Quel communisme pour le XXIe siècle ?
Cela fait trente ans maintenant que l'URSS s'est effondré sur le plan économique et avec sa disparition on croyait le communisme mort enterré. Mais dans touts les pays développés, durant ces trente dernières années, la croissance du PIB s'est fortement ralentit. En 2009, ces pays subissent leur pire crise économique et financière depuis celle des années 1930.
Karl Marx redevient fréquentable. Le Capital, son oeuvre capitale, connaît un regain de vente dans les librairies depuis 2009. Car son analyse géniale du capitalisme-salariat devient incontournable face à la faillite de la science économique officielle aux ordres des gouvernements successifs.
Lorsqu'on parle de communisme, la question de la nature de l'URSS devient inévitable au point que les différents partis du mouvement communiste actuel se distingue les uns des autres par rapport à cette question fondamentale[1]. D'autre part, dans les médias dominants, et donc populairement, toute alternative collectiviste au capitalisme-salariat est balayé en évoquant la faillite de l'URSS.
Pourquoi l'URSS n'a jamais été communiste
Pour comprendre la nature de l'URSS, le Capital de Marx nous sera d'un grand secours notamment la dernière section de son livre 2, les fameux schémas de reproduction élargie. Il faut donc connaître d'abord ces schémas.
Les schémas de reproduction de Marx sont la première description théorique de la croissance PIB. Il part d'abord des travaux de François Quesnay[2] puis les developpe pour donner naissance à une nouvelle théorie géniale de la croissance du PIB. Entre les travaux de Quesnay et Marx il y a un intervalle de plus d'un siècle. Durant toute cette longue période, les économistes avancés de l'Europe de l'Ouest tatonnaient dans le noir et ne voyaient rien et soudain comme une lumière éblouissante jaillit du fonds du cosmos, Marx offrit à la science économique, les lois fondamentales d'après lesquelles le produit intérieur brut (PIB) s'accroît d'année en année. J'expose donc cette théorie de façon brève, pour le reste le livre 2 du Capital est indispensable.
Admettons que le PIB annuel soit d'un montant de 9000 milliards d'euros. Marx divise le PIB en deux grandes sections : la section de la production des biens de production 6000 milliards d'euros(section I) et la section de la production des biens de consommation 3000 milliards d'euros(section II)
À leur tour, chaque section est divisé en capital constant c, capital variable v et en plus-value p. Le capital constant représente la valeur des biens de production utilisés pour la production, le capital variable est l'ensemble des salaires et la plus-value est l'ensemble des profits d'où dérive la rente foncière, l'intérêt bancaire et le profit commercial. L'ensemble de ces revenus sont supposés avant impôts.
Le schéma de Marx devient :
I.4000c + 1000v + 1000p = 6000 milliards d'euros
II.1500c + 750v + 750p = 3000 milliards d'euros
PIB = I + II = 9000 milliards d'euros.
Dans ce schéma, nous voyons que 1000 Iv + 1000 Ip est supérieur à 1500 IIc , telle est la condition essentielle de la croissance du PIB sinon si I(v + p) est égale où inférieur à IIc alors la croissance du PIB devient impossible.
Admettons que la section I investisse 45 % de sa plus-value soit 450 Ip. Pour cela, conformément à la composition organique du capital c/v = 4 (4000c / 1000v), elle doit consacré 360 Ip à l'achat de nouveaux biens de production et 90 Ip à l'embauche de nouveaux salariés. Le schéma d'investissement est alors 450 Ip --->[360 Ic + 90 Iv ].
90 Iv en salaires doit être échanger contre 90 IIc de biens de consommation. Pour cela, la section II doit investir 135 IIp de sa plus-value soit 90 IIc en biens de production et 45 IIv en salaires(c/v = 2 dans la section II).
