Quand la carotte à l’aigre-doux nous emmène au déclin de la civilisation
Il y a pire que le bruit de bottes, c'est la silence des pantoufles.
En mettant de l'ordre sur un rayonnage j'ai retrouvé un livre de recettes de cuisine chinoise. Justement je me demandais à ce moment-là ce que je pourrais bien cuisiner que mon fils apprécierait.
Parmi les recettes de ce livre j'en ai trouvé une pour laquelle j'avais tous les ingrédients nécessaires : les carottes à l'aigre-doux.
Sitôt dit sitôt fait.
C'était plutôt bon d'ailleurs. Mon fils a aimé. Moi aussi.
Comment en suis-je venu à philosopher sur notre civilisation et son évolution à partir d'un plat de carottes ?
C'est qu'en préface de son livre de recettes l'auteur avait eu la bonne idée de citer quelques bons usages à table en pratique en Chine.
Je me suis donc complu à lire et même relire le passage qui disait : « les plats sont nombreux. Ils sont placés tous ensemble sur la table et chacun se sert à sa convenance. Toutefois, il est recommandé de ne pas se servir plusieurs fois du même plat ; si vous le faisiez les autres convives se priveraient alors de ce plat, voyant que c'est votre préféré ».
Ce souci de l'Autre nous fait chaud au coeur. Voilà qui nous réhabiliterait si la même préoccupation régnait dans notre culture française comme elle semble universelle en Chine.
Or cette merveilleuse aptitude à la vie en société ne se rencontre pas à tout bout de champ en France. Je m'estime privilégié pour avoir bénéficié personnellement d'une attention particulière. Cependant, il y a peu d'exemples similaires dans le quotidien et l'exemple le plus caractéristique qui s'impose à moi est une réminiscence. C'est ce souvenir qui date de l'occupation allemande, où l'hiver et dans la neige, nous portions alternativement sur le dos, mon frère et moi, sur quatre kilomètres de distance et plus de 600 mètres de dénivelée, le sac de farine qui était la ration du mois pour faire le pain de la famille. C'était celui qui ne portait pas qui se proposait pour porter à son tour alors que celui qui portait se refusait à demander à l'autre de le relayer.
Il est vrai que tout est relatif : cette exquise sollicitude était culturelle en Chine à l'époque où, en même temps, les seigneurs de la guerre pratiquaient le pillage, et où les pieds des petites filles étaient bandés….
Cela prouve la relativité des choses, et évoque notre situation actuelle en France où, sans doute nous ne sommes peut-être pas très éloignés de cette situation chinoise antérieure. En effet, il existe assurément une frange de la population qui, dans la mesure toutefois où elle maîtrise encore certains aspects de sa vie privée, pratique l'écoute et la sollicitude. Cependant, nous avons aujourd'hui nos seigneurs de la guerre qui, s'ils ne pillent pas nos récoltes, pervertissent nos esprits et compromettent l'avenir de notre société.
Une idéologie dominante fait en effet le forcing pour « transformer la société et les mentalités » (dixit Madame Marisol TOURAINE). Lire les discours de notre ministre de la santé c'est recevoir une leçon d'égoïsme, d'immoralité, d'irresponsabilité, un encouragement, à peine déguisé, à ignorer le couple et la famille, et surtout les enfants. Il est vrai que l'élevage mercenaire des enfants est une condition première pour bénéficier de la Liberté individuelle (avec un grand L) que cette idéologie dominante préconise.
Madame TOURAINE a évidemment appliqué ses théories éducatives à sa propre famille si l'on en juge par les résultats qu'elle a obtenus et qui sont maintenant de notoriété publique pour avoir été publiés par la presse. Cet exemple, parmi tant d'autres, illustre bien la nocivité de l'idéologie mortifère que Madame Marisol TOURAINE, hélas ministre, s'applique à imposer à tous.
Ce qui me taraude le plus, outre l'immoralité, l'égoïsme, l'égocentrisme, etc., que le Pouvoir dominant a décidé de répandre, c'est la passivité avec laquelle les gens honnêtes se comportent face à ces nuisances.
Cela me rappelle l'adage qui nous dit « qu'il y a pire que le bruit de bottes, c'est le silence des pantoufles ».
La disparition de la faculté à l'empathie, la façon dont, dans notre civilisation, nous nous débarrassons de ceux qui empiètent sur notre espace personnel, c'est-à-dire comment nous refoulons les vieux (ces malentendants), les trisomiques, les autistes, et tous les enfants d'ailleurs qui sont mis massivement en garde mercenaire dès le berceau, et aussi le conjoint quand il est ressenti comme moins fun que telle autre personne, toutes ces nuisances qui nous accablent ne semblent pourtant pas normales et naturelles pour une espèce vivante comme l'espèce humaine, sociable par nature et par nécessité, et grégaire de surcroît.
J'ai lu que le nombre des homicides tend à se réduire. Mais comment et pourquoi l'égoïsme et l'égocentrisme triomphent-ils ? Pourquoi la faculté à l'empathie semble t-elle avoir disparu ? Pourquoi « prendre » efface « donner » dans le couple ? Pourquoi la lutte de pouvoir ? Pourquoi le lieu de garage pour les plus faibles, les plus dépendants ? Pourquoi la solitude parmi la foule ? Et tout cela quand nous sommes toujours dans une époque d'abondance matérielle et de progrès technique.
Autrement dit, pourquoi et comment naît et se maintient une idéologie aussi manifestement anti-sociale que celle dont Madame TOURAINE est actuellement la cheffe de file ?
Peut-être est-ce à cause de l'adage : « Malheur au vaincu » qui servirait d'épouvantail ?
L'éducation préconisée par l'idéologie dominante telle qu'elle est imposée aux jeunes générations aurait-elle pour seul résultat, sinon pour objet, d'apprendre aux jeunes à être le vainqueur de l'Autre, y compris de son conjoint et de ses enfants, pour ne pas être vaincu ?
Ou bien serions-nous rendus déjà au sauve qui peut général ?
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