Quelque chose de pourri dans le royaume de France
Non, je ne vais pas vous parler du livre de Tristan Pichard, mais des élections présidentielles 2017. La politique est un royaume qui défend son territoire.
L’objectif unique devient aujourd’hui d’être qualifié pour le second tour de la présidentielle. Chacun s’accordant pour prévoir que Marine Le Pen franchira victorieusement l’étape du premier tour, l’Elysée se décroche simplement en hissant à la deuxième.
Dans le scénario suggéré depuis trois ans par les sondages, et validé par toutes les élections partielles ou locales, il est entendu que Marine Le Pen sera au second tour, et que le gagnant final sera celui qui aura le privilège de s’opposer à elle. Dans la pratique, un deuxième tour de vote a toujours été nécessaire, aucun candidat n'ayant jamais dépassé 50 % des suffrages exprimés au premier tour.
Les deux grands parties politiques envisagent de nous refaire le coup de 2002. Jacques Chirac écrasant Jean-Marie Le Pen au second tour avec 82% des voix. Autrement dit, à droite comme à gauche, chacun a intérêt à voir Marine Le Pen au second tour parce que cette présence est la garantie d'une victoire certaine
Manuel Valls se dit "prêt à débattre en permanence avec Nicolas Sarkozy" pour une entente "sur l'essentiel". "Face à un candidat FN nous appellerons toujours à voter avec un candidat de la droite républicaine. Il ne peut pas y avoir d'exception à cette règle. Ce que je demande aux responsables politiques, c'est qu'on fasse attention aux mots qu'on utilise, au fait qu'on mettrait au même niveau l'UMP, le PS et le FN. Ce n'est pas la même chose".
Le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, prédit que le Front national « sera au deuxième tour de l'élection présidentielle » de 2017.
Malek Boutin, député PS de l'Essonne, est allé plus loin ce dimanche. Il a déclaré sur BFM TV craindre que la République ne perde 2017, ajoutant qu'"en l'état actuel des choses" il ne voyait pas "comment Marine Le Pen ne gagne(rait) pas l'élection présidentielle". "Je n'ose pas le dire, mais je crois que c'est un peu joué d'avance, 2017. C'est Malek le boute-en-train !
Suprême gourmandise, la gauche serait même probablement contrainte d'appeler à voter Sarkozy contre Le Pen. Il est aisé d'imaginer combien cette perspective doit combler d'aise l'ancien président.
Autrement dit, à droite comme à gauche, chacun a intérêt à voir Marine Le Pen au second tour parce que cette présence est la garantie d'une victoire certaine
Certes, Marine Le Pen pourrait obtenir 20 à 25% des voix en 2017, dans le sillage des Européennes et Départementales 2014 et 2015 et des Régionales de décembre, mais elle ne pourra pas passer la barre des 50% nécessaire pour accéder à l’Élysée. C'est l'axiome qui fonde toutes les stratégies en vue de la prochaine présidentielle : Marine Le Pen ne peut pas être élue président de la République en 2017.
Le premier tour doit donc favoriser le plus grand nombre de candidats. En politique, diviser pour régner est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d'un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments qui ont moins de puissance que celui qui met en œuvre la stratégie, et permet de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question. En 2002, au premier tour, nous avions 16 candidats. Combien en 2017 sur la ligne de départ ?
J'ai toujours en tête la chanson de Renaud : 500 Connards Sur La Ligne De Départ !
Chaque famille, même la plus petite, veut être présente au premier tour, avoir accès aux moyens de propagande officielle qui placent tous les candidats sur un pied d’égalité et bénéficier d’une médiatisation inespérée. Pour ceux qui ne peuvent espérer représenter leur parti, car marginaux dans leur propre formation, le seul choix est d’en partir et de créer leur propre formation politique.
La majorité des candidats n’entrent donc pas en lice pour se faire élire mais pour se montrer, pour exister pendant quelques semaines, pour prendre date. C’est pourquoi toutes les formations politiques veulent défendre leurs couleurs au premier tour et rechignent à des accords avec les grands partis.
Ils peuvent néanmoins influencer les résultats des « grands » candidats au premier tour en amenuisant de quelques points leur score et affaiblir le déclenchement d’une dynamique nécessaire pour l’emporter au final.
Et même si, par un concours de circonstances improbable sans être impossible, Marine Le Pen réussissait à se faire élire à l’Elysée en 2017 ou en 2022, il est de toute façon très incertain qu’elle engrange dans la foulée une majorité à l’Assemblée nationale compte tenu du mode de scrutin majoritaire et tant l’implantation locale de son parti est fragmentaire. L’hypothèse d’un président FN devant cohabiter avec un premier ministre qui lui est opposé est donc plus probable que le contraire.
Cette élection me fait penser a une course de lévrier. Les chiens poursuivent un lièvre ou un lapin artificiel sur un circuit. Le premier à arriver au poteau, est le leurre. Mais c'est le premier des chiens (style UMPS) qui arrive qui est déclaré vainqueur.
Sur la photo d'un lévrier en pleine course, on remarque la muselière. Une muselière (obligatoire) : la muselière n’est pas destinée à remédier à un tempérament agressif mais permet d'éviter tout incident à l'arrivée de la course où les concurrents se jettent sur le leurre (éjecté) et ont le réflexe de protéger leur proie. Est-il possible de mettre une muselière aux candidats ?.
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