Quelle politique territoriale ?

Croissance démographique et urbanisation, impact sur les ressources et espaces
Aujourd’hui, en France, comme en Europe 80% de la population est urbaine. Les villes sont d’importantes consommatrices de ressources naturelles et d’espaces. Avec une croissance démographique continue, les politiques de densification urbaines qui s’est accélérée depuis la fin des années 1960, loin de réduire l’espace territorial d’occupation de l’habitat, malgré le développement des constructions en hauteur, outre les mauvaises qualités de vie, génèrent inévitablement de l’étalement urbain vers leur périphérie rurale, entraînant une croissance des besoins notamment pour les transports, mais aussi des inégalités sociales.
Dans ces communes rurales à proximité des zones urbaines, où se conjuguent activités traditionnelles de production agricole et forestière, souvent peu respectueuses des milieux, avec des fonctions émergentes que sont l’accueil d’activités de production ou de loisir transférées depuis le tissu urbain, elles vont ainsi être touchés par ces effets de la croissance démographique. Des besoins en ressources naturelles et d’espace, progressivement au détriment des terres agricole, avec pour corollaire la spéculation foncière ne vont cesser de croître...
En France, avec une croissance démographique continue, rupture entre villes et espaces ruraux, dont certains sont en pleine désertification
Avec près de 53 millions d’habitants vivants en ville en 2016, selon l’INSEE, soit plus des trois quarts de la population, la France est dans la moyenne Européenne en terme de rapport : population urbaine- population rurale. Toutefois, il y a des différences importantes avec nos principaux voisins concernant la densité de population au km2. En 2016 il y a 122 habitants au km2 en France (en progression constante depuis 1961) devant l’Espagne 93 h/km2, contre 237 h/km2 en Allemagne, 206 h/km2 en Italie, 277 en grande Bretagne… http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=FRA&codeStat=EN.POP.DNST&codeStat2=x Cette densité est inégalement répartie sur le territoire français.
En France, mais également pour l’ensemble des pays Européens et au-delà, la problématique majeure concerne la croissance démographique avec l’habitat urbain qui ne cesse de se densifier et continue à s’étendre vers sa périphérie, notamment vers des communes à caractère rural, dont certaines deviendront de petites villes dortoirs, dès lors que les activités économiques resteront concentrées vers le principal espace urbain. En France, les 33 000 communes peu ou très peu denses rassembleraient un tiers des habitants du pays avec une densité moyenne inférieure à 64 habitants au km2. Les 609 communes les plus densément peuplées, plus de 2 969 h/km2, regroupent, elles aussi, un gros tiers de la population. En 2017, après avoir enregistré la fusion de 1160 communes par rapport à 2015 où elle comptait 36 658, la France compte actuellement 35 498 communes, ce qui signifie que 1889 communes regroupent le dernier tiers. Ainsi la population française reste très inégalement répartie sur le territoire.
Un mouvement contradictoire avec d’un coté une croissance démographique qui semble « bouder » les grandes villes, mais ne se répartit pas pour autant vers des zones de bassins ruraux qui ne cessent de se désertifier
Si la population augmente, la croissance n’est toutefois pas partout la même. Depuis 2009, la population des 100 plus grandes villes françaises n’a augmenté que de 0,3 % en moyenne par an (contre 0,5 % au niveau national). Vingt-sept d’entre elles ont même perdu des habitants. C’est le cas de Paris, qui comptait 2 220 445 habitants en 2014, soit 13 660 de moins qu’en 2009. La capitale ne réunit plus que 3,4 % de la population totale du pays, alors que cette part était de 5,9 % en 1962. Toujours selon les études de l’INSEE Les communes les plus peuplées n’accaparent plus la population régionale avec la même intensité que dans le passé. Sur le terrain, cela se traduit par une répartition plus équilibrée de la population au sein d’une seule région, Par exemple, en 1962 les populations parisienne et marseillaise représentaient respectivement 33 % et 28 % de leurs populations régionales. En 2014, elles n’en constituent plus que 18 % et 17 %. Mais là encore les déplacements de ces populations se font en grande partie dans des communes qui se situent autour des grandes villes. L’une des questions majeures reste la croissance démographique, quelle que soient ses différentes causes, et son étalement autour des zones urbaines
Des inégalités territoriales avec toutefois des situations très variables
Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) portant sur les inégalités territoriales soulève la complexité de ce phénomène, constatant : « que les inégalités territoriales peuvent varier selon la « maille » et les critères étudiés : si inégalités sociales et territoriales sont souvent corrélées, un territoire peut être en situation délicate dans un domaine mais favorable au regard d'autres paramètres. Les personnes, de plus en plus mobiles, vivent à diverses échelles au cours de la semaine, de l'année et de leur vie. Le cumul de certaines inégalités compliquant leur correction au seul niveau des acteurs territoriaux, le CESE appelle au renouveau d'une politique nationale d'aménagement du territoire. Celle-ci doit être menée sur le long terme par l'Etat, sans négliger la dimension européenne, de manière déconcentrée et concertée, à partir d'un diagnostic territorial partagé, en s'appuyant sur une péréquation renforcée, pour conforter une « France en réseau ». Tel est l'objet de la « feuille de route » proposée par cet avis ».