Dans la section I, 1000 Iv en salaires doit s'échanger contre 1000 IIc en biens de consommation ; l'investissement de 450 Ip implique que 550 Ip soit dépensé comme revenu. En somme, 1000Iv + 550Ip en argent doit s'échanger contre des biens de consommation de la section II autrement dit 1550 I(v + p) doit s'échanger contre IIc mais IIc n'est que de 1500.
La section II doit donc investir 75 IIp de sa plus-value, soit 50 IIp en biens de production et 25 IIp en biens de consommation, pour que 1550 I(v + p) puisse s'échanger contre 1550 IIc.
En somme on a deux schéma d'investissement dans la section II :
135 IIp --->[90 IIc + 45 IIv]
75 IIp --->[50 IIc + 25 IIv]
À la fin de l'année, le schéma du PIB devient :
I. (4000c + 360c) + (1000v + 90v) + 1090p(le taux d'exploitation p/v = 100 %)
II. (1500c + 90c + 50c) + (750v + 45v + 25v) + 820p(le taux d'exploitation p/v = 100%)
Soit
I.4360c + 1090v + 1090p = 6540 milliards d'euros.
II. 1640c + 820v + 820p = 3280 milliards d'euros.
Total PIB = I + II = 9820 milliards d'euros.
Le PIB passe de 9000 à 9820 milliards d'euros soit une croissance de 9,11%. La section II passe de 3000 à 3280 milliards d'euros soit une croissance de 9,33% alors que la section I passe de 6000 à 6540 milliards d'euros soit 9%.
On remarque donc que dans la croissance du PIB, la section II s'accroît plus vite que la section I pour assurer une circulation normale des capitaux et des biens de consommation "Si les choses doivent se dérouler normalement, la croissance doit se faire plus rapidement dans la section II que dans la section I, parce que, sinon, la fraction de I(v + p), qui doit être convertie en marchandises IIc croîtrait plus rapidement que les IIc contre lesquelles seulement elle peut s'échanger " [3]
La conclusion fondamentale à tirer des schémas de reproduction élargie chez Marx est que la production des biens de consommation s'accroît toujours plus vite que la production des biens de production lors de la croissance du PIB.
Revenons maintenant à l'URSS. La Révolution d'Octobre 1917 balaya la propriété privée des biens de production et mit en place une planification intégrale de l'économie. Jusqu'ici tout se déroule selon le Manifeste communiste : nationalisations des entreprises, des banques, du commerce extérieur et planification économique.
Mais la planification en URSS se faisait d'une façon si particulière si complexe que pour les gens ordinaires la nature de l'URSS n'était pas du tout évidente. En effet on a supprimé la propriété privée, planifier l'économie et enfin tout le monde est salarié, l'exploitation capitaliste est donc liquidé.
Si on se limite à cette vision superficielle et populaire de l'URSS (+ le Goulag), on ne peut jamais comprendre sa véritable nature ni par conséquent comprendre le communisme.
Lorsqu'on examine la planification soviétique de plus près, on trouve qu'elle se fait d'après une loi générale fondamentale : la croissance plus rapide de la production des biens de production par rapport à la croissance des biens de consommation "Le développement plus rapide de la section I que de la section II est la condition nécessaire de l'essor ininterrompu de la production socialiste sur la base d'une technique supérieure"[4]
Pour justifier cette façon de planifier, Lénine falsifia, dans les années 1890 (Avec S.Boulgakov et Tougan Baranovsky) l'essence même des schémas de reproduction élargie chez Karl Marx à savoir le développement plus rapide de la section II par rapport à section I "la conclusion principale à tirer de la théorie de la réalisation de Marx est la suivante : l’accroissement de la production capitaliste et, par voie de conséquence, celui du marché intérieur, concerne moins les objets de consommation que les moyens de production. En d’autres termes, l’accroissement des moyens de production dépasse celui des objets de consommation " [5]
Si on planifie le développement plus rapide de la section I par rapport à la section II lors de la croissance du PIB que se passerait-il ? C'est là que les schémas de Marx nous sera d'un grand secours. En admettant cette fois-ci que toutes les entreprises sont nationaliseés, que tout le monde est salarié et par conséquent l'exploitation capitaliste abolie.
