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Publication sur la publication

J’ai soumis quelques articles aux sites de « journalisme citoyen et participatif » AgoraVox et Le Post. Résultat, des publications, des réactions contrastées et des questions qui me turlupinent.

Pourquoi ai-je la nécessité de publier ? Qu’est-ce que je veux publier ou non ?

Ces différentes publications et les questions qu’elles soulèvent sont l’occasion de faire un point sur mes écrits. Je m’efforcerai de ne pas tomber dans l’exercice d’auto-complaisance et de réfléchir sur le fait de « publier » de façon à en mesurer les conséquences. Il ne s’agit pas de dresser une magnifique charte déontologique à la manière du Monde.fr mais simplement de prendre conscience de la responsabilité et du devoir éthique qu’incombe toute publication en ligne. En effet, publier sous son nom ou sous couvert de l’anonymat n’est pas sans conséquences et il s’agit d’en avoir conscience. Aujourd’hui plus que jamais, publier à un impact durable dans une jungle internet où tout se diffuse sans complexe. Le droit à l’oubli n’existe pas, du moment où l’on publie un contenu en ligne il y reste. En cela, le web 2.0 est un outil génial, si tant est que l’on sait l’utiliser, s’en méfier et conserver une chose essentielle et pourtant en perdition, la pudeur. Je distingue alors deux discours dans ce que j’écris qui ne répondent pas aux mêmes désirs et critères de publication.

L’article d’opinion au cœur d’un problème communicationnel fascinant.

Ainsi, le premier grand discours est l’article d’opinion. Celui-ci à une vocation journalistique et présente un point de vue sur un sujet digne d’intérêt que les idées et les connaissances de l’auteur contribuent à éclairer. Les faits, statistiques et anecdotes cités servent à étayer l’argumentation et à rendre les propos de l’auteur plus intéressants. Il vise une honnêteté intellectuelle et se défend de toute propagande. C’est pourquoi il est important de signer l’article avec son nom et d’être en accord total avec ce que l’on a écrit de façon à le défendre ou à reconnaître ses erreurs. Chaque mot, chaque expression à une connotation et chaque personne décrypte un message avec ses propres codes, d’où la difficulté de l’exercice. Il s’agit de tendre vers le message le plus clair et précis possible pour éviter tout malentendu. L’article d’opinion répond à la liberté d’expression et rend possible la réaction par le biais des commentaires. Dès lors que l’article d’opinion est publié par un autre support qu’un site personnel il devient une tribune libre qui engage son auteur et le support de publication, sa vitrine. Plus l’article prend du poids et est lu plus il répond à sa vocation première, le débat d’idées, indissociable de son lectorat potentiel. C’est ici que le rôle du commentaire est intéressant, il complète l’article. En indiquant les possibles erreurs et participant à la controverse ou à la convergence il est au cœur du débat. C’est pour cette conception du débat intelligent que je publie mes articles sur les supports qui me sont proposés, bien que la majorité des réactions reste pauvre et n’élève pas le débat. Reste qu’en publiant mon opinion je la confronte à d’autres, car une opinion vit, se construit et évolue. En me prêtant à cet exercice je suis au cœur d’un problème communicationnel fascinant, entre émission et réception.

L’écriture personnelle entre pudeur et exhibitionnisme, le dilemme de l’altérité.

Ce type de discours est d’autant plus périlleux qu’il est intéressant. Il joue à la frontière entre pudeur (si celle-ci existe encore) et exhibition. La pudeur est un droit et une convention trop souvent oubliée. Chacun à droit au respect et à la pudeur concernant sa vie privée mais être pudique c’est aussi savoir se respecter soi-même. Avec la généralisation et la facilité de l’écriture publique sur les blogs ou autres réseaux sociaux, on publie tout, on expose tout, sans recul.