Il est par ailleurs évident que l’on ne réduira pas les inégalités territoriale par une politique d’encouragement de la croissance démographique qui restera dans et autour des zones urbaines, au prétexte que nous serions sous peuplés par rapport à nos grands voisins Européens. Politique qui par ailleurs devra tenir compte des vagues de fortes immigrations, dues à l’équation climat – conflits locaux de plus en plus violents. Ces conflits étant par ailleurs aggravés par des données cultuelles avec le terrorisme islamiste.
Pression démographique progressive vers les zones urbaines à partir des années 1960
Au début des années 1960, 40% de la population Française est encore rurale, contre 20% en 2016 et l’on passe de 2,3 millions d’exploitations agricoles à 514 800. On voit se créer de plus en plus de grandes entreprises sociétales agricoles, annexes des multinationales de « l’agro-business alimentaire ». Quand les plus petites exploitations agricoles disparaissent, celles qui subsistent augmentent en taille (de 45 ha à 55 ha en moyenne). La croissance démographique de la population Française, avec pour conséquence l’étalement urbain et péri urbain, s’accompagne actuellement d’une perte accélérée, jamais atteinte, des terres arables de 26 m2 par seconde, soit 224 hectares par jour et plus de 80 000 hectares par an. Les villes continuent de s'étaler plus rapidement que leur population ne s'accroît.
De 1900 à la fin des années 1950 les campagnes se dépeuplent très lentement et la mécanisation tarde à venir. Chevaux de traits, bœufs ou vaches restent la norme pour tracter les chars et les charrues pour travailler les champs. Même si les tracteurs commencent à faire leur apparition, une majorité de petits paysans vivent au rythme des saisons et d’un travail harassant. Ils ignorent, mais pour très peu de temps encore la société de consommation qui frappe de plus en plus fort à leurs portes en se faisant alléchante, grâce à la publicité et les crédits bancaires.
C’est à partir du début des années 1960, qu’apparaît progressivement l’agriculture moderne qui va sonner le glas de ce mode de vie dans les campagnes. L’accélération de la mécanisation va produire deux phénomènes :
- Un accroissement de la productivité, nécessitant des parcelles de plus en plus grandes. - La disparition des petits paysans les plus fragiles qui ne sont pas exclusivement propriétaires, mais aussi locataires de la plupart des parcelles qu’ils exploitent. Leurs enfants ne voulant ou ne pouvant pas vivre la vie difficile de leurs parents s’en vont à la ville travailler dans des usines, des administrations ou des services publics… Vivre dans leur HLM, manger du poulet aux hormones… Comme le chantait Jean FERRAT avec « la montagne »… Les pouvoirs publics vont encourager et accompagner alors favorablement leur départ, où les usines les attendent. Alors que la problématique des destructions de la guerre, l’habitat insalubre, les bidons villes, et les cités d’urgence ne sont pas encore résolues, il faut loger cette nouvelle population venue de la campagne et gérer l’arrivée d’un million de rapatriés d’Algérie. Dans l’urgence, généralement à la périphérie des centres ville, on va construire de fortes concentrations d’habitats sous forme successive de « grandes barres d’immeubles rectangulaires », dénommées « ZUP »… Ces tours que Marcel HOUEL député maire PC de Vénissieux présentait en 1962 comme… « L’habitat de l’an 2000 »… En 2000, elles sont synonymes de misère sociale et de délinquance. On commence à en démolir certaines.
Est-il possible de rééquilibrer les inégalités territoriales existant entre les fortes concentrations en zones urbaines et les zones rurales actuellement délaissées ?
La deuxième révolution industrielle, mais aussi la troisième (celle de l’informatique et des NTIC) ont privilégié les activités économiques dans les grands centres urbains qui ont servi d’aimants pour attirer toujours plus de nouveaux habitants.
