Quand la CGT Educ’action banalise les idées d’extrême droite
Cet article revient sur l’exclusion d’un élu de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme, confirmée par l’instance nationale (UNSEN-CGT) en appel. Il montre que lorsqu’un syndicaliste racisé dénonce en interne les abus et discriminations vilipendés par ailleurs, il se fait méthodiquement broyer par ses « camarades ». La Confédération, saisie en ultime recours, cautionnera-t-elle ces pratiques ?
Cet article revient sur l’exclusion d’un élu de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme, confirmée par l’instance nationale (UNSEN-CGT) en appel. Il montre que lorsqu’un syndicaliste racisé dénonce en interne les abus et discriminations vilipendés par ailleurs, il se fait méthodiquement broyer par ses « camarades ». La Confédération, saisie en ultime recours, cautionnera-t-elle ces pratiques ?
Résumé de l'article
À l’issue d’une audience d’appel tenue le 21 juin, l’Union Nationale des Syndicats CGT de l’Éducation Nationale (UNSEN) a confirmé l’exclusion de Salah L., syndicaliste qui avait lancé une pétition critiquant les positions de la Confédération sur la Palestine suite au 7 octobre. Bien que cette lettre ouverte ait constitué, de l’aveu explicite du Bureau de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme, le « point saillant » et le grief « le plus grave » justifiant son éviction, cette décision a pris prétexte d’enregistrements clandestins produits par Salah pour dénoncer les pressions et discriminations qu’il subissait au sein du Bureau de la CGT Éduc’ 63, où il n’était qu’un élu de papier. Pourtant, de tels enregistrements « illicites », reconnus comme moyens légitimes de preuve pour les salariés victimes d'abus, sont explicitement prônés par la CGT pour lutter contre le harcèlement moral et validés par la Cour de cassation.
Salah avait, pendant des mois, tenté en vain d’alerter les instances internes avant de se résoudre à divulguer ces éléments. Le refus obstiné d’enquêter sur les véritables raisons de son éviction, ainsi que sur les pressions indignes qu’il a subies de la part de ses « camarades » pour le forcer à démissionner – menaces d’agression physique à 9 contre 1, calomnie collective l’assimilant à un intégriste religieux, menace de délation calomnieuse –, qui l’ont déstabilisé jusque sur son lieu de travail (voir De « terroriste » à « mécréant » : à la CGT, l’intimidation et la calomnie comme méthodes), est accablant pour les élus de la CGT Éduc’ 63 et de l’UNSEN. En rejetant ces preuves en bloc et en refusant tout examen des faits, l’UNSEN-CGT cautionne non seulement le déni de démocratie syndicale, mais également les violences morales et les discours stigmatisants qui assimilent les arabo-musulmans à des extrémistes, perpétuant ainsi l’amalgame crapuleux entre soutien à la cause palestinienne et apologie du terrorisme. En banalisant de telles pratiques, la CGT s’éloigne dangereusement des principes et valeurs qu'elle revendique, s'exposant à l'accusation de les instrumentaliser à des fins éminemment intéressées.
Selon les Statuts de la CGT, « La CGT est ouverte à tous les salariés […] quels que soient leur statut social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses. Elle agit […] contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie et toutes les exclusions ». Lorsqu’un salarié et élu syndical « minoritaire » et issu des minorités est sali et piétiné pour être réduit au silence au sein de sa propre organisation, et qu’il est mis en danger personnellement et professionnellement pour le reste de sa carrière par ceux-là mêmes dont le rôle supposé est de le défendre, l’avocat de la CGT Educ’action 63 lui ayant envoyé une mise en demeure le menaçant d’une peine « d’un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende » simplement parce qu’il a revendiqué l’égalité des droits et dénoncé des abus ; lorsque le devoir de « protéger le syndicat » est exigé des victimes de l’appareil même au détriment de leur propre sécurité ; lorsque la « protection du collectif » prime sur la protection des salariés, raison d'être de la CGT, on peut légitimement se demander s’il existe encore une différence entre l’un des premiers syndicats de France et l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), discréditée pour sa défense des « copains » plutôt que celle du droit. Il est temps que la CGT, s’inspirant de l’Assemblée nationale ou même de Mediapart, dépasse les slogans teintés de mauvaise conscience sur « l’antiracisme dans notre ADN », postulat de principe qui écarterait toute perspective d’enquête interne sur ces questions, et se dote d’une cellule de veille contre les discriminations, non pas dans une simple perspective de communication, mais en la dotant de moyens et de prérogatives réels, d’autant plus nécessaire que des sondages récents suggèrent que pas moins d’un quart des électeurs s’identifiant à la CGT votent pour l’extrême droite.
Si vous souhaitez apporter un témoignage sur des discriminations au sein de la CGT ou vous mobiliser contre celles-ci, en particulier à Clermont-Ferrand et en région parisienne, contactez-moi par courriel : [email protected]
***
Par Alain Marshal, pseudonyme de Salah L.
« Un tournant autoritaire inquiétant
Cela fait plusieurs semaines que le gouvernement durcit le ton envers toutes celles et ceux qui se montreraient critiques envers sa politique ou ses prises de position. Les mobilisations en soutien au peuple palestinien de ces derniers jours ont été rapidement réprimées comme l’ont été celles de la jeunesse estudiantine du mois dernier.
Les militant∙es syndicalistes ne sont pas épargné∙es par cette séquence répressive. Pour preuve des plaintes à l’encontre de dirigeant∙es de la CGT, avec, parfois, des condamnations à la clé. Quoiqu’il en soit, soudée et unie, la CGT ne laissera pas escamoter la liberté syndicale acquise par la lutte. »
C’est en ces mots qu’Isabelle VUILLET, co-secrétaire de l’UNSEN, commençait l’Edito de Perspectives Education Formation (PEF, le mensuel de la CGT Educ’action) de juin 2024.
Quelques mois plus tard, fin novembre, le Conseil National de la CGT Educ’action tenu à Dourdan se concluait par un appel qui commençait par ce paragraphe :
« La CGT Éduc’action exprime son inquiétude et sa colère quant à la situation internationale et aux répercussions sur les populations. Elle est inquiète de la multiplication des victoires électorales de candidat·es d’extrême droite et fascistes, porteur·euses d’une politique nationaliste et racistes. Nous dénonçons ces politiques qui sont toujours préjudiciables aux travailleur·euses et aux plus précaires. Les étrangères et les étrangers sont stigmatisé·es, privé·es de droit, ciblé·es par des politiques discriminatoires et xénophobes. »
S’il serait difficile de ne pas signer ces constats des deux mains, les pouvoirs en place ayant usé et abusé des accusations d’ « apologie du terrorisme » pour intimider et réprimer les défenseurs de la cause palestinienne, et le discours d’extrême droite ayant vampirisé tous les partis politiques et toutes les sphères de la société, ils présentent un niveau d’hypocrisie certain, car la CGT Educ’action – et Isabelle VUILLET personnellement – a été engagée dans l’éviction d’un syndicaliste qui s’est montré critique des positions de la Confédération sur la Palestine, le tout sur fond de discriminations, moi-même en l’occurrence. Voici le récit des faits.
