Que veut dire pour vous être Français ?
Qu'est-ce que cela signifie pour vous d'être Français ? La réponse à cette question correspond à l'idée que l'on se fait de soi. C’est l’identité « subjective ». L’identité « objective » ou « sociale » correspond à la nationalité, le sexe, l’âge, le métier. Ces deux identités, la subjective et la sociale, sont étroitement liées.
A notre insu, nous sommes imprégnés par l’histoire dont nous sommes les héritiers, par la langue que nous parlons, par la société dans laquelle nous avons grandi. On a beau le nier. On ne dispose pas de ce qui dispose de vous, on ne rejette pas sa culture, comme s’il s’agissait d’un vêtement. L’inconsciente est intraitable : il ne peut ni s’échanger ni s’acquérir. A chaque peuple sa culture et ses valeurs morales, ses traditions politiques, ses règles de comportement. Dans les pays pluriethniques - et aujourd’hui la plupart des pays le sont - les conflits ne sont pas des conflits de race, mais de croyance et de culture.
Depuis les deux guerres mondiales, la notion de l’identité nationale est un synonyme de nationalisme. Comme l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa l’explique, la notion rappelle « le sang qu'elle a fait couler au cours de l'histoire, (...) l'alibi qu'elle a offert à l'autoritarisme, au totalitarisme, au colonialisme, aux génocides religieux et ethniques. » Mais les identités subjectives et objectives des divers pays existent, et c'est pourquoi ce débat est tout à fait essentiel dans la société d'aujourd'hui. Il faut essayer de clarifier ce qu'est une identité, ce qu'est le travail identitaire aujourd'hui.
La France possède une identité propre, n’en déplaise à certains. Cette identité se fonde sur certaines “valeurs” que sont les notions de démocratie, de liberté, d’égalité, de fraternité. Ajoutons que la France a cette noble attitude de se considérer comme un pays d’accueil et qu’elle en fait part intégrante de son identité. La France, donc, ne se définit jamais comme une “race”, une “ethnie”, et encore moins comme une “religion”, mais comme une somme de valeurs et de traditions.
On entend parfois dire que ces valeurs sont universelles. Elles devraient sans doute l’être, mais il faut admettre que ce n’est pas le cas et en réalité certains pays ne les reconnaissent pas toutes. La plupart des êtres humains n’en bénéficie donc pas, et c’est peut-être pourquoi nous attirons effectivement plus d’immigrés que d’autres pays, la Sécurité Sociale et les Assedic ne pouvant justifier à eux seuls cet engouement général pour ce beau pays.
La société dans laquelle on a grandi nous a fabriqué notre identité. Elle a laissé une empreinte indélébile sur nous, pour le bien ou pour le pire. Dans la civilisation occidentale, avec ses racines gréco-judéo-chrétienne, nous avons tous, Français, Allemands, Polonais, (et même Australiens !) beaucoup en commun, même s‘il y a des petites différences dans les mœurs et coutumes. En même temps, chaque nation a son caractère ou identité spécifique.
Une identité nationale existe bel et bien, qu’on le veuille ou non ! Tout étranger qui s’installe sur le sol français le constate rapidement. S’il est de culture européenne, il s’adaptera vite aux particularités des mœurs et coutumes, même si l’adaptation à certaines coutumes peut demander un peu plus de temps. Pour l’étranger de culture extra-européenne, avec d’autres valeurs parfois contraires aux valeurs européennes, l’adaptation est plus difficile. Mais s’il envisage de s’installer définitivement en France, elle est indispensable .
Evoquer la notion d’identité nationale et vous êtes immédiatement dénoncé comme « raciste », alors qu’en même temps les identités minoritaires sont, elles, exaltées haut et fort au nom de la diversité. L’obsession antiraciste nous met dans la situation où la seule origine qui n’a plus le droit de cité est l’origine française. On affirme que la France est un pays d’immigration et de métissage, et que la notion d’une identité française ou, pire, celle du « Français de souche », n’a pas de sens autre que celui du racisme.
Le rejet de toute notion d’identité nationale et l’effondrement des références nationales se sont accompagnés d’une explosion des égoïsmes, d’une implosion des couples et des familles, d’un bouleversement de l’ancien modèle éducatif et à un inversement de l’exigence d’intégration : dorénavant ce n’est plus l’étranger qui doit s’adapter à la société hôte, mais celle-ci qui doit se montrer tolérante et s’accommoder des mœurs et coutumes des nouveaux venus. C’est ce qu’on appelle « la discrimination positive », et désormais, toute critique de la politique d’immigration paraît périlleusement proche d’une discrimination raciste.
La monnaie commune, pourtant dénommée euro, ne représente sur ses billets aucun personnage historique célèbre européen ni aucun élément du patrimoine artistique, architectural, spirituel, scientifique ou industriel. Bruxelles a honte de notre passé et s’acharne à laminer nos mémoires. Au début 2011, la suppression des fêtes chrétiennes dans un prétendu calendrier européen, a révélé cette volonté d’effacer nos racines. Au nom d’une Europe, on efface ce qu’elle fut, comment elle s’est édifiée et ce que sont ses véritables valeurs.
Pourtant, l’Europe à bien une identité propre, fondée sur les valeurs communes de respect de la dignité humaine, de liberté, de laïcité, de démocratie et des droits de l‘homme. Il suffit de voyager dans les divers pays de l’Union pour s’en rendre compte. Malgré les langues différentes, on ne se sent jamais aussi dépaysé que dans les villages asiatiques ou africains. On ressent partout ce socle commun que sont nos valeurs morales et politiques, héritées d’une synthèse de la pensée gréco-romaine et chrétienne.
Mais on ne s’identifie pas avec l’Europe des technocrates qui n’est qu’une union économique, commerciale et anti-démocratique. On ne veut pas cette Europe de la puissante Commission européenne, institution non-élue qui pratique un déni de démocratie en bafouant les démocraties nationales. L’identité européenne est fondée sur les valeurs communes à tous les peuples européens.
Le thème de l’identité nationale est un sujet tabou, parce que depuis les deux guerres mondiales, la notion est devenue synonyme de nationalisme. Comme l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa explique, la notion rappelle « le sang qu'elle a fait couler au cours de l'histoire, (...) l'alibi qu'elle a offert à l'autoritarisme, au totalitarisme, au colonialisme, aux génocides religieux et ethniques. » Mais les identités subjectives et objectives des divers pays existent, et c'est pourquoi ce débat est tout à fait essentiel dans la société d'aujourd'hui. Il faut essayer de clarifier ce qu'est une identité, ce qu'est le travail identitaire aujourd'hui.
Réf. : Sylvain VENAYRE, Les origines de la France. Quand les historiens racontaient la nation, Seuil, 2013.
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