Cette action se résume en quelques éléments :
- déterminer une cause qui permettent la victoire car elle préoccupe les électeurs, celle-ci sera l’insécurité. L’insécurité va ouvrir la capacité à voter comme un apéritif ouvre la capacité à manger.
- diviser le monde en deux : les bons et les mauvais, les coupables et les victimes on s’attaque avec bruit aux premiers et on console avec autant de bruit les secondes. Justice forte et compassion justifiée, les deux mamelles de la victoire.
- durcir le ton et ensevelir le pays sous des lois liberticides, redondantes, inapplicables (17 si cela vous dit quelque chose). L’agitation et surtout sa mise en scène vont paraître être une réponse.
- trompetter partout que les résultats sont là.
En son temps Trotski avait utilisé cette méthode qui n’a donc rien de nouveau. C’est la technique du levier qui permet de soulever le monde, ou du coin qui permet de fendre le bois. On a un petit outil mais il est très efficace et réalise des miracles.
Sarkozy, le pire chef d’Etat que la Vè République n’ait jamais eu, subit un effondrement constant de sa cote de popularité depuis mai 2008. Irrémédiablement, de façon continue hormis un petit ressaut en juin/juillet 2009 après la fausse victoire de l’UMP aux européennes. La chute comme le veut la loi de la gravité s’accélère et ces derniers temps on ne se demande plus si elle va atteindre les Nouvelles Hébrides mais quand.
Alors que tout prouve l’inefficacité de la gestion de l’insécurité par Sarkozy qui s’en préoccupe maintenant depuis 8 ans bientôt, et que dans certains secteurs (notamment les attaques à la personne) cela va de mal en pis (il y a certaines réussites qui sont plus dues à une meilleure protection contre les voleurs pour les maisons et les véhicules qu’à l’efficacité policière) mais que la propagande transforme en succès par le nombre de cas résolus ce qui n’est qu’un travestissement des faits (on arrête plusieurs fois le même petit dealer ce qui fait une enquête, une résolution et une arrestation d’un coup - soit 100 % de réussite sans aucun réel travail - et fait remonter en flèche les statistiques, mais les autres affaires elles ne sont pas plus résolues et les violences ne diminuent pas) Sarkozy est tout simplement incapable de changer son discours. Il est complètement scotché à cette communication qui lui sert à tout : de démonte pneu, de fouet à crème chantilly, de verre à dent, de lampe torche. Quelle que soit sa situation électorale, il n’a qu’une solution. Et la tragédie est là. Il baisse dans les sondages ou perd les élections : il ressort l’insécurité et l’ordre et la loi et la force et un bisou aux victimes devant les caméras. Il baisse encore et il ressort ses théories de Kärcher. Qui va lui dire (Carlita maintenant qu’elle connaît tout de la police, de celle qui ne fait pas d’enquête, juré craché ? Hortefeux dont le Chef dit que c’était très dur de passer après lui à l’intérieur tellement c’était magnifique avant ?) que personne ne va plus le croire ?
