Pourtant, le scrutin proportionnel présente des inconvénients, comme le fait que l’élection pour certains est trop facile, en effet, certains ne se battent plus pour obtenir des suffrages auprès des électeurs, puisque les premières places de la liste sont (pour les grands partis), des places où il n’y a plus élection mais nomination, ainsi au Parti Socialiste, concernant la liste Sud-Ouest (pour les élections européennes), on affirme qu’on en passera sûrement 3 pour des places de députés européens, peut-être 4, les 2 premiers de la liste savent que quoi qu’ils fassent ils seront automatiquement élus. Il a été utilisé en France sous la IVème République, et il aurait fallu 4 semaines avant que les députés ne choisissent un ministre des affaires étrangères quand Hô Chi Minh est venu en France, en Italie, le gouvernement Prodi a été renversé... Il s’agit donc d’un système qui ne favorise pas la stabilité gouvernementale. Le risque c’est de voir des gens commencer à non plus vouloir convaincre les électeurs mais le parti et donc aussi à créer de l’intégrisme. Philippe Plisson, député et signataire de la motion B au congrès de Reims, affirmait dans l’Hebdo des socialistes que c’était la première fois qu’il ne signait pas la motion d’un leader national les yeux fermés... Beaucoup agissent ainsi car dans tout parti il y a un courant majoritaire. Il y a en effet un risque de vote stratégique pour se rapprocher du pouvoir, de la position idéologique de l’élu puissant et respecté. Le risque, c’est qu’on ne puisse plus convaincre par sa personnalité ni par ses compétences. C’est aussi nier les compétences et dire que les français ne votent qu’en fonction de la tendance politique, pour le parti qu’ils représentent et pour leur programme national. Dans ce cas là, autant remplacer les députés par un porte-parole pour chaque parti avec les voix qu’ils auraient.
Appliqué aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, le scrutin majoritaire, lui, permet d’établir un programme qui sera défendu par une majorité forte et stable, du fait que l’appartenance à un parti repose sur l’adoption de principes communs (un fait : la plupart des députés de l’UMP sont pour le bouclier fiscal tandis que les socialistes, en général, sont contre). La majorité forte peut ainsi faire passer ses textes... On reconnait aussi un homme pour ses compétences en l’élisant, en lui permettant de se présenter sans étiquette. Selon Valérie Pécresse "Le scrutin majoritaire, en ne noyant pas le candidat au milieu d’une liste, le rend plus indépendant vis-à-vis de son parti".
Pourtant, le scrutin majoritaire présente lui aussi des inconvénients, en effet, les français ont l’impression qu’il se crée un bipartisme, qu’ils ne sont plus représentés : le centre et les extrêmes se battent pour avoir une représentation. De plus, le scrutin majoritaire élit des députés qui représentent inégalement la population, ainsi Christophe Barbier affirme "Un de mes collègues députés représente 38 000 habitants de Lozère et un autre 190 000 habitants du Val-d’Oise, avec le même poids à l’Assemblée et les mêmes moyens.". Aussi, poussé à l’extrême, ce système fait qu’un score de 51% dans toutes les circonscriptions françaises détenu par un parti pourrait permettre d’avoir la totalité des députés à l’Assemblée Nationale...
Au final on peut voir qu’il est indéniable que le scrutin proportionnel présente des avantages, tout comme le scrutin majoritaire. Il se trouve que ces systèmes de scrutin ont tous les deux des inconvénients. L’instabilité gouvernementale provoquée par la proportionnelle, l’absence de majorité forte, et pour le scrutin majoritaire le fait qu’il ne représente pas toutes les tendances politiques. Néanmoins, le mélange des deux scrutins pour fusionner les avantages pourrait permettre de gommer ces inconvénients, en effet, rajouter une petite dose de proportionnelle ne ferait pas pencher la balance dans l’instabilité gouvernementale ni dans l’absence de majorité forte. La meilleure solution d’après moi serait donc de conserver le scrutin majoritaire et d’y ajouter du scrutin proportionnel au niveau national. Les députés, seraient toujours élus de la même façon dans les circonscriptions : il y aurait toujours 577 députés élus par les citoyens. L’élection de députés à la proportionnelle qui seraient rajoutés à ces 577 députés (20 au minimum), car alors obtenir un suffrage de 5% pourrait permettre d’avoir un député, mais fixer ce nombre de députés élus à la proportionnelle au niveau national dans le cadre de cette proposition reste une question à étudier.