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Accueil du site > Tribune Libre > Quel avenir pour le Développement Durable ?

Quel avenir pour le Développement Durable ?

En 1987, le rapport Brundtland énonçait le principe, relativement flou, du Sustainable Development (traduis par Développement Durable) en ces termes : « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ».

Ce principe a rapidement été interprété et représenté en faisant apparaître trois piliers qui sont :

- l’environnemental

- le sociétal

- l’économique

L’ensemble devant atteindre un équilibre pour définir un système durable.

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Engouement…

Le Développement Durable est donc une notion plus ancienne qu’il n’y paraît au premier abord. Mais les préoccupations auxquelles elle doit répondre le sont plus encore.

Dès 1948, H. Fairfield Osborne jr. publiait un ouvrage intitulé « La planète au pillage », dénonçant le gaspillage des ressources naturelles par les sociétés humaines et mettant en lumière l’accélération de l’érosion des sols. Il posait, à travers ce constat, la question de l’approvisionnement en ressources alimentaires en lien avec l’augmentation de la population mondiale.

Cependant, paru au lendemain de la 2nde guerre mondiale, cet essai n’eut que peu d’échos ; balayé qui plus est par l’avènement de la « révolution verte » et la période des « 30 glorieuses ». Cela ne fera qu’accélérer la dégradation de l’environnement, naturel ou non, masquée par le « progrès » technique et économique.

Néanmoins, cette période sera également celle de l’apparition du mouvement écologiste, qu’il soit politique (en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest) ou associatif (Greenpeace, WWF, etc.), mouvement intimement lié à l’origine à l’utilisation de l’énergie nucléaire, civile ou militaire, alors en plein développement.

Bien que largement connus du grand public, ces mouvements n’ont longtemps attiré qu’une minorité de personnes, militants convaincus.

Mais la diffusion des questions environnementales et sociétales progressent. On pourrait ainsi inclure dans la grande mouvance pré-Développement Durable des éléments aussi divers que la publication du Rapport Meadows[*], l’organisation de concerts caritatifs pour lutter contre des famines (Bangladesh, Ethiopie, etc.) les luttes contres les chasses aux cétacés ou aux pinnipèdes, l’interdiction du DDT ou des CFC ou encore la création des ministères de l’environnement (liste non exhaustive !).

Cela impacte donc progressivement la société civile mais également le monde politique jusqu’à l’émergence du problème du changement climatique.

Bien que connu, ou tout du moins fortement suspecté, depuis plusieurs décennies, la question du changement climatique sert depuis quelques années de locomotive à l’expansion du principe de Développement Durable dans toutes les sphères de la société, du simple citoyen aux grandes entreprises, en passant par les chefs d’Etat et même le Département de la Défense américain, pourtant peu porté sur la chose habituellement...

Quel que soit le nom ou le visage qu’on lui donne, le Développement Durable s’est installé dans nos vies et la question du changement climatique lui a donné une place plus importante que jamais. A ce titre, la diffusion en 2006 du documentaire américain « Une vérité qui dérange », présenté par l’ancien vice-président des Etats-Unis d’Amérique Albert Gore jr., puis la parution la même année du Rapport Stern, du nom de Sir Nicholas Stern, ancien vice-président de la Banque Mondiale, ont propulsé la question du changement climatique au cœur du débat public et dans les médias.

Ainsi, d’après l’institut de veille médiatique Media Intelligence, 2007 a été une année charnière[†] pour la visibilité de l’ « écologie » à la télévision. Cet institut a élaboré un indice pondérant le nombre de minutes consacrées à un thème par l’audience de la chaîne au même moment. Il en ressort, en 2008, que l’environnement arrive en tête des sujets traités dans les journaux télévisés de 20h des 2 grandes chaînes nationales françaises (TF1 et France 2), devant le thème de l’emploi[‡]. De même, une étude statistique menée sur des données de 1996 à 2006 montre que la part de l’environnement dans les journaux télévisés du soir des 6 chaînes nationales hertziennes en France avait déjà progressé de 37% durant cette période[§].

Le Développement Durable a donc le vent en poupe mais l’usage qui en est fait est à relativiser. L’intérêt relativement nouveau du grand public pour ces questions attise les convoitises.

 

Détournement…

Dans les faits, il apparaît que le domaine économique est le grand bénéficiaire de l’engouement actuel pour le Développement Durable, entraînant donc le dévoiement de ce qui devait être à l’origine la synthèse équilibrée des 3 piliers évoqués ci-dessus avec, comme priorité, le soutient aux populations les plus démunies et la préservation du capital naturel.

