Que penser du conflit Syrien ?
La Syrie, pays sous le contrôle de Bachar El-Assad connaît la guerre depuis 4 ans, ce qui explique notamment l’arrivée massive de réfugiés Syriens en Europe car fuyant la guerre. Cette guerre est faite de multiples raisons, la plus répandue est celle de « l’invasion des islamistes radicaux », mais n’oublions pas le régime répressif d’Hassad et la potentialité de son utilisation d’arme chimique sur la population, la question religieuse existe également, avec la situation des Kurdes. Le conflit a fait jusqu'à aujourd’hui environ 250 000 morts. Suite à ça, nombres de pays ont décidé d’intervenir en Syrie, certain prônant la légitime défense comme le président Français François Hollande, ayant peur de la progression de l’état islamique et du potentiel danger pour la France. Les Etats-Unis ont également décidé d’intervenir pour bombarder les positions de l’état islamique, et la Russie intervient également dans le conflit, comme d’autre pays. Néanmoins, l’harmonie des moyens d’interventions choisis par les différents pays et surtout l’harmonie des endroits où il faut agir ne semble pas régner entre les pays. Il semblerait par exemple que la Russie de Poutine soit plutôt présente pour défendre Bachar El-Assad… Quels enjeux se cachent derrière le cas actuel de la Syrie ?
⇒La situation : La Syrie en ce moment est plongée dans un véritable Chaos. Le pays connaît une montée en puissance et une progression forte de l’état islamique (annoncé très proche de la capitale Damas). Suite à des discussions à l’ONU notamment, entre les pays du conseil de sécurité notamment, différents pays ont décidés de s’engager dans le conflit, pour des raisons différentes. D’un coté des pays invoquent comme raison fondamentale la montée en puissance de la progression des islamistes de Daech, problématique pour l’intérêt national, c’est le cas des Etats-Unis et de la France. La Russie, officiellement, revendique également cet argument. Ainsi, depuis quelques semaines, ces pays participent à des frappes aériennes pour détruire les positions de Daech et viser des camps d’entrainement par exemple.
⇒Des oppositions naissantes : La Russie, selon certains médias ne semble pas viser que les positions de Daech, les frappes russes sembleraient toucher des civils syriens. C’est à partir de ce moment la que l’on a senti très clairement des oppositions et des tensions naître entre les différents pays impliqués dans ce conflit. En effet, il y a en réalité une chose fondamentale qui crée une véritable scission entre les acteurs : qui soutiens Assad et qui ne le soutiens pas. C’est dans cette optique que l’on peu très clairement distinguer 2 camps. D’un coté ceux qui soutiennent le président Assad et qui souhaitent son maintien à la tête du pays : la Russie et l’Iran, de l’autre ceux qui pensent qu’Assad est un tyran et qu’il ne doit plus être responsable du pays, il s’agit ici des Etats-Unis, de la France, et a moindre mesure de l’Arabie Saoudite et de la Turquie qui est la dernière entrante en date dans le conflit.
⇒Pourquoi une intervention des pays en Syrie ? La première raison fondamentale est bien entendu d’essayer de stopper net l’avancée et la progression forte de l’état islamique (EI) dans le pays, ce qui pourrait à terme être un problème géopolitique majeur, in fine, un désordre de l’ordre mondial actuel. Une deuxième raison est plus politique. Les Etats-Unis et la France, s’ils parviennent à stopper, voir à repousser l’EI et donc a réussir leur mission principale auront surement l’envie de « faire sauter » Assad. Est ce la solution ? lorsqu’on voit le cas de l’Irak post-Hussein et la Libye post-Khadafi la question mérite d’être posée. Et enfin, une dernière raison est certainement l’enjeu économique, comme dans tout conflit sous l’ère du capitalisme. La condition économique fera suite à l’éviction d’Assad par les Occidentaux, en effet la Syrie est riche en pétrole ( le graal des occidentaux ) et en Gaz, selon le blog finance : « la production de gaz en 2011 s’élevait a 30,29 millions de m3 par jour et la production de pétrole serait de 600000 barils par jour », de plus le journal Le Monde rappel qu’entre 1988 et 2011 la firme française Total était installée en Syrie et avait obtenue plusieurs permis d’exploitation. La Syrie est donc fortement intéressante pour les occidentaux y compris la France en matière de ressources. (L’intervention de la France au mali en 2014 était d’ailleurs largement motivé par la protection de la firme Areva vis-à-vis de la question de l’Uranium).