Isabelle VUILLET et Michael MARCILLOUX, co-secrétaires de l’UNSEN-CGT
J’ai adhéré à la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme en mai 2023, et mon engagement syndical et ma combativité ont amené Frédéric C., secrétaire académique, et Sophie B., co-secrétaire, à m’inviter à présenter ma candidature à la Commission Exécutive (CE) et au Bureau au Congrès de la CGT Educ’ 63 qui s’est tenu les 9 et 10 juin 2023. Mais rapidement, l’expression en interne de mes vues « minoritaires » sur les écoles confessionnelles (je défends leur droit à l’existence), la guerre en Ukraine (je dénonce l’alignement du discours de la CGT sur celui de l’OTAN), la Fédération Syndicale Mondiale (je prône le retour de la CGT en son sein) ou les questions sociétales (IVG, LGBT, que j’estime hors champ syndical) ont amené l’équipe à me mettre au placard. Toutes mes tentatives d’implication dans les activités du Bureau, même les plus triviales, ont été méthodiquement obstruées. Et lorsque, suite au 7 octobre, j’ai critiqué la porosité à la propagande génocidaire israélienne des positions de la Confédération sur la Palestine, et que j’ai annoncé, le 4 novembre, ma volonté d’écrire une lettre interne pour les dénoncer, ma mise à l'écart ne suffisait plus : mon éviction pure et simple a été décidée, comme on me l’a annoncé dans une réunion ad hoc du 10 novembre que j’ai eu la présence d’esprit d’enregistrer.
Cet enregistrement de deux heures, que j’ai intégralement retranscrit et marqué d’un code de couleur explicite pour en faciliter la lecture, démontre, entre autres :
- ma placardisation enfin assumée au sein du Bureau, au prétexte d’un « conflit de valeurs », la définition même du délit d’opinion ou de la discrimination pour motifs politiques : « l’esprit de débat » et le « respect du pluralisme » affirmés dans nos Statuts [1] étaient bafoués, sans parler du fait que la CGT Educ’action se privait d’un défenseur syndical qui avait fait ses preuves, préférant passer outre le résultat des élections et déclencher un conflit interne qu’accepter un « hérétique » sur un pied d’égalité dans l’attente du prochain Congrès ;
- le caractère central de mes positions sur la Palestine, et de ma volonté d’écrire un courrier interne à la Confédération, dans la volonté de m’évincer : ce grief a été présenté comme le « point saillant » par le Secrétaire académique de la CGT Educ’action, Frédéric C., et comme « le plus grave » par son Trésorier et ex-co-secrétaire David A. (à ce sujet, voir tous les passages surlignés en vert dans la retranscription) ;
- la mauvaise foi et le manque de scrupules de mes « camarades », qui, après avoir déchaîné leur violence verbale contre moi pour m’écœurer et m’amener à démissionner sous la pression, sont allés jusqu’à me menacer d’agression physique et de répercussions plus graves encore si je refusais de prendre la porte : tous les chefs d’accusation avancés par la suite pour justifier mon exclusion n’avaient aucune réalité à cette date du 10 novembre, et ont été fabriqués de toutes pièces pour justifier rétroactivement une décision qui avait déjà été prise ;
- le fait que la calomnie collective dont j’ai été victime le 17 novembre, à savoir que j’aurais traité de « mécréant » un camarade et collègue de travail durant cette réunion du 10/11, n’est qu’un mensonge éhonté, puisque je n’ai jamais prononcé ce mot : si la menace de plainte en justice pour injure (on parle donc de délation calomnieuse) avait été mise à exécution, le Bureau et la Commission Exécutive de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme ayant catégoriquement refusé de faire la lumière sur ce point, seul cet enregistrement aurait pu me disculper [2].
J’ai saisi l’UNSEN pour dénoncer ces faits inconcevables par courriel le 2 décembre (voir ce courriel ainsi que la totalité des messages que j’ai adressés à cette instance), mais cet appel au secours face à un véritable « harcèlement moral » sur fond de discriminations a été complètement ignoré. Je concluais en effet ma saisine de l’UNSEN en ces termes :
« au moment où l’extrême droite retrouve son apogée et lance ouvertement des ratonnades contre les arabo-musulmans pour les pousser à la ‘remigration’, il est particulièrement triste de dire que ce sont mes propres camarades qui, consciemment ou non, œuvrent le plus efficacement à me convaincre de considérer sérieusement l’hypothèse. »
Mais il n’y avait manifestement là rien qui soit de nature à émouvoir l’UNSEN, qui a simplement accusé réception de mon courriel le 17 janvier, et a ignoré ma saisine au prétexte que je n’avais pas encore été exclu. Cependant, lorsque, après la mascarade de procédure de conciliation interne à la CGT Educ’action 63, mon exclusion a été proposée par notre Commission Exécutive le 13 février, avec convocation d’un Conseil Syndical Départemental pour le 12 avril afin de voter cette sanction, l’UNSEN s’est empressée d’accéder à l’invitation du Bureau de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme, soucieux d’une caution nationale pour sa procédure, et Isabelle VUILLET est venue en personne assister au Conseil Syndical Départemental (CSD) qui a voté mon exclusion. Cerise sur le gâteau, durant la séance, elle a ouvertement manifesté son mépris à mon égard, refusant ne serait-ce que d’ouvrir la bouche pour répondre à ma question sur le sens de sa présence, que j’avais auparavant formulée dans un email lui aussi resté lettre morte (voir page 28 de ce document).
Enfin, aux côtés de Michaël MARCILLOUX, Isabelle VUILLET a co-présidé l’audience d’appel auprès de l’UNSEN le 21 juin, tenue de 9h30 à 13h au siège de la CGT à Montreuil, durant laquelle tout a été organisé pour empêcher que les questions gênantes soient posées aux membres du Bureau de la CGT Educ’action 63. En effet, tout débat contradictoire a été interdit au profit d’une succession de monologues : à l’instar de l'accusé dans Le Procès de Kafka, je pouvais poser toutes les questions durant mon temps de parole, mais en face, nul n’était tenu d’y répondre, ce qu’avait déjà dénoncé mon défenseur Bruno DRWESKI pour le CSD du 12 avril, qui s'est tenu selon les mêmes modalités, bien moins équitables qu’un Conseil de discipline au Rectorat (voir Plaidoirie en défense d'un syndicaliste pro-palestinien menacé d'exclusion). Une telle procédure empêchait de faire la lumière sur les abus dont j’ai été victime, et face auxquels je n’ai fait que me défendre par des méthodes prônées en tant que syndicalistes. Et ce alors même que par leurs manœuvres déloyales, mes « camarades » ont délibérément (et durablement) fait peser sur moi des risques considérables, de la révocation pure et simple pour radicalisation à l’inculpation pour « apologie du terrorisme ».
