Que recouvre l’option Brexit et sur quelle orientation va-t-il déboucher ; similitude avec le vote français en 2005
Le référendum populaire n est-il pas en fait qu'un défouloir ? cela ressemble à une religion nouvel opium du peuple, un exutoire tribale qui fédère, qui transcende tout comme le foot, les médailles et les hymnes des J.O. (bouffés par le fric de la corruption et par le règne du dopage).
Ces derniers exemples tiennent des "jeux du cirque" de l'époque romaine. "La société du spectacle" selon Guy Debord. Les chroniqueurs n'ont de cesse de nous agiter des chiffons rouges, comme au taureau blessé qui fonce sur l'épée et non sur le toréador. On comprend les présentateurs des médias, ils nous servent la soupe que l'on attend, plutôt une soupe bricolée certes car dans leur caste ils ne sont que des petits bourgeois ; des vassaux de leurs maîtres ; la main qui les nourrie.
Sommes nous obligés de pavoiser à ce point par l'illusion du vote britannique ? La leçon de 2005 ne nous a-t-elle pas suffit ? Un NON français pourtant à 55 % sur le projet de Constitution de U.E.
Qu'en reste t-il ? RIEN mon colonel. De la faute à qui ? On dira que c'est de la faute à Chirac alors chef d'Etat, puis Sarkozy, ce qui vrai. On dira que c'est aussi de la faute des députés PS, des écologistes, des centristes, tous d'accord pour valider le traité de Lisbonne, un sous produit copie conforme.
Résumons : c'est de la faute globalement à la classe politique bourgeoise dite "de gouvernement" (qui sature plus que jamais l'assemblée nationale). La question possède une réponse que TOUT LE MONDE CONNAIT : les milieux populaires ont fait fi de la propagande (qui était pour le OUI) mais... MAIS finalement il n'y a pas eu de solution de rechange (le PLAN B..). Donc gueule bois après la fête.
QUELLE ETAIT LA COMPOSITION POLITIQUE DU VOTE NON EN 2005 ?
Il faut pour cela décomposer. Ont voté pour le NON :
1/ les électeurs dits traditionalistes (les CPS en dessous des classes moyennes souvent) ont globalement désobéi aux consignes des grand partis et de la presse,
2/ les franges radicales politiquement engagées composées des électeurs remuants, désignés par les politologues sous le qualificatif "les extrèmes" du type PC, FN, LO, NPA, étaient mobilisés sur la question du NON, masquant ainsi la "nature" hétérogène du vote, ce qui était de mise car il fallait répondre d'abord à la question "du bidule démocratique",
3/ les abstentionnistes, s'étaient pour une fois mobilisés, car y'avait du "swing dans l'air.." qui donnait du peps.
Alors, à la sortie ça donne 55 %. A priori cela fait sérieux ! sauf que.. en fait, non cela ne tient pas debout. La somme des mécontents ne fait pas une somme en tant que telle.
La dissemblance de nature dans le vote NON a fait voler en éclat sur le champ, le pied de nez à la caste politique française (la bourgeoisie).
Et, au bout du compte personne n'est descendu dans la rue contre le traité de Lisbonne.
CQFD.
On peut trouver un exemple récent, c'est le référendum grec, d'il y a un an.
Tsipras posa la question au peuple, c'était pour ou contre, (un OUI/NON ) à l'acceptation des préconisations de Bruxelles.
Le peuple grec a voté majoritairement contre. Et Tsipras est parti vaillant rencontrer les dirigeants de l'U.E.
Résultat ? je crois que vous connaissez comme tout le monde ce qu'il advint du soutien référendaire.
Ce qui se passe sur le Brexit anglais sera un peu de même nature pour la résultante.
Les motivations de David Cameron dans l'agencement d'un référendum était de "filer les j'tons" aux dirigeants de la zone euro pour finalement "libéraliser le système capitaliste", sinon en menaçant la sortie du l'U.E. pour retrouver les rails de l'U.K. au temps béni des colonies et du Commonwealth. Les anglais globalement ont visé la faille de l'U.E. c'est à dire Schengen. Et David Cameron en jouant la stratégie du pire s'est mélangé les pinceaux car bien obligé qu'il était de prôner le remain, le maintien. Un pas de quadrille que n'a pas compris d'ailleurs l'ex maire de Londres, du même parti, qui lui appelait au Brexit..
QUELLE ETAIT LA DYNAMIQUE SOCIOLOGIQUE DU BREXIT ?
La dynamique du vote brexit s'est trouvée cristalisée dans le "ras le bol" des classes populaires sur la question l'immigration à dominante pays de l'Est. En Europe le surdosage de la mixité sociale et culturelle s est sédimenté -décennies après décennies- pour atteindre une mutation sociologique -voire anthropologique- laquelle échappe au souci des dirigeants serviteurs du capitalisme et des élites oligarchiques.
L 'électorat populaire britannique est semblable à partout ailleurs : ouvriers, employés, ouvriers-paysans, petits commerçants, artisans, enseignants, fonctionnaires. Les cadres, ingénieurs, professeurs se répartissent en classe d'exécution et classe dirigeante. C est le quart supérieur de la médiane en émanation de la "classe moyenne".
La culture anglaise a toujours fait planer une espèce de mépris des autres nations européennes, par un chauvinisme connu et un héritage colonial issu de l'ex Empire de sa majesté. Ca c'est pour la tradition revendiquée gentleman. A l'extrème on trouve l'exportation du hooliganisme s'agissant de foot qui est né dans les banlieues type Liverpool ou Manchester. Etre "suffisant" on appelle ça de l'humour anglais ; c'est un style. Il existe une pointe de mépris des anglais pour l'Europe continentale, se sentant culturellement rattachés aux américains frères de langue. Mais les anglais ne sont pas infréquentables pour autant, ils ont un particularisme. De Gaulle s'en méfiait mais les respectait. Historiquement ce sont des insulaires qui ont porté la démocratie, créé la plus grande puissance mondiale marchande par sa marine et.. sa flotte guerrière.
On peut intégrer les effets inconscients des attentats de Paris et de Bruxelles, lesquels jouent dans un repli identitaire européen relativement compréhensible. On le remarque dans les votes des mouvements populaires récents ( Autriche, Italie).
De fracture sociale on empile la fracture ethno-culturelle, la fracture religieuse (la résistance à la laïcité pour la France) et le radicalisme djihadiste guerrier qui traverse les écrans.
Les dirigeants, les politologues, les économistes, anglais ou français ne baignent pas dans la mixité avec les pauvres. Ils ne prennent pas les transports en commun, ils n'habitent pas les quartiers difficiles, ils ont des professions libérales cultivant les privilèges associés aux métiers experts. Bref que des CSP+.
Du coup ils ne sont pas en concurrence avec les nouvelles stratifications socio-culturelles. Vrai pour Londres qui n'a pas voté le Brexit, vrai pour Paris. Allez vous promenez au choix, dans l'un des 17 premiers arrondissements de Paris selon l'ordre (hors le 13 e) et tout se comprend : avec des loyers élevés, voire très élevés. Vous avez soit la haute bourgeoisie, soit les artistes/bohèmes de l'exception culturelle, soit les classes moyennes et les commerçants, regroupés petite bourgeoisie. Idem pour Londres, la plus haute en loyer. Pas que des CSP+ y habitent mais on se fréquente entre "gens biens" (gentleman). Regardez le public de Wimbledon et celui de Liverpool, vous aurez compris.
A Paris comme à Londres il n'y a pas de mur de Berlin. Il n'y a pas de frontière, pas besoin : C'EST LE MUR DE L ARGENT. On peut retrouver cela dans toutes mégalopoles dans le monde.
De fait il y a une "ségrégation sous jacente" en terme de classes sociales et/ou socio/culturelles qui sont cette fois l'émanation des origines ethniques des populations sociales pauvres (Marx avait analysé le phénomène dans le lumpen prolétariat).
Pour Paris rien n' est pas en phase avec la mixité supposée si l'on traverse le périphérique par rapport aux banlieues (exceptées Neuilly, Boulogne, St Germain, Versailles, Montmorency (à l'Ouest) et quelques autres (à l'Est). Toutes les banlieues du 93, presque toutes celles du 94 et du 91 sont des zones "populaires" contenant beaucoup de populations issues de l'immigration accueillie pour les besoins de l'industrie permettant de jouer les salaires à la baisse. Les autres grandes métropoles telles Marseille, Lyon, Lille réunissent la même sociologie territoriale.
Les anglais ont eu l 'occasion de matérialiser leur frustration sur LA QUESTION DE LA BUREAUCRATIE EUROPEENNE et ont surtout réagi sur des critères IDENTITAIRES (les travailleurs détachés venant de l'Est, en concurrence déloyale avec les travailleurs autochtones natifs). Et cette frustration a permis aux Conservateurs et au parti UKIP de s'engouffrer pour d'autres raison liées aux succésseurs d'Adam Smith sur les facteurs ECONOMIQUES.
Les communicants pro-européens n'ont pas de jugeote car ils pouvaient « faire réfléchir pour infléchir » l'opinion populaire sur l'enveloppe Brexit en arguant que Nigel Farage et les conservateurs veulent surtout avoir les mains libres afin d’exacerber davantage le capitalisme dit « néo libéral » en mettant la City à l'abri des technocrates bruxellois lesquels peuvent toujours pondre une régulation de la finance. Cette politique était au coeur des motivations des conservateurs et de l'ultra droite. Le programme de la droite londonienne celle qui gouverne économiquement ne supporte AUCUNE CONTRAINTE d'où qu’elle vienne, seul compte l'individualiste et le profit immaculé, avec un impôt symbolique régalien.
Mais s'ils avaient dévoilé le vrai plan en "blancheur libérale" du type l'Ecole de Chicago selon Friedrich Hayek, alors ils auraient dévoilé une contradiction d'intérêts entre les classes populaires rétives à l'émigration et la bourgeoisie de "l'hyper classe", fortunée, cultivée, nomade et experte, constituant les cellules de l'oligarchie et de la finance internationale, celle "qui n'a pas de frontière".
A titre d'exemple, la visée c'est un futur impôt à 17%( comparés aux 33% en France) sur les bénéfices des entreprises et cartels. Les Etats membres faisaient pression pour faire relever le taux de l' I.S. du partenaire anglais afin de contrer l'exil fiscal. On rajoute le classique : les assurances tous azimuts, afin de privatiser plus avant la santé, l'éducation, les transports. Les anglais new look Brexit reviendront "décomplexés" sur le salaire minima horaire (voté il y a quatre ans en Angleterre) idem pour le rallongement de l'âge du départ à la retraite, la baisse des acquis sociaux, des pensions, etc...
Pas besoin de Bruxelles pour faire exceller les anglais dans ce domaine : le capitalisme "libéral" c'est dans leur gènes.
Les paradis fiscaux des îles vierges anglo-normandes vont êtres mises définitivement à l'abri des listes « grises ». C'est ça aussi leur Brexit, ce n est pas si clair me semble-t-il dans l'esprit des gens qui se galvanisent un peu vite.
Les médias anglais comme la Chambre des Communes pouvaient-ils dès lors emprunter "ces arguments de luttes des classes" pour dénoncer le bombardier Nigel Farage ? non, il ne faut pas exagérer, quand même.. Donc peu d'espace pour la communication officielle pour troubler les sondages de ceux qui rament déjà. D'ailleurs, la propagande officielle conservatrice, les médias, N'Y PENSENT MEME PAS. ! normal ils ne s'occupent que d’eux même ; aujourd'hui, choqués, ils se lamentent sur les secousses de la Bourse (arguant une économie déstabilisée) traitant les gens d’arriérés, de nationalistes, de manquer de compassion envers les réfugiés, etc.. etc..
L'avantage restera au capital il ne faut pas être dupe. Pour autant c'est un coup de semonce dans la cuirasse systémique des donneurs de leçon et cela occasionne une bonne frayeur chez les trader et les entreprises cotées. L'Europe c'est du capital piloté par la BCE. L'Angleterre c est du capital piloté par la finance internationale anglo-saxonne, avec les copains de Wall Street. C est pas mal non plus... Cette fois le collapse fait irruption non pas du fait de la mégalo des salles de marché et des produits dérivés type subprime 2008 mais du fait d'un ras le bol populaire et symboliquement pour casser "le joujou". Les élites et bobos ne peuvent imaginer que le peuple ne soit pas heureux d'être cocu : "bah ça alors.. et ça râle en plus, la « populace » ?. non mais, on leur file la démocratie et en plus ils s'en servent ?.."
C est une bonne leçon qui va les conduire à ne plus jouer avec "le bidule" du vote référendaire. C'est à dire ne plus remettre entre les mains des pauvres, des gens floués par l'agenda européen un semblant de pouvoir citoyen élémentaire. L'agora vox.. Donc c'est : " prend toi ça dans la g....tu l'as bien cherché". Et pour Cameron c'est démission au programme, re-boum !
On peut se féliciter que l'édifice européen craquelle, désavoué par les votes populaires.
Parenthèse : les médias réchauffent la partie pour -d'une façon ou d’une autre- désamorcer la bombe a qui fait chuter les plans de la finance internationale. Ils véhiculent des sondages et des pétitions sur le Net pour revendiquer 3 millions de partisans afin - c'est l'idée- de "revoter" pour vice de forme. Parait-il que les gens n'avaient pas bien compris et même « qu’ils regrettent » les pauvres. C'est con un pauvre.. Là c'est gonflé mais on peut s attendre à tout : pouce ! j'avais pas compris.. je joue plus.
En tous cas c'est la campagne médiatique actuelle via les micros trottoir des télévisions, les meeting des déçus qui protestent en Angleterre, Irlande, Ecosse. Quelle que en soit la tournure, c'est vrai on se marre un peu quand même de leur compliquer la tâche.
Pour le reste, se rappeler la réplique du Conte lombard face à la révolte populaire (joué par Burt Lancaster dans "Le guépard" film de Visconti des années 60) :
« ..Il faut que tout change pour que rien ne change.. ».
Le brexit ce n'est pas la révolution il ne faut pas confondre. C'est juste un bug, une complication d'un jeu de rôle. Mais dans ce jeu de rôles, dans l'entre soi, les règles ça se manipulent, ça se révisent. Et c'est toujours l'oligarchie qui a les commandes.
La sortie de l'Europe et de l'euro bien entendu et sans retenue, mais aussi.. pourquoi faire ? Si c’est pour - dans le cas anglais- mettre à l’abri la finance, plus de privatisations, si c'est pour plus d’inégalités, moins de droits sociaux, ce sera du Thatcher puissance X, le programme sera vite une coquille vide, un trompe l'oeil.
Ne pas se satisfaire d'un paradis artificiel ou de l'opium du peuple. Attention à la gueule de bois pour les classes populaires anglaises.
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