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Que penser de la TVA sociale après le second tour des législatives ?

La TVA sociale est au centre des débats des Français, car elle illustre la façon par laquelle on peut conjuguer l’économique et le social : le mécanisme peut d’un côté participer à accroitre la compétitivité des entreprises françaises, d’un autre financer les prestations sociales et donc réduire le déficit de la sécurité sociale, s’élevant actuellement selon la Commission des comptes de la sécurité sociale à 10,3 milliards d’euros. Si le mécanisme s’inscrit en faveur des entreprises, comment évoluerait le pouvoir d’achat des Français ? En moyenne, sur 100 Français, 60 se prononcent contre le projet de TVA sociale (enquête Agora Vox). Cette problématique sera au centre de nos préoccupations futures.

La TVA sociale vise à changer le mode de financement de la protection sociale, organisme particulièrement efficace puisque subvenant aux aléas sociaux (système d’assistance), mais nécessitant des fonds importants que le gouvernement français a du mal à trouver. Résultat, le déficit de la sécurité sociale s’élève, selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, en 2006 en France, à 10,3 milliards d’euros. La branche de l’assurance maladie dont le déficit représente un peu plus de la moitié du déficit global de la sécurité sociale (6,3 milliards d’euros en 2006) maintient sa place centrale dans les réformes nécessaires proposées par de nombreux candidats aux présidentielles de 2007, dont Nicolas Sarkozy, nouveau président de la République. Le chantier est de taille face aux exigences des Français. Le gouvernement Fillon propose de réformer le mode de financement de la protection sociale, ceci en augmentant la TVA mais en baissant, voire en éliminant, les cotisations sociales ou charges sociales. Cette réforme serait, d’après M. Fillon, applicable en 2009. Mais restent à examiner les conséquences à long terme ; c’est pourquoi le comportement et les réactions des Français ainsi que la tendance inflationniste quoique probable à ne pas négliger seront deux points essentiels dans cette première réforme d’ « observation ».

Il nous faut maintenant peser le pour et le contre de cette réforme proposée par le gouvernement de la majorité et fortement dénoncée par le parti de l’opposition : augmenter la part des taxes dans la valeur ajoutée brute (on soustrait à la valeur des biens et des services produits les consommations intermédiaires des entreprises) peut rendre la France plus compétitive au sein du commerce européen voire mondial. Pourtant le niveau général des prix peut augmenter aussi, conduisant à une baisse du pourvoir d’achat, situation redoutée par les Français.

Sur le site de l’Union pour un mouvement populaire, on pouvait lire ce samedi 16 juin 2007 que « la TVA sociale est une réponse à la mondialisation ». Le coût du travail est actuellement trop important : les cotisations des employeurs représentent 42 % du salaire brut moyen, plaçant la France en dernière position parmi les membres de l’Europe des 15. Pour y remédier, la TVA sociale vise à rendre le coût du travail plus attractif pour les entreprises et ainsi, en agissant indirectement sur l’emploi, à embaucher davantage (lutte contre le chômage). Au final l’ensemble des actifs en seraient bénéficiaires. Mais d’après l’UMP, la réforme va encore plus loin. En effet la TVA sociale peut permettre à la France d’accroître sa compétitivité. Les produits exportés bénéficieront de la baisse du coût du travail en France mais ne seront pas concernés par la hausse de la TVA. Ainsi « l’avantage compétitif (de la France) augmentera et (les) entreprises remporteront de nouveaux marchés ». En rendant plus attractive l’installation d’entreprises sur le territoire français, la TVA sociale est aussi un moyen de lutter contre les délocalisations, donnant lieu à des licenciements massifs. Actuellement, dans l’Union européenne à 25, c’est la Pologne qui reçoit le plus de filiales de l’Hexagone : la réforme permettrait de remettre en cause cette pratique désastreuse autant sur le plan économique que social. Au final, la TVA sociale est, d’après Nicolas Sarkozy, favorable pour la croissance et pour l’emploi, pour le bien-être général de la nation française.

Ce dimanche 17 juin 2007, on peut lire sur le site internet du Monde que « le PS appelle à voter contre la TVA sociale à 24,6 % au second tour des législatives ». Selon le Parti socialiste, la TVA sociale affectera les ménages les plus démunis dont la propension moyenne à consommer, c’est-à-dire la part du revenu disponible brut affectée à la consommation, est majoritaire. Pourtant la droite affirme que l’objectif premier de la réforme est de relancer l’économie, ceci sans pénaliser les classes en difficultés. « Les prix des produits français ne bougeront pas, la hausse de la TVA étant compensée par une baisse des prix hors taxes liée à la baisse du coût du travail. La probabilité que les entreprises françaises en profitent pour augmenter leurs marges est très faible » affirmait François Fillon. En réalité, la bonne application de la réforme de façon égalitaire réside non pas dans le pouvoir accordé aux consommateurs français mais est réuni entre les mains du patronat : pour un bon fonctionnement, la réforme ne doit pas permettre aux capitalistes, comme le disait Marx, de réaliser plus de profits mais au contraire de préserver un taux de marge stable et égal.