Ces modifications ne changent pas grand chose à notre schéma sauf qu'on doit veuiller à ce que la section I s'accroît plus vite que la section II. Cela est fondamental.
Considérons notre schéma de départ :
I.4000c + 1000v + 1000p = 6000 milliards de roubles.
II.1500c + 750v + 750p = 3000 milliards de roubles.
PIB = I + II = 9000 milliards de roubles.
Nous allons toujours supposer que la section I investisse 45% de sa plus-value, comme nous l'avons vu ci-dessus, le schéma d'investissement sera : 450 Ip --->[360 Ic + 90 Iv ].
Dans la section II, pour que les nouveaux salariés 90 Iv puisse dépenser librement leurs salaires, la section II investit 135 IIp --->[90 IIc + 45 IIv ].
L'investissement de 450 Ip implique l'échange de 1550 I(v + p) en monnaie roubles contre des biens de consommation IIc . Mais IIc n'est que de 1500. Il faut donc investir 75 IIp --->[50 IIc + 25 IIv] pour que 1550 I(v + p) s'échange contre 1550 IIc.
Si on investit 75 IIp alors la section II s'accroîtrait plus vite que la section I. Ce qui est normal et juste. C'est la même découverte que Marx ait fait. Mais en URSS, on l'a vu la planification se fait de sorte que la section I aille plus vite que la section II. Dans ce cas 75 IIp ne peut pas être investit et que passerait-il en URSS ?
Un échange forcé entre 1550 I(v + p) en argent contre seulement 1500 IIc en marchandises biens de consommation. Il se produit une crise de pénurie de biens de consommation de 50 IIc en marchandises biens de consommation. Staline lui-même admit l'existence de pénurie chronique de biens de consommation en URSS pendant la période de Nep avant même le lancement des plans quinquennaux " Nous avons, par exemple, une certaine pénurie de marchandises. C’est une lacune dans notre économie, une lacune encore inévitable malheureusement. La production des instruments et moyens de production s’opérant à un rythme plus rapide que celui de l’industrie légère [biens de consommation N.d.R], ce seul fait implique de lui-même que la pénurie de marchandises se ferra encore sentir quelques années " [6]
Mais ce n'est pas tout. 1550 I (v + p) se décompose en 1500 I(v + p) + 50 Ip . Les 1500 I(v + p) s'échangent normalement contre 1500 IIc mais dans ce cas 50 Ip en argent ne peut s'échanger nulle part contre des biens de consommation. C'est l'échange forcé d'une partie de la plus-value (50 Ip) qui crée une situation de pénurie chronique en URSS. Ce sont ces 50 Ip qui constituent la plus-value de pénurie.
La plus-value de pénurie ne peut pas être consommé par la grande majorité des salariés. En pratique sa consommation implique la mise en place de magasins spéciaux et des privilèges d'accès aux biens de consommation réservés à classe exploiteuse. "À l’époque les privilégiés, (principalement les membres du Parti appartenant à la nomenklatura ) restaient invisibles derrière les rideaux tirés de leurs grosses limousines noires traversant à toute allure la capitale. Leurs datchas, leurs centres de villégiatures, leurs magasins spéciaux d’approvisionnement étaient inaccessibles au commun des mortels, situés à l’écart, gardés et contrôlés " [7]
À la fin de l'année le PIB soviétique devient :
I.4360c + 1090v + 1090p = 6540 milliards de roubles.
II.1590c + 795v + 795p = 3180 milliards de roubles.
Le PIB devient 9720 milliards de roubles.
On remarque que cette fois-ci durant la croissance du PIB, la section I s'accroît plus plus vite que la section II. Le premier s'accroît de 8% alors les biens de consommation ne s'accroîssent que de 6%. Ce qui provoque une une pénurie de biens de consommation de 50 Ip autrement dit une plus-value de pénurie de 50 milliards de roubles pour la classe dirigeante exploiteuse.