Un triptyque indissociable pour réduire les inégalités territoriales
Maîtrise démographique des populations urbaines, réforme territoriale par fusion des communes, nouvelle révolution des intelligences artificielles sont indissociables et complémentaires pour parvenir à un rééquilibrage territorial dans une logique de MENAGEMENT du territoire à la place de celle d’aménagement du territoire qui prévaut depuis bien des décennies et génère de façon exponentielle une urbanisation désordonnée avec de la concurrence économique entre communes. Dans le cadre d’une fusion entre elles, les communes, aujourd’hui concurrentielles, dans le cadre des schémas de cohérence territoriale, en privilégiant la notion de MENAGEMENT du territoire cela implique que la venue des nouvelles activités économiques se fasse sur une seule des anciennes commune qui ont fusionné et non dispersées sur plusieurs, comme c’est le cas actuellement avec l’intercommunalité.
Une exception française en Europe en nombre de communes
Trop de communes avec d’énormes différences démographiques entre certaines d’entre-elles. Si d’après l’INSEE, Paris intra muros comptait 2 257 981 personnes au début de l’année 2012, de nombreuses communes ne connaissent pas une telle affluence. Il y a en pleine campagne française des communes où l’on ne dépasse pas les 10 habitants. Il est donc temps de remettre tout ça à plat et de procéder à une fusion de Communes de manière à les réduire, au moins des deux tiers et ramener leur nombre aux environs de 10/12 000. La France est le pays qui compte le plus de communes en Europe. Avec 35 498 communes pour 67 millions d’habitants. La France possède, à elle seule, près de 40% des communes de l’Union européenne. Un ancien Premier Ministre (M. FILLON) souhaitait même ramener le nombre de commune à 7500, c'est-à-dire à un niveau inférieur à celui de L’Italie, mais à l’évidence ce ne fut que des vœux pieux.
A titre de comparaison, l’Allemagne en a 12 196 (81,5 millions d’habitants), l’Italie 8 101 (61 millions d’habitants). L’Espagne 8108 (47 millions d’habitants).
Une fusion choisie des communes n’interdirait pas des regroupements mais contrairement à la situation actuelle ce serait des communautés de projets et ne pourraient percevoir des impôts locaux, à charge des nouvelles communes sur leur budget de financer la mutualisation des services ou projets au sein de ces groupements éventuels.
Par des contrats de projets avec d’autres communes, dont la territorialité se situerait au-delà des actuelles intercommunalités, à ces nouvelles communes, en particulier dans les déserts ruraux, cela leur permettrait de se doter de centres de soins, transports en commun et surtout des réseaux internet à très haut débit. Ces services sont indispensables, notamment, pour des activités de télé travail vers lesquelles, par la révolution des nouvelles intelligences artificielles, nous allons tendre, y compris par des plateformes numériques nouvelles génération. La qualité de vie avec des conditions d’accueil par des structures de télétravail adaptées et mesures fiscales attrayantes devraient encourager des populations à transiter vers ces nouvelles communes.
Par la nouvelle révolution des intelligences artificielles (4éme révolution industrielle) un outil au service du rééquilibrage démographique dans les territoires
Grâce à la fusion des communes et aux technologie du numériques, bien qu’il soit difficile aujourd’hui de prévoir les nouvelles activités que génèrera cette nouvelle révolution du numérique des mégas-données, comme il était impossible de prévoir dans les années 80 l’émergence des nouvelles activités des plateformes numériques dues à la création et au développement d’internet, on peut toutefois penser que de très nombreuses personnes travailleront à distance sur de nombreux paliers des activités générées par le numérique et la robotique, notamment pour des travaux de gestion et maintenance robotique.
La troisième révolution industrielle qui a commencé au cours des années 1970 avec l’informatique allait permettre de remplacer l’Homme par des robots dans des taches répétitives, sales et souvent dangereuses. Au fond, le robot, même s’il convient de distinguer celui qui fait seul aujourd’hui le travail qu’accomplissait hier une myriade d’ouvriers, par exemple sur une chaine de montage automobile dans les années 60 ou celui qui tond la pelouse, ou encore celui qui va vous réveiller le matin ou celui qui va faire le café, ils ont en commun la nécessité de l’intervention Humaine pour la programmation, la mise en route, l’arrêt ou la surveillance.
Avec la nouvelle révolution des intelligences artificielles ou 4éme révolution industrielle, ainsi définie par les experts du forum économique mondial de Davos, dans laquelle nous entrons à marche forcée depuis le début des années 2010 les robots changent de statut. De simples esclaves mécaniques, outils au service de l’Homme, grâce aux nouvelles intelligences artificielles et à l’interconnexion entre eux, les robots peuvent désormais, pour des taches intellectuelles ou nécessitant une dextérité des gestes, se substituer à l’homme avec une plus grande efficacité.
