Qu’est-ce qu’un con ?
Voilà un sujet qui ne sera jamais posé au bac de philosophie et qui relève pourtant d'une question fondamentale que l'on (*) se la pose tous les jours en se traitant de ce mot qui, à la fois, veut tout dire et ne donne pourtant aucune précision sur le reproche formulé, mais qui, tout en même temps est tellement signifiant pour celui qui le prononce. Il en dit souvent plus sur celui qui le clame que sur l'objet de l'anathème.
(*) (vous avez vu ? J'ai évité le "qu'on" ! J'suis pas con...)
Combien de fois se traite-t-on de "con" à l'instant précis où j'écris ces mots ? Des milliers de fois sans doute ! La portée de cette question est tout simplement d'une importance con...sidérable.
Le con est une appellation générale qui s'applique sans distinction d'âge ni de condition sociale. Brassens : "Quand on est con". Sur ce plan, les êtres humains sont tous égaux. Cependant, il est à remarquer que le mot se décline rarement au féminin, en particulier dans la chanson, ou alors dans un sens pas très méchant : Renaud "Petite conne"
C'est donc entendu, tous les cons sont égaux, mais pas égaux dans leurs égos car d'aucuns ont de très gros égos, ce qui suscite à leur endroit des gros mots, généralement "gros con" est le label approprié. Mais, tous les cons iront-ils au paradis ? A défaut, ils iront à Paradis "La chanson des vieux cons" (Vanessa Paradis, paroles : Benjamin Biolay).
Hommage au con
Gainsbourg : "Requiem pour un con" de la bande originale du film "Le Pacha" de Georges Lautner avec Jean Gabin.
Georges Brassens, avec la chanson "le blason" rend hommage au con authentique, au sens littéral et noble du terme. Il réhabilite le mot dont le sens a été galvaudé.
"C'est la grande pitié de la langue française
C'est son talon d'Achille et c'est son déshonneur
De n'offrir que des mots entachés de bassesse
A cette incomparable instrument de bonheur."
Pierre Perret reprend le flambeau ici avec "le con"
Le con revendiqué
Arthur se présentait à ses débuts télévisuels comme "l'animateur le plus con de la télé" Malheureusement, il ne l'est plus tant la concurrence pour le titre est aujourd'hui disputée.
Le con au cinéma, c'est Michel Audiard, dont les célèbres répliques sont autant de variations sur un thème éternel : le "con" dans le contexte :
"Faut pas parler aux cons, ça les instruit."
"Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît" par Bernard Blier dans Les Tontons flingueurs.
"Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche." La réplique exacte prononcée dans le film "un taxi pour Tobrouck" est "deux intellectuels assis vont plus loin que deux brutes qui marchent".
"Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner" par Jean Gabin dans Le pacha, et les première notes de "requiem pour un con."
"C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule" du film éponyme avec Michel Serrault.
On a aussi souvenir de Depardieu accablant du sobriquet de "Ducon" un Perrin (Pierre Richard" con malheureux, néfaste mais pas méchant.
On est toujours le con d'un autre
Le dîner de con : voici l'extrait qui montre qu'on est toujours le con d'un autre. Le personnage joué par Thierry Lhermitte apprend que le con le considère comme un con mais il ne comprend pas, il continue de penser que le con est l'autre (Jacques Villeret) et maintient la programmation du dîner à thème. Ce n'est qu'au coup de téléphone de sa femme qu'il prend enfin conscience qu'il est...enfin vous comprenez ? Puis il montre un comportement de con méprisant en refusant les propositions de soins d'un médecin dont la réputation n'est pas à la hauteur de son statut social.
"Il y a les conquistardors qui ont conquis des tas d'or. Il y'a les contrebandiers, les mêmes avec les bandiers, il y a les confédérés adeptes du tir groupé, les compañeros olé avec cigar et béret et puis y'a les cons tout court, les cons partout et de toujours qui font des tours et des tours de con de cons des contour et puis y'a les cons tout cons en travers, en large et en long et puis y'a les cons tout con qui prennent tous les autres pour des cons " ("Chanson plus bi-fluorée").
On a souvent besoin d'un con
L'extrait qui illustre l'adage selon lequel on a souvent besoin d'un con, même si Jean de La Fontaine le disait autrement, dans un style plus soutenu. Mais à condition que le con ne prenne surtout aucune initiative personnelle : "la stratégie est excellente ! - c'est pas la stratégie qui m'inquiète, c'est le stratège". La scène se poursuit pas la révélation d'un con qui s'ignorait, le con cocu ( Daniel Prevost), un stéréotype très bien connu qui a fait l'objet de tant de plaisanteries et de chansons que l'on ne saurait toutes les énumérer ici.
Alors faut-il encore crier "mort aux cons !", ne risque-t-on pas de crier avec des cons ? "Marquons les cons !", diront certains, mais a-t-on le droit de le faire et est-ce judicieux au regard du principe d'égalité devant cette appellation ? Croyez-moi, le mieux c'est d'ignorer le con. Vous n'imaginez pas d'ailleurs le nombre incalculable de "cons" ignorés par le correcteur orthographique. C'est dire si le thème du con et des cons n'est pas près d'être inscrit aux sujets du bac. Les esprits ne sont pas assez ouverts, bref trop de cons !
Pour finir, voici ce que déclare, en conclusion, Michel Audiard lui-même à propos de cet article.
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