Au départ nous avons supposé qu'avec la nationalisation des entreprises, toute la plus-value consommable appartenait au peuple. Mais nous avons vu qu'avec le développement plus rapide de la production des biens de production par rapport à la production des biens de consommation et la pénurie de biens de consommation lié à ce mode de production, cela impliquait la consommation d'une partie de la plus-value au détriment de la majorité et moyen de la pénurie de biens de consommation.
La pénurie en général peut être provoqué par des événements tels que la guerre, les sécheresses, etc. mais en URSS c'est le mode d'exploitation de la grande majorité par une classe dirigeante qui provoquait ces pénuries depuis la mise en place réelle des plans économiques en 1923 jusqu'en 1989."Le premier point, selon moi est que le phénomène de la pénurie n'est pas accidentel mais systématique. Il ne découle pas simplement de l'erreur humaine, celles des dirigeants ou des planificateurs, mais il résulte du mécanisme économique et du cadre institutionnel. Un second point, qui fait l'objet de discussions ou de désaccord avec les
autres analystes, consiste à soutenir que la pénurie ne peut s'expliquer par un faible niveau de développement. Certains économistes ou dirigeants aimeraient pouvoir dire que notre offre est encore insuffisante. Je rejette ces explications. Il existe des économies de pénurie où le PNB par habitant est extrêmement bas (Vietnam, Corée du Nord ou Mongolie) et d'autres où il est très élevé (Tchécoslovaquie et R.D.A.). Ainsi, nous avons toute une série de niveaux de développement, dont chacun contient des attributs ou des propriétés de l'économie de pénurie. Cela n'a rien à voir avec le niveau de développement mais avec les institutions. Ou, pour reprendre la terminologie marxiste, ce ne sont pas les forces productives qui sont en cause mais les relations sociales."[8]
Après l'effondrement de l'URSS, durant ces trente dernières, on n'observe plus les longues files d'attente devant les magasins en Russie.Au contraire, dans le capitalisme-salariat normal c'est l'inverse qui se produit : des crises de surproduction de biens de consommation. C'est pourquoi on peut dire que l'URSS était un capitalisme-salariat à l'envers.
Ainsi, même si l'URSS était une économie nationalisée et planifiée elle n'a en réalité jamais été communiste. Pourquoi ? Parce que l'exploitation classique des salariés par les capitalistes a été remplacé par une autre forme d'exploitation de la grande masse par une petite minorité au moyen de la pénurie de biens de consommation.Tellement que ce mode d'exploitation était en contradiction avec les besoins de la population si bien que sa durée a été relativement brève (1921-1991) par rapport aux économies de marché qui sont âgés de plusieurs siècles.
La baisse du taux de croissance du PIB sur le long terme et la transformation inévitable des chômeurs en majorité de la population active.
On observe dans les pays développés une tendance à la baisse du taux de croissance du PIB parallèlement à la hausse du taux de chômage. Cela est dû à l'entrée sur le marché mondial de nouveaux pays industrialisés(Chine, Inde, Thaïlande, Indonésie, etc.).
J'ai pris ici trois pays très développés sur le plan économique pour montrer la limite suprême du capitalisme-salariat au cours de ce siècle.Durant la période 1995-2006, le PIB français croît de 28,69% mais elle chute de -18,81% pour s'établir à 9,88% sur la période 2007-2018.Le PIB japonais s'accroît de 13,61% sur la période 1995-2007 et chute à son tour de -7,7% pour s'établir à seulement 5,84% sur les douze dernières années soit 0,49% par an.
C'est l'évolution du PIB italien qui est vraiment intéressante et montre le futur de touts les autres pays développés. En effet, pour la première fois de l'histoire du capitalisme-salariat, en temps de paix et sans catastrophe naturelle, un pays hautement développé se met à décroître sur une longue période(12 ans) c'est du jamais vu. En Italie, la croissance du PIB est derrière nous sauf révolution communiste. Autrement dit la décroissance actuelle dans ce pays est irréversible. Et cela signifie plus de chômage ce que les partisans de la décroissance écologique ne veulent pas voir.
