Qu’est-ce qui empêchera les officiels d’utiliser la déchéance de nationalité contre... les nationalistes ?!
C'est un peu navrant d'entendre des nationalistes français réclamer la déchéance de nationalité pour les terroristes... Le souci étant que « terroriste » peut signifier tout et n'importe quoi, y compris « honnête homme ayant des idées jugées trop à droite par le Système et voulant une autre politique ».
Nous y voilà ! Après son lot d'attentats meurtriers, le gouvernement français actuel, soucieux de flatter la partie la plus droitière de la gauche, voire d'accomplir le saint mystère de la transsubstantiation LR-PS, propose (impose ?) à l'approbation populaire la mesure dite de « déchéance de nationalité ». Et le Premier Ministre se paye le luxe d'apparaître comme le navire-amiral de la lutte anti-laxiste au sein même du Parti Socialiste ; la France est sauvée, c'est le retour à la fermeté, à la sécurité, à la dé-nationalité... On croirait une nouvelle devise républicaine. C'est beau comme la France en 2016 !
Le problème, c'est que ces belles choses se résument toujours à une seule : un Patriot Act à la française, comme celui qui suivit les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis d'Amérique, et qui servit essentiellement... à fliquer tous les citoyens américains, et notamment les opposants politiques, y compris (j'allais écrire, en persiflant : « y compris et surtout ») ceux qui n'ont strictement rien à voir avec l'islam (ou l'islamisme).
Tous ces Patriot Acts, c'est un peu comme le rétablissement de la peine de mort. Si, demain, le gouvernement socialiste français rétablissait la peine de mort, la nouvelle législation serait appliquée illico par la magistrature du « Mur des cons » pour faire trancher la tête des victimes qui tuent en état de légitime défense ou encore des contribuables qui refusent de payer des amendes équivalent à dix ou cent fois ce qu'ils doivent réellement, mais on aurait toujours autant de voyous, de psychopathes, de tortionnaires et de violeurs en liberté, ou condamnés à des peines dérisoires. Peine de mort, déchéance de nationalité ou Patriot Act, lorsqu'un système politique pivote sur une totale inversion des valeurs, cela ne sert à rien, si ce n'est à châtier les humbles, les innocents, les honnêtes gens... et les patriotes.
Imaginons par exemple un brave homme, français de souche depuis au moins le sacre de Clovis, catholique traditionaliste pratiquant, père de famille exemplaire, monarchiste, pauvre, honnête, travailleur, doué pour l'écriture, rédigeant des articles anti-immigration dans un journal maurrassien, participant à des manifestations contre l'islamisation de la France, et accusé, à tort ou à raison, d'avoir dessiné une tête de cochon sur une mosquée. Il n'en faut pas plus. Un dessin ? Terrorisme. Une banderole ? Terrorisme. Un propos ? Terrorisme. Un slogan, une plaisanterie ? Terrorisme. Une quenelle à la Dieudo ? Terrorisme. Et pour peu qu'il sorte un vieux flingue pour se défendre contre un cambrioleur la nuit, surtout si ce cambrioleur s'avère être un réfugié très gentil : terrorisme ! Et le juge de dire au nationaliste : « Ben, ça y est mon pote, tu n'es plus français ! Il te reste le couperet, ou le bagne ! »
Consultez un peu l'article « Législation sur le terrorisme » de Wikipedia, vous y trouverez ceci : « Les lois destinées à défendre « la cause de l’ordre et celle des libertés publiques », qualifiées de lois scélérates par les anarchistes qu'elles visaient à l'époque, sont un ensemble de lois qui forment la première législation anti-terroriste française. Elles sont votées le 12 décembre 1893, le 18 décembre 1893 et le 28 juillet 1894. Elles sont abolies le 23 décembre 1992. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gislation_sur_le_terrorisme
C'est très commode le terrorisme, cela permet de flanquer tout le monde au gnouf, en tout cas de surveiller tout le monde ; tout le monde sauf, peut-être, les vrais terroristes, et les vrais criminels, dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils bénéficient d'un contexte quelque peu permissif en ce moment. Le lecteur malicieux appréciera mon « quelque peu permissif ». C'est pareil pour le port d'arme. Les kalachnikov continueront de circuler en toute impunité partout, mais, au nom de la sécurité nationale, on viendra arrêter Mamy Huguette à cinq heure du matin, dûment menottée et entravée, parce qu'elle aura conservé le vieux 9 mm de son défunt mari. Peut-être bien qu'elle prendra dix ans. Ou perpète. Pour terrorisme. Et si, en plus, elle militait au Front national... Alors là. Pas de circonstances atténuantes !
Antonio de Almádena
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