⇒La véritable question : peut-on parler du début de la 2ème guerre froide après ce qu’il se passe actuellement en Syrie ?
Ca n’aura échappé à personne qu’il y a une véritable tension et un désaccord profond entre Obama et Poutine, cette tension c’est décuplée au moment des révélations des frappes Russes plus que douteuses, ayant pour but de viser la population et par conséquent de faciliter la tache à Assad. La Syrie est en réalité un véritable échiquier géant aujourd’hui, on a l’impression qu’Etats-Unis et Russie ont enfin trouvés la « légitimité » de se confronter. Il suffit de voir à quel point les deux chefs d’état étaient tendus lors de leur rencontre à l’ONU il y a quelques jours. Car ici tout oppose Russes et Américain : Poutine soutient très clairement Assad, Obama pas du tout. Obama frappe l’état islamique et était près à intervenir contre Assad en 2014 suite à l’utilisation d’armes chimiques par Assad ; Poutine, lui, par ses frappes, semble soutenir Assad. De plus, ce qui est commun à la période de guerre froide c’est la vision très manichéenne des français : les américains sont de notre côté et ils sont le bien, alors que Poutine c’est le mal, le méchant. (Si l’on parle vulgairement).
Néanmoins quelque chose n’est pas tout à fait pareil. Pendant la guerre froide, Etats-Unis et Russie (URSS à l’époque) s’affrontaient indirectement, en effet, les Etats-Unis intervenaient au Vietnam quand la Russie, elle, intervenait en Afghanistan. L’affrontement était clair, mais à distance, jamais Etats-Unis et URSS ne ce sont (réellement) confrontés sur un même conflit durant la guerre froide. Alors qu’aujourd’hui, l’affrontement, toujours indirect, ce fait au sein d’un même conflit, sur la même question, c’est alors beaucoup plus frontal.
De plus, ce n’est plus un pays contre un autre pays, aujourd’hui ce sont des groupes de pays qui semblent s’affronter, nous les avons présentés plus haut. Loukionov, président du conseil pour la politique extérieure et de défense disait d’ailleurs en 2014 : « La Seconde guerre froide a commencée, sur un nouveau type de relations fondées sur des sanctions, des contres sanctions et des tentatives de nuire a l’adversaire, ce n’est plus une guerre menée à 2 mais une 2nde guerre froide voyant s’opposer des groupes de pays ».
En fait, on peut même imaginer que la fin de la guerre froide de 1991 n’était en réalité qu’une simple virgule posée et que quelques dizaines d’années plus tard, le conflit peut reprendre et ce moment serait venu, c’est aujourd’hui, en Syrie. Car ce sont les Etats-Unis qui sont sortis vainqueur de la guerre froide, en tant que seule Hyper puissance mondiale. Alors, aujourd’hui le personnage Poutine est peut-être nourri d’un esprit de vengeance, quand on connaît son esprit belliqueux…et si son invasion de la Crimée, sa propagande nationale anti-américaine n’était qu’un prélude, et que le conflit Syrien aujourd’hui était enfin le motif attendu pour reprendre les hostilités ?
Quoi que l’on en pense, le cas actuel de la Syrie marque un tournant surement majeur dans la situation géopolitique du début du 21ème siècle.
Quelle(s) solution(s) ?
Le problème central du naissant conflit entre « occidentaux » et Russes semble être identifié : Bachar El-Assad. A première vue, l’éviction du président Syrien permettrait d’annihiler toute tensions entre Américains et Russes, du moins sur cette question. Mais serait-ce pour autant une bonne chose de précipiter la chute de Bachar El-Assad ? Pas sur, en effet, après avoir exécuté Hussein en Irak en 2003 et Khadafi en 2011 en Libye, les conséquences furent multiples et néfastes. Ces deux pays sont en effet devenus des terrains fertiles au développement du terrorisme et également des sources de quasi guerres civiles dans les deux pays. Essayer d’« avoir la tête » d’Assad serait donc surement reproduire les erreurs du passé…
Bachar El-Assad est donc l’épicentre de la question, mais est-il le problème ou la solution du conflit ? Les semaines futures permettront sans doute de répondre à la question.
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