Quand les États-Unis s’éveillent
La mondialisation pilotée par le monde occidental a passé son pic. Un monde nouveau se dessine, ou plutôt deux : l’Occident et le reste du monde. Mais il n’y aura pas de guerre mondiale, cette fois.
Basile (ex Fanny)

An 2000 : la mondialisation triomphe. L’humanité aussi : bientôt 8 milliards contre 1 milliard il y a peu. La terre supporte, tant bien que mal. Des centaines de millions d’humains sortent de la grande pauvreté, tandis que d’autres ne décollent pas, accroissant les inégalités. Des milliards de dollars tournent autour de la planète, plus véloces que les milliers de satellites artificiels bientôt armés. La finance est au top, gouvernant le technologique et le militaire.
Gros accroc en 2008, vite arrangé en rendant le système plus robuste.
Le dollar plus que jamais écrasant, tout comme l’US Army, son budget du moins.
On a sous-traité le boulot salissant et épuisant en Extrême-Orient, pour pas cher, sans en anticiper toutes les conséquences. « Ils nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons » pensent les Chinois, à la suite des Soviétiques, inventeurs de l’idée, mais celle-ci ne leur a pas porté chance. Ironie de l’Histoire.
Du coup, la classe ouvrière a disparu en France. Notre classe politico-médiatique ne s’en est pas rendu compte, les ouvriers à l’Assemblée Nationale étant de toute façon inexistants, hier comme aujourd’hui. Pas bien grave car l’AN ne sert pas à grand-chose : le pays peut engager des milliards et son armement dans une guerre en Europe sans que l’AN n’en soit saisie.
Tout baigne en somme, avec en France les Young Leaders aux commandes. L’un est chassé : trop d’embonpoint - pourtant il avait fondu pour se faire élire - trop de n’importe quoi. Il n’aime pas et ne sait pas présider, il n’aime pas les riches tout en accumulant pour lui-même des retraites somptueuses. Il annonce un éclatement du pays comme conséquence de l’immigration. On en trouve un autre plus jeune, plus pétillant, plus adroit avec son argent, plus virtuose dans l’illusionnisme : un presque parfait.
Que tous les feux soient au rouge dans le pays, à commencer par l’école qui fut son trésor, on fait croire aux Français, avec le concours des grands médias, qu’il y a d’autres priorités : la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique, les covids passé et à venir, le suicide assisté, la fin du monde qui approche, la mort … La peur, ultime instrument de pouvoir.
De toute façon, orphelins d’une grande cause à leur mesure, les Français s’en fichent, ça fait un bail qu’ils n’y croient plus, qu’ils ne veulent plus bosser, plus voter, qu’ils carburent au Lexomil : on leur demande juste de faire semblant, comme en URSS vers la fin.
On leur promet un revenu universel, l’EPHAD avant l’heure en quelque sorte avec Alzheimer à la clé pour effacer à jamais un illustre passé de leur mémoire. Des îlots de résistance subsistent, refusent le suicide assisté, des pépites tels nos volleyeurs, footballeurs, prix Nobel scientifiques, joueur de blitz au jeu d’échecs, Mozart de l’alpinisme (Catherine Destivelle et sa face nord hivernale de l’Eiger en solo) ...
Il y a deux France, mais pas de chance, ce n’est pas la bonne qui donne le la et anime le bal, mais celle qui inscrit l’IVG dans la Constitution (ils ont oublié d’y ajouter le vaccin anti-Covid : ce sera pour la prochaine session parlementaire).
Pendant ce temps, l’Histoire continue, la grande : le monde bouge.
Notre maître, les États-Unis d’Amérique, est à la manœuvre. Cette nation géniale a compris que la mondialisation, jusqu’alors tout à son avantage, jouait désormais contre elle. Que l’avenir du dollar et son rôle global n’étaient plus du tout assurés, qu’elle allait devoir un jour céder sa place de N°1 mondial.
Elle a compris que sa « guerre à mort » pour la domination du monde, selon les termes du Président Mitterrand peu avant sa mort, elle allait la perdre et qu’il convenait de changer de paradigme.
Il faut avoir parcouru les USA en bus et avoir senti la force de conviction du chauffeur proclamant qu’on franchissait le plus haut, le plus beau barrage du monde pour comprendre toute l’importance de cette notion de N°1 pour tout citoyen nord-américain. C’est pour lui un des fondements de sa culture nationale, avec Dieu et la religion.
Plutôt que céder sa place de N°1, cette nation exceptionnelle a décidé de changer les règles du jeu mondial, de dresser des murs économiques en imposant des sanctions, de recourir au protectionnisme, d’inventer des murs idéologiques clivants faits de wokes et transgenres, de créer et diriger un monde artificiel numérique se substituant à la réalité, tel le metaverse de Meta, de mettre en scène la fuite imaginaire vers Mars, une fois notre planète rendue invivable.
Elle a décidé d’étrangler économiquement et challenger idéologiquement Chine et Russie, de consolider le camp occidental sous sa bannière, celle de l’OTAN. L’Europe s’exécute : Pologne et Finlande érigent des murs d’acier.
Au classement mondial unique ATP du monde tennistique, elle substitue le classement multiple WBA - WBC de l’univers de la boxe. Il n’y aura plus de N°1 absolu, il y en aura désormais au moins deux, deux N°1 qui gouverneront deux mondes distincts : le démocratique et l’autoritaire, le juridique et le populaire, le progressiste et le juste progrès, l’individu roi et la masse, le leadership et le suiveur, le technologique et la technique, le classieux et le prolétaire. Une lutte planétaire entre blocs supplantera toutes les autres, dont la lutte des classes marxiste, déjà bien mal en point après la victoire des W.Buffet & Inc. à la fin du siècle dernier.
La guerre en Ukraine est un instrument, parmi d’autres, dans cette politique américaine de haute volée vers la constitution de deux mondes, le Bon et le # !!!#* ! : on est au pays du Western. La nouvelle frontière passera par le Dniepr. Certains regretteront que ce ne soit pas le Ienisseï en Sibérie, plutôt que le Dniepr : l’Histoire a ses mystères. Déjà Tocqueville avait compris que ces deux-là, Amérique et Russie, trop semblables et dissemblables à la fois, seraient trop gros pour partager le même lit. Désormais, c’est l’OTAN contre le reste du monde. « Avec nous ou contre nous ».
Quand les États-Unis s’éveillent … pour paraphraser un visionnaire français, ils réinventent les règles du jeu mondial pour se maintenir en tête, coûte que coûte. Les Anglo-Saxons ont inventé le tennis et la boxe, ainsi que le foot célébré en ce moment dans le monde entier. La règle du jeu mondial, c’est toujours leur affaire.
D’où cette impression étrange de flottement sur la planète. Les pays sentent bien qu’il va falloir choisir son camp, qu’il va se passer des choses importantes, voire terribles. Qu’une erreur de jugement pourrait avoir de lourdes conséquences sur la durée. Ils se souviennent que la dernière grande mondialisation s’était achevée par une guerre mondiale avec des vainqueurs et des vaincus, des morts par millions, l’Europe effacée du Grand Livre d’Histoire.
Cette guerre, elle aurait déjà éclaté n’eût été la Bombe. Le bouton est à portée du doigt de l’homme mais aucun n’ose l’approcher. Bombe divine serait-on tenté d’écrire, tant elle fait peur, tout comme Dieu et l’enfer autrefois.
L’enfer et le feu nucléaire : c’est ce qui fait que l’espèce humaine s’empêche, et impose à la terre sa présence extraordinaire, poétique et prédatrice, encore pour quelque temps.
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