Mardi 7 mai 2013 :
Primes de cabinet : la note qui embarrasse Claude Guéant.
L’ex-ministre aurait supprimé les primes occultes en liquide lorsqu’il
dirigeait la police en 1998. Des versements dont il affirme pourtant avoir
bénéficié jusqu’en 2006.
La défense de Claude Guéant continue de se déliter. L’ex-ministre de
l’Intérieur avait interdit, lorsqu’il était le patron de la police en 1998, de
puiser dans les frais de police pour verser des primes, ce dont il affirme
avoir pourtant bénéficié jusqu’en 2006, selon une note publiée par le
« Canard enchaîné » à paraître mercredi 8 mai.
L’ex-locataire de la Place Beauvau assure avoir touché des primes
versées en liquide, évoquant des « frais de police », officiellement
dénommés « frais d’enquête et de surveillance » pour justifier la
découverte de factures réglées en espèces pour un montant, selon lui, de 20.000
à 25.000 euros lors d’une perquisition le visant en février. Selon Claude
Guéant, ces primes lui ont été versées jusqu’en 2006.
Les enquêteurs ont également découvert la somme de 500.000 euros sur
l’un de ses comptes lors de cette perquisition, qu’il a justifiée par la vente
de deux tableaux.
Mais, selon « Le Canard enchaîné », Claude Guéant, lorsqu’il
était directeur général de la police nationale (DGPN), avait signé le 3 février
1998, une note adressée aux différents chefs de la police détaillant les
« modalités d’application » de ces frais d’enquête et de surveillance.
Cette note explique que ces crédits "peuvent être utilisés pour le
recueil de renseignements, la rémunération d’informateurs, l’acquisition de
matériels ou la mise à disposition de moyens d’investigation", mais ne
doivent « en aucun cas » être "considérés comme permettant
d’alimenter un régime indemnitaire". En clair, Claude Guéant interdisait
que ce fonds serve à financer des primes occultes en liquide, non déclarées.
"Le Canard dit ce qu’il veut. Par contre la date [de la note, datée
du 3 février 1998, NDLR] m’intrigue un peu car j’ai quitté mes fonctions de
directeur général [de la police nationale] au lendemain de l’assassinat de
Claude Erignac", a réagi Claude Guéant.
Le préfet Claude Erignac avait été tué le 6 février 1998, soit trois
jours après la date figurant sur la note publiée par "Le Canard
enchaîné".
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a diligenté jeudi une enquête
administrative sur ces primes, confiée à l’inspection générale de
l’administration et à l’inspection générale de la police nationale.
Plusieurs syndicats ont réagi après les déclarations de Claude Guéant,
l’un d’eux, FO-Centrale des personnels du ministère de l’Intérieur, lui
demandant de « rendre l’argent », la CGT-Police évoquant elle un
« détournement de fonds publics ».
http://tempsreel.nouvelobs.com/justice/20130506.OBS8350/primes-de-cabinet-la-note-qui-embarrasse-claude-gueant.html