Il a donc été impossible d’obtenir une réponse concernant mon engagement syndical et ma mise à l’écart discriminatoire au sein du Bureau, malgré de multiples preuves établissant le caractère éminemment politique du procès qui m’était intenté, et le rôle central de mes positions sur la Palestine. Encore une fois, au 10 novembre 2023, date de la réunion où j’ai été poussé à la démission, aucun des motifs avancés pour justifier mon exclusion n’avait de réalité. Ces prétextes formulés ultérieurement se basaient sur des faits postérieurs à la date du 10 novembre pour les 3 premiers d’entre eux (1/ « diffamation de l’ensemble des membres du Bureau », c’est-à-dire m’être plaint, dans ma saisine de notre CE le 11 novembre, d’être victime de discriminations et mis à l’écart ; 2/ « menace de rendre publics des propos diffamatoires », c’est-à-dire d’avoir annoncé, lors de la CE du 13 février qui a entériné la procédure d’exclusion, que je dénoncerais cette situation d’injustice ; 3/ « demande stigmatisante sur l’origine d’un membre du Bureau », c’est-à-dire d’avoir souligné, le 13 décembre, que j’étais à ma connaissance le seul Arabe de l’équipe lorsqu’on m’a fait valoir qu'il y avait une autre élue musulmane). Et quant aux trois motifs suivants, jugés décisifs par l’UNSEN, ils sont postérieurs au déclenchement de la procédure d’exclusion elle-même, n’ayant été ajoutés à la liste des griefs que le 26 mars 2024, plus d’un mois et demi après le vote en CE de la convocation d’un CSD visant à m’exclure définitivement du syndicat. Ces 3 motifs sont :
- 4/ « utilisation à des fins personnelles du fichier ‘Adhérents’ du syndicat »
- 5/ enregistrement illicite d’une réunion de Bureau ;
- 6/ diffusion de cet enregistrement, notamment sur YouTube
Ils reposent exclusivement sur un email que j’ai adressé le 7 mars à l’ensemble des syndiqués qui devaient se prononcer sur mon exclusion (Comment la CGT Educ' 63 évince, salit et met en danger un élu indésirable), dans lequel je révélais pour la première fois l’existence de l’enregistrement de la réunion du 10 novembre. Cette chronologie incohérente prouve que le Bureau cherchait simplement les prétextes les plus à même de m’écarter, faisant flèche de tout bois. L’enregistrement du 10 novembre démontre d’ailleurs que la décision de m’exclure était déjà prise bien avant cette date, et ne repose que sur des motifs irrecevables (mes convictions et mon engagement en défense de celles-ci, ce qui relève du délit d’opinion), d’où la nécessité de fabriquer des prétextes plus « acceptables », voire de me pousser à la faute. J’ai clairement accusé le « collègue » qui m’a menacé d’agression physique d’avoir voulu déclencher une bagarre : si je m’étais levé de ma chaise face à ses vociférations et gestes très menaçants, et qu’on en était venus aux mains, 8 témoins auraient affirmé que j’aurais été l’agresseur. Heureusement, je les avait vus venir de loin et ne suis pas tombé dans le piège.
Une autre preuve que le Bureau ne cherchait que des prétextes pour m’exclure, c’est qu’il a constamment changé d’angle d’attaque (voir le détail en section 5 de mon Mémoire en défense) : ainsi, le 6 décembre, dans sa réponse à ma saisine du 11 novembre, le point central qui justifiait mon exclusion annoncée était ma non-participation à un vote sur une motion concernant les thématiques IVG/LGBT :
« Et nous, élu.es de la CE et du Bureau, sommes en droit de nous inquiéter du reniement de nos valeurs fondamentales par un membre des instances dirigeantes et avons le devoir de les porter à la connaissance de nos camarades. Ainsi, nous avons deux autres sujets d’inquiétude dont nous voulons faire part […] Le second concerne le vote de Salah (Ne Prends Pas Part au Vote), à la réunion de la CE du 17 novembre, sur la motion contre les violences faites aux femmes, la revendication de la constitutionnalisation du droit à l’avortement, et la lutte contre la LGBT-phobie. Puis de son refus d’expliquer ce choix, lorsqu’un camarade, qui n’est pas membre du Bureau, le lui a demandé. Ne pas prendre part au vote, comme l’a fait lui-même remarquer Salah au début de la réunion, c’est pour signifier que l’on ne considère pas l’objet d’un vote comme légitime. Nous posons donc la question : qu’est ce qui n’est pas légitime dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la lutte pour le droit à l’avortement et la lutte contre la LGBTphobie ? Nous poserons ces questions dans une prochaine réunion de CE et les mettrons en débat. Nous aviserons de la suite en fonction du retour qui nous en sera fait. »
Cette démarche teintée d’homonationalisme et de fémonationalisme est d’autant plus grotesque qu’elle est dictatoriale : à quoi bon soumettre des motions au vote, quelle qu’en soit la teneur du reste, si le seul fait de ne pas y prendre part expose au couperet ? Par la suite, ce point a été écarté des griefs officiellement retenus, car le Bureau a dû se rendre compte que cela relevait également du délit d’opinion, mais il n’en figure pas moins dans le réquisitoire lu par le Bureau lors du CSD du 12 avril, de même que mes positions hérétiques sur les écoles confessionnelles et la Palestine.
J’ai essayé de faire valoir tous ces éléments durant l’audience du 21 juin à Montreuil (voir le texte intégral de ma plaidoirie), mais en vain.
Voici le Rapport de la Commission spéciale composée élue par les membres de la Commission exécutive de l’UNSEN, et composée des 14 membres de son Bureau ainsi que de son rapporteur, Armel BRIEND, qui en a fait lecture après que les deux parties ont présenté leur argumentaire :
« A la lecture des pièces, la Commission constate que Salah L. ne contredit pas les 6 motifs qui ont conduit à son exclusion du SDEN 63. Ce sont des motifs étayés par le dossier établi par le SDEN 63 auquel la Commission a pu avoir accès.
La Commission a estimé trois points particulièrement graves sur ces six :
- L’utilisation à des fins personnelles du fichier ‘Adhérents’ du syndicat
- L’enregistrement illicite d’une réunion
- La diffusion de cet enregistrement
La défense de Salah L., qui a été rendue publique par Salah L. lui-même, repose uniquement sur une contextualisation politique et relationnelle de la situation.
Par ailleurs, la Commission constate que le SDEN 63 a respecté ses Statuts dans le cadre de cette exclusion. »
Dans mon courriel du 7 mars, j’avais en effet adressé à tous les syndiqués la totalité des pièces du dossier, tant les miennes que celles de la partie adverse, en amont du CSD, car le Bureau, qui s’était engagé à les adresser par voie électronique à tous nos membres, s’est ensuite rétracté, m’informant qu’ils seraient uniquement consultables à la Maison du peuple, ce qui signifie que personne n’en aurait connaissance. Ayant moi-même été élu au Bureau, j’avais reçu les coordonnées de nos adhérents par email, et mon éviction par un coup de force digne de Macron (organiser de nouvelles élections en à peine 5 jours, avec une calomnie collective infamante à mon encontre et une menace de démission collective immédiate à la clé si je n’étais pas évincé : un tribunal ferait certainement invalider ces élections, mais l’UNSEN les considère conforme aux Statuts), suivi d’une mascarade de procédure de conciliation qui n’avait que pour but de justifier rétroactivement mon éviction, et qui a refusé de tirer quoi que ce soit au clair, ne me laissait guère d’autre choix [3]. S’agissant d’une affaire où les principes basiques de la démocratie étaient bafoués, où un salarié était broyé par son propre syndicat, et où la réputation de toute la structure risquait d’être entachée par la dénonciation publique de ces éléments, que j’avais annoncée comme mon ultime recours pour faire valoir mes droits, je me devais de tout faire pour empêcher d’en arriver là, afin que la responsabilité d’un éventuel scandale retombe sur tous ceux qui, ayant les moyens d’empêcher une injustice, auront choisi de se taire ou, pire, d’y collaborer.