Quand il était ministre il était le chef, mais si cela n’allait pas c’était de la faute du président. Dans un peu plus de 3 semaines cela fera 3 ans qu’il est le président et pas qu’un peu : président, ministre, premier ministre, président de la néo ORTF, directeur des ressources humaines du PS, chef des armées, diplomates international, « résoluteur » de guerre et de finances) il le dit. Il ne peut plus rejeter la responsabilité, ce mot qu’il aime quand il fait les promesses, mais qu’il laisse au vestiaire quand plus rien ne va et qu’il envoie alors au casse-pipe tous ceux dont il prend la place pour les bonnes nouvelles ou pour faire le paon et le Responsable, l’actif, celui qui agit, qui fait, qui dirige, qui sait, qui montre aux autres et leur donne des leçons jusque chez eux, de l’échec patent de sa politique et de l’empilement de ses 17 lois. Mais voilà il est perdu. Il ne sait que prendre le pouvoir à la hussarde avec la complicité des carpettes et des soupards. Alors comme il confond gouverner un pays et être haut dans les sondages, gouverner un pays et gagner les élections, il ne sait rien faire. Non. Il n’a à sa disposition que son cahier à anneaux dans lequel il n’y a qu’une recette, ce cahier aux pages lues et relues, même s’il les connaît par cœur. Il ne fonctionne qu’en monodique : quel coup politique puis-je faire ? Alors il accumule les annonces qui, croit-il, le feront aimer des Français. Leur efficacité, leur faisabilité ? peu importe. Il faut une annonce par jour et en toile de fond, en quille indéboulonnable : l’insécurité. Il ne connaît rien d’autre. Son électorat, la droite, le 3è et le 4è âge, les nantis, a peur même s’il n’est pas le plus touché, il a peur et il veut de l’ordre, du sang, des tours de vis, des ordres à très haute voix, de la prison. Qui donc va lui dire que ça, c’est foutu ? Et pourquoi ? Parce que plus personne ne le croit. Enfin presque plus personne. Les sondages se suivent et se ressemblent : on ne lui fait plus confiance. Les électeurs frontistes se sentent floués. Les nationalistes, idem. Alors son discours le menton dressé au ciel, le torse bombé, les mots cinglants et tranchants ne convainquent plus personne.
Ce qu’il y a de symptomatique ce fut son habituel voyage des Glières. Cela n’intéresse plus personne non plus. Les résistants n’y étaient même pas. Les journalistes y vont car ils boiront un coup, mais les échos sont faibles. Mitterrand avait sa roche de Solutré car cela avait un sens : sa promesse d’y venir s’il arrivait à se libérer. Mais Sarko quelle guerre a-t-il faite ? Quel intérêt dans une Europe en paix à vouloir raviver les blessures sous prétexte d’honorer des héros ? Sarkozy a voulu ses Glières, sa neige et sa photo de l’homme seul, digne et droit dans le froid, comme Mitterrand sa roche. Mais il n’y a rien de commun. L’un a un fond l’autre ce n’est que de l’artifice. Et dès le deuxième rendez-vous les présents ne s’y sont pas trompés. Eux, soit y étaient dans cette guerre soit étaient de la famille de ceux qui y sont morts ou y ont souffert. Sarko l’imposteur, ils n’en veulent plus. Pour Mitterrand jusqu’à la fin de sa vie, chacune de venues était une sorte d’événement. Ca aussi c’est foutu. Tout comme la lettre de Guy Môquet (et n’a-t-il pas dit le fat que Mitterrand avait son Panthéon li aurait sa lettre de Môquet ?!). Tout comme la Shoah.
La communication peut faire gagner une élection en trompant les électeurs. Elle peut continuer un peu comme un bateau lancé sur son erre poursuivre l’élan et le soutien. Mais la réalité est tenace et les faits têtus. Et c’est pourquoi il a un besoin impérieux d’avoir les médias avec lui pour déformer les vérités, faire des échecs des victoires tintinnabulantes. Mais voilà que, malgré ces médias, cela ne marchera pas. Ils vont le soutenir mais lui est enfermé dans sa stratégie et dans sa seule cartouche pourtant à blanc : l’insécurité. Et plus la presse en parlera et plus cela l’enfoncera. S’il y a 8 ans il pouvait faire le beau et parcourir les estrades en matamore et avec une lance à incendie pour tout karchériser sur son passage, si pendant la campagne électorale, aidé par cette presse qui ne voulait pas révéler les échecs de sa politique sécuritaire, il pouvait encore bramer qu’il allait faire la guerre aux gangs, faire en sorte qu’il n’y aurait plus une seule zone de non droit, accuser l’ancien président de tous les maux, il n’a plus de fusible car il s’est tant présenté comme l’ultra chef qu’il va payer l’addition de ses mensonges répétés et de la répétition de son discours que les faits démontent jour après jour.
