Qu’on leur coupe la dette 2/3 : la confiscation
« Faire des sacrifices » pour « rassurer les marchés », c’est la seule voie que connaissent nos élites pour sortir de la crise. Pourtant, dans l’histoire, bien d’autres solutions ont existé – et réussi. En novembre 1789, les biens du clergé sont confisqués. Une manière efficace de régler la dette
Qu'on leur coupe la dette 2/3 - la confiscation par fakirpresse
Qu’est-ce que la Révolution française ?
C’est, pour beaucoup, la résolution d’une crise de la dette. Depuis une décennie, la France se débat dans le surendettement : de 1777 à 1783, le roi a envoyé ses soldats en Amérique, a payé la guerre d’indépendance, a dépensé sans compter pour se venger de son ennemi, l’Angleterre. Le pays en sort vainqueur, mais ruiné : en 1788, plus de la moitié du budget est consacré à payer la dette !
Comment se tirer de ce gouffre ? En réformant la fiscalité : voilà pourquoi le roi convoque les États Généraux. Mais la noblesse et le clergé refusent d’abolir leurs privilèges, les « niches » fiscales d’alors – tandis que la bourgeoisie, devenue confiante, puissante, ne se laisse pas tondre comme espéré…
L’idée, radicale, germe alors dans les esprits. Et c’est un évêque, Talleyrand, qui l’évoque le premier au Parlement, en octobre 1789 : « Le clergé n’est pas un propriétaire à l’instar des autres propriétaires. » Quelques semaines plus tard, le patrimoine de l’Église est confisqué. Et la vente de ces propriétés sortira la France de la tourmente financière, redonnera de l’oxygène monétaire : les assignats paieront les guerres d’une Révolution qui doit affronter toute l’Europe.
C’était impensable, pourtant, encore un an plus tôt, en novembre 1788.
Personne ne songeait, ni en rêve pour les uns, ni en cauchemar pour les autres, à cette solution. Il a suffi de quelques mois pour que ces richesses accumulées paraissent illégitimes, pour qu’il devienne acceptable de les exproprier.
Aujourd’hui, alors, qui pourrions-nous exproprier – et sous quels motifs ?
Sont-elles bien légitimes, au fond, les fortunes accumulées par cette classe d’inspecteurs des finances, Pébereau, Minc, Messier, Naouri, qui ont tout privatisé, tout libéralisé, avant de passer au privé et de ramasser la mise ?
Sont-ils bien légitimes, les tas d’or amoncelés par les PDG des sociétés d’autoroute, de télévision, de distribution d’eau, de gaz, d’électricité – qui ne doivent leurs prébendes qu’à leur connivence avec les dirigeants politiques ? C’est un travail que de faire monter cette évidence, et d’imposer, par exemple, une super-taxe sur les patrimoines.
En 1789, l’abbé Maury lançait un avertissement – qui peut devenir une prophétie : « Messieurs les bourgeois, nos propriétés garantissent les vôtres. Nous sommes attaqués aujourd’hui, mais ne vous y trompez pas, si nous sommes dépouillés, vous le serez à votre tour. »
Voir le Tchio Fakir en PDF : http://www.fakirpresse.info/IMG/pdf/tchio-fakir-la-dette-2012-ok-def-2.pdf
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