Armel Briend, co-secrétaire général de la CGT Educ’ 06, rapporteur de la Commission
On sait que des enregistrements, même réalisés à l’insu des personnes concernées, peuvent être recevables en justice, et notamment permettre de démontrer des situations de harcèlement moral au pénal, et de faire annuler des licenciements abusifs aux prud’hommes. La CGT, sur la base d’une jurisprudence de la Cour de Cassation, reconnaît la légitimité des enregistrements clandestins pour dénoncer des situations de harcèlement au travail ou autres (à ce jour, je n’ai publié qu’une partie des enregistrements en ma possession, respectant le caractère proportionné préconisé pour cette démarche, et gardant des pièces de côté pour la justice voire pour un livre dont le titre est déjà trouvé : Un Arabe à la CGT). Et l’UNSEN elle-même recommande, face à des situations de harcèlement, de rechercher la protection dans le collectif : « La réponse au harcèlement est à chercher dans le collectif. Si les travailleur·euses sont à l’écoute les un·es des autres et se soutiennent, le collectif constitue un vrai rempart contre le harcèlement », écrit Elena BLOND, membre du Collectif national Santé et conditions de travail de la CGT Educ’, élue à la Commission Exécutive de l’UNSEN et présente durant l’audience du 21 juin, dans le PEF de Décembre 2023 consacré au harcèlement. Vers qui pouvais-je me tourner après avoir été méthodiquement broyé par le Bureau et la Commission Exécutive de la CGT Educ’ 63, sinon vers mes « camarades » adhérents de base du syndicat qui allaient devoir se prononcer sur mon exclusion ? Il est tout à fait inconséquent de sanctionner un syndiqué pour avoir précisément agi en syndicaliste, sauf à cautionner en interne ce que la CGT est censée combattre dans le monde du travail. L’UNSEN a insisté sur le caractère inacceptable de mon « usage personnel » des emails des membres du syndicat, alors qu’il s’agissait d’un usage éminemment syndical, et ne m’a pas permis de diffuser le moindre extrait des enregistrements incriminés durant l’audience, alors qu’ils faisaient partie des pièces du dossier : manifestement, ils ne sont pas recevables pour cette instance, sinon pour justifier mon exclusion ; quant à tout ce qui y est révélé contre la partie adverse, et qui justifie à plus d’un titre cette précaution, cela semble nul et non avenu.
De plus, malgré mon insistance sur ce point, aucun des membres de l’UNSEN n’a fait le moindre commentaire ou posé la moindre question sur la calomnie collective dont j’ai été victime durant la CE du 17 novembre, et qui a été réitérée le 13 février. Pourtant, cette calomnie infamante justifiait non seulement le bienfondé de l’enregistrement de la réunion du 10 novembre 2023 durant laquelle j’aurais proféré le terme de « mécréant », mais bien sa diffusion (initialement aux seuls membres du syndicat qui devaient se prononcer sur mon exclusion), d’autant plus que ces faits sont vraisemblablement parvenus à mon employeur, mon adresse mail professionnelle ayant été mise en quarantaine le lendemain de mon envoi des pièces du dossier aux adhérents (effectué depuis mon adresse mail personnelle). Il fallait donc que j’établisse qu’il s’agissait d’un mensonge, dans un contexte particulièrement sensible où j’étais mis en danger personnellement et professionnellement par mes « camarades », jusque sur mon lieu de travail : tant le collègue qui m’a calomnié (François-Xavier D.) que celui qui m’a menacé d’agression physique pour me forcer à démissionner (Frédéric C.) étaient mes collègues de travail, ce qui n’est certes pas une coïncidence. Si j’avais démissionné en cédant à l’intimidation et à la coercition, acceptant de voire bafouer tant ma personne que les Statuts et valeurs revendiquées par la CGT, j’aurais été dans une situation humiliante au quotidien, et je me serais fragilisé en donnant crédit aux calomnies proférées à mon encontre. Il est possible qu’un jour, cette calomnie soit réutilisée contre moi : il me sera bien plus aisé de m’en défendre après m’être battu et avoir rendue publique cette affaire sordide, que si je m’étais laissé piétiner par crainte des répercussions, car mon silence serait considéré comme un aveu de culpabilité. Même s’il est élevé, le prix de la lutte est, sur le long terme, bien moindre que celui de la reddition.
Aucun intérêt n’a été manifesté par les membres de l’UNSEN pour ce point, qui bat en brèche le principal mobile des reproches justifiant mon exclusion, à savoir que je n’avais pas la moindre raison de réaliser ces enregistrements. Isabelle VUILLET est allée jusqu’à m’interrompre brusquement lorsque j’essayais d’interpeller la partie adverse sur la réalité du terme de « mécréant » qu’on m’a imputé, pour ne pas me permettre de tirer cette calomnie au clair. Pire encore, deux membres de la CE de l’UNSEN sont allés jusqu’à m’accuser d’avoir, avec cet enregistrement, mené une « campagne préméditée » (sic) pour nuire à la CGT, et provoqué délibérément mes camarades durant cette réunion, si bien que les réactions excessives du Bureau de la CGT Educ’ 63 qui seraient de nature à discréditer le syndicat me seraient imputables. Cette théorie ahurissante — qui n'est pas sans évoquer celle selon laquelle certaines tenues vestimentaires constitueraient une incitation au viol — transforme la revendication de la liberté de conscience et d’expression, de l’égalité des droits et le refus de démissionner en une provocation de ma part, et considère comme une « riposte » légitime les injures, menaces et calomnies à 9 contre 1 visant à broyer un collègue et camarade (« Tu ne tiendras pas », m’avait prédit le Trésorier et ex-co-secrétaire de la CGT Educ’action 63, David A., juste après l’accusation de « mécréant » assortie d’une menace de poursuites judiciaires, comme on l’entend clairement sur le second enregistrement, aveu quasi explicite que le but concerté et prémédité du Bureau, avec la complicité de la CE, était de me faire craquer). De même, le fait que le Bureau de la CGT Educ’ 63 prônait lui-même l’enregistrement « illicite » de réunions avec l’UD CGT du Puy-de-Dôme, contre qui des griefs similaires aux miens ont été formulés (amenant à l’éviction des représentants de la CGT Educ’action 63 de la Commission Exécutive de l’UD CGT 63 aux élections de novembre 2023, ce qui a donné lieu à des soupçons de fraude), n’a pas été jugé digne d’intérêt.
Encore une fois, tous ces éléments sont de nature à provoquer ma suspension voire ma révocation pour radicalisation, et une inculpation pour apologie du terrorisme : les positions sur la Palestine défendues dans la pétition que j’ai initiée sont celles-là mêmes qui ont fait condamner Jean-Paul Delescaut à un an de prison avec sursis. Mais malgré la gravité des faits, ils ont été balayés par l’UNSEN comme une simple « contextualisation politique et relationnelle de la situation ». Quant à tous les procédés indignes utilisés pour m’éliminer, ils seraient conformes aux Statuts de la CGT, contrairement aux méthodes que j’ai utilisées pour me défendre seul contre tous, vilipendées comme « déloyales » et même « particulièrement choquantes » par plusieurs membres de la CE de l’UNSEN. Mon exclusion a été votée par 28 voix pour, 0 contre et 1 abstention.
