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Accueil du site > Tribune Libre > Quand le loup du médicament est dans la bergerie

Quand le loup du médicament est dans la bergerie

Nous l’avons vu avec le Médiator : quand un médicament a un accès direct aux caisses des assurances maladie et complémentaire, on n’arrive plus à s’en défaire. L’Administration n’est pas outillée pour le chasser, ou bien, si elle l’est, elle s’y prend très mal. C’est ce que Michel Pot, secrétaire général de l’AFSSAPS a pu constater, non sans une certaine colère :

« Il y a d’abord le sujet de l’étude qui a été demandée à la fin des années 90 à la firme Servier, qui s’est exécutée en fournissant un protocole début 2000, et qui met neuf ans à être réalisé. Ça, on n’est plus dans la structure ; on n’est pas dans le problème des experts. On est dans le problème de la compétence du service chargé de suivre le déroulement de cette opération. Neuf ans, ce n’est pas possible.  »

Commentaire facile : la preuve que si.

Or, les réticences qui affectent la réalisation des études post-AMM (Autorisation de mise sur le marché) ne sont pas une exclusivité Médiator, ni même Servier. Et ça se comprend parfaitement : elles sont demandées par l’Agence dans des circonstances on ne peut plus déplaisantes… On pourrait même pousser assez facilement la chose jusqu’à dire qu’elles ont pratiquement un caractère injurieux et humiliant : elles font injure au fabricant, en ce qu’elles mettent en doute les qualités (ou appuient sur des défauts) de son produit ; elles l’humilient parce qu’elles l’obligent à faire, lui-même, la démonstration de son éventuelle incurie. Et avec ça, que l’étude menace de lui coûter très cher pour aboutir au possible résultat de ruiner les ventes futures sur lesquelles il comptait beaucoup, compte tenu du caractère parfois démesuré des dépenses d’avant…

S’il faut en croire Christian Lajoux, PDG de la branche française de Sanofi-Aventis et président du LEEM (syndicat patronal de l’industrie du médicament), il n’y a pourtant pas à hésiter :
« Les industriels redisent que, pour les études post-AMM, il y a effectivement des questions de méthodologie et de clarification des objectifs qui se posent de temps en temps, mais il ne doit pas y avoir d’ambiguïté là-dessus : lorsque des études sont demandées, elles doivent être discutées avec la firme et elles doivent être réalisées.  »

C’est aussi beau que des vœux pour la nouvelle année.

On se doute pourtant de ceci que, vraisemblablement, François Autain (le président de la commission d'enquête du Sénat sur le Médiator) ne va pas se laisser abattre pour si peu. Effectivement, Catherine Lassale, directeur des Affaires scientifiques des entreprises du médicament (LEEM) ayant indiqué que quarante de ces études post-AMM avaient été réalisées au prix de difficultés considérables et pour des résultats souvent très décevants puisqu’ils ne permettent pas de conclure (ce qui est tant mieux pour les fabricants, ajoutons-nous), François Autain ne peut retenir un rire nerveux :
« J’ai cru, en lisant le rapport de la HAS [Haute autorité de la santé], que plus de la moitié n’avait pas encore reçu un commencement de réalisation. Si quarante sont terminées, il y en a quand même un très grand nombre qui n’ont pas encore commencé. Donc, ça, c’est quand même très inquiétant, voyez-vous. Surtout que vous avez dit que… Je croyais que la mise en place de ces études post-AMM datait de 2004… Vous m’avez dit que c’était antérieur, donc raison de plus pour déplorer qu’il y ait un si grand nombre d’études post-AMM qui n’aient pas reçu un commencement de réalisation.  »

Pendant ce temps, les médicaments correspondant aux études demandées courent toujours sus à la Sécurité sociale et aux Assurances complémentaires sans négliger parfois d’abîmer assez sérieusement la santé de celles et de ceux qui sont leurs abonné(e)s… Donc, tout va pour le mieux dans le meilleur des attrape-nigauds.

Si toutefois nous voulions jouer les parfaits nigauds, nous pourrions aller jusqu’à croire que les études ante-AMM souffrent des mêmes lenteurs et des mêmes résultats décevants… Il n’y a en effet aucune raison qu’il en aille autrement.

(Extrait de Michel J. Cuny, Une santé aux mains du grand capital ? - L’alerte du Médiator, Éditions Paroles Vives 2011, pages 227-228)


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4 réactions à cet article    


  • mmbbb 12 octobre 2015 13:37

    le Mediatoor a ete utilise dans 80 % des cas comme coupe faim. Les medecins l’ont prescrit puisqu ils repondaient a l’attente des patientes Cluny accuse le grand mechant capital . Ce grand mechant capital , mais il s’agit avant tout des effets dévastateurs du diktat feminin dont ces magazines sont des femmes Une seule ligne une seule silhouette imposee a la une ce ces magazines dont les modeles sont retouchees par Paint schop pro . Les ombrages sont grossiers et frisent la caricature Il est vrai que le bon sens n’est plus de rigueur et que nous voulons tout avoir dans l’immediat et resoudre nos maux par des pilules Cluny pourrait aussi ecrire les effets devasteurs des antidepresseurs dont nous sommes en France de grand consommateur La France le plus beau pays du monde et les francais se bourrent avec ses saloperies Si les filles liberees sont devenues des tetes de linottes qu’elles assument leur connerie Le medicament devrait etre l’exception,les effets secondaires ne sont jamais negligeables c’est l’evidence meme et les medecins honnete le savent c’est enfoncer une porte ouverte. Si je me bourre d’aspirine j’ai le sang qui se liquefie si je me bourre de paracetamol je risque ma vie ect etc


    • foufouille foufouille 12 octobre 2015 16:20

      @mmbbb
      je voulais répondre le même truc mais en beaucoup plus court.



      • Wald 13 octobre 2015 09:23

        Excellent article, d’un auteur excellent, qui montre encore une fois son talent à s’attaquer à des hommes ou des institutions ayant acquis une légitimité bien peu méritée. smiley

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