Quarante-deuxième jour
Quarante-deuxième jour, depuis l’annonce du confinement dans notre pays, mais bien plus de jours ont défilé depuis le début (ou la découverte ?) du Covid 19, inconnu bien que membre de la famille « coronavirus ». Son étiologie est-elle avancée, aujourd’hui ? Sans doute son origine chinoise et animale serait-elle connue, à présent, affirme-t-on timidement. Quant à ses caractéristiques et ses effets, le moins que l’on puisse dire est qu’elles font l’objet d’une multitude de recherches, fort peu fécondes, mais tellement protégées qu’on subodorerait presque une malsaine concurrence entre laboratoires pharmaceutiques et organismes de recherche nationaux, bien loin de répondre à l’intérêt général et de servir au bien commun.
Avoir confiné si tard, dans notre pays, comme dans tant d’autres, révèle soit une insouciance coupable, soit un refus criminel de reconnaître que notre société prenait l’eau, provoquant ainsi d’inévitables effondrements de pans entiers de nos habitudes de vie, économiques, politiques et sociales, soit encore une inconscience mortelle, soit enfin une incompétence assassine. Il semble bien que ce qu’il est improprement convenu d’appeler « la crise sanitaire » résulte de toutes ces hypothèses à la fois, en plus de la virulence de Covid 19.
Ainsi règnent, chez nous, la confusion et le manque de méthode, sans compter les exigences des groupes d’intérêts particuliers, qui, eux, n’abandonneront pas leurs prébendes, si j’ose dire, « quoi qu’il en coûte ». Tout cela au détriment du bien public. Les discours du président et les grands messes du premier ministre ne sont que des signes d’une progression pas à pas, sans ligne de conduite, aux objectifs incertains et parfois changeants, car comment expliquer autrement l’instauration d’un semi confinement puis sa suppression relative avant de réelles avancées dans la lutte contre l’épidémie, sinon par des impératifs économiques inavoués auxquels on sacrifie des vies humaines, ce que n’osent pas dire les médias ni leurs « invités », phraseurs indigestes et inutiles.
Ces hésitations, « un pas en avant, deux pas en arrière »[1] assorties de sursauts autoritaires dépassent l’entendement, pour qui n’y prend pas garde. Ainsi le fulgurant 49-3 d’Édouard Philippe, au sortir d’un « conseil de guerre conscré au coronavirus, pour passer en force la réforme des retraites. La méthode est peu reluisante qui a consisté à profiter de l’inquiétude naissante face au virus, un samedi soir, après dix-sept heures. Pas plus édifiante, celle employée par le même, pour faire traîner d’abord l’annonce d’un début de confinement, pendant plus d’une semaine, puis décider ensuite de ne pas accorder vingt-quatre heures à un semblant de débat à l’assemblée, empêchant ainsi l’expression des députés sur la précipitation de la rentrée scolaires et l’instauration probable du traçage par téléphone mobile. Acte autoritaire s’il en est, car il s’assure, de ce fait, d’un vote positif par ses troupes fagotées ! Et le tour est joué, sans entrave. Des soupçons prennent forme, quand il apparaît que cette façon de faire fait suite à un achat important de drônes de surveillance. « 1984 » prendrait-il forme ? De quoi s’interroger.
Il est clair qu’en appeler à la solidarité et à l’union nationale n’est qu’une mascarade, car on prévient déjà, à demis mots, que les temps « d’après » seront difficiles, comme au temps d’avant, avec, en plus de l’austérité, l’effort à fournir pour payer la dette, les actionnaires et les banques demeurant hors champ à ce sujet.
Et pourtant, il aurait été si simple (trop simple ?) d’appeler les entreprises du pays à fabriquer masques, tests et médicaments. Á les réquisitionner et à les nationaliser si nécessaires, pour atteindre ce but. Il aurait été plus simple (trop simple ?) d’analyser sereinement la situation à cet instant et en tirer les grandes lignes d’une organisation adaptée au terrain. Trop simple ou en contradiction avec des intérêts particuliers ? Ce ne sera pas dit dans les discours à venir. Ni demain, ni après.
Prenez soin de vous.
C.H
[1] Expression de Lénine
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