De manière intéressante, le seul membre de la Commission Exécutive de l’UNSEN qui a posé la question du « Comment en est-on arrivé là », soulignant que le problème de départ et l’importance de la Palestine n’avaient pas été suffisamment élucidés, et exprimant des réserves quant au bienfondé de mon exclusion du syndicat, a été sèchement interrompu par Isabelle VUILLET, au prétexte qu’il était trop long. Ce choix d’une procédure expéditive, sans principe du contradictoire, et refusant de faire la lumière sur les faits antérieurs et les éléments déclencheurs de la crise, s’explique par le refus de reconnaitre qu’il s’agit d’un procès politique, l’importance de la Palestine (catalyseur par excellence du racisme et de l’islamophobie) dans ce processus étant centrale. Cela n’est pas sans évoquer la position de la CGT sur la question palestinienne elle-même, la Confédération semblant considérer que l’histoire a commencé le 7 octobre pour condamner en bloc l’action de la résistance palestinienne. Jean-Pierre Page, ancien membre du Bureau confédéral de la CGT et ancien responsable de son Département international, l’avait souligné en ces termes : « Dans ma lettre ouverte à Sophie Binet qui a été rendue publique, j’ai développé un certain nombre d’arguments sur les causes historiques de cette guerre de libération qui ne sera solutionnée que par l’autodétermination du peuple palestinien. Je l’ai fait également dans l’Appel dont j’ai pris l’initiative, celui de 300 personnalités françaises et internationales pour soutenir ce “peuple palestinien debout, qui ne veut pas vivre à genoux”. Or et pour cause, la CGT fait le choix de ne jamais éclairer, le “Comment on en est arrivé là ?” ». Condamner un syndiqué pour avoir réalisé un enregistrement en refusant de s’interroger sur les raisons qui l’ont amené à prendre cette précaution, alors même que les événements lui ont donné mille fois raison, est tout simplement aberrant, et même déshonorant pour un syndicat qui prétend défendre les droits des salariés, et faire de la lutte contre l’extrême droite et la défense des minorités son cheval de bataille. Il est difficile de ne pas se demander s’il n'y a pas essentiellement de la récupération derrière ces beaux principes proclamés, mais si aisément bafoués.
Sans surprise, deux élus de l’UNSEN m’ont accusé d’avoir un égo surdimensionné, d’être « imbu de ma personne », d’avoir voulu prendre trop de place et de « pouvoir » au sein de la CGT Educ’action, etc., une accusation que j’avais déjà subie au sein de la CGT Educ’action 63, alors que tout ce que je demandais est de pouvoir m’impliquer au sein du Bureau, de quelque manière que ce soit [4]. Cependant, il a été établi qu’en tant qu’élu au Bureau, je n’avais pas même accès à une information aussi élémentaire que le nombre d’heures de décharge à notre disposition : j’ai dû batailler durant des semaines pour avoir une réponse partielle, certains membres du Bureau ayant refusé jusqu’au bout de me dire combien d’heures de décharge ils avaient, même lorsque je leur ai posé la question en pleine Assemblée Générale, ce qui était mon dernier recours. De manière ironique, j’avais posé la question au moment où le manque de transparence allégué de l’UD CGT 63 était dénoncé une énième fois… La CGT aime à demander des comptes à l’administration, mais quant à en rendre soi-même sur des informations aussi basiques, c’est tout autre chose… Des droits fondamentaux, statutairement garantis au moindre des syndiqués, comme le droit à la formation, m’ont été refusés, d’abord sous des prétextes spécieux (oubli, manque de place…), puis de manière explicite lorsque j’ai pu m’inscrire directement à une formation de l’Union Départementale en les contactant (voir la page 7 de ce document). J’étais le seul syndiqué privé du droit d'aller au Congrès de l’Union Départementale CGT, alors même que j'étais élu et qu’il n’y avait censément pas assez de volontaires pour y aller ! Lorsque, au sein de la CGT Educ’action 63, j’ai mis en avant le fait qu’en 6 mois de présence dans les instances de la CGT, la seule chose à laquelle j’avais été initié, c’est la consultation de la boîte mail du Bureau (comme si on avait besoin d’être initié à une chose si simple : j’ai cependant eu droit à deux « sessions » identiques à plusieurs mois d’intervalle, ce qui est franchement grotesque…), à laquelle on m’a coupé l’accès avant même mon éviction, on m’a opposé que j’avais également été « mandaté » pour représenter la CGT Educ’action à deux réunions pour lesquelles personne n’était disponible : durant l’audience de conciliation, son porte-parole, Mérovée D., a souligné ce point comme s’il s’agissait d’un contre-argument massue à mon affirmation de mise à l’écart, comme si être la cinquième roue du carrosse était tout ce à quoi je pouvais aspirer en tant qu’élu au Bureau de la CGT Educ’action. L’aspect caricatural de cette accusation d’ambition démesurée, portée contre un élu « minoritaire » et issu des minorités qui ne réclamait que l’égalité des droits, a dû échapper aux élus de l’UNSEN-CGT, mais il présentait une ressemblance frappante avec un film que je venais de voir, The Intruder de Roger Corman, au menu du programme « Collège au cinéma » et consacré à l’application de la loi sur la déségrégation qui permettait aux Noirs américains d’accéder aux mêmes écoles que les Blancs : lorsque les « basanés » revendiquent l’égalité, on estime souvent qu’ils sont excessivement arrogants et qu’ils doivent être remis à leur place...
Une autre remarque intéressante d’une des élues de l’UNSEN a été de dire que dans ce contexte de préparation aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, il était révoltant de perdre du temps pour une affaire comme la mienne. Trois jours avant mon audience d’appel du 21 juin, la CGT prenait la décision de s’engager dans la bataille électorale pour la première fois de son histoire afin de lutter contre l’extrême droite :
« Le Comité Confédéral National (CCN) de la CGT s’est réuni, ce mardi 18 juin 2024, pour examiner la situation inédite dans laquelle se trouve le pays, suite à la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale et d’organiser des élections législatives les 30 juin et 7 juillet.
