Quand les taxis sont le symbole de la liberté des hommes
Les taxis parisiens sont mécontents. Plusieurs manifestations de mécontentement sont prévues aujourd’hui à travers des opérations dites « escargot ». Les opérations « escargot » sont, comme chacun sait, des opérations destinées à gêner la circulation sur les voies publiques pour donner échos à des revendications.
Ce mécontentement proviendrait du rapport « Attali » qui préconise, parmi plus de 300 pistes pour libérer la croissance française, une déréglementation de la profession. Il s’agit d’un rapport rédigé à la demande du président de la République par une commission ad hoc chargée de réfléchir à la croissance. A la remise de ce rapport, le président avait indiqué qu’il reprendrait l’essentiel des recommandations de ce fameux rapport. Les revendications s’appuient donc sur cette déclaration pour réclamer une préservation d’une situation intenable pour les usagers et de plus en plus illégitime dans sa pratique.
Il faut savoir que les enjeux sont importants pour les propriétaires de ces fameuses licences ou agréments. Les délais d’attente d’un agrément de taxi dépasseraient les dix ans et se commercialisent à plus de 200 000 euros l’unité. Le fond de commerce est florissant parce que les taxis sont, justement, rares de part la réglementation de la profession.
Si le manque flagrant de taxis dans la plupart des villes françaises est évident et que la déréglementation de la profession est la réponse adéquate à cette problématique, il est indispensable d’étudier les mesures d’accompagnement des détenteurs d’agréments afin que ces derniers ne soient pas lésés dans leurs biens.
En effet, un agrément, s’il est considéré comme un frein à la liberté d’entreprendre et si certaines barrières d’accès sont financières, doit être assimilé un fonds de commerce. En cas de dérégulation, les détenteurs d’agréments subissent un préjudice et doivent être dédommagés.
Des experts indépendants devraient être appelés pour estimer la valeur du fonds de commerce ; valeur à restituer à son détenteur. Le dédommagement sera effectué par l’autorité qui a décidé de changer les règles du jeu, c’est-à-dire l’Etat. Oui, mais, selon le président, il ne peut pas « vider des caisses déjà vides ». Qu’à cela ne tienne, le financement des dédommagements pourrait provenir des fruits de la croissance de la déréglementation elle-même.
Simulation :
Soit une ville qui compte 5 000 taxis à raison de 15 courses par jour pour 250 jours par an (RTT obligent).
Le besoin de la ville est estimé à 8 000 taxis.
Chaque chômeur coûte à l’Etat 50 000 euros par an.
Le fonds de commerce d’un agrément est estimé à 200 000 euros.
L’Etat devra donc débourser 1 milliard d’euros pour générer 3 000 emplois supplémentaires soit 150 millions d’économie par an.
Donc, sans tenir compte des échelles d’intérêts, l’Etat investirait 1 milliard et économiserait 150 millions par an ce qui donne un remboursement de l’investissement (pay-back) en sept ans.
L’Etat pourrait accélérer le remboursement en imposant une taxe supplémentaire sur chaque course d’1,5 euro ce qui ajouterait 45 millions d’euros de recettes annuelles et réduirait le délai de remboursement à cinq ans. De plus, le milliard versé aux titulaires d’agrément sera immédiatement réinjecté dans l’économie sous forme d’épargne ou d’investissement. « Que du bénéf ! »
L’opération financière serait bénéficiaire en rapportant 200 millions d’euros supplémentaires dès la sixième année. La perversité du système démocratique est que l’électorat attend des résultats immédiats et qu’un investissement supplémentaire réduit la marge de manœuvre future des dirigeants. Un mouvement social corporatiste paralysant le pays empêcherait ces mêmes dirigeants d’emprunter le chemin de la croissance voulu par une majorité de « gens honnêtes » qui savent que l’intérêt particulier véritable et pérenne passe par l’intérêt général. Toute la finesse du Premier ministre français sera mise à l’épreuve sur ce dossier, mais le cap semble défini et les moyens existent.
Les agréments, au-delà des professions sensibles, sont un héritage d’une économie de rente dont les effets sont de moins en moins supportables dans le concert d’échanges mondiaux qui sont passés à l’ère de l’instantané et de l’immédiat. Le système se doit de disparaître, mais sans brutalité. Les diagnostics économiques formulés pour la plupart des pays en développement (Maroc par exemple) relèvent les blocages issus de ces systèmes. Il devient urgent de démonter l’un des derniers bastions de l’économie de rente avec une politique globale de développement qui s’attaque point par point à toutes les entraves à la croissance dans les pays développés comme dans les autres.
Le rapport Attali est un rapport de bâtisseurs de croissance. Il gêne et menace et ne se veut pas un mode d’emploi. A la société civile mondiale de s’en inspirer et de décliner des plans d’actions libérateurs d’énergie et créateurs de richesse.
Winston Churchill avait bien écrit que : “Pour s’améliorer, il faut changer. Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent.”
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