Aujourd’hui on est en mesure de confier des taches sélectives de décision, notamment, pour la justice, la médecine, l’enseignement, mais aussi faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine grâce aux interconnexions de l’intelligence numérique entre les machines, avec toutes les conséquences d’éthique que cela suppose. Par exemple, s’agissant de la justice pour désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes, où elles doivent être prises en « son âme et conscience, les robots peuvent très bien suppléer les magistrats pour prononcer des sanctions en fonction de critères très précis. Plus besoin d’habiter en zone urbaine à proximité de lieu d’activités où l’intervention humaine était indispensable, tout les systèmes de gestion et de programmation des robots peuvent se faire à distance…
Mais attention tout de même à certaines problématiques écologiques et sociétales, car, en ne visant que l’aspect positif de la nouvelle révolution des intelligences artificielles, il ne faut négliger les contraintes ?
La problématique démographique ou les besoins en électricité qui vont croître démesurément, ainsi que les Terres Rares qui sont aussi une énergie venant du sous-sol vont être des problèmes que les futurs robots ne pourront résoudre … Sans terres rares, pas d’intelligence artificielle (IA), pas d'Ipad, pas d'écrans plasma ni LCD. Impossible de produire une voiture hybride ou à pile à combustible, pas d'ampoules LED basse consommation. Dans une technologie donnée où elles sont utilisées, les Terres Rares sont difficilement substituables, ou alors au détriment de la qualité et des performances. Il peut en revanche y avoir des basculements de technologies, or, aujourd'hui, la situation est alarmante. En effet, la demande de terres rares est explosive, notre dépendance totale et l'offre est sur le point de s'assécher violemment. Il n´existe peu de matières premières, dont la demande, a été multiplié par 30 fois en 50 ans.
La Chine, c'est 90 à 95% de la production mondiale (2013). Elle alimente à elle seule toute la planète en terres rares. En 10 ans, elle a éradiqué la quasi-totalité de ses concurrents occidentaux par une guerre de prix destructive. Elle est devenue totalement « maître du jeu ».
S’efforcer de parvenir à un rééquilibrage territorial, ne serait-ce que dans un rapport comparable à la situation de 1960, nécessitera, par la « robovolution » un recours accru aux intelligences artificielles grosses consommatrices de métaux rares issus de terres tout aussi rares et satisfaire les besoins dans ce domaine ne sera pas chose aisée, encore faut-il, dès aujourd’hui, que nos responsables politiques en fasse une priorité de réflexion.
Réduire les inégalités territoriales passe aussi par une « refondation » du système ferroviaire, mais pas dans le sens que semble le préconiser la Ministre des transports
La ministre des Transports Mme. Elizabeth BORNE a confié à Jean-Cyril SPINETTA, l'ancien Président d'Air France, la préparation d'un rapport sur la « refondation du système ferroviaire ». Et si elle se refuse à préconiser une piste d'amélioration plutôt qu'une autre, sa position est toutefois précise : « Les dessertes fines du TGV ont un impact non négligeable sur le modèle économique du TGV ». Selon ses critiques, la cause de ces difficultés est toute trouvée : la hausse du nombre de gares desservies (230). Ce qui fait perdre de « précieuses minutes » sur les trajets rapides et obligerait fréquemment les TGV à circuler sur des lignes classiques, à la vitesse bien plus réduite. Autrement dit un certain nombre de villes devraient donc bientôt apprendre à se passer du TGV. Quelles villes seront concernées ? La question est loin d'être tranchée, et nul doute qu’elle promet de faire l'objet d'intenses batailles politiques…
Un remaillage de manière à s’efforcer de desservir par le train chaque bassin de vie, en particulier en zone rurale excentrée, est par ailleurs incompatible avec les préconisations de la Ministre des Transports quand celle-ci ne considère que l’aspect quantifiable du TGV. Quel intérêt de réserver exclusivement le TGV sur les longues distances sans arrêt entre Paris et sa Gare de Départ, ignorant ainsi les relations inter villes entre ces deux points, alors qu’il existe tout autour de ces villes des liaisons ferroviaires pour des usages de vie quotidienne qui sont d’ailleurs reliées à ces dessertes TGV. Des montages Régionaux de partenariat Public-Privé pour les dessertes locales ferroviaires peut être une piste à exploiter dans ce sens.
Pour conclure
La question centrale est celle de la croissance démographique et de savoir si l’on va laisser l’habitat se densifier en zone urbaine, en poursuivant son étalement dans les secteurs ruraux de proximité où surtout, par une volonté politique forte, comment parvenir à un meilleur rééquilibrage territorial ?...
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