L’Extrême droite est en situation d’accéder au pouvoir pour la première fois de l’histoire de notre République – à l’exception de la période du régime de Vichy. Elle pourrait, ainsi, disposer des très larges pouvoirs que confère la Constitution de la 5ème République et s’en servir pour remettre en cause tous les garde-fous démocratiques : les médias, la justice, les organisations syndicales et la société civile et, ainsi, préparer son arrivée à l’Élysée en 2027. Son projet repose toujours sur la « préférence nationale », avec des travailleuses et des travailleurs qui n’auraient plus les mêmes droits, en fonction de leur nationalité voire de leur origine. […]
Notre République et notre démocratie sont en danger. Les droits sociaux et les libertés syndicales sont menacés. […]
Au vu de la gravité de la situation, le CCN considère que la CGT doit prendre ses responsabilités. Le CCN considère que le programme du Nouveau Front populaire est celui qui répond le mieux aux attentes et aspirations des travailleuses et des travailleurs et qui ouvre le plus de possibilités de mobilisations gagnantes. La CGT appelle les salariés, retraités et privés d’emploi à aller voter le plus nombreux et nombreuses possible les 30 juin et 7 juillet pour le programme du Nouveau Front populaire. La CGT mettra tout en œuvre pour faire barrage à l’Extrême droite. »
N’est-ce pas avant tout devant sa porte qu’il faudrait balayer, en luttant contre les idées et pratiques de l’extrême droite en interne ? En s’assurant que les syndiqués racisés jouissent des mêmes droits que les autres, surtout lorsqu’ils sont élus ? Dans un entretien avec Assa Traoré « pour une convergence des luttes syndicale et antiraciste », Sophie Binet (issue de la CGT Educ’action, étant une ancienne CPE) se disait choquée de la défiance des habitants des quartiers vis-à-vis des syndicats :
« La défiance qui existe chez certains acteurs et actrices de ces quartiers vis-à-vis des syndicats me choque. Certain·es semblent penser que l’on défend l’ordre établi. Je suis frappée par la méconnaissance du syndicalisme dans toute la société, mais c’est encore plus marquant dans les quartiers populaires alors que c’est là où on en a le plus besoin. »
Elle reconnaissait que « nous ne sommes pas du tout au niveau sur le sujet du racisme » (parlait-elle de la CGT ou de la société française ?), et qu’ « Il y a un problème d’islamophobie », et elle considérait « légitime d’interdire le voile dans les établissements scolaires pour les élèves », alors que la CGT s’était abstenue lors du vote de la loi de 2004. Peut-être que cette « défiance » des habitants des quartiers vis-à-vis des syndicats repose sur le fait qu’ils y retrouvent, comme cela a été mon cas, les mêmes réflexes discriminatoires qu’ils subissent au quotidien, et qu’ils savent qu’il y a pire que les « fachos de droite », à savoir les « fachos de gauche » ? Dans ma saisine de la CE de la CGT Educ’action 63, je concluais au sujet de la réunion du 10 novembre : « Je pense que tout cela montre que l’intolérance et les préjugés doivent être combattus au sein de la CGT Educ’ au moins autant que le sexisme, d’autant plus que les femmes y sont bien plus représentées que les minorités. Et comme l’ont dit des camarades de ‘Nous aussi’ [Collectif luttant contre les discriminations à Clermont-Ferrand] lors d’une réunion de préparation à la manifestation contre les violences policières et le racisme systémique, il y a des racistes/islamophobes/intolérants qui s’ignorent, et ils sont peut-être encore plus virulents que ceux qui s’assument. » Signalons que ce point lexique sur la « suprématie blanche » ne fait pas seulement apparaitre Marine Le Pen dans sa présentation, mais également Sophie Binet, juste avant… l’inénarrable Fabien Roussel.
https://www.youtube.com/watch?v=wKXDzza1IoA&t=272s
Le racisme décomplexé doit certes être combattu, mais il en va de même pour le racisme latent, voire inconscient, que subissent les racisés au quotidien. On ne peut pas prétendre lutter contre l’islamophobie et le racisme systémiques sans prendre ces questions au sérieux en interne, et sans permettre aux victimes de se défendre elles-mêmes. Comme l’a très bien dit Rima Hassan dans une intervention qui a constitué la conclusion de ma plaidoirie,
« L’antiracisme a besoin de voix et de visages incarnés et non pas de porte-paroles éloignés de ses réalités. Cette époque du porte-parolat est révolue. Nous la voulons derrière nous car tout ce qui est fait sans nous est fait contre nous. C’est pourquoi dans cette quête d’union, nous n’avons pas le droit de négliger, d’invisibiliser ou d’oublier les voix politisées concernées par le racisme et les discriminations. »
La composition de la Commission exécutive nationale de l’UNSEN, avec à vue de nez 0 % d’élus issus de la diversité, semble bien ancrée dans l’ère du porte-parolat… Pour conclure sur les interventions durant l'audience du 21 juin, l’une des membres de la CE, censée avoir étudié le dossier puisqu’elle devait voter la confirmation de mon exclusion, a affirmé qu'elle ne savait même pas si j’étais pro-palestinien ou pro-israélien...
Ainsi, l’UNSEN (en tant qu’instance et au niveau de chacun des membres de la CE présents le 21 juin) est devenue complice de tous les procédés indignes utilisés par la CGT Educ'action 63, en particulier de la calomnie manifeste qui me faisait passer pour un extrémiste religieux en refusant de faire la lumière à son sujet, accusation qui pourra un jour m’être reprochée par mon employeur, avec mon exclusion de la CGT comme élément supplémentaire à charge. Mettre durablement – et délibérément – un salarié à la merci d’une telle calomnie, particulièrement grave pour un enseignant du secondaire et dans un contexte de racisme et d’islamophobie systémiques qui ne va que s’aggraver, foule aux pieds le rôle essentiel d’un syndicat, à savoir la défense des travailleurs. Il est regrettable que comme l’IGPN, l’UNSEN paraisse plus attachée à la défense des « copains » qu’à celle des principes, ce qui ne peut que contribuer à discréditer davantage la CGT, et augmenter la défiance à l’égard des syndicats, souvent considérés comme des auxiliaires du pouvoir et/ou des instances où la « lutte des places » prime sur la « lutte des classes », et qui reproduisent en interne les mêmes mécanismes que ceux qu’ils dénoncent.
Interprétation libre du message de cet élu à la CGT : « Maintenant que tu prétends à une place à la gamelle, tu as compris qu’on défend avant tout les commensaux ? »
J’ai saisi la Confédération contre cette exclusion début juillet, avec une relance à la mi-septembre pour laquelle j’ai reçu un accusé de réception, ce qui était plutôt encourageant au vu du mépris auquel j’avais fait face de la part de l'UNSEN. En attendant la réponse du Bureau confédéral, je continuerai à dénoncer cette affaire publiquement (j’ai tout de même retardé la publication de cet article de 5 mois) et à en révéler les aspects les plus sordides, jusqu’à ma réhabilitation ou mon incarcération (puisque j’ai été menacé par l'avocat de la CGT Educ'action 63 d’une peine « d’un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende »). Il ne s’agit pas d’une situation anecdotique, mais révélatrice de bien des travers de la CGT, récemment dénoncés dans un dossier de Mediapart consacré à la gestion problématique des violences sexistes et sexuelles au sein des syndicats – même si de telles accusations peuvent être fabriquées de toutes pièces pour neutraliser des éléments gênants, comme l’a montré l’affaire Taha Bouhafs. La défaite de Macron et l’élimination de Fabien Roussel dès le premier tour des élections législatives face au Rassemblement National doivent démontrer une bonne fois pour toutes que ce n’est pas en émulant l’extrême droite qu’on la combat, bien au contraire : elle en ressort renforcée et même galvanisée, que cette émulation vienne du PCF (dont l’idéologie est très présente à la CGT en général, et à celle du Puy-de-Dôme en particulier, fief du député André Chassaigne) ou de l’ex-majorité présidentielle, et qu’elle consiste en une reprise de ses thématiques identitaires et sécuritaires, en une participation aux manifestations de ses syndicats policiers factieux ou en une application en interne de ses préjugés et de ses méthodes. Cela doit être d’autant plus préoccupant que pas moins d’un quart des électeurs qui s’identifient à la CGT auraient voté RN ou Reconquête aux élections européennes (25%, autant que pour La France Insoumise).
