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Accueil du site > Tribune Libre > Quand du désert revient Lacenaire !

Quand du désert revient Lacenaire !

Aussi incroyable que cela puisse paraître, cet extraordinaire poème de Lacenaire est introuvable sur le net ; où on ne trouve d’ailleurs que 4 ou 5 poèmes médiocres du célèbre assassin comme si, même mort, nul ne voudrait entendre ses enfants réciter ce qui mérite pourtant de l’être. On enterre, on cache le meilleur et on expose le pire mais ni le temps ni la mort ni la mauvaise foi des censeurs ne peuvent avoir raison du droit à la postérité pour le pire mais aussi le meilleur.

Imaginez que ce texte fut écrit en prison, à la conciergerie en sachant qu’il serait guillotiné juste 4 jours plus tard. C’est tout simplement incroyable ! Après tant de crimes et à 4 jours d’être coupé en deux comme le lui avait prédit son père : que fait l’animal ? Il écrit des vers et quels vers !

Ce poème est une merveille, pourtant il est introuvable sur le net. Nulle part sauf sur un ou deux blogs en commentaire de Vlane qui l’y aura glissé. A part là, nulle part, vous n’entendrez ni ne lirez ce merveilleux poème ! Qui peut imaginer en le lisant que c’est écrit par un maître assassin qui sait qu’il sera coupé en deux dans 4 jours ?

Fantastique !

Pourtant que dit wikipédia à son sujet « Pierre François Lacenaire, né le 20 décembre 1803 à Lyon (Rhône)[1], mort le 9 janvier 1836 à Paris, était un escroc et criminel français, qui défraya la chronique. Il se fit connaître par des articles de journaux qui rendirent célèbre ce petit romantique auprès du grand public, et un temps le mythifièrent, mais son œuvre littéraire est mince. »

« Petit romantique ! » lit-on ! « œuvre littéraire mince » ! Et pourtant, 174 ans après sa mort, son poème résonne de la conciergerie au fin fond du désert d’où un bédouin vient rappeler aux siens qu’ils ont oublié et qu’ils ignorent, pour leur grande majorité, que le petit romantique a écrit un poème immortel car il est le souffle , la vérité , le cœur d’un homme assassin dans la vie et poète jusqu’aux portes de la mort et pour dire quoi ? Pour penser à qui ? Et en quels termes ?

Diable ! Un instant !

Finissons d’abord avec wikipédia qui ajoute (même si ce n’est pas les paroles de l’imam Malick) :

« Enfant cadet non désiré d’une fratrie de treize enfants, il entre au collège de Saint-Chamond d’où il est renvoyé deux ans plus tard pour blasphème et éloge de la religion protestante. Il entre alors au petit séminaire d’Alix, où il obtient de brillants résultats, mais souffre particulièrement du rigorisme des enseignants. Il s’engage dans l’armée, mais déserte lors de l’expédition de Morée en 1829. Vols et escroqueries le mènent à plusieurs reprises en prison, où il suit, dit-il, son « université criminelle », et où il recrute ses comparses Victor Avril et François Martin. Il compose en prison une chanson, Pétition d’un voleur à un roi son voisin, qui révèle ses talents poétiques. Puis il rédige pour un journal Les prisons et le régime pénitentiaire, qui remporte du succès.

Après un double assassinat minable, il est dénoncé par ses complices alors qu’il séjournait à Chalon-sur-Saône. Il transforme son procès en tribune théâtrale et sa prison en salon. Il écrit Mémoires, révélations et poésie.

Lors de son exécution, Lacenaire déclare : « J’arrive à la mort par une mauvaise route, j’y monte par un escalier… ». Selon une autre version, exécuté un lundi, il aurait déclaré : « Voilà une semaine qui commence mal. » La guillotine, qui pourtant vient de couper la tête d’Avril, s’enraye. Lacenaire tourne la tête et fait face à la lame que l’aide du bourreau Sanson fait tomber. Comme la monarchie de Juillet s’inquiète du courant de sympathie qui monte dans l’opinion autour de cet assassin atypique, la Gazette des tribunaux, journal officiel, écrit, contre toute vérité, que le coupable « n’a pas su affronter l’échafaud sans trembler ».

Une lecture de ses mémoires est indispensable pour comprendre l’enfance, le cheminement et l’évolution des nombreux troubles psychologiques de Lacenaire qui l’ont amené à se détruire par le crime (voir références bibliographiques plus bas).