Durant la période 1995-2006 le PIB italien croît de 18% plus que le Japon (13,61%) mais sur la période 2007-2018, il chute lourdement de -22,28% pour s'établir à -4,28%. Autrement dit jusqu'à présent l'Italie n'a pas atteint son PIB de 2007 alors que l'économie mondiale entre dans un nouveau cycle de ralentissement.
Douze ans |
France |
Japon |
Italie |
1995-2006 |
28,69% |
13,61% |
18% |
2007-2018 |
9,88% |
5,84% |
-4,28% |
Tableau 1. Baisse du taux de croissance du PIB sur le long terme.
La baisse du taux de croissance est un fait et plus il y a convergence technologique entre les différents pays au niveau mondial, plus cette baisse s'accélère. Mais dans la prévision que je vais faire, on va supposer qu'à chaque douze ans, le PIB chute constamment à la même vitesse dans les trois pays de l'exemple ci-dessus. Donc dans chaque pays, la croissance du PIB chute à son rythme actuel : soit en France -18,81% , en Italie -22,28% et enfin le Japon -7,7%. Cette projection se base donc sur des faits réels. On aura :
Douze ans |
France |
Japon |
Italie |
1995-2006 |
28,69% |
13,61% |
18% |
2007-2018 |
9,88% |
5,84% |
-4,28% |
2019-2030 |
-8,93% |
-1,93% |
-26,56% |
2031-2042 |
-27,74% |
-9,7% |
-48,84% |
2043-2054 |
-46,55% |
-17,47% |
-71,12% |
Tableau 2. Projection de la baisse du taux de croissance jusqu'en 2054.
Cette projection ne signifie pas que la chute de la croissance se ferra exactement comme dans ce tableau mais devraient se réaliser avec un retard d'une décennie dans certains pays ou en avance d'une décennie dans d'autres pays(comme l'Italie).
En somme, au cours de ce siècle, il n'y aura pas d'échappatoire possible, dans touts les pays développés les chômeurs seront majoritaires dans la population active. Ce sont eux le véritable sujet révolutionnaire, accoucheur du communisme, que Marx et Engels appelaient "prolétariat".
Toute l'Histoire est une lutte de superclasses
Ce n'est pas la première fois que les hommes sont en lutte de superclasses comme actuellement entre le chômage et le capitalisme-salariat depuis le XIXe siècle jusqu'à nos jours. Avec la chute de l'Empire romain les anciens historiens dont Marx et Engels pensaient que l'esclavage antique avait été aboli mais dans de récents travaux(seconde moitié de du XXe siècle) des historiens médiévistes français tels que Marc Bloch, Georges Duby, Pierre Bonnassie[9], Jean Pierre Poly et Éric Bournazel[10], etc. ont démontré la survie de l'esclavage et son épanouissement au cours de tout le haut moyen âge partout en Europe de l'Ouest.Finalement, l'esclavage n'a pas été aboli par les esclaves eux-mêmes mais par une nouvelle superclasse féodale issue de la dissolution de l'ancienne superclasse esclavagiste. Cet événement majeur a été appelé la mutation de l'an mill ou la Révolution féodale de l'an mill.
Il a fallu(lenteur quasi-géologique) que les esclaves soit économiquement minoritaires pour que la Révolution féodale puisse avoir lieu car l'ancienne superclasse esclavagiste prenait sa force dans les esclaves malgré la lutte de classes entre maîtres et esclaves c'est la lutte de superclasses entre esclavagisme et feodalisme qui détermina l'abolition de l'esclavage intra-européen au XIe siècle.
