droite sont bien pratiques pour empêcher des gens ayant les mêmes intérêts de parler d’une seule voix... Et pour permettre aux plotiques de tous bords de garder leur précieux gagne-pain.

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Henry Moreigne

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