Ainsi, cette idée de Développement Durable est en train d’être absorbée et digérée par le système économique en recherche permanente de croissance, qu’elle soit en termes de consommation ou de profits.

Le marketing a bien compris l’intérêt de l’argument écologique, en abusant pour écouler des produits répondant pourtant à la même logique commerciale et conceptuelle que les produits « classiques » : vendre toujours plus de nouveautés souvent en trompe-l’œil et dont la durée de vie baisse, sous couvert d’ « innovation ».

Cela va ainsi à l’encontre d’un certain bon sens, énoncé notamment par le célèbre designer Philippe Starck dans ces propos :

« L’acte légitime du designer est d’abord la question sur la légitimité du produit, c’est lui qui lui donne sa véritable existence. Et suivant la réponse qu’il donnera à cette question, l’un des actes les plus positifs que le designer puisse faire, c’est le refus – ce qui n’est pas toujours facile. Refus parce que l’objet existe déjà et fonctionne parfaitement. Le répéter ne serait donc qu’un acte vénal porteur de conséquences graves en termes d’appauvrissement des richesses de la Terre et aussi en termes d’abrutissement et d’appauvrissement des gens puisqu’ensuite, cela doit être relayé par des services qui abrutissent les gens jusqu’à temps qu’ils l’achètent – je parle de la publicité, des médias en général […] ».

Une idée similaire a été exprimée par André Gorz[**] en ces termes :

« […] Ces besoins, toutefois, ne sont plus des besoins ou des désirs « naturels », spontanément éprouvés, ce sont des besoins et des désirs produits en fonction des besoins de rentabilité du capital. [Celui-ci] se sert des besoins qu’il sert en vue de son propre accroissement, lequel demande en retour la croissance des besoins ».

L’accaparement de l’ « écologique » par le marketing et la communication est visible tous les jours, par tous.

Ce qui l’est moins en revanche est la recherche de profits « verts » en dehors des sphères grand public. Ici, la finance entre en jeu.

Les institutions financières, en lien avec les gouvernants des pays dits développés mettent en œuvre ce que l’on appelle les bourses du carbone (exemple : BlueNext, issue du partenariat entre le NYSE et la Caisse des Dépôts et dont le siège est à Paris).

Contrairement aux autres marchés plus connus (en apparence tout du moins, mais ceci est un autre sujet…), et malgré la présentation qui en est souvent faite[††], ces bourses du carbone ne reposent pas totalement sur la loi de l’offre et de la demande.

En effet, la marché du carbone a la particularité d’être planifié pour voir son cours augmenter régulièrement à court et moyen terme du fait de quotas censés être de plus en plus restrictifs à l’avenir pour les entreprises ou entités assujetties[‡‡]. Cependant, le cours de la tonne de CO2 peut d’ores et déjà varier artificiellement, en spéculant à la hausse (contrats Futures), et surtout du fait de la présence sur ce marché d’acteurs extérieurs aux plans nationaux d’allocation des quotas d’émission ! Et l’on constate dès à présent que les contrats de vente et d’acquisitions sont nettement plus nombreux (plusieurs dizaines de fois) que les échanges réels de droits d’émission.

La spéculation financière sur un marché censé être « écologique » et répondre à une problématique concrète est déjà en marche, tous les ingrédients étant réunis pour la permettre.

Ainsi, certaines personnalités influentes dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques remettent radicalement en cause ce principe tel James Hansen, fin 2009 : « [Cette approche basée sur le marché] permet tout au plus aux pollueurs et aux traders de Wall Street d’escroquer des milliards de dollars aux citoyens. […] Car le commerce et la vente de ces permis perpétue en fait la pollution qu’ils sont censés éliminer. Si les émissions de tous les pollueurs tombaient en dessous du plafond qui est progressivement abaissé, le prix des droits d’émissions s’effondrerait et la justification économique pour poursuivre la réduction de la pollution disparaîtrait. »[§§] Il s’appuie notamment sur l’exemple du Clean Air Act de 1990, destiné à limiter les rejets de dioxyde de soufre et de d’oxyde d’azote par l’industrie aux Etats-Unis et dont le bilan semble mitigé. Il dénonce également les exemptions dont certaines des industries les plus polluantes ont bénéficié : « Pire encore, les lobbyistes des industries polluantes avaient fait en sorte que la loi Air Pur (Clean Air Act) autorise les centrales électriques existantes à bénéficier d’un « droit acquis », leur permettant d’échapper à de nombreuses mesures anti-pollution. Ces vieilles centrales seraient bientôt mises hors service, affirmaient les exploitants. Ce qui n’a pas vraiment pas été le cas : les deux tiers des centrales à charbon en fonction aujourd’hui ont été construites avant 1975. »[***] Remarquons qu’il s’agit d’une des raisons ayant conduit le Conseil Constitutionnel français à rejeter la Contribution Climat Energie (ou taxe carbone) telle que présentée par le gouvernement français le 29 décembre 2009.