L’exhibitionnisme n’est plus conscient puisque banalisé. Savoir être pudique c’est d’abord se protéger soi-même. On l’est tous plus ou moins dans la vie réelle et cela contribue au vivre ensemble. Dans l’écriture personnelle ou introspective toute la difficulté est de parler de soi même sans parler de soi. Loin de l’exercice égocentrique ce type d’écriture pousse à se sentir humain et tente d’universaliser ce que l’on peut vivre au quotidien. Le caractère universel des émotions donne au lecteur un réel intérêt de lecture, celui-ci peut se reconnaître dans l’auteur. De tous temps, l’homme n’a jamais été aussi meilleur qu’en parlant de lui-même, puisqu’il est sa matière première. Chaque œuvre littéraire n’est qu’un exercice personnel, puisque rien n’existe concrètement à part soi-même. La poésie reste l’art du moi par excellence. L’exercice demeure périlleux et tomber dans le narcissisme est facile car le désir de reconnaissance est immanent à l’homme lui-même. En décrivant platement sa vie quotidienne l’auteur perd son intérêt de lecture et réduit la portée de ses propos. Plus que ma vie sans grand intérêt, je cherche à donner, à voir et sentir ce qui m’anime. Le propos ne cherche pas à donner des noms, des lieux, des repères mais au contraire du mystère. C’est dans l’énigme insolvable que se situe la poésie. Finalement c’est exposer beaucoup plus que sa vie réelle que de donner à voir son monde intérieur, c’est aller au delà de la pudeur, c’est être vraiment soi-même. Cependant il faut être suffisamment solide, car exprimer sa sensibilité c’est aussi énoncer ses faiblesses.

L’écriture personnelle ne nécessite donc pas un nom pour être identifiée ou un désir de publication à l’instar de l’article d’opinion. Pourtant, je publie des textes poétiques ou des réflexions personnelles en essayant de conserver la pudeur nécessaire car j’espère pouvoir toucher et partager un peu de moi-même avec l’autre comme d’autres l’on fait avec moi. Plus qu’un problème communicationnel, je me situe avec ce discours dans le dilemme de l’altérité, à l’essence même de la vie.

http://www.lucasrne.fr/?p=842


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2 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 4 décembre 2010 11:50

    Il est possible que vous ayez partiellement raison, Sweet Candy. Mais votre commentaire est très réducteur car il oublie plusieurs éléments importants :

    1° Est-ce pour satisfaire son ego que l’on écrit un article pour faire partager son indignation ou sa passion ? Mettez-vous en avant cette satisfaction de l’ego lorsque le support reste verbal dans les discussions entre collègues ou amis sur les mêmes thèmes ?

    2° Nombre de rédacteurs (c’est également mon cas) sont retraités et disposent de temps rémunéré par leur pension pour faire ce que font des journalistes qui perçoivent un salaire. ces derniers souffrent-ils pour autant d’un problème d’ego ?

    Ces questions posées, oui, il arrive que l’on cherche à se faire plaisir ici et là au travers d’un texte. Mais comme les poissons volants, ils ne constituent pas la majorité du genre. Du moins je le crois.

    Bonne journée.


  • easy easy 4 décembre 2010 22:51

     Je trouve aussi que publier relève de l’ego, y compris quand c’est pour s’indigner genre « J’accuse » et y compris quand c’est pour alerter du genre « Faites gaffe, ya un nouveau virus » 

    La difficulté vient de ce qui est entendu par ego. Il y a trop de charges négatives sur ce mot immédiatement associé à égoïste et qui nous rappelle alors les reproches de nos parents.

    C’est pourquoi, je préfère laisser tomber tout mot commençant par ego et considérer les choses par le biais du prométhéisme. Avec lui, on retrouve davantage le côté « Regardez ce que j’ai trouvé » qui sous-tend la plupart de nos actes et attitudes et ça semble moins égoïste puisqu’il apparaît alors notre besoin d’émerveiller les autres, de les emballer, de les émouvoir, de les rendre plus joyeux, plus prudents, plus informés, plus avertis...

    En tous cas, publier me semble tenir très nettement de « Regardez ce que j’ai trouvé (ou inventé) » et inclut forcément une forme de partage ou d’échange, l’un apportant aux autres un émerveillement, un étonnement et les autres apportant au Prométhée, la reconnaissance, même éphémère, même superficielle.

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