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Quand les Afghanes prennent la parole

Ci-dessous un article paru le weed-end du 14 et 15 janvier 2012 dans La Croix, tiré du dossier "Les Afghanes retrouvent la parole." signé par le journaliste Olivier Tallès. 

                                       © -Jenny Matthews
L'ONG CARE a mis en place des groupes de discussion pour sensibiliser les femmes à leurs droits.
 
Religion, éducation, famille, mariage... tous les sujets y passent, sans retenue
KABOUL
 
Le vieil homme a dit non. Cette semaine, il n'y aura pas de réunion des femmes sous son toit. Pas tant qu'un étranger, un homme qui plus est, veut assister aux discussions du groupe. C'est contre les usages. Le propriétaire de la maison redoute le qu'en-dira-t-on. Le regard des voisins. La colère de ses fils. Dans ce quartier populaire de Kaboul, les nouvelles circulent vite. Tant pis. Shazuda, une femme du groupe de discussion, bouscule les habitudes et ouvre son salon à la vingtaine de membres rassemblés ce jour-là.
 
Après les salutations d'usage, les discussions s'engagent. Devant l'étranger, tout le monde veut témoigner de son quotidien, de son mariage, de ses difficultés. Pendant des années, ces femmes mariées, âgées de 20 à 50 ans, se sont tues devant les hommes. Aujourd'hui, la parole si longtemps contenue se déverse librement, en flot continu, sans gêne.
 
« Avant, j'étais aveugle, raconte Alia. J'avais la tête dans un seau. Mon mari me battait. Ma belle-mère l'encourageait. Et j'étais incapable de leur dire quoi que ce soit. Depuis quelque temps, Il y a moins de violence à la maison. » Alia met ces changements sur le compte du groupe de discussion hebdomadaire auquel elle participe depuis trois ans. Ces réunions sont pilotées par des assistantes sociales à l'initiative de l'ONG CARE, dans le cadre duprogramme Wafaa qui rassemble 600 groupes de femmes à travers la ville de Kaboul. Chacune y trouve des clés pour mieux se défendre, trouver sa place dans la société, ou encore obtenir des crédits, un commerce, du bétail. On y parle beaucoup de droit, de religion, de Constitution, d'économie.
 
L'ONG se défend de vouloir changer les mentalités. « Nous sensibilisons nos membres au droit islamique, aux préceptes du Coran, à ce que dit et ne dit pas la religion, et sur les interprétations qu'en font les hommes », résume Farzan Rahmani, chargée du projet.
 
Lors de ces discussions, les maris ne sont pas invités. Leur présence empêcherait les langues de se délier et heurterait les traditions de la société afghane. Réticents au départ, ils n'interdisent pourtant pas à leurs épouses de se réunir. Bien au contraire.
 
« On en a parlé entre nous, nos époux sont contents de ces réunions, témoigne Shafira. À la maison, nous partageons nos nouvelles connaissances avec tout le monde. Le dialogue s'instaure. Il y a moins de violence, de crispation de part et d'autre. Nos hommes apprécient le calme. » Toutes l'avouent sans détour : elles ont reçu des coups de leur conjoint à un moment ou à un autre. « Longtemps, je n'avais pas de mots ou d'arguments pour me défendre », raconte Parwan qui a longuement discuté du contenu de la loi islamique avec son époux.
 
À les entendre, beaucoup de choses inconcevables hier sont possibles aujourd'hui. Discuter avec un étranger par exemple. Ou encore envoyer leurs filles à l'école, travailler, quitter la maison sans négocier la permission expresse du mari. « Je ne vais pas dehors sans prévenir ma belle-mère ou mon époux », précise cependant Zhara qui se perdait au départ dans son propre quartier, tant elle avait peu l'habitude de franchir le pas de sa porte. Dans l'assistance, la plupart des mères ne savent ni lire ni écrire. Cela ne les empêche pas d'avoir un avis éclaire et lucide sur l'éducation dispensée à leurs enfants à l'école.
 
Brishna, son bébé sur les genoux, s'interroge. Pourquoi les cours se limitent-ils à deux heures par jour alors qu'ils durent toute la journée dans les écoles privées ? Pourquoi les élèves n'ont-ils aucun ordinateur ? « C'est pour nos filles qu'il faut se battre, insiste Brishna. Elles auront une vie meilleure. »

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5 réactions à cet article    


  • posteurfou posteurfou 18 janvier 2012 13:46

    Je cite *Lors de ces discussions, les maris ne sont pas invités. Leur présence empêcherait les langues de se délier et heurterait les traditions de la société afghane *

     

    donc tenter de nous faire croire que les langues se delient j’ai un gros doute < sans parti pris !>

    Crdt ...


    • tikhomir 18 janvier 2012 14:42

      C’est peut-être le fruit de mon imagination mais cet article me laisse une très désagréable impression...

      Tout est fait pour les femmes et j’ai l’impression d’une introduction d’un embryon de féminisme dans cette société. Cela ne peut être que nuisible, comme le féminisme est un fléau chez nous. Les femmes finiront par accuser les hommes d’être ou d’avoir été des oppresseurs comme beaucoup le font chez nous suivant bien le catéchisme et la mythologie féministe.

      C’est, à mon avis, très grave de ne rien faire pour les hommes qui ont pourtant l’air d’être de bonne volonté, redoutant surtout le qu’en dira-t-on, la réaction de certains autres hommes ou de la famille et le poids des traditions... Encore une fois, si rien n’est fait pour les hommes, c’est qu’on les laisse sur le carreau et c’est grave.

      Au lieu d’essayer de faire en sorte qu’hommes et femmes vivent en bonne entente, j’ai l’impression qu’il s’agit ici de faire en sorte que les femmes se rebellent contre les hommes.


      • ali8 18 janvier 2012 16:11

        bombardez les mariages pour faire parler les femmes

        rien ne s’exporte avec des bombes, hormis les bombes


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 18 janvier 2012 17:05

          Voici ce que la propagande reprochait aux talibans ( terme passé dans l’inconscient collectif comme d’ailleurs Kalaschnikov ) il y a dix ans : http://www.dailymotion.com/video/xl01yr_juif-s-acharne-sur-sa-fille_people L ’art de rejeter sur le dos des pailles le poids des poutres que l’on a dans son œil pour œil, dent pour dent, bombe pour caillou...


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