Nous sommes le dimanche 17 juin 2007, il est 20 heures et je viens d’apprendre, en finissant mon article, que la gauche a pris sa revanche au second tour des élections législatives. Il semble que la gauche ait récupéré les sièges perdus lors du premier tour du dimanche 10 juin 2007, ceci certainement à cause de la proposition du gouvernement de la majorité d’instaurer la TVA sociale. La gauche aurait 233 sièges tandis que 341 sièges seraient attribués à la droite. Une proposition, mais à quel prix ? Rendez-vous en 2009.


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11 réactions à cet article    


  • patroc 18 juin 2007 19:02

    Le salaire d’un polonais est de 500 euros en moyenne et coûte 600 à’entreprise. Même la supression totale des charges ne rendra pas l’entreprise française plus compétitive (et ne parlons pas des chinois !). La tva sociale est un moyen de renflouer les caisses d’état, tout le reste n’est que pretexte de raisons (pas très fort sur ce coup). De plus, la part de charges patronales représentent beaucoup mais cette part est également au moins pour sa moitié (pensions civiles, retraites, allocations familiales) au bénéfice de l’employé. Celui-ci se retrouve donc à combler un trou financier dû à un patron qui ne lui reversera rien, mais en plus, l’employé verra son pouvoir d’achat abaissé du fait de la hausse des prix. En effet, si l’entreprise n’augmente pas ses marges, comment peut-elle devenir plus concurentielle qu’aujourd’hui ? Et si elle les augmente pour le devenir, comment peut-elle embaucher sans perdre cette concurentialité. Et si il ya baisse du coût à l’exportation, ce sera grâce à tous et toutes qui subventionnons à présent les exportations françaises d’entreprises privées !... Je vous l’annonce : Beaucoup sont aux cac40, et même partout dans les médias ! Pas des petits entrepreneurs français. Ainsi, l’augmentation de la tva favorisera les grosses entreprises qui exportent (main d’oeuvre moins coûteuse, heures sup non taxées) sans les rendre plus concurentielles (monopole économique et médiatique, juste plus d’argent) et tout çà payé par tous et toutes via la tva sociale, et à travers les heures sup, par les employés de ces grosses boites... Merci qui ? Merci à celles et ceux qui ont mis l’argent au pouvoir !...


    • titoine3 titoine3 18 juin 2007 19:59

      Nous sommes d’accord sur certains points. D’ailleurs comme vous l’avez certainement remarqué dans mon article « Que penser de la TVA sociale après le second tour des législatives », je tente de pesez le pour et le contre et non d’imposer mon point de vue qui n’est d’ailleurs par énoncé explicitement. Quand vous affirmer que le salaire d’un ouvrier polonais, chinois ou japonais est strictement inférieur à celui d’un français occupant la même profession pour un niveau de qualification équivalent, certes j’approuve. En vue de la différence de niveau de vie et de développement au sein de l’Union Européenne (principalement entre les pays de L’ouest et de L’est), les salaires des tous les pays membres ne peuvent être harmonisés, même si dans la réalité il le faudrait. En effet cette situation plus que préoccupante du plombier polonais ne peut être totalement évitée. Mais dans mon article je maintien l’affirmation suivante : « la réforme permettrait de remettre en cause cette pratique désastreuse autant sur le plan économique que social », ceci car la réforme de la TVA sociale permettrait de réduire et non de supprimer l’écart de salaire et donc de remettre en cause certaines décisions de patrons d’embaucher dans des pays ou le niveau de salaire est moins élevé. De même quand vous en venez à affirmer que la suppression totale des charges (ce qui n’est d’ailleurs pas du tout envisagé puisqu’il est question seulement de baisser ces charges) ne rendra pas l’entreprise française plus compétitive, nous ne sommes pas d’accord. En impliquant une stabilisation du taux de marge des entreprises, c’est-à-dire un non changement du montant des bénéfices réalisés par les Capitalistes (sinon tendance inflationniste), les entreprises peuvent tout de même être plus compétitives. En effet une diminution des charges patronales entrainerait une remise en cause des tous les monopoles, ceci en accordant à plus de dirigeants le droit voire la possibilité d’entrer sur un marché. Un grand nombre d’offreur sur un marché, c’est pourtant bien une situation de concurrence presque optimale (libre entrée sur le marché et atomicité du modèle de CPP). Par contre, il est en effet possible que la réforme s’inscrive en faveur des plus grandes entreprises nationales.