De fait, l’avenir financier du carbone réserve probablement bien des surprises tant les fées se penchant sur son berceau ont montré des compétences en la matière…

Ainsi, l’International Continental Exchange (ICE – créé par des établissements bancaires, Goldman Sachs en tête, et des compagnies pétrolières) qui est un acteur majeur des marchés à terme du gaz et du pétrole, contrôle le Chicago Climate Exchange (CCX – la bourse du carbone de Chicago) et sa filiale européenne, le London Climate Exchange (LCX). Un des fondateurs associés de l’ICE, M. Richard Sandor, est entre autres le président du Chicago Climate Futures Exchange[†††] (CCFE – marché à terme de produits financiers environnementaux) et serait l’inventeur de produits dérivés sur les échanges de droits d’émissions de CO2. Produits dérivés qui ont également comme soutient important Mme Blythe Masters, actuellement à la tête du marché des matières premières chez JP Morgan et à qui est attribué la création des Credit Default Swap (CDS), il y a 15 ans déjà chez JP Morgan, et qui ont eu raison notamment d’AIG et de Lehman Brothers fin 2008…

Les conséquences peuvent être plus graves et plus directes pour l’environnement et les populations concernées lorsque un gouvernement ou une autorité publique devient le porte parole d’intérêts particuliers, qui se révèlent in fine être en totale contradiction avec les « besoins naturels » et les intérêts publics.

L’exemple le plus médiatique est celui des organismes génétiquement modifiés (OGM), qu’ils végétaux ou animaux. En effet, les industries de biotechnologie ont énormément bénéficiées du soutient de nombreux gouvernements, en particulier du gouvernement américain et ce, qu’il soit démocrate ou républicain. Ainsi, Bill Clinton rend un hommage appuyé à la société Monsanto lors de son discours sur l’état de l’Union, en février 1997 suite à sa réélection (pour laquelle Monsanto avait généreusement contribué financièrement)[‡‡‡]. Le gouvernement démocrate de l’époque (faisant suite à l’important soutient des gouvernements Reagan et Bush sr. dans les années 80) n’aura de cesse de vanter les mérites des biotechnologies et des OGM comme réponse à la faim dans le monde et à l’adaptation des cultures aux conséquences du réchauffement climatique et de la perte des ressources en eau.

Il s’avère dans les faits que la non toxicité des cultures OGM est régulièrement remise en cause dans de nombreuses études indépendantes et que les rendements obtenus sont souvent bien en deçà des espérances. De plus le principe du brevetage des espèces cultivées s’avère être un piège redoutable pour les exploitants en même temps qu’une rente pour les grandes sociétés propriétaires de ces brevets.

En réponse à la prise de conscience (superficielle ou réelle) par les milieux politiques et économiques de la finitude du monde, le principe d’internalisation des coûts externes environnementaux s’impose de plus en plus comme une évidence afin d’essayer de faire émerger le prix réel des biens que nous produisons, en relation avec la raréfaction et la dégradation des ressources que nous extrayons ou exploitons. L’objectif d’origine est louable (prendre en compte l’impact de l’économie sur l’environnement) mais plutôt que de proposer une nouvelle vision des rapports entre le monde économique et le monde naturel, ce principe risque de seulement rassasier provisoirement l’appétit du monde économique en créant de nouveaux marchés tel que nous l’avons vu avec les bourses du carbone, le brevetage du vivant (modifié ou non) ou simplement sa monétarisation. Ainsi, « […] la nature doit être vue comme un capital. Elle constitue un ensemble d’actifs qui peuvent devenir une source de profits et d’avantages, un moyen de créer plus de richesse. »[§§§] Ce principe est à la base du détournement de la notion de Développement Durable par le monde économique comme le montre cette déclaration d’un responsable de la société Shell : « En gérant la biodiversité, vous créez de nouvelles opportunités de marchés. »[****]

Le constat est sans appel, la désacralisation du monde naturel au cours de l’histoire a provoqué sa perte et risque de nous entrainer avec…

 

Pour quel résultat ?