Sarkozy repart donc en guerre, la baïonnette au fusil, les mêmes mots, les mêmes promesses au vent (
Libération) :
« La République ne reculera pas d’un millimètre »
De concert avec Christian Lambert, il veut « lutter contre les trafics et les trafiquants » et lance : « La République ne reculera pas d’un millimètre. » « Tous les jours, il y aura des actions de police contre les trafics et les trafiquants. Vos lignes de bus seront sécurisées », assure Sarkozy, qui prévoit aussi, dans chaque bus, « une liaison directe avec la police, de façon à pouvoir localiser le bus pour ne pas perdre de temps ». Avec les chauffeurs dont les bus ont été attaqués, il joue la compassion : « Vous avez décidé d’exercer votre droit de retrait, je peux le comprendre. Ce que vous avez vécu n’est pas tolérable. Mais en même temps, il faut avoir conscience que le retrait, ça pénalise la population qui n’y est pour rien. Pour eux, ce serait la double peine. »
A Bobigny ensuite, la préfecture du département, Sarkozy avertit que la police interviendra « sans restriction » et « aussi souvent que nécessaire » dans les halls d’immeubles « des cités touchées par la délinquance ». « Aucune commune, aucun quartier, aucun hall d’immeuble de Seine-Saint-Denis n’échappera à l’autorité de la loi », ajoute-t-il, demandant au nouveau préfet d’y « veiller personnellement ».
Sur l’absentéisme à l’école, le chef de l’Etat aussi, veut serrer la vis. Il annonce que les allocations familiales seront « systématiquement » suspendues si ces absences sont « injustifiées ». Un projet de loi doit être déposé à l’Assemblée nationale « dès la semaine prochaine pour aller dans ce sens ».
Sarkozy va lancer l’armée et les Panzers ! C’est dit. Que les voyous et les trafiquants se le tiennent pour dit, le chef a parlé ! Mais voilà la vérité c’est que ce discours est si usé qu’il n’y a même plus de corde. Au fait n’est-ce pas cela que voulait dire nettoyer au Kärcher ? Et de quand date cette réflexion ? Et qui était ministre de l’intérieur ? 19 juin 2005, Nicolas Sarkozy. Qui peut donc croire ce néo-discours de nettoyage quand il le remet sur la table 5 ans complets après cette même promesse ce qui prouve en soi que rien n’a réussi ? Mais voilà, en plus, les effectifs sont en baisse et vont continuer à baisser. Mais voilà on vient d’apprendre qu’en 2009 il y avait moins de policiers en mission et dans la rue qu’en 2008.
Qui peut le croire quand il ne fait que ressortir ce qui existe déjà comme le démontre
le Monde :
- "Il y aura dans chaque bus une liaison directe avec la police, de façon à pouvoir localiser le bus pour ne pas perdre de temps." Cette mesure concrète est en fait... déjà appliquée.
- "Désormais, la décision de suspendre les allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire injustifié et répétitif d’un élève devra avoir un caractère systématique", a également promis Nicolas Sarkozy. Là encore, la phrase a un air de déjà-vu. Et pour cause : Nicolas Sarkozy a fait allusion à cette mesure, qui figurait dans son programme de 2007, en septembre 2009 et en mars dernier. Pourtant, une loi du 31 mars 2006 prévoit déjà la possibilité de suspendre les allocations en cas d’absences injustifiées (contrat de responsabilité parentale
- Une "action en profondeur" contre les trafiquants de drogue. C’est la première promesse qu’a faite Nicolas Sarkozy, mardi 20 avril, lors de sa visite à Tremblay-en-France, où des bus ont été la cible d’attaques : "Tous les jours, il y aura des actions de police contre les trafics et les trafiquants", a promis le chef de l’Etat. Une phrase qui rappelle celle prononcée en février 2008, en marge de la présentation du plan banlieues : "La lutte contre les trafiquants de drogue, les mafieux et les voyous va être engagée sans pitié." Ou encore cette phrase, le 29 novembre 2007, devant des policiers et des gendarmes : "Il faut renforcer la lutte contre toutes les formes de criminalité organisée et notamment le trafic de drogues, qui fait des ravages."