Au lieu de prétendre défendre la démocratie et le pluralisme en voulant faire annuler la candidature du syndicat des Gilets jaunes à des élections professionnelles, ou de célébrer béatement la diversité en vantant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, qui n’était qu’un sacre personnel pour Macron et ses politiques répressives et régressives (auquel la CGT a honteusement participé), et de se réfugier dans de vains slogans – souvent révélateurs d’une mauvaise conscience – comme « la CGT a l’antiracisme dans l’ADN [5] », la CGT ferait mieux de mettre à profit ses ressources et son omniprésence dans les médias — les représentants de la CGT écument les plateaux TV — pour prendre à bras le corps ces problématiques, en commençant par se doter, à l'instar de l’Assemblée nationale ou même de Mediapart, d’une cellule de lutte contre les discriminations, fût-ce au risque de s’aliéner une partie de ses membres et sympathisants qui se sentiraient « visés » par ce refus des préjugés et pratiques propres au Rassemblement National et à son électorat. Car même si Marie Ch., co-secrétaire de la CGT Educ’action 63, a osé affirmer que le Bureau était « immunisé » contre le racisme et l’islamophobie (après avoir proclamé « On n’en a rien à foutre de tes convictions religieuses, mais tu m’emmerdes avec tes convictions religieuses, mais je m’en fous moi de tes convictions religieuses »), la réalité est toute autre, ces discriminations étant prégnantes au sein de la CGT, comme m’en ont informé bien des camarades racisés d’autres sections qui ont plus d’ancienneté que moi. Dans son ouvrage Au royaume de la CGT, Jean-Bernard Gervais, conseiller en communication de la CGT, dénonçait déjà la prétention selon laquelle l’antiracisme serait « partie intégrante de l’ADN de la CGT », opposant à ces belles déclarations son expérience « au jour le jour, la beauferie ambiante, le rejet des militants migrants à la marge de la Confédération, [qui] me prouvent le contraire. Il suffit de tendre l’horreur pour entendre des horreurs dans les couloirs de la rue de Paris [siège de la CGT à Montreuil] », les railleries racistes sur ses « origines africaines », le « racisme au quotidien » et « l’omerta qui règne dans l’orga’ » à ce sujet. « L’antiracisme politique est vomi par la CGT. Dans les couloirs de la Confédération, la notion même de racisé est vouée aux gémonies », affirme Jean-Bernard Gervais dans son chapitre intitulé « L’antiracisme à la papa », ajoutant même que le concept de « racisme anti-blanc » a pris au sein de la CGT. Philippe Martinez n’est plus Secrétaire Général, mais lorsqu’on se souvient que Sophie Binet elle-même, ancien personnel de l’éducation nationale, avait soutenu l’ignoble traque des collégiennes et lycéennes musulmanes qui porteraient l’abaya (suscitant l’indignation de nombreux militants, dont la section des journalistes de Mediapart, avant de rétropédaler), on se rend compte de l’étendue du chemin qu’il reste à parcourir pour que la lutte contre l’extrême droite, ses idées et ses pratiques ne soit pas qu’un slogan voire une simple récupération électoraliste [6]. On pourrait presque se demander si Marilyne Poulain, cégétiste devenue préfète à l’égalité des chances de l’ignoble Darmanin, fait vraiment figure d’exception…
https://www.youtube.com/watch?v=g4q9sW1QSPo
Voici un des témoignages recueillis par la campagne CGT de lutte contre le racisme évoquée dans le livre Au Royaume de la CGT. Au total, seuls deux syndiqués ont osé briser l’omerta du racisme à l’intérieur du syndicat.
Je signale enfin, pour conclure, que Frédéric C., le « camarade » qui, avec Sophie B., m’a invité à être élu aux instances de la CGT Educ’, m’avait dit que dans un autre syndicat, je n’aurais été que « l’Arabe de service », une réflexion particulièrement ironique au vu du sort qui m’a été réservé pour la seule raison que j’ai voulu m’investir sans compromission avec mon identité et mes convictions. Je reviendrai sur le rôle dévolu aux arabo-musulmans au sein de la CGT Educ'action 63 dans un article spécifique, mais soit dit en passant, je ne pense pas que c’est comme « Arabe de service » que le Bureau de la CGT Educ’action 63 a voulu de moi dans ses instances dirigeantes : il m'a plutôt accueilli comme une caution militante ne rechignant pas à aller au charbon, mes combats passés et présents l’ayant amené à me voir comme un « warrior » ou un « bulldozer », respectivement les mots de la co-secrétaire Sophie B. et du secrétaire académique Frédéric C.
En attendant le verdict de la Confédération sur cette triste affaire, j’invite donc à continuer à faire circuler et signer la pétition pour ma réintégration, qui approche des 15 000 signataires, voire à distribuer ce tract durant les manifestations. J’invite également toute personne qui aurait connaissance, en tant que victime ou témoin, de discriminations au sein de la CGT, et/ou qui souhaiterait se mobiliser contre celles-ci (en particulier à Clermont-Ferrand et en région parisienne), à me contacter par email ([email protected]), comme l’ont déjà fait spontanément plusieurs camarades.
NOTES
[1] « Article 8 • La CGT se fonde sur un fonctionnement démocratique. Les syndiqué·es y sont égaux/égales, libres et responsables. Ils et elles sont assuré·es de pouvoir :
- s’exprimer en toute liberté, être informé·es et se former ;
- participer à l’ensemble des décisions concernant l’orientation syndicale selon les modalités prévues par les présents Statuts ;
- participer à l’exercice des responsabilités syndicales.
Article 9 • Ils et elles ont la responsabilité de se conformer aux principes de la démocratie, de l’indépendance, du respect, du pluralisme d’opinion et de la solidarité tels que définis dans le Préambule des Statuts de la CGT. Ils et elles participent par le versement d’une cotisation au financement de l’activité et de l’action syndicale. » Statuts de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme.
[2] Et seule une enquête interne ou une expertise judiciaire pourront établir que l’enregistrement original n’a pas été altéré, car on pourrait toujours m’accuser d’avoir coupé le passage où j’aurais prononcé le mot de « mécréant ». Lorsque j’ai mis cet enregistrement à disposition des seuls membres du syndicat, je l’ai publié intégralement. Lorsque je l’ai rendu public, j’ai dû couper quelques secondes ici et là pour ne pas permettre d’identifier les personnes qui s’exprimaient, qu’il s’agisse de leur patronyme, de leur lieu de travail, etc., afin de ne pas être accusé de doxxing.
[3] D’une part, les membres de la Commission de conciliation ayant voté mon éviction avant tout examen des faits, ils étaient juge et partie et ne pouvaient plus se dédire ; d’autre part, ayant saisi cette Commission pour faire valoir mes droits d’élu au Bureau, il n’y avait plus rien à « concilier » une fois que j’en avais été évincé ; enfin, la partialité des membres de la Commission est telle qu’ils ont écrit dans leur rapport que j’avais choisi quatre d’entre eux, alors que je n’en ai choisi qu’un, et que tout en niant les faits de discrimination, ils consacraient trois paragraphes de leur bref rapport à pointer l’incohérence de ma présence à la CGT au vu de mes positions sur les écoles confessionnelles, préparant le terrain pour mon exclusion. Ils ont catégoriquement refusé de faire la lumière sur ce qui s’était passé le 10 novembre (menace d’agression physique, accusation de « mécréant ») au prétexte qu’il n’y avait pas de compte rendu de la réunion, alors qu’il aurait suffi de poser la question aux 9 participants durant l’audience de conciliation ou en CE.
[4] Voilà ce que je répondais à ce sujet (voir p. 21-22 de ce document) :
« Sur le caractère agressif et conflictuel que j’aurais vis-à-vis des camarades, je rappelle que tout cela a commencé tout récemment avec une simple demande sur les heures de décharge (à laquelle je te remercie bien, Marie, d’avoir été la seule à apporter des éléments de réponse) qui ne saurait en aucun cas expliquer à elle seule ce qui a suivi. Comme je l’ai dit, on ne « saoule » pas les gens si rapidement. L’impression que j’ai de longue date, et qui n’a fait que se confirmer, c’est que manifestement, certains camarades ne m’ont jamais accepté et ont toujours voulu me maintenir à l'écart, et la seule raison en est mes convictions personnelles.