    • rem 19 juin 2007 09:12

      Le but de la tva sociale est d’attirer de nouveaux investisseurs en baissant le cout du travail. Cette baisse pourrait faire pencher la balance vers la france, lors d’une installation d’une activité prévue initialement au nord de l’Europe ( GB, Allemagne, Bénelux ).

      Son but n’est pas de recréer l’industrie de confection francaise


    • Pierre Emmanuel Finck 18 juin 2007 22:36

      Article très interessant qui reflète bien le problème actuel et les conséquences qu’auraient la mesure proposée.

      Maintenant je vous ferrai remarquer un certain effet pervers : la hausse des prix des produits non fabriqués en France. Je pense notamment au textile dont la grande majorité est actuellement produite en Chine ou ailleur et ou la production francaise est quasinulle.

      Donc cette mesure encouragerait bien une sorte de préférence francaise mais dans les cas ou cette dernière ne serait pas possible, cela entrainerait une hausse pour les ménages.

      Maintenant, j’ignore si le ’panier de la ménagère’ est plutot composé de produits francais ou non et donc dans quelle proportion elle serait pénalisée.

      Il est sur aussi que l’opposition a utilisé ce flou dans l’entre-deux-tours a son avantage. Mais bon, les politiques sautent sur toutes les opportunitées, ca on le sait bien smiley


      • Eldarion Eldarion 18 juin 2007 22:54

        Juste un point de détail qui fait bondir (à ne pas recommencer hein smiley ) :

        « En moyenne, sur 100 Français, 60 se prononcent contre le projet de TVA sociale (enquête Agora Vox) »

        AgoraVox est loin d’être apte à réaliser des sondages nationaux, et les sondés sont trèèèès loin d’être représentatif des « Français ». Il suffit de se remémorer les sondages électoraux pour réaliser l’écart... Soit on parle des agoravoxiens et non des français, soit on se base sur des sondages rigoureux (basés sur des échantillons représentatifs de la population).

        Voilou ! smiley


        • moebius 18 juin 2007 22:58

          Il ne s’agit pas de lutter contre les délocalisations, le chomage ou la fonte de la banquise polaire mais de prendre en charge le deficit et le surcout de notre protection sociale. La répartition sociale de cette surcharge releve de la politique et des rapports de force en présence et non de l’économie. C’est là le grand enjeux de la politique intérieur de ce quinquénnat. Il semble que les français qui sont des gens intelligents aient bien compris cela


          • rem 19 juin 2007 09:14

            - 1


          • aktos 19 juin 2007 09:23

            On ne nous a pas bien expliqué comment la chose allait se passer. Présenté comme je l’ai compris : il y aurait un passage à 25% de la TVA. Mais en réalité, j’ai pensé qu’il y aurait aussi une baisse des charges sur les salaires. Si on augmente la TVA de 5% et qu’on baisse les charges de 10% à savoir 5% pour les travailleurs ( augmentation de 5% du salaire ) et 5% pour les entreprises. Tout le monde aurait gagné. Ainsi les prix n’aurait pas augmenté car le gain de 5% des entreprises aurait pu aller sur une diminution des prix.

            Mais d’ou vient la différence ? Des produits chinois et indiens ! voila la réponse.

            Mais c’est vrai qu’en France on devrait plus payer d’impôt direct. Ca c’est pas juste ! Il y a pas assez d’impôt direct, trop de complexités trop de gens paye rien. Un rmiste devrait payer des impôts direct. Peu mais même si chaque rmiste paye 10 euros par ans si chaque smicard 100 euros ! cela donne toujours de l’argent.

            conclusion : je suis pour la TVA sociale à condition qu’il y ait plus de gens qui payent l’impot direct ( sur le revenu ) et qu’on augmente ces impôts. Mais surtout qu’on diminue les impôts de 43% sur le travail.

            Ce n’est pas juste que celui qui ne fait rien ne paye pas d’impôt mais que celui qui travaille en paye !


            • nebari 19 juin 2007 11:38

              passer la tva du travail à la consommation ne resoud pas le probleme : Les épargants sont, eux, complétement en dehors de cet impot.

              d’autre part si les entreprises dégagent plus de profits on peut penser que les actionnaires en seront les premiers bénéficiaires.

              on voit bien à qui profite la mesure


              • bucheron 19 juin 2007 12:58

                Il existe déjà la RDS et CSG ... si le gouvernement a besoin d’argent ... augmenter le taux et ainsi même les epargnants paieront... mais ça c’est une politique plus a gauche !


                • Philippe Aigrain Philippe Aigrain 19 juin 2007 13:32

                  Pour une analyse plus détaillée, y compris comparaison avec la proposition de cotisation sur la valeur ajoutée, voir : « A quelles conditions un financement des prestations sociales lié à la valeur ajoutée est il acceptable ? » sur mon blog à : http://paigrain.debatpublic.net/

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