Quand le Grand Déballage s’invite au Grand Débat en attendant le Grand Ménage et le Nettoyage de Printemps : le feuilleton Benalla-Macron
Nero solus erat, illuc cuncta vergere
‘Néron était seul et c'est vers lui que tout convergeait’
(Tacite, Annales, 1,3)
Peut-on être innocent, lorsqu'on aime un coupable ? (Savinien de Cyrano de Bergerac, La Mort d'Agrippine)
Point de ces pécheurs à demi, qui ont quelque amour pour la vertu ; ils seront tous damnés, ces demi-pécheurs ; mais pour ces francs pécheurs, pécheurs endurcis, pécheurs sans mélange, pleins et achevés, l'enfer ne les tient pas ; ils ont trompé le diable à force de s'y abandonner.
Pascal, Les Provinciales, Quatrième lettre (1656)
M. Macron va se casser les dents sur quatre obstacles : des errements scandaleux (l’Affaire Benalla), une géopolitique européenne hasardeuse (le Traité d'Aix-la-Chapelle), une folie immigrationniste (le Pacte de Marrakech) et enfin le refus d’éliminer les agents du terrorisme (la libération des djihadistes emprisonnés en France et le "rapatriement" de ceux du Proche-Orient), avec comme dénominateur commun les métastases d’un monde islamo-musulman qui empoisonne littéralement la vie de la France en particulier et de l’Europe en général. Nous y reviendrons prochainement.
Pour le moment c’est bien une sordide petite histoire de voyous dont les frasques sont chaque jour dévoilées qui montre qu’en France le Pouvoir est littéralement en train de pourrir par la tête avec une autre version des « Hommes du Président » mise à la sauce d’un petit Watergate élyséen dont le jus putride se répand partout.
Le magazine Mediapart a publié ce jeudi 31 janvier 2019 l'enregistrement audio d'une conversation téléphonique que le site d'informations attribue à Alexandre Benalla et Vincent Crase. L'ex-collaborateur de l'Élysée, tout juste licencié, revendiquait alors le soutien du chef de l'État.
On pose ici une question majeure : que Mediapart puisse révéler une information à partir de sources qui doivent rester secrètes est une chose qui relève de l’essence-même du journalisme. Mais il serait intéressant de savoir qui – dans l’entourage présidentiel ou au sein de l'appareil d'Etat-, a enregistré la conversation téléphonique destinée à servir un jour, comme c’est désormais le cas, de grenade dégoupillée ?
Le feuilleton qui met directement en cause le chef de l'Etat et ses relations douteuses avec une petite frappe dont on se demande sans vouloir chercher la réponse qui il est, comment et pourquoi il est entré dans l'entourage présidentiel, continue.
"Il est comme un fou"
La conversation qui a eu lieu le 26 juillet 2018 est tout simplement édifiante, ainsi que le rapporte dans un billet que je cite ici dans son intégralité le magazine Atlantico, sur la base des informations recueillies par Mediapart. La transcription-diffusion de ces propos de voyous constitue un florilège aussi exceptionnel que scandaleux qui, partout ailleurs, devrait précipiter les principaux intéressés aux oubliettes après un passage par la case trahison-prison à l'issue d’une véritable enquête parlementaires et après administration d’une justice impartiale.
On se prend à rêver que face à la montée d'une exaspération chaque jour croissante certaines institutions, certains hauts fonctionnaires, certains parlementaires dont l'intégrité et la droiture sont réelles puissent parvenir à rétablir l'ordre des choses, mettre un terme à tous ces errements et envoyer cette équipe de malfrats en prison.
"Le patron, hier soir, il m'envoie un message, il me dit : 'Tu vas les bouffer, t'es plus fort qu'eux, c'est pour ça que je t'avais auprès de moi. Je suis avec Isma (Ismaël Emelien, conseiller spécial du président, ndlr), on attend Le Monde, etc.'", explique Alexandre Benalla à son collègue Vincent Crase, lui aussi inculpé dans l'affaire des violences du 1er Mai, en référence au long entretien accordé à l'époque au quotidien dans la foulée. "Donc le patron (Emmanuel Macron, ndlr) nous soutient ?", s'enquiert l'interlocuteur, présenté comme Vincent Crase, ancien responsable de la sécurité de La République en marche.
"Ah ben il fait plus que nous soutenir", confirme Benalla. "Il est comme un fou. […] C'est énorme quand même", lâche-t-il, comme amusé par la situation. Le président de la République ne serait d'ailleurs pas la seule personne à le soutenir. Quand Crase lui demande sur qui il peut s'appuyer, l'ancien garde du corps cite "le président, Madame (Brigitte Macron), Ismaël (Emelien), qui me conseille sur les médias et compagnie". Des affirmations formellement démenties par l'Elysée, sollicité par Mediapart.
Macron, "il est mort de rire"
Mais ce n'est pas tout. Au fil de la discussion, les deux interlocuteurs reviennent plus en détails sur les remous judiciaires, administratifs et médiatiques causés par les révélations de l'affaire. "C'était un film d'histoire quand même, hein ?", fait remarquer Benalla. "Ah ben c'est un cauchemar, oui ! Un film d'horreur", rétorque le gendarme réserviste. "C'est une bonne expérience", se réjouit alors Alexandre Benalla, dans une séquence complètement lunaire. "À 26 ans, si tu veux, y a pas grand monde qui vit… qui provoque deux commissions d'enquête parlementaires, qui bloque le fonctionnement du Parlement…".
"Ça te fait rire ?", réplique Crase. "Lui (Emmanuel Macron), ça le fait marrer ! Lui, il est mort de rire. Nerveusement, mais ça le fait marrer. Ça le choque pas plus que ça", lâche Benalla. "Il dit : 'On est entouré d'une bande de débiles. Si demain, il y a une […] crise, comment ça va se passer, quoi ? C'est Isma (Ismaël Emelien) qui m'a dit ça tout à l'heure. Il m'a dit : 'Écoute, si demain il y a un truc vraiment beaucoup plus grave, qu'est-ce qu'il va se passer ? Ils vont réagir comment tous ces cons ?'", indique Alexandre Benalla. Des révélations qui, si elles s'avèrent, devraient mettre Emmanuel Macron et son entourage dans de beaux draps.
Comment « tous ces cons » vont-ils réagir ? Il semblerait que la réponse lui soit donnée chaque week-end mais que le Sonotone ™ présidentiel soit mal réglé car il ne semble ni entendre ni comprendre la clameur qu'expriment ses compatriotes qu'il réprime avec une sauvagerie inexplicable dont il devra un jour rendre compte.
Puisse l’intéressé se rappeler en effet tant qu’il en est encore temps les propos du Duc de La Rochefoucauld-Liancourt (1747-1827) à Louis XVI (1754-1793), réveillé le soir du 14 juillet, à Versailles : « Mais c’est une révolte ? — Non, Sire, c’est une révolution ! »
M. Macron devrait comprendre que la fréquentation des hommes de mains qui se prennent pour Tony Montana/Scarface ou le fait de jouer les héros de Wall Street finissent mal.
Comme l’écrit Gabriel Robin dans une livraison du magazine L’Incorrect que je cite ci-après : « Il y a fort à parier que le « grand débat » inaugure une deuxième phase dégagiste faisant suite à celle de l’élection présidentielle de 2017. Emmanuel Macron pourrait survivre, reste qu’il est redevenu celui qu’il a toujours été : le représentant d’un nouveau monde qui n’a gardé de l’ancien que les défauts. Les subterfuges ne fonctionneront pas. Pas plus les divagations sur les lubies post-modernes, du véganisme au néo-féminisme en passant par l’écologie punitive, que les appels au loup populiste et les condamnations des « paroles de haine » et de la « démagogie ».
Les français attendent du concret, du palpable, du tangible. Qui peut leur donner ? Qui pourra faire que chacun ait sa part selon son mérite sans que l’unité nationale soit brisée à jamais ? Qui pourra rendre la France aux Français ? En définitive, c’est tout ce qu’attendent nos concitoyens : vivre en paix du fruit de leur labeur dans un pays qui leur ressemble. Un foyer plutôt qu’un hôtel de luxe pour milliardaires voisinant un camp de clandestins. L’enjeu est là. »
Il y a gros à parier en effet que du Grand Débat au Grand Déballage on puisse bientôt envisager le Grand Ménage et un "nettoyage de Printemps".
Sources :
https://www.atlantico.fr/pepite/3564985/tu-vas-les-bouffer-quand-benalla-vantait-soutien-macron
Petite Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1883), Victor Duruy
Gabriel Robin, L’Incorrect, 16 janvier 2019
https://lincorrect.org/le-grand-deballage/
https://www.avoir-alire.com/les-hommes-du-president-la-critique
https://www.vulture.com/2018/04/revisiting-the-controversy-surrounding-scarface.html
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