L’hostilité d’une camarade à mon encontre est quasi officielle (elle est tellement manifeste qu’il serait difficile de ne pas s’en rendre compte). Ainsi, lorsque cette camarade s’en prend à moi tout au long de la CE, simplement parce qu’elle n’est pas d’accord avec mon article sur l’abaya qui n’avait même pas été mentionné (j’ai tout de suite perçu l’hostilité à mon égard, mais je n’en ai compris la cause que lorsqu’elle a dit que les jeunes filles à qui on impose le retrait de l’abaya sont quand même mieux en France qu’en Afghanistan), qu’elle me parle comme à un domestique, j’imagine qu’on considère qu’il n’y a pas d’agressivité, puisqu’elle est unilatérale. Certains camarades m’ont ensuite dit en privé qu’effectivement, son attitude était déplacée, mais ce n’est pas allé plus loin. Lorsque, en toute connaissance de cause, on me chasse d’un repas « adelphique » en raillant mes convictions religieuses, pareil : puisque je pars sans faire de vagues, tout va bien, il n’y a ni agressivité ni conflit (encore une fois, en privé, on me dit que ce qui s’est passé est inacceptable, mais c’est tout). Et j’imagine que si, lorsqu’on s’est précipité pour neutraliser ma candidature comme délégué au Congrès de l’UD par un prétexte spécieux, je n’avais rien dit, tout serait allé pour le mieux. Mais je suis désolé, la patience a des limites. Quand je vois que plus je fais des concessions (la dernière en date a été de me laisser écarter des élections au CA de mon propre établissement), plus on m’en demande, je suis obligé de « m’imposer » et de dire les choses. Il est absolument intolérable que toute l’AG soit invitée à être délégué pour qu’on puisse être nombreux au Congrès de l’UD, mais que je sois le seul à en être évincé d’office parce que je serais « minoritaire » au sein du Bureau : ainsi, je ne serais pas seulement mis à l’écart de l’équipe d’animation, mais bien de la totalité des syndiqués ! Et quand je m’avise de protester, on me dit que je brigue de hautes responsabilités, que je veux tout tout de suite. Avoir les mêmes droits que les autres membres de l’AG, c’est trop demander ? Demander à avoir un rôle quelconque dans l’équipe d’animation, si minime fût-il, et être traité avec les mêmes égards que les autres, c’est une marque d’ambition démesurée ? Je ne crois pas. C’est même franchement délirant de présenter les choses en ces termes (mais je reconnais que sur le plan rhétorique, si on se permet de faire abstraction des faits, c’est un bon angle d’attaque, bien meilleur que « je ne te connais pas »). Je veux bien prendre sur moi et être soucieux de l’image de la CGT et tout, mais pas aux dépens de ma dignité. »
[5] C’est exactement ce que l’Inspection du Travail a répondu à une de ses salariées, Mornia Labssi (syndiquée à la CGT), qui s’était vainement plainte de discriminations professionnelles syndicales, raciales et sexistes : « On ne traite pas la question de la discrimination, raciale notamment, parce que le fait de ne pas la pratiquer est dans notre ADN. Donc on ne peut pas ouvrir le débat, on ne peut pas mener d'enquête. » Mornia a donc porté plainte au pénal. Est-ce que la justice sera également mon seul recours ?
[6] Le manque d’implication et de sérieux de la CGT dans la lutte contre l’extrême droite a été souligné en ces termes par Akila Aissat, militante CGT et PCF, en février 2022, durant une Journée d’étude de l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT sur les combats de la CGT contre l’extrême droite d’hier à aujourd’hui : « Je trouve que les syndicats de gauche et notamment la CGT ne s’investissent pas réellement dans la lutte contre l’extrême droite », dénonçant l’absence du syndicat des manifestations contre le racisme et l’islamophobie, et la « promiscuité » du discours du PCF avec celui de l’extrême droite (avec une conclusion sur les « fours crématoires » qui attendent les Arabes et les musulmans, auxquels le génocide à Gaza, pleinement soutenu par l’Occident, et qui n’est possible que parce que ses victimes sont arabo-musulmanes, donne une réalité aussi atroce que poignante), mais sans que les intervenants réagissent à ces remarques.
***
Si ce n’est déjà fait, je vous invite à signer et à faire largement circuler cette pétition sur change.org, qui appelle à ma réintégration à la CGT, d’où j’ai été exclu le 12 avril 2024 pour avoir initié une pétition dénonçant les positions ambigües de la Confédération suite au 7 octobre et demandant un soutien authentique à la cause palestinienne (que vous pouvez également lire et signer ici). L’UNSEN (Union Nationale des Syndicats de l’Education Nationale de la CGT) a confirmé mon exclusion après une audience d’appel tenue le 21 juin, sur laquelle je reviendrai prochainement. Un pourvoi auprès de la Confédération est en cours. La totalité des pièces du dossier, tant les miennes que celles de la partie adverse, est accessible sur ce lien.
En particulier, voici le message, adressé sur le groupe Whatsapp des membres de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme le 4 novembre 2023, qui a déclenché le processus d’éviction (lire la totalité de l’échange en question sur ce lien) :
« Je viens de lire le dossier Gaza de la revue nationale de la CGT, et je suis vraiment consterné.
L’histoire se souviendra de tous ces ‘amis’ de la Palestine qui rivalisent de zèle pour répandre la propagande de l’armée israélienne sur les massacres du Hamas qui ont tué des centaines de femmes et d’enfants, alors même que les données disponibles le réfutent, et lui servent de couverture dans son génocide bien réel, tout en répandant insidieusement le cliché raciste selon lequel les Palestiniens, comme tous les Arabes, sont juste des assassins et des violeurs. Après les couveuses du Koweït, les armes de destruction massive de Saddam et le viagra de Kaddhafi, il y en a encore pour tomber massivement dans le panneau.
Le 7 octobre n’était pas un massacre mais une opération militaire qui a anéanti l’équivalent d’un bataillon de la Brigade de Gaza voire davantage, comme le montrent les seuls chiffres existants publiés à ce jour (par le journal israélien Haaretz), qui indiquent bien qu’au moins la moitié des tués Israéliens étaient des soldats (dont de nombreuses femmes, qui servent obligatoirement dans l’armée, et moins de 20 enfants).
De courageux Israéliens dénoncent les mensonges de l’armée israélienne qui font un amalgame délibéré entre militaires, colons/miliciens surarmés et civils, et accusent Tsahal d’avoir délibérément sacrifié ses civils en masse plutôt que de les laisser tomber vivants entre les mains du Hamas (doctrine Hannibal, officielle et bien connue). En voici un exemple parmi tant d’autres.
Je compte écrire un courrier à la CGT nationale pour dénoncer leur position honteuse. »
En lisant tous les passages surlignés en vert de la retranscription d’une réunion de Bureau du 10 novembre, où on a essayé de me forcer à démissionner à 9 contre 1, on se rend compte du caractère central de mes positions sur la Palestine dans cette volonté d’exclusion. Pour rappel, Sophie Binet elle-même avait colporté l'accusation de « crimes sexuels » du Hamas, largement réfutée, notamment par cet article de Norman Finkelstein.
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