On l’a dit, le Développement Durable a le vent en poupe même si l’usage qui en est fait est à relativiser. Et parallèlement, le bilan continue inexorablement à s’alourdir en défaveur de l’environnement et du monde naturel. La perte de biodiversité, censée être stoppée à l’échéance 2010, n’a jamais été aussi forte, les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître au niveau mondial, les déchets s’accumulent et se dispersent au grès des vents et des courants[††††], la bioaccumulation de substances toxiques se retrouve dans tous les écosystèmes, l’artificialisation et l’érosion des sols progressent continuellement, etc. La dette écologique se creuse tous les jours.

Et pourtant, tous les beaux discours et belles promesses s’effacent dès la première crise pour refaire place à la croissance et à la consommation. Marche ou crève…

De même, le succès grandissant des principes « écologistes », quelles qu’en soient les raisons, a pour effet secondaire un fort accroissement des opinions contestataires.

La question du changement climatique en est le meilleur exemple du fait de son extrême médiatisation.

Fin 2009, l’éditorialiste du Guardian, Georges Monbiot écrivait : « Inutile de le nier : nous sommes en train de perdre. Le déni du changement climatique se répand tel une maladie contagieuse […]. Une enquête menée le mois dernier [octobre 2009] par le Pew Research Center révèle que la proportion d’Américains qui estiment qu’il existe des preuves solides montrant que le monde s’est réchauffé au cours des dernières décennies a chuté de 71% à 57% en 18 mois seulement. […] Une étude du site Internet DesmogBlog montre que le nombre de pages Internet affirmant que l’origine humaine du réchauffement global n’est qu’un canular ou un mensonge a plus que doublé l’an dernier. »[‡‡‡‡] Il est vrai que des affaires telles que le Climate Gate, opportunément sorti quelques semaines avant la conférence de Copenhague sur le climat, ne participent à l’émergence d’un consensus public…

Mais G. Monbiot développe également un argumentaire très intéressant concernant la psychologie des populations face à des événements ou situations rappelant notre condition de mortels, nous poussant, d’après l’anthropologue E. Becker, « à nous protéger avec des mensonges vitaux ou par une armure psychologique »[§§§§]. Ainsi, « un article récent du biologiste L. Janis Dickinson, publié dans la revue Ecology and Society émet l’hypothèse que le flot constant de nouvelles et de débats sur le réchauffement climatique rend difficile de réprimer les pensées de mort, et que les gens pourraient réagir à la perspective terrifiante de la rupture du climat avec des moyens qui renforcent leur cuirasse psychologique mais qui diminuent nos chances de survie. »[*****]

Allié à la défense d’intérêts particuliers, ce phénomène, même s’il est encore peu documenté, pourrait participer au renforcement de ces mouvements contestataires, voire de déni.

L’expression des avis divergents sur les questions d’écologie prend de plus en plus l’allure d’une guerre de tranchées.

Ainsi, les « écologistes » sont régulièrement qualifiés de Cassandres modernes par les tenants du « progrès » et du « développement » (ces derniers oubliant ou ne sachant pas que Cassandre avait raison même si elle n’était pas écoutée) et les leaders d’opinion désignés le plus souvent comme des « gourous », mobilisant des hordes de fanatiques et s’en mettant plein les poches au passage. Il est cependant intéressant de remettre en perspective cette question et de regarder, au cours de l’histoire récente, qui a le plus profité financièrement de ces nouveaux « marchés », et dans quel camp on compte le plus d’actes de violence…

Quant à la question de la démographie, peu de décideurs (voire aucun) ne semble vouloir regarder le problème en face ou, tout du moins, l’évoquer publiquement. Le tabou est trop puissant. Et pourtant, aussi désagréable que soit cette idée, si la régulation ne se fait pas de gré, elle risque d’être forcée, et se seront une fois de plus les populations les plus fragiles qui se retrouveront en première ligne. La question de la disponibilité en ressources énergétique suit le même principe, d’autant plus que ces deux problèmes sont intimement liés.

Il est grand temps d’intégrer la réalité physique et biologique des choses. Notre environnement et les ressources naturelles qu’il contient constituent le socle sur lequel les individus, les communautés, les sociétés et les entreprises se sont bâtis. Le fonctionnement des sociétés et des systèmes économiques, aussi sophistiqués soient-ils, nous ramène immanquablement au monde naturel.

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Le Développement Durable est donc, plus que jamais, un concept d’actualité et d’avenir. Seulement, il est nécessaire d’en revoir ses règles afin de les intégrer au monde réel dans lequel nous vivons plutôt que de systématiquement vouloir faire l’inverse. Notre environnement naturel est un système complexe, vivant et évolutif. Il est le socle sur lequel repose toutes notre société et notre économie réelle, et doit à ce titre cesser d’être vu uniquement comme une somme de ressources à exploiter sous peine de ne pas y survivre.