- Je tiens à ce que les forces de police interviennent sans restriction (...) dans les halls d’immeuble des cités touchées par la délinquance." Nicolas Sarkozy a insisté plusieurs fois sur ce point. Pourtant, on pourrait croire les halls d’immeubles sécurisés : le chef de l’Etat, alors ministre de l’intérieur, a fait adopter en 2003 une loi prévoyant un "délit d’occupation abusive" de ces espaces, passible de deux mois de prison ferme. Une loi encore renforcée en 2006 par les députés, alors même que son efficacité était mise en doute : en 2008, elle a donné lieu à 144 interpellations.
- "Dès la rentrée prochaine, des établissements spécialisés qui permettront d’accueillir des jeunes de moins de 16 ans qui rendent la vie impossible au sein de l’établissement scolaire auquel ils appartiennent." […]. Là encore, la promesse est tout sauf nouvelle : une disposition proche figurait au programme de... Jacques Chirac en 2002.
- Un policier référent" doté d’un "bureau" dans les établissements difficiles. […] Là encore, ce n’est pas nouveau. En 2004, un "correspondant absentéisme" avait été mis en place dans 23 quartiers difficiles par... Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur.
- "La République ne reculera pas d’un millimètre", a martelé Nicolas Sarkozy. Le recul, voilà l’ennemi. Un ennemi récurrent : une simple recherche sur le site de l’Elysée montre que Nicolas Sarkozy avait déjà promis qu’il ne reculerait "pas d’un centimètre" sur l’agriculture (6 mars 2010 et 27 octobre 2009), pas plus que sur la politique énergétique industrielle (5 mai 2009), les universités (novembre 2007), la réforme constitutionnelle (juin 2009) ni encore moins sur les réformes indispensables au pays (7 novembre 2007). Le 29 novembre 2007, le chef de l’Etat déclarait d’ailleurs, à propos de "la gravité de la situation dans les quartiers" : "Désormais, la République ne recule pas."
Le dernier point cité est symbolique du monde imaginaire et médiatique de Sarkozy : que des mots, des mots guerriers, volontaires, tranchants, des postures de roc, des déclarations péremptoires et définitives, mais que du vent. Ces rappels sains et nécessaires nous apportent une double conclusion :
1- pour demander à faire ce qui existe déjà nous dit qu’au choix : a- Sarkozy est parfaitement incompétent car il ne connaît pas ses dossiers, b- il se moque du monde car il ne cherche pas à ses souvenir de ce qu’il fait ou savoir ce qui existe, ne vivant que dans le propos incantatoire et électoraliste, c- il profère des mensonges par propension naturelle et ou habitude, d- le tout ensemble pour un beau paquet cadeau ;
2- les mesures proposées n’ont pas apporté ce qui en était attendu, et Sarkozy persiste dans le spectaculaire et ne cherche pas la résolution des problèmes par l’efficace mais moins démonstratif.
Sarkozy repart au front, mais c’est fini. Là, il a perdu, non seulement une bataille, mais la guerre. Huit ans de pouvoir. Huit ans premier flic de France et un échec total. Qui peut croire un instant ce qu’il dit ? Même mots, mêmes paroles depuis huit ans.
J’espère que cette technique usée et utilisée par un homme perdu, sans aucune imagination, qui se raccroche à cette antienne de l’insécurité , croyant que le passé refera l’avenir, sera la pierre au cou qui l’emmènera définitivement au fin fond des abysses électorales, là d’où on ne remonte pas .