À la fin du moyen âge, répétition générale comme une sorte d'instinct chez les hommes. Le servage n'a pas été aboli quand les serfs formaient la large majorité de la population active mais lorsqu'ils devenus minoritaires après plusieurs longues siècles de transformation économique. C'est ainsi que lorsque Élisabeth 1ère d'Angleterre abolie à la fin du XVIe siècle le servage en Angleterre, les serfs ne représentaient plus qu'une minorité de la population active. L'immense majorité était constitué de paysans libres yeomary qui constituaient la réserve où la bourgeoisie puisait ces forces armées lors de la première Révolution anglaise au XVIIe siècle.
C'est donc la superclasse bourgeoise, constitué d'immenses petits propriétaires et de grands propriétaires des villes, qui mit fin au féodalisme anglais. À la révolution française de 1789 ce fut la même chose[11].
De la publication du manifeste communiste jusqu'à nos jours, l'expérience historique montre de même que les intérêts des salariés sont diamétralement opposés au communisme c'est à dire à la suppression du chômage.
Même une nationalisation et une planification intégrales de l'économie(comme en URSS) n'y change rien tant que les salariés sont dominants dans la population active, le capitalisme-salariat ne peut être aboli.
La longue lutte entre le communisme et le capitalisme dans le domaine politique n'est que le reflet de la lutte objective entre le chômage et le capitalisme-salariat.
Comme à la fin de l'Antiquité et à la fin du Moyen âge, l'issue de cette lutte de superclasses dépend du rapport de force entre les deux superclasses. C'est seulement lorsque les chômeurs seront dominants dans la population active que l'idéologie communiste sera elle aussi dominante au sein de la population et la révolution communiste devient ainsi possible.
Le communisme des chômeurs
Le communisme qui vient sera essentiellement l'oeuvre des chômeurs. Il sera dirigé contre la propriété privée des biens de production et contre le principe du salaire(propriété privée des biens de consommation ) qui sera nécessairement remplacé par un revenu commun où le travailleur ne sera plus payé d'après sa spécialité mais d'après la richesse dont dispose la communauté. Ce nouveau revenu implique donc la suppression de la spécialisation du travailleur et la mise en place du principe du travail varié[12].
La propriété privée des biens de production et celle des biens de consommation(principe du salaire) abolies au service du développement sans fin de la population, voilà le communisme. Mais il ne se réalisera que comme une forme suprême du mouvement des chômeurs observable empiriquement. Plus le chômage se développera, plus ce mouvement devient puissant et plus de nouveaux partis communistes de chômeurs naîtront et deviendront décisifs dans la vie politique de chaque pays.
Notes :
[1] : Marcel Van Der Linden Western Marxism and the Soviet Union. A Survey of Critical Theories and Debates since 1917. Publié en 2007.
[2] : Tableau économique de François Quesnay publié en 1758.
[3] : Karl Marx Livre 2 du Capital, Éditions Sociales Paris 1977 , p 448-449.
[4] : Manuel d'économique politique URSS 1955, p 381. Édition électronique Vincent Gouysse
[5] : Lénine, Développement du capitalisme en Russie mars 1899, p 24-25.
[6] : Staline, Questions du léninisme tome II, p 51.
[7] : Véronique Jobert, La fin de l’URSS et la crise d’identité russe, p 104.
[8] : Kornai J. La pénurie — problème fondamental des économies centralement planifiées — et la réforme hongroise. In : Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol. 15, 1984, n°3.
[9] : Survie et extinction du régime esclavagiste dans l'occident du haut moyen âge (IVe - XIe s.). Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1985 pp 307-343.
[10] : Jean Pierre Poly et Éric Bournazel - La mutation féodale (Xe - XIIe siècles), 1980.
[11] : Alexis de Tocqueville (1856) L' ancien régime et la Révolution. Version numérique réalisée Jean Marie Tremblay, Université Québec, pp 51-59.
[12] : Karl Marx, Le Capital livre 1er , quatrième édition allemande ; Presses Universitaires de France, Paris 1993, pp 544-549.
48 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON