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Accueil du site > Tribune Libre > Quand le JT de la RTBF promeut un livre de caniveau

Quand le JT de la RTBF promeut un livre de caniveau

A l’heure où les émissions culturelles et autres débats littéraires se font hélas de plus en plus rares au sein du PAF (paysage audio-visuel), quelle stupide mouche a donc piqué les rédacteurs en chef du Journal Télévisé de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) en décidant d’interviewer, sur le plateau de son édition du 13h de ce jeudi 3 juillet 2014, l’un des cinq crétins à avoir écrit ces jours derniers, en « picolant » a-t-il eu le bon goût de préciser (on imagine aisément la beuverie), un livre, publié sur internet, au titre particulièrement édifiant : « Comment pourrir la vie de son patron » ?

LE GOÛT DU DEGOÛT

Car c’est apparemment là une avalanche de « gags », non seulement de la plus basse intelligence (du style insérer des crevettes pourries dans les trous des murs d’un bureau afin de rendre l’atmosphère particulièrement agréable à respirer), mais surtout, de manière bien plus grave, de la plus grande immoralité (du style téléphoner anonymement à son patron en se faisant passer pour un agent de police et lui dire que son enfant a été kidnappé, puis raccrocher aussitôt en laissant ce père de famille dans la plus vive inquiétude, sinon angoisse). Le mauvais goût à de nauséabonds relents, là, de dégoût : à l'égout !

Certes suis-je pour une totale liberté de pensée et de parole, c’est-à-dire d’expression, y compris pour des sujets réputés « sensibles », pour employer un jargon bien à la mode, scabreux ou même tabous, en dehors du conformisme ambiant comme de tout manichéisme étriqué. Loin de moi donc, cette prémisse étant claire et nette, la volonté de verser malencontreusement en une quelconque tentation de censure médiatique. Mais tout de même : une émission aussi importante que le JT national de la première chaîne publique d’un pays (la RTBF en l’occurrence) n’a-t-elle donc rien de mieux à faire, alors même qu’il y a des centaines d’écrivains talentueux et autres artistes géniaux qui mériteraient d’être enfin reconnus à leur juste valeur, que d’inviter à parler pendant près de cinq minutes, sur le plateau même, un abruti donnant d’aussi bon conseils, devant des millions de téléspectateurs probablement médusés, à une flopée d’ignares n’attendant que ce genre d’idées brillantes pour sévir à leur tour sur leur lieu de travail, sinon, plus généralement, au sein d’une société plus que jamais en manque de valeurs culturelles, de repères intellectuels et de sens moral ?

La journaliste qui présentait cette consternante édition du JT, Nathalie Maleux, visiblement mal à l’aise de devoir se prêter d’aussi bonne grâce à ce genre d’exercice, a d’ailleurs posé ouvertement la question, n’écoutant là très légitimement que sa conscience, à son invité : « Quel est l’intérêt de publier ce genre de livre ? », lui a-t-elle courageusement demandé. Soit : on remerciera certes ici ladite journaliste pour la clairvoyance, en la circonstance, de son esprit, tout en fustigeant, par la même occasion, son invité, qui ne savait manifestement pas de quoi il parlait ni pourquoi il était là, pour l’indigence de sa réponse.

TRASH ET AUDIMAT

Mais la véritable et bonne question, d’autant plus urgente à l’heure où toute émission littéraire digne de ce nom a donc pratiquement disparu de nos écrans au profit d’insipides et navrantes téléréalités, se pose, toutefois, bien en amont encore : « Quel est l’intérêt, pour une télévision sérieuse, soucieuse d’élever le débat au niveau culturel, de parler, en en faisant donc inévitablement la promotion, de ce genre de navet ? Et de surcroît, ce livre de caniveau, aussi sociologiquement dangereux, s’il tombe dans les mains de potentiels délinquants, que pénalement répréhensible ?

La RTBF, dont on sait qu’elle se veut volontiers donneuse de leçons de morale à ses ennemis politico-idéologiques, s’est-elle rendue compte, en cette triste et pénible circonstance, qu’elle ne faisait là, elle aussi, que sombrer lamentablement, tout en encourageant indirectement une violence endémique dans nos sociétés souvent déboussolées, dans le plus vulgaire des pièges de notre pseudo-modernité : l’audimat à tout prix et le « buzz » coûte que coûte, quitte pour cela à favoriser le « trash », sinon la plus plate bêtise, contre le véritable débat d’idées, si ce n’est la raison elle-même, vertu sans laquelle il n’est point d’intelligence qui vaille, ni d’humanisme qui compte.

LA CULTURE AU RABAIS

Conclusion ? Cet indigne JT de la RTBF : un pitoyable, et surtout très regrettable, signe des temps ! Pis : la culture au rabais et une insulte au simple mais nécessaire bon sens ! A quand donc, en cet obscurantisme culturel, le retour des Lumières ?

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*


 

*Philosophe, auteur du livre « Critique de la déraison pure – La faillite intellectuelle des ‘nouveaux philosophes’ et de leurs épigones » (François Bourin Editeur), délégué général du Prix Littéraire Paris-Liège (récompensant, chaque année, un essai de langue française en sciences humaines).


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3 réactions à cet article    


  • xmen-classe4 xmen-classe4 4 juillet 2014 13:29

    PAF : programme audio visuel français

    en wallonie ils vont encore raller à juste titre qu’ils n’ont pas à courber l’échine face à de simples utilisateurs de camera.

    le patron est un employé comme un autre, etre propriétaire d’une entreprise et en être le patron en est une autre.
    gagner beaucoup plus que ses employés grâce à cela n’est pas respectable.

    en france les entreprise propose des cdd de 3 mois mais le premier mois est à la charge de l’employé ce qui montre déjà une motivation de la part de l’employé.
    en interim l’employé peut ainsi preter à l’entreprise pendant 4 semaines.


    • Diablo Diablo 5 juillet 2014 02:14

      Parlons-nous de la même RTBF ? Celle qui nous impose un long et pénible bêtisier tous les vendredi à 20 heure en guise de programme pour la soirée ?


      • asterix asterix 5 juillet 2014 08:43

        La RTBF, une télévision publique au service exclusif d’un seul parti
        Tu en as la carte ? On t’engage !
        Tu ne l’as pas ? Dégage !
        Je vais t’en raconter une, Daniel. Elle date d’il y a 40 ans et je ne l’ai jamais oubliée.
        EXAMEN D’ETAT POUR L’ENGAGEMENT DE 6 JOURNALISTES à LA RTB - qui n’avait pas encore de F.
        Epreuve éliminatoire dans la grande salle de la Place Flagey, plus de 1.000 candidats : je passe
        Seconde épreuve plus poussée, on reste à 100 : je passe
        Troisième épreuve un rédactionnel, on reste à 20 : je passe
        Quatrième épreuve, un test de voix. Chaque candidat reçoit une enveloppe anonyme avec un numéro à l’intérieur, avant de lire devant un micro un texte préparé. Les « examinateurs » sont dans une salle à part pour garantir l’impartialité, il y a six nominations à la clé.
        QUESTION D’UN CANDIDAT ( MOI ! ) :
        « M’enfin, on lit le numéro par transparence à travers l’enveloppe. »
        Silence de l’inspecteur de service...
        J’ai été recalé.
        Commentaire d’un des directeurs actuels de la RTBF Liège qui vient il y a quelques semaines de partir en pension : « Asterix, c’est de ta faute. Tu n’avais pas besoin d’être aussi candide. Il y avait quatre places pour le Péesse et deux pour le PSC. Si t’avais fait comme moi, tu n’en serais pas arrivé là ! »
        Ces clowns m’ont fait me déranger quatre fois...
        POUR RIEN ! 

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