Selon les mémoires de Monsieur Claude, chef de la Sûreté sous le Second Empire, et greffier lors de l’arrestation de Lacenaire, ce dernier a été arrêté sous le faux nom de Jacob Lévi en 1834 à Beaune, pour escroqueries, par les chefs de la Sûreté de l’époque, Allard et Canler. Comme il se cache aussi sous les noms de Baton, Gaillard et Mahossier, les policiers ne savent pas tout de suite qu’ils détiennent Lacenaire. Il fut démasqué, à cause de son écriture, comme étant le meurtrier de Chardon et sa mère, au passage du Cheval-Rouge, à Paris. Il aurait tué de nombreuses personnes avant de connaître l’échafaud pour ce double crime. Il assassinait ses victimes au tire-point (outil de cordonnier) et frappait toujours dans le dos, ayant remarqué qu’une personne est bien moins combative quand elle est blessée au dos que sur le devant du corps. »

----- voilà c’est fait, wiki l’a enterré et le net sur toute la planète ne souffle mot des dernières pensées du petit romantique ; pourtant, qui peut dire que ce petit texte écrit en sachant qu’il serait coupé en deux dans quatre jours n’est pas une merveille effrayante qui prouve qu’on peut être bon et criminel car à l’heure d’en finir, il faut autre chose que l’esprit d’un petit romantique pour écrire de sang froid comme on commet un crime sans trembler, un petit bijou qui prouve que derrière l’homme qui tue , il y a aussi un enfant qui pleure…

 

«  Jeune imprudent à peine à ton aurore,
Tu veux déjà connaître la douleur.
Le rossignol qui ne fait que d’éclore
Doit-il si tôt songer à l’oisoleur ?

Savoure encor le parfum de la vie
Elle commence : à quoi bon la flétrir ?
Par l’amitié quelle soit embellie,
Laisse le fiel à ceux qui vont mourir.

Dis-moi : pourquoi sur l’humaine faiblesse
Vouloir porter un regard scrutateur ?
Ferme les yeux, ta précoce sagesse
Te vaudra-t-elle un moment de bonheur ?
L’homme est injuste, ingrat, capricieux.
Il est méchant, je le sais, mais écoute.
Qui devant lui peut dire « je vaux mieux » ?

Calme il est temps , la vague inquiétude
Qui porte une ombre à tes moindres désirs
On fait trop tôt cette funeste étude
Où sont fixés tes imprudents désirs

Fuis les soupçons, dans l’homme vois un frère
Sois bon, mais fort, juste, mais généreux
Et reste enfant dans les bras de ta mère
Voilà, crois-moi, le secret d’être heureux

Lacenaire ( conciergerie 5 janvier 1836 )


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6 réactions à cet article    


  • Deneb Deneb 18 août 2010 10:10

    Bof, le poeme ... Une recette du bonheur digne de celle de la choucroute. Même au niveau technique - la redondance à la place de la rime, il ne s’est pas foulé le cerveau.



      • vlane vlane 13 juillet 2012 00:25

        je l’avais écrit en 2010
        je le redis aujourd’hui
        aucun des liens ici proposés
        ne contient le poème en question

        aucun !

        que chacun vérifie


      • Taverne Taverne 18 août 2010 11:37

        Par solidarité avec ce poète et même avec l’assassin (j’ai moi-même assassiné Mozart...), la cigale Voris lui dédie sa mini symphonie

         



        • Mmarvinbear Mmarvinbear 19 août 2010 02:14

          Bof... Ca vaut pas Villon...


          • pierre60 pierre60 19 août 2010 09:36

            A choisir, je préfère ce poème la : il est toujours d’actualité.

            Pétition d’un voleur à un roi voisin

            Sire, de grâce, écoutez-moi :
            Sire, je reviens des galères...
            Je suis voleur, vous êtes roi,
            Agissons ensemble en bons frères.
            Les gens de bien me font horreur,
            J’ai le coeur dur et l’âme vile,
            Je suis sans pitié, sans honneur :
            Ah ! faites-moi sergent de ville.

            Bon ! je me vois déjà sergent :
            Mais, sire, c’est bien peu, je pense.
            L’appétit me vient en mangeant :
            Allons, sire, un peu d’indulgence.
            Je suis hargneux comme un roquet,
            D’un vieux singe j’ai la malice ;
            En France, je vaudrais Gisquet :
            Faites-moi préfet de police.

            Grands dieux ! que je suis bon préfet !
            Toute prison est trop petite.
            Ce métier pourtant n’est pas fait,
            Je le sens bien, pour mon mérite.
            Je sais dévorer un budget,
            Je sais embrouiller un registre ;
            Je signerai : « Votre sujet »,
            Ah ! sire, faites-moi ministre.

            Sire, que Votre Majesté
            Ne se mette pas en colère !
            Je compte sur votre bonté ;
            Car ma demande est téméraire.
            Je suis hypocrite et vilain,
            Ma douceur n’est qu’une grimace ;
            J’ai fait... se pendre mon cousin :
            Sire, cédez-moi votre place.

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