PSA : le gouvernement impuissant
Arnaud Montebourg s’est engagé : il faut limiter les licenciements chez PSA. Pourtant, lerapport d’Emmanuel Sartorius, l'expert mandaté par le gouvernement, est explicite : le plan de licenciements chez PSA Peugeot-Citroën serait « inévitable ».
François Hollande a voulu faire preuve de fermeté, en affirmant que « les pouvoirs publics feront tout pour que nous puissions réduire l'ampleur des suppressions de postes », devant les représentants syndicaux de l'usine PSA de La Janais, en Ille-et-Vilaine.
Le ministre est monté en première ligne, en soulignant la nécessaire exemplarité du dialogue. L’usine de La Janais est en effet concernée par un vaste plan de suppression de près d’un quart des 5600 emplois, plan inclus dans une plus importante entreprise de suppression d’environ 8000 emplois en France, annoncée en juillet par le groupe PSA.
Serait-ce le retour du keynésianisme à la Française et de l’interventionnisme d’Etat ? François Hollande a affirmé que les pouvoirs publics interviendraient pour « faire en sorte qu'il y ait un nouveau véhicule sur Rennes en 2016, avec un volume suffisant ». On se rappelle cet été le haussement de ton d’Arnaud Montebourg, qui avait voulu envoyer un message de fermeté au groupe PSA.
Cette prise de position publique n’a pas été du goût de tous. Le spectre de la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-bois rode en effet toujours.
Laurence Parisot a tout d'abord critiqué l'"interventionnisme social" et « l’ingérence » d'Arnaud Montebourg dans ce dossier. "Arnaud Montebourg est quelqu'un qui à la fois comprend relativement bien les enjeux de l'industrie, je l'ai vu notamment au moment de la conférence environnementale où nous avions une position bien souvent identique, mais il a une conception qui est excessivement interventionniste, il est dans un interventionnisme social qui à mon avis ne prépare pas véritablement le redressement productif", a-t-elle estimé.
"On ne peut pas dire à la fois (...) 'il faut respecter le dialogue social' et s'inviter dans le dialogue social, car le dialogue social ne concerne que deux acteurs, l'entreprise et les organisations syndicales, la direction de PSA et les syndicats de PSA, donc je pense que le ministre a tort de s'ingérer effectivement dans cette discussion au sein de PSA", a déclaré la présidente du Medef.
Suite à cette tempête médiatique le ministre est un peu revenu sur ses positions, du moins sur l’image qu’il a voulu renvoyer au sujet de cette affaire. Essayant de calmer le jeu, son absence la première semaine au Mondial de l’automobile en septembre a beaucoup été raillée par des syndicats qui l’attendaient de pied ferme.
Des salariés de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, promise à la fermeture, se sont ainsi donnés rendez-vous devant les portes du salon pour mettre un « carton rouge » symbolique à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, qu’ils ont alors rebaptisé « ministre improductif ».
D’après le Figaro, les manifestants ont revêtu des badges « tous ensemble pour la sauvegarde de l'emploi » et se sont lancés dans une distribution de cartons rouges aux visiteurs pris comme témoins. La consigne était claire : brandir le carton au passage du ministre, une façon civile de remplacer le jet de tomates pourries des jacqueries d’antan.
Cet épisode aussi cocasse que médiatique n’aura malheureusement pas suffit à changer la donne, malgré l’idée de revitaliser l’usine PSA d'Aulnay-sous-Bois : l’euphémisme d’un programme bien rodé de destruction massive d’emploi n’a pas été du goût de tous. Des mots pour prétendre au sauvetage, des actes inexistants qui n’ont pas su convaincre le grand public de l’efficacité du ministre.
"Nous voulons discuter des revendications des salariés : nous voulons un CDI pour chaque salarié, que ce soit garanti noir sur blanc avec la signature de l'Etat", a déclaré Jean-Pierre Mercier.
Paroles, paroles…
Pendant ce temps, le cours de l’action PSA, lui, continue de dégringoler à la bourse, et accuse jeudi matin la plus forte baisse de l'indice SBF 120.
Les indicateurs sont dans le rouge, il est conseillé aux détenteurs d’action de s’en séparer au plus vite, ce qui alimente le cercle vicieux dans lequel PSA s’emprisonne depuis quelques temps.
Les Echos expliquent : « Si les estimations de Citigroup se révèlent exactes et si le groupe ne parvient pas à se refinancer, la liquidité pourrait devenir un problème d'ici fin 2014, date à laquelle PSA à promis de ramener son free cash flow opérationnel à l'équilibre grâce à son plan d'action passant par des cessions d'actifs et des réductions de coûts.
Selon des données Thomson Reuters, le montant cumulé de dette restant de PSA s'élève d'ici 2033 à près de 16 milliards d'euros, dont 14 milliards pour la seule période 2012-2016. »
Une information qui ne peut pas rassurer les investisseurs d’un groupe dont la santé va mal. Certes, le gouvernement prétend l’accompagner. Dans les faits, chacun est obligé de constater son impuissance.
Mercredi 7, la veille de ces sombres estimations, directions et syndicats de PSA Peugeot Citroën se sont pourtant concertées dans le but de trouver aux personnes en situation délicates dans le groupe (salariés handicapés ou à mobilité réduite) des solutions de transition. L’idée du jour est le « transfert professionnel », en proposant un transfert de compétence vers des entreprises publiques et semi publiques telles que la RATP ou la SNCF.
Difficile décision qui fait davantage office de cache-misère que de réelle proposition pour des salariés malmenés. Dans tous les cas, les actionnaires, eux, ne s’y sont pas trompés.
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