Le Développement Durable doit impérativement évoluer car tel qu’il nous est présenté (vendu ?) actuellement, il porte en lui les germes des excès futurs. S.J. Gould disait : « notre siècle n’est pas la norme de tous les temps ». La réciproque est toute aussi vraie et les décideurs, qu’ils soient économiques ou politiques, devraient intégrer ce principe. Nous ne sommes plus pendant les 30 glorieuses ou au début de la révolution industrielle et le temps presse pour réinventer le monde.

« Je définis donc aujourd’hui la nature comme ce qui va naître, ce qui est en train de naître en ce moment, ce que nous voyons naître de nos yeux désormais ouverts, soit l’intégrale de fait des risques nouveaux, extérieurs aux risques humains, quoique sans doute provoqués par eux.

Evoquée ou révérée jadis, répudiée naguère, dépecée aujourd’hui, la nature comme somme des forces reconstituées comme en retour de nos actions, revient dans notre dos. »[†††††]


[*] Publié en 1972 par le Club de Rome sous le titre « The limits to growth »

[†] Dossier Ecologie-Télévision, TerraEco n°6, septembre 2009, p. 44

[‡] Ibid

[§] Ibid

[**] André Gorz, Ecologica, Ed. Galilé, p.62

[††] Le principe de base est la possibilité pour une entité A, qui dispose d’un crédit carbone suite à des actions de réduction de ces émissions, de pouvoir vendre ce crédit à une entité B qui souhaite atteindre son quota d’émission sans avoir pu (ou voulu…) mettre en œuvre des actions de réduction.

[‡‡] « A terme, le stock de quotas sera réduit, ce qui diminuera d’autant le total des émissions autorisées. » (source : BlueNext).

[§§] James Hansen, « La fausse solution des quotas carbone », New-York Times, 6 décembre 2009 (traduction de contreinfo.info). James Hansen est un climatologue américain, directeur de l’institut Goddard d’études spatiales de la NASA depuis 1981 et membre de l’Académie des Sciences des Etats-Unis.

[***] Ibid

[‡‡‡] Marie-Dominique Robin, Le monde selon Monsanto, Ed. La Découverte

[§§§] Donald Worster, dans Ecocide, Franz J. Broswimmer, Ed. Parangon

[****] Steven de Bie, Shelle International dans Business and Ecosystems, EarthWatch Institute, IUCN, WBCSD, WRI.

[††††] Daisy Duman, Un océan de plastique, L’Ecologiste, n°24, oct. déc. 2007, pp. 16-1

[‡‡‡‡] Georges Monbiot, « Changement climatique et armure psychologique », Guardian, 2 novembre 2009 (traduction de contreinfo.info).

[§§§§] Ibid

[*****] Ibid

[†††††] Michel Serres, Entretiens du XXIème siècle : Signons la paix avec la Terre, Ed. UNESCO – Albin Michel
 

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3 réactions à cet article    


  • anty 13 février 2010 09:25

    L’avenir pour le développement durable ?

    A mon avis l’effort qu’on fait pour le developpement durable ne sera pas durable...


    • Francis, agnotologue JL 13 février 2010 11:06

      Excellent article mais qui « tire dans tous les coins ». Après une première lecture, il me serait difficile d’en faire un court résumé.

      Ceci étant, j’ai noté ce passage : « ... Le déni du changement climatique se répand tel une maladie contagieuse […]. .... Une étude du site Internet DesmogBlog montre que le nombre de pages Internet affirmant que l’origine humaine du réchauffement global n’est qu’un canular ou un mensonge a plus que doublé l’an dernier. »

      Si je suis d’accord avec vous quand vous parlez de changement climatique, voire, un réchauffement global, je m’insurge avec violence contre l’expression consacrée dans les médias de » réchauffement climatique".

      Je persiste à dire que cette expression est doublement mensongère : outre qu’elle est destinée à accréditer la thèse que ce seraient nos seules émissions de CO2 qui feraient fondre la banquise, ce que je ne crois pas, elle évoque pour nous occidentaux, une amélioration de nos climats, et c’est malheureusement le contraire qui nous pend au nez.

      http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/c-est-quoi-un-rechauffiste-68702


      • Terran 13 février 2010 11:49

        ****L’ensemble devant atteindre un équilibre pour définir un système durable.****

        Ce qui est soumis à l’équilibre est statiques. Et donc ne peu pas se dévellopper.

        Le développement durable, ça n’existe pas.
        Les mots ont un sens.

        L’auteur est sans visage et ne représente rien !

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