Quand allez-vous la fermer ?
Romain Goupil est ce cinéaste visionnaire, qui pour soutenir l’administration américaine désireuse d’aller éradiquer les fameuses et terrifiantes armes de destruction massive de Saddam Hussein publiât début mars 2003 une tribune dans le Monde intitulée « Saddam doit partir, de gré ou de force ».
Il eut cette phrase prophétique « Que Saddam parte, de gré ou de force ! Les Irakiens, Kurdes, chiites mais aussi bien sunnites respireront plus librement et les peuples de la région en seront soulagés »
On pourrait être tenté de rire à la lecture de cette prophétie à l’incontestable ressort comique involontaire si cet oracle du cinéaste trotkyste ne s’était heurté à une bien triste réalité. Quelle piteuse Pythie ! mais comme le disait Devos « Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter »
Le soulagement fut sans doute de courte durée puisque quelques milliers de ressortissants de cette partie du monde se trouvent, hélas, en ce moment dans des conditions déplorables dans la ‘’jungle ‘’de Calais.
On ne sait si c’est le remords ou un sentiment de culpabilité qui anime notre va-t-en-guerre, pompier-pyromane à ses heures perdues, toujours est-il qu’il est, avec quelques autres cinéastes à l’initiative de l’appel de Calais qui réunit à ce jour 800 signataires appartenant au microcosme culturel et artistique parisien évoluant ‘’hors sol’’.
A l’instar de leur champion de 2012 pour lequel ils s’étaient majoritairement mobilisés avec leur remarquable clairvoyance, ils ne sont pas spectateurs, commentateurs, ils se battent. Ils tendent généreusement la main aux migrants même si au bout de cette main, ceux-ci n’y trouvent un peu déçus, qu’une caméra.
Ils sont déterminés et iront chaque semaine vérifier tels des huissiers de justice l’évolution de la situation mais n’ont pas encore envisagé, faute sans doute d’y avoir pensé, d’accueillir et de nourrir des familles dans leurs résidences secondaires.
C’est ce qui les distingue d’Hollande qui a fait savoir lors de sa dernière conférence de presse sur l’air de'' 'jvoudrais bien mais j'peux point '' qu’il n’en avait pas de disponible mais que son rôle était d’encourager ceux qui désirent le faire.
Cette pétition a ravi Cazeneuve qui s’est réjoui d’entendre « la voix d'une France mobilisée, solidaire et généreuse, qui refuse le repli sur soi et le rejet de l'autre » par opposition sans doute aux pauvres locaux un peu beaufs, qui déjà sur place, craignent une concurrence déloyale.
On ne voudrait pas doucher son enthousiasme qui n’a actuellement que peu d’occasions pour s’exprimer dans un pays qui va pourtant mieux comme nous le diagnostique à chaque occasion le docteur Diafoirus de l’Élysée, mais cette solidarité exprimée par nos indignés s’arrête au seuil de leurs pavillons ou de leurs coquets appartements privés de chambres d’amis
Aussi, sommes nous tentés de leur répondre, nous qui n’avons pas à nous excuser d’être riches ou célèbres, ou les deux à la fois, à cette existentielle interrogation formulée dans l’intitulé de leur pétition "Jusqu’à quand allons-nous nous taire ?" par une question plus prosaïque : Quand allez vous la fermer ?
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