Que s’est-il passé mercredi 26 janvier à Dugway ?
L’affaire retient l’attention : la base américaine de Dugway a été fermée jusqu’à nouvel ordre ce mercredi 26 janvier, pour des raisons à ce jour inexpliquées. Selon son commandant, « personne n’a été mis en danger » à l’intérieur du périmètre de la base. Mais la « cause sérieuse » mise en avant par ce même commandant pour justifier sa fermeture et empêcher toute entrée/sortie de l’enceinte fait craindre une manipulation ratée davantage qu’un simple problème de sécurité, quand on sait ce à quoi s’adonnent les personnels de ce trou perdu au milieu du désert de l’Utah. Des expérimentations dont je vous avais déjà fait part en décembre 2009, dans mon épisode 6 de la série « De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA ». La base de Dugway est en effet intimement liée à cette même CIA ; et aux expérimentations du type bacilles ou gaz innervants : c’est un des piliers des recherches sur les armes bactériologiques depuis plus de 50 ans maintenant, qui sert depuis quelque temps également aux essais de nouveaux drones. C’est dire à quel point la nouvelle peut être inquiétante.

C'est à Dugway qu'avaient été expérimentés les fameux camions disséminateurs d'armes bactériologiques qui avaient servi de modèles à ceux décrits par Colin Powell et imputés à Saddam Hussein. Je vous avais même retrouvé leur look, que Colin Powell avait décrit terait pour trait comme étant des camions... irakiens.. Et vous avais rappelé également que de "1957 à 1967, 19 officiers irakiens avaient été entraînés à la guerre bactériologique sur le territoire même des Etats-Unis !"... ce qui laisse songeur, aujourd'hui encore, car on ne sait évidemment pas ce qu'ils sont advenus depuis. De même que je vous avais déjà raconté l'une des premières fermetures de la base... pour enquête, après la mort de centaines de moutons aux alentours. Tous morts de l'agent VX, un gaz innervant qui sera expérimenté plus tard au Viet-Nam avant d'être discrètement retiré sous la pression de l'opinion. Selon des témoins qui ont déposé devant des juges en 1995, c'est bien à l'anthrax que l'on était passé à cet endroit. C'était en tout cas la déposition du docteur Gerhard Bienek, qui affirmait qu'on y avait bien fait circuler de l'anthrax de 1989 à 1993 tout au moins. L'histoire s'était sue, et était remontée jusqu'aux oreilles du gouverneur de l'Etat. Selon Bienek toujours, il lui avait été demandé de minimiser au maximum le rôle de l'anthrax dans une lettre envoyée en réponse au gouverneur local Norman H.Bangerter, qui s'inquiétait, afin de calmer les questions que posaient par la voix de l'élu les populations locales. "On ne peut ainsi mentir au Gouverneur et à la population de l''Utah" avait-il alors indiqué quelques temps après, pris de remords. On l'avait forcé à évoquer la production de 10 millilitres seulement, alors qu'il savait qu'il y en avait selon lui pour au moins "30 gallons" (plus de 110 litres, ce qui est énorme !)... Bienek précisant que la sécurité à l'époque était plutôt lâche sur la base... ce qu'avait immédiatement démenti l'attachée de presse de l'époque, Paula Nicholson. Qui se sentait obligée d'ajouter en 2002 que "depuis le 11 septembre, la sécurité avait été renforcée". Ce que Bienek moquait, en dénonçant une corruption rampante et généralisée au sein de la base... Bienek subissant peu après ces premières déclarations les premiers effets sur sa santé des multiples expositions subies à Dugway. Il dénoncera un autre phénomène inquiétant : les décharges sauvages du site, dont celle de Tooele County, pour laquelle le shérif du coin n'avait pas pris visiblement la juste mesure et la dangerosité ; sous informé par les militaires de la base de Dugway.
Car le site de Dugway demeure encore aujourd'hui un vase clos, où l'on teste aujourd'hui les armes du futur (aux bien étranges hangars gonflables et d'aussi étranges radars météos) : en 2009, le site avai accueilli des expérimentations sur de nouveaux drones, sous l'appellation ronflante "d' Unmanned Aircraft Systems Project Office Rapid Integration and Acceptance Center"... en plein désert, Dugway est l'endroit rêvé pour les expérimentations de drones, en effet. Le problème étant que l'histoire de l'endroit est tellement mêlée à celle des expérimentations de gaz ou de bacilles que le mélange des deux genres fait froid dans le dos... Selon les directives officielles en effet a changé d'objectif premier : "le centre de Dugway, qui est ouvert à tout organisme militaire ayant des besoins en matériel sans pilote à tester rapidement et à mettre en service, a une triple mission - de tester et d'obtenir le plus d'aéronefs date dans le laps de temps le plus court possible et à fournir à l'armée, et au ministère de la Défense, à l'industrie et aux universités une installation de classe mondiale pour la recherche, la conception et la formations des opérateurs " est-il écrit dans une brochure présentant le site.. repercutée par le magazine Deseret News. Du plus petit (le Raven) aux moyens (le Shadow 200) jusqu'au plus gros (le Predator), tout l'éventail des drones est testé à Dugway nous précise le même magazine. Avec juste à côté, les stocks d'agents neurotoxiques.
Le lendemain déjà, en effet, la base annonçait fièrement que tout était OK à nouveau... mais en révélant qu'un "flacon de VX "léthal" avait manqué à l'appel pendant toute la journée de mercredi, lors d'un "inventaire de routine". Il n'avait été retrouvé que le lendemain vers 15h, précisait-on. Bien, tout allait mieux dans le meilleur des mondes... à part que l'aveu était sidérant : le stock de gaz innervant est donc toujours bel et bien existant, et sa suveillance... toujours aussi lâche. Toujours selon la mise au point de l'armée, le flacon manquant était "minuscule", ne contenant qu'un seul millilitre "en gros un quart de petite cuillère" précise le porte parole de l'armée. On veut bien le croire, comme on a crû lors de l'attaque de l'Irak que Saddam Hussein en possédait, du méthylphosphonothioate, ou VX, découvert en 1954 par les anglais : même qu'à ce moment là on affirmait qu'une seule goutte sur une tête d'épingle était mortelle... selon l'équipe de joyeux drilles de Colin Powell, et même déjà avant son arrivée sous Bill Clinton Saddam nentait et en avait même mis dans ses têtes de missiles (à l'époque on est allé très loin dans la charge contre l'individu !). Ce texte de la BBC retrouvé de 1998 le prouvant par l'exemple. Sans odeur et sans goût, le VX est difficilement détectable. Avoir à en faire la chasse, en 2011 encore à ce genre d'arme dans un endroit où l'on teste l'un des vecteurs les plus discrets pour en répandre ne présage rien de bon : on sait que l'ineffable Dick Cheney a parlé à plusieurs reprises d'une attaque "terroriste", "sur le sol américain", d'une ampleur inusitée pendant le règne de l'administration Obama, prétendue laxiste en tout dans le domaine du Homeland Security. Aurait-on assisté à une énième tentative de déstabilisation comme celle qui avait été tentée avec la disparition lors d'un vol de convoyage de décommissionnement d'un ou deux missiles à tête nucléaire ?
Et il y avait danger connaissant l'action de ce fluide : le "VX est un type d'agent neurotoxique. Quand l'agent VX entre en contact avec un être humain, les effets sont dévastateurs. Le VX bloque un certain type d'hormone qui détruit normalement les neurotransmetteurs qui stimulent les différents types d'organes dans le corps humain, et quand ils sont exposés, les enzymes sont paralysés et les neurotransmetteurs continuer à travailler. M. Joyce a expliqué que la cause du décès est habituellement l'accumulation de fluides dans les poumons, les spasmes dans les poumons, des convulsions et coma".
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