Qatar : Mister Trump et Docteur Washington
Lors du déclenchement de la crise du Golfe en juin 2017, le Président des États-Unis avait pointé du doigt le Qatar et ses liens présumés avec des réseaux terroristes. Quelques mois plus tard, Donald Trump a bel et bien changé de langage, en témoignent les derniers contrats militaires signés entre les deux pays.
Le 9 mars dernier, sourires aux lèvres, James Mattis, secrétaire d’État américain à la Défense, et Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, ministre des Affaires étrangères du Qatar, se sont serré la main. Il faut dire que l’affaire conclue permet aux hommes politiques d’être pleinement satisfaits. Que s’est-il passé ? Les États-Unis ont validé la vente au Qatar d’équipements permettant de moderniser le centre d’opération de ses forces aériennes. Montant de l’opération : 197 milliards de dollars !
Pas le premier du genre
Dans le communiqué, le département américain témoigne de l’importance du contrat signé visant à « améliorer la sécurité d’un pays ami ». Ami ? Le même ami que celui qui, pas plus tard qu’il y a 10 mois, avait été ouvertement accusé par Washington de soutenir le terrorisme « au plus haut niveau » ? Visiblement oui… Le Président Donald Trump est un expert des déclarations fracassantes sur le réseau Twitter, ce n’est pas nouveau. Mais en cautionnant, à l’époque, l’offensive diplomatico-économique menée par l’Arabie Saoudite les Émirats arabes unis, l’Égypte et le Bahreïn à l’encontre du Qatar, le chef de l’État a omis de préciser qu’il n’en pensait pas un mot…
La crise du Golfe n’a, de fait, aucun impact sur les relations économiques entre les deux pays. Deux preuves implacables. En juin 2017, le ministère de la Défense du Qatar signait un contrat de 10,7 milliards de dollars pour l’achat de 36 avions de combat Boeing F-15. Cinq mois plus tard, un autre accord estimé à un peu plus d’un milliard de dollars a été scellé afin d’assurer la maintenance et la logistique des avions qataris de combat. Au moment de conclure ce nouveau deal, l’administration américaine avait d’ailleurs rappelé que le Qatar était « une force importante pour la stabilité politique et le progrès économique dans la région du Golfe persique ».
Double jeu
Depuis quelque temps déjà, plusieurs proches de Donald Trump, à l’instar de l’ancien secrétaire d’Etat Rex Tillerson, se positionnent clairement aux côtés du Qatar dans cette crise du Golfe qui dure depuis près d’un an maintenant. N’est-ce pas le petit émirat qui a été le premier pays à signer avec les États-Unis en juillet 2017 un programme pour la lutte contre le financement du terrorisme ? C’est le cas et cela montre à quel point les accusations de terrorisme portées initialement par le Président américain n’étaient que des prétextes pour jouer sur tous les terrains sans froisser les susceptibles voisins du Golfe.
Dans les faits, les liens n’ont jamais été rompus entre les deux pays. D’autant plus que les États-Unis ont tout intérêt à conserver de bonnes relations diplomatiques avec le Qatar quand on sait que le pays de la péninsule Arabique héberge la plus grande base aérienne américaine dans la région. Soit près de 11 000 soldats américains participant activement à la lutte contre les djihadistes de l’État islamique en Syrie et en Irak. Ce n’est sûrement pas un tweet, aussi agressif soit-il, qui peut